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Traductrice : Moonkissed
Auteur : Emperor Penguin
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La première chose que les porte-drapeaux provisoires devaient faire pour gagner honneur et réputation en quittant le Jardin des Épées était de quitter l’Alliance Huphester.
Jin et Gilly avaient effacé toute trace de leur affiliation avec les Runcandels. Les robes couvrant leurs vêtements ne portaient pas l’emblème de l’Épée Noire, et le sac contenant leurs affaires n’avait pas non plus d’étiquette.
Les détails du visage de Jin n’avaient pas encore été révélés au public, il n’avait donc pas besoin de porter un déguisement. Néanmoins, il avait quand même modifié un peu son apparence.
Il avait coupé les cheveux noirs qui lui descendaient jusqu’aux épaules. Cependant, son apparence n’avait pas beaucoup d’importance. En fait, l’artiste martial connu sous le nom de “Gilly McRolan” était bien plus célèbre que Jin aux yeux du public. Heureusement, ses années d’activité étaient courtes, elle n’était donc pas non plus extrêmement connue.
Les noms inscrits sur leurs papiers d’identité étaient des pseudonymes : Jin Grey et Gilly Piten.
Bien qu’ils aient de faux noms sur leurs papiers, il s’agissait tout de même de passeports élaborés qui leur permettaient même de sortir et d’entrer dans la capitale du Vermont à leur guise.
Quoi qu’il en soit, n’importe qui dans l’Alliance Huphester serait capable de deviner qu’ils étaient les porte-drapeaux provisoires du Clan Runcandel. Huphester n’était pas différent du quartier général principal des Runcandels, il n’était donc pas surprenant que les gens voient clair dans leurs mensonges.
Par conséquent, Jin et ses compagnons devaient se rendre dans une terre où l’influence des Runcandels ne s’étendait pas — quelque part au-delà de la mer.
« Lady Luna sera très attristée par votre départ. Il en va de même pour les cadets de votre faction, jeune maître. Allez-vous vraiment partir sans leur dire au revoir ? »
« Oui. Sœur aînée Luna est également assez libre d’esprit, et les cadets auraient probablement réagi de façon excessive. Ce n’est pas comme si j’allais mourir ou quelque chose comme ça. »
Cependant, alors qu’ils étaient sur le point de passer la porte principale du Jardin des épées, Jin était tombé nez à nez avec neuf cadets.
« Bon sang, l’entraînement n’a-t-il pas déjà commencé ? Oncle Zed ne vous pardonnera pas si facilement d’avoir séché. »
« « « S’il vous plaît, restez en sécurité pendant vos voyages ! » » »
Les cadets avaient levé leurs épées à l’unisson. Jin les fixa silencieusement pendant un moment, mais avant longtemps, un petit sourire se dessina sur son visage.
« Je m’attends à ce que tout le monde soit bien plus fort que mes attentes d’ici mon retour. Je ne veux pas de morts ou d’abandons pendant mon absence. Bonne chance pour supporter la punition disciplinaire pour avoir séché les cours pour venir me voir. »
Jin avait tapé dans le poing de tout le monde avant de continuer son chemin pour quitter le Jardin.
‘Comme c’est curieux. C’est un sentiment complètement différent par rapport à l’époque.’
Dans sa vie antérieure, Jin avait été banni du clan à l’âge de 25 ans. Il avait dû quitter le Jardin des Épées de la même manière qu’aujourd’hui. Cependant, l’atmosphère du départ en tant que porte-drapeau provisoire de 15 ans était aux antipodes de celle d’alors.
Quinze ans.
Il avait fallu quinze longues années à Jin pour finalement obtenir cinq ans de liberté. Ces quinze années semblaient être une éternité pour le garçon, puisqu’il avait un esprit pleinement conscient depuis sa renaissance.
Jin se sentait si étourdi qu’il ne put s’empêcher de fredonner une jolie petite mélodie.
D’une manière générale, Cyron ne donnait jamais une durée de cinq ans à un porte-drapeau provisoire ; elle s’étendait généralement de six mois à deux ans maximum. Durant cette période, les porte-drapeaux provisoires devaient gagner en honneur et en réputation avant de réintégrer le clan.
‘Il n’y a qu’une seule raison pour laquelle Père m’a donné cinq longues années. C’est pour que j’atteigne l’apogée de la puissance spirituelle avant de revenir.’
Inutile de dire que Jin n’était pas un gentil garçon qui écoutait tout ce que son père lui disait. Il n’avait pas seulement l’intention d’atteindre le sommet de la puissance spirituelle, mais aussi celui de la magie.
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Cyron, qui était resté dans le mausolée, pensait tranquillement à lui-même.
‘Je me demande… Le plus jeune aura-t-il le pouvoir de libérer les Runcandels des Zipfels ? Je ne peux pas attendre de voir.’
Même si Cyron avait atteint le royaume des demi-dieux en maniant une seule épée, il ne pouvait toujours pas détruire le pacte que ses ancêtres avaient conclu avec les Zipfels.
Le seul espoir du clan Runcandel était le contractant de Solderet, son plus jeune fils. Bien sûr, cet espoir n’était qu’une bougie dans le vent pour le moment.
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Un jour était passé. Deux personnes marchaient sur un chemin dans la forêt.
La plupart des porte-drapeaux provisoires de Runcandel se rendaient d’abord dans la zone sans lois de Mamit afin de gagner de l’honneur. Mamit était une zone où d’innombrables criminels et hors-la-loi rampaient comme des cafards, ce qui en faisait l’endroit idéal pour les portes-drapeaux provisoires pour battre les méchants et gagner une réputation décente.
Jin avait également envisagé de choisir Mamit comme première destination.
Mais son raisonnement était différent de celui des autres. Il ne voulait pas aller à Mamit pour battre des criminels, mais pour trouver quelqu’un qui se faisait appeler “Hister”. Hister était le professeur de magie de Jin dans sa vie antérieure, et il avait hâte de le revoir.
Cependant, Jin ne pouvait pas se permettre de perdre du temps juste parce que son maître lui manquait.
‘Ce n’est pas comme si le Maître me reconnaîtrait dans cette vie de toute façon.’
Jin pourrait toujours aller retrouver son maître quand il le voudrait dans le futur.
Ainsi, Jin renonça à Mamit comme première destination et décida de se diriger vers le ‘Royaume d’Akin’.
‘La terre où je suis mort dans ma vie passée’.
Jin était mort dans son sommeil lorsque trois chevaliers 9 étoiles avaient attaqué la ville où il se trouvait. Heureusement, cette mort avait fini par être une bénédiction déguisée, car Jin avait obtenu une seconde chance dans la vie.
« Pourquoi le Royaume d’Akin en particulier, Jeune Maître ? »
« Es-tu déjà allé à Akin, Gilly ? »
« Non. »
« Quand j’étais en mission aux Ruines de Kollon, j’ai entendu une conversation entre des magiciens. Apparemment, beaucoup de magiciens non-enregistrés se sont baladés dans le Royaume d’Akin récemment. »
« Des magiciens non-enregistrés ? »
Comme son nom l’indiquait, les magiciens non enregistrés étaient des magiciens qui n’avaient pas enregistré leur nom auprès de l’Association de Magie. La plupart d’entre eux étaient soit des criminels, soit des mercenaires maléfiques.
« C’est vrai. Il semble qu’ils ont collaboré avec des mercenaires artistes martiaux et terrorisé les citoyens d’Akin. J’ai l’intention d’y aller et de les réduire en bouillie. »
Il va sans dire que Jin n’avait rien entendu de tout cela aux Ruines de Kollon ; il s’agissait simplement des informations qu’il connaissait de sa vie passée. Quiconque avait été au Royaume d’Akin savait que les magiciens et les mercenaires non enregistrés avaient fait des ravages.
Le petit nombre de magiciens et de mercenaires non enregistrés à Akin étaient tous des pions et des hommes de main du clan maléfique “Tesing” de la pègre d’Akin.
Les véritables affaires de Jin étaient liées à ce clan. La maison de vente aux enchères souterraine hébergée par les Tesing contenait d’innombrables objets — des objets dont la valeur réelle n’était pas encore connue dans le monde entier.
‘J’ai absolument besoin d’acheter quelques tomes magiques et une certaine bague.’
Bien que la plupart des livres soient écrits dans une langue archaïque ou dans un code secret, les anciens tomes magiques contenaient des sorts intéressants. Beaucoup d’entre eux ne pouvaient pas se comparer aux sorts magiques modernes qui avaient été améliorés au fil des décennies et des siècles, mais certains rares étaient encore des sorts exceptionnels qui transcendaient le temps et l’époque.
Grâce à son excellent maître, Jin savait également distinguer les bons tomes magiques des mauvais.
De plus, dans cinq à six ans, la véritable valeur d’un certain objet se répandrait dans le monde entier, et l’artefact en question recevrait un nom propre. Il s’agissait d’un artefact de casque en forme d’anneau, et c’était un objet que tout artiste martial dans sa vie passée rêvait d’avoir.
« Une excellente idée, jeune maître. J’aimais beaucoup battre les méchants à l’époque où j’étais encore active. Je me sens déjà excitée ! »
Gilly avait parlé en levant le poing.
Bien que ses compétences de chevalier 7 étoiles aient été scellées, le cœur de Gilly ne pouvait s’empêcher de battre la chamade à l’idée de parcourir le monde avec Jin et Murakan.
Cependant, il y avait un gros problème…
« Jeune Maître, je ne pense pas que nous puissions utiliser la porte de transfert pour aller au Royaume d’Akin. Nous devrons acheter le billet le moins cher et partir en bateau… »
Le trio était fauché.
De retour au Jardin des Épées, aucun d’entre eux n’avait eu à se soucier de l’argent, mais actuellement, ils n’avaient que dix pièces d’or en poche.
Avec ces fonds, ils ne pouvaient pas payer la porte de transfert, et encore moins acheter un simple billet de bateau de haute classe. La vie de Jin, fils d’une famille riche qui pouvait utiliser 3000 à 5000 pièces par jour sans hésitation, avait pris fin.
Pouf !
Le chat noir dans le panier de Gilly s’était retransformé en humain.
« Tarte aux fraises ! Je savais que ça arriverait, alors j’ai secrètement apporté quelques-uns de mes magazines en édition limitée avec moi. Fufu, on pourrait facilement acheter un billet de bateau haut de gamme en vendant l’un d’entre eux. »
« Quand est-ce que vous les avez emballés, Seigneur Murakan ? Hm… Ça ne va pas être un peu embarrassant quand on les vendra ? »
« Range-les, Murakan. Nous ne sommes pas des gens sans cœur qui te feraient vendre ta collection précieuse. »
« Jeune Maître, je crois que je pourrais gagner quelques centaines de pièces en endurant la honte et en les vendant à un colporteur dans une ville. »
« Cent ?! J’ai acheté celui-ci pour 2000 pièces. Tu ne peux pas le vendre à un si faible prix. »
Gilly et Murakan se chamaillèrent un court moment à propos du prix des magazines érotiques, et Jin les trouva adorables. Très vite, il secoua la tête et prit la parole.
« Assez, tous les deux. J’ai une idée pour nos fonds. Avant d’aller à Akin, passons par le Royaume de Zhan ce soir. Il y a quelqu’un dont je peux faire bon usage là-bas. »
« Le Royaume de Zhan ? Mais comment allons-nous y aller sans argent d’abord ? »
« Nous pouvons juste chevaucher Murakan. Qu’est-ce que tu fais ? Transforme-toi déjà en ta forme originale. »
Bien qu’un jour se soit écoulé depuis qu’ils avaient quitté le Jardin des Épées, il faisait encore grand jour. Ce n’était pas le moment approprié pour que le légendaire Dragon Noir apparaisse soudainement dans les cieux.
« Oh, je peux vraiment faire ça, petit ? »
« I-Inepties ! Nous ne pouvons pas faire ça, jeune maître ! Et si quelqu’un nous voyait ? Nous n’avons pas encore quitté le territoire des Runcandels. »
« Allez, c’est bon. Nous devrions nous amuser pour une fois. Une seule fois ne ferait pas de mal. Transforme-toi déjà, Murakan. Nous avons un long voyage devant nous. »
Gilly n’eut même pas l’occasion de les arrêter à nouveau.
Swooooosh !
Murakan avait déjà repris sa forme de dragon noir et attrapa les deux humains avec sa patte. Il les plaça ensuite sur son dos.
[Accrochez-vous bien. Je vais devoir voler sans relâche pour atteindre le Royaume de Zhan avant la tombée de la nuit].
Tous les trois s’envolèrent bientôt à travers l’horizon d’Huphester et se dirigèrent vers le Royaume de Zhan.
Dans un futur proche, une petite rumeur se répandit dans le centre de Huphester, où les gens disaient avoir “vu un dragon”. Néanmoins, personne n’avait jamais appris la vérité sur cet incident.
Personne, sauf la sœur aînée de Jin.
‘Il est vraiment extraordinaire. Il va voler dans le ciel sur un dragon dès qu’il est devenu porte-drapeau provisoire ?’
Luna était assise sur son balcon et buvait de l’alcool en pensant à son plus jeune frère qui venait de partir. Inutile de préciser qu’elle avait vu Murakan voler dans le ciel ainsi que les deux personnes chevauchant son dos.
‘Un toast à mon frère ingrat et insensible qui n’est pas venu me dire au revoir. Hmph.’
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« Urgh… Uub. »
Malheureusement, Gilly avait un cas terrible d’acrophobie. Dès qu’ils avaient atterri sur une colline dans les environs de la capitale du Royaume de Zhan, Gilly était descendue de Murakan et avait tremblé de peur pendant un long moment.
« Tu vas bien, Tarte aux fraises ? Hé ! Petit ! Tarte aux fraises est complètement terrifiée à cause de toi ! »
« Pourquoi c’est ma faute ? C’est parce que tu volais bizarrement. »
« C’est toi qui voulais me monter ! Ah, respire profondément, Tarte aux fraises… C’est vrai, vas-y doucement. Respire profondément. Bien. »
Jin et Murakan avaient consolé Tartes aux fr-je veux dire, Gilly pendant un moment en lui tapant dans le dos. Elle tremblait encore de partout avec un visage pâle comme un fantôme.
Murakan avait profité de cette occasion pour embrasser Gilly dans un gros câlin. Qu’elle ait été consciente ou non de ses intentions, Gilly n’avait pas résisté. Murakan avait alors parlé fort tout en fixant Jin.
« Cela ne fera pas. Je vais m’occuper de Tarte aux Fraises, alors va nous obtenir de l’argent, petit. »
« Foutu… Tu es sérieux ? »
Jin était sur le point de lâcher le morceau, mais il avait réussi à se retenir. Il décida alors de suivre la suggestion de Murakan.
Le garçon courut sur la colline et dans les rues pendant deux heures avant d’atteindre sa destination.
La résidence du clan Bill.
C’était un gigantesque manoir visible de partout dans la capitale du Royaume de Zhan. Pas étonnant qu’ils soient le plus grand clan de marchands de Zhan.
Jin s’était approché de la porte d’entrée et les gardes l’avaient arrêté.
« Qu’est-ce qui te prend ? Va-t’en, morveux. »
Aaah…
Dès qu’il avait entendu cette réplique démodée et cliché, Jin avait ressenti une sensation de nostalgie alors que les souvenirs inondaient son esprit. Il avait entendu des lignes similaires tant de fois dans sa vie passée, où il errait… non, rampait sur les terres comme un mendiant.
Le long vol sur Murakan avait décoiffé ses cheveux, et les vêtements de voyage qu’il portait ne portaient pas l’emblème de l’épée noire du clan. Du point de vue des gardes, Jin n’était qu’un sale gosse ennuyeux qui s’approchait du manoir au milieu de la nuit.
« Cember Bill. Est-il à l’intérieur ? »
Jin avait mentionné sans ménagement le nom du fils aîné du clan Bill, et les gardes s’étaient regardés, déconcertés. Le comportement du garçon ressemblait à celui du fils d’une famille éminente.
« Oui, il réside à l’intérieur du manoir. Si je peux me permettre, qui êtes-vous, jeune homme ? »
Jin réfléchissait à ce qu’il devait répondre.
Qu’en serait-il de ‘Je suis Jin Runcandel’ ? Ou ‘un vieil ami’ ? Sinon, peut-être ‘Je suis passé puisque j’étais dans le coin. Dites à Cember de venir’ ?
Aucune de ces réponses n’était appropriée. Révéler son nom reviendrait à enfreindre la règle de ne pas utiliser le nom du clan en tant que porte-drapeau provisoire. En attendant, les autres options prendraient trop de temps. Les gardes feraient passer Jin par toutes les procédures et la paperasse avant de lui permettre de rencontrer Cember.
« Merci. Et désolé pour ça. »
Thwack !
Jin avait rapidement tranché les deux gardes dans la nuque avec ses mains et ils étaient tombés inconscients. Jin avait sorti toute sa fortune — dix pièces — et les avait placées sur leurs estomacs en guise de compensation. Jin avait ensuite ouvert la porte d’entrée et était entré dans la résidence du clan Bill.
Heureusement, Cember était assis au centre du lac de la résidence, faisant pitié. Ainsi, Jin n’avait pas eu besoin de s’occuper des autres gardes et de faire des ravages.
« Cember. »
« Qui es-t—mmh, mhmm ! »
« Ne crie pas. C’est moi, Jin. Celui qui t’a sauvé de Kinzelo. »
« Bwaaah ! Mon, Seigneur Jin ? Qu’est-ce qui vous amène ici ? »
« Tu te souviens que tu m’as dit de venir te trouver si jamais j’avais besoin d’aide ? »
« Bien sûr que je m’en souviens. Comment pourrais-je oublier ma dette envers le Seigneur Jin ? Si ce n’était pas pour vous, en ce moment je ne serais pas… »
« Super. Je t’attendrai ici, alors va me chercher de l’or et de l’argent. »
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