Puisqu’il avait vu que l’épreuve ne présentait réellement aucun danger, il n’était pas nécessaire de perdre plus de temps. Leur priorité devait être de la terminer le plus rapidement possible et de trouver le Grand Codex du Printemps et de l’Automne.
Les autres acquiescèrent, et leur groupe de cinq se dirigea vers la passerelle.
Hula !
Zhang Xuan sentit un flux d’énergie l’enlacer. Après quoi, sa vision fut submergée par un éclair de lumière, tout devenant complètement blanc.
Au moment où son sens de la vue lui revint, il se tenait devant une haute montagne. Ou pour être plus précis, une montagne formée d’innombrables livres empilés les uns sur les autres. Elle traversait une épaisse couche de nuages, ceux-ci obscurcissant le sommet. Pas un seul sentier ne paraissait y mener.
Outre cette énorme pile de livres, ce qui attira l’attention du prodige était la ligne de caractères qui se mirent à vaciller dans les airs.
– « Atteignez le sommet et terminez l’épreuve. Abandonnez, et vous recevrez une récompense en fonction de vos progrès, » retentit la voix du Maître Enseignant Kong.
– « Je vois. »
Même si tout devant lui semblait incroyablement réaliste, il se rappela ce qui était arrivé à Zhao Ya et à Wei Ruyan plus tôt. Il était probablement dans une illusion. Son corps était toujours sur la passerelle, mais sa conscience avait été transportée devant cet énorme édifice d’ouvrages.
Zhang Xuan se concentra, puis fit circuler son zhenqi dans son corps avant de s’élancer.
Hu !
Au lieu de s’envoler, il resta sur le plancher des vaches.
On dirait que je ne pourrai pas atteindre le sommet de cette manière. Cela aurait été trop facile, pensa-t-il.
Il observa une fois de plus les rangées d’œuvres. Aucun chemin n’était visible. Fixant la pente raide devant lui, il tendit la main pour tenter d’y trouver une prise, mais à son grand étonnement, une pression énorme l’écrasa. Comme frappé par la foudre, son corps s’engourdit. Sa main fut blessée par des épines et saigna abondamment.
– « Ce… » En regardant ses doigts, il devint livide.
Il avait cru que cette épreuve serait relativement simple. Dire qu’il faisait face à de tels obstacles !
Il avait l’impression qu’un expert au parachèvement du royaume de Sempiternité l’assaillait continuellement ! Dans de telles circonstances, comment arriver au sommet ?
Il fit le tour de sa base et tenta de grimper à différents endroits, mais obtint toujours le même résultat. Sauter le repoussait violemment. Déconcerté, il s’arrêta et réfléchit.
– « Il ne faut pas grimper ? »
Mais alors, comment atteindre le sommet ?
Pas étonnant que Zhao Ya et Wei Ruyan eussent échoué. Ce n’était en effet pas aussi simple qu’il l’avait cru.
– « Puisque c’est une montagne de livres, je devrais en ouvrir quelques-uns pour les lire. Peut-être qu’ils pourraient contenir quelques indices… »
Il les regarda et, d’une pensée, en copia des centaines dans la Bibliothèque de la Voie Céleste. D’un simple tapotement de son doigt, la connaissance jaillit dans son esprit.
Ces livres couvraient un large éventail de sujets. Les techniques de cultivation, les techniques de combat, la géographie, l’astronomie, la divination… Il trouva des connaissances sur toutes les professions sur le Continent des Maîtres Enseignants.
Hulala !
À peine après avoir assimilé tout cela, il remarqua plusieurs marches sur la pente, ce qui le stupéfia.
Il avait fait le tour de la zone pendant un certain temps, et il était certain qu’elles n’avaient pas été présentes. Alors pourquoi ?
Pavait-il son chemin en lisant les livres ?
– « Je vais essayer ! »
Il balaya immédiatement le flanc de la montagne du regard.
Hualalalalalala !
D’innombrables livres se matérialisèrent dans la Bibliothèque de la Voie Céleste. En moins de cinq minutes, il en rassembla des dizaines de milliers.
D’un léger tapotement de son doigt, le savoir envahit furieusement son esprit. Et à peine un instant après avoir digéré ces nouvelles connaissances, la montagne trembla et l’escalier s’étira peu à peu vers le sommet.
– « C’est effectivement le cas… »
Réalisant que la clef consistait à lire des livres, ses yeux s’illuminèrent.
N’importe quel autre pratiquant, même à l’aide de sa Perception Spirituelle, aurait probablement été plongé dans la confusion suite à l’afflux soudain de toutes ces informations. Cependant, il n’avait pas ce problème. Il lui suffisait de jeter un coup d’œil aux couvertures pour rassembler le tout dans sa tête et de toucher sa Bibliothèque pour en extraire la sagesse.
Il était alors comme un supercalculateur. D’autres pratiquants luttaient pour mémoriser et comprendre le contenu des livres. Lui, tout ce qu’il avait à faire était un simple copier-coller.
Hulala !
Grimpant les escaliers, Zhang Xuan continua de rassembler davantage de livres autour de lui, et la connaissance afflua sans cesse dans son esprit.
Au fur et à mesure que le nombre d’ouvrages s’accumulait, la volée de marches montait de plus en plus haut. Il poursuivit lentement son ascension, une marche à la fois.
Avec le temps, il réalisa qu’un degré apparaissait chaque fois qu’il lisait une centaine de manuels.
Il était probablement le seul à pouvoir réussir cette épreuve. Si quelqu’un d’autre avait tenté de l’imiter… Même un Ancien Sage aurait sombré dans la folie !
Finalement, il se retrouva complètement enveloppé dans les nuages. Tout ce qu’il pouvait voir était l’escalier et le flanc de la montagne. Comme si le vaste monde avait disparu, ne laissant derrière lui que sa petite silhouette solitaire.
– « J’ai déjà lu tant de livres, et je n’ai pas encore atteint le sommet de la montagne… Tout autre pratiquant aurait souffert d’une dépression ! »
Il jugeait probable que le temps s’écoulât différemment du monde extérieur.
Même avec sa Bibliothèque de la Voie Céleste pour tricher, il lui avait fallu près d’une demi-journée pour aller aussi loin. Quelqu’un d’autre aurait eu besoin de plusieurs siècles, voire d’un millénaire !
Passer des siècles à lire des livres et à ne rien faire d’autre… La monotonie était certainement suffisante pour éroder la santé mentale de n’importe qui, y compris celle d’un Ancien Sage.
Hu !
En atteignant ce point, Zhang Xuan réalisa que les marches n’apparaissaient plus aussi rapidement. Avant, il fallait à peu près cent livres. Là, il en fallait mille.
L’épreuve avait déjà été assez dure comme cela. Voir la difficulté soudainement décuplée aurait probablement été un coup écrasant pour le moral de n’importe quel pratiquant.
Bien sûr, le prodige s’en moquait. Pour lui, ce n’était qu’une différence mineure.
Il continua de lire pendant encore une demi-journée. Au moment où le soleil se coucha, il avait atteint le point où il devait lire plus de dix mille livres pour faire un pas.
Il savait qu’il approchait du bout. Alors il serra les dents et persista.
Effectivement, le sommet de la montagne apparut enfin.
– « Un chemin à travers une montagne de livres avec la persévérance comme élément central… On dirait que son épreuve est celle de l’endurance et de la diligence. » Il poussa un soupir de soulagement. « Le savoir, c’est le pouvoir. Plus on lit, plus on monte. »
C’était autant une épreuve qu’un conseil du Maître Enseignant Kong pour les générations suivantes.
Il avait voulu faire comprendre à son successeur que ce qui menait au sommet de la cultivation n’était pas seulement le talent, mais le savoir et l’éducation !
Seule une personne bien formée était en mesure d’approfondir sa connaissance de la cultivation et du monde. Seule une personne ayant travaillé sur elle-même avait assez de largeur d’esprit pour accepter les changements. Telles étaient les clés qui étaient nécessaires pour grimper toujours plus haut.
Les 72 Sages, par exemple, avaient été très talentueux. Le Maître Enseignant Kong les avait personnellement formés. Ils avaient reçu les plus puissantes techniques de cultivation et techniques de combat, et ce dès le départ. Quand ils avaient débuté dans leur pratique, ils avaient eu une cuillère en or massif dans la bouche, bien mieux lotis que leur professeur.
Et pourtant, en dépit de ces conditions favorables et comparés au Maître Enseignant Kong, aucun d’entre eux n’avait pu réaliser des exploits aussi incroyables ou atteindre une force similaire.
Il n’y avait qu’une seule explication. Leurs connaissances avaient été largement inférieures à celles de leur enseignant. Leur esprit avait limité leur progression.
Quand le Maître Enseignant Kong avait établi le système des Neuf Voies, Inférieures, Intermédiaires et Supérieures, cela avait peu contribué à son développement personnel. Pourtant, de tels défis lui avaient ouvert les yeux sur le monde, lui permettant d’accepter de nouveaux changements et de s’adapter en conséquence. Telles étaient les compétences non techniques dont un pratiquant avait besoin pour atteindre de nouveaux sommets.
Kacha !
Alors que de telles pensées traversaient l’esprit de Zhang Xuan, un son rappelant un œuf brisé ou une plante perçant le sol résonna dans sa tête.
– « Ma Profondeur d’Âme a dépassé 29,99 ? »
Il serra fermement le poing, ses yeux se mettant à briller.