“Enfin ! Je peux manger et boire autant que je le veux pour les mois à venir !”

Hebaron dirigea son cheval derrière celui de Riftan et murmura d’impatience, tout en prenant une profonde inspiration lorsqu’ils entrèrent dans le château. C’était la première fois qu’il revenait dans l’enceinte du château après presque 10 ans. Chaque fois qu’il passait devant une scène familière, de vieux souvenirs surgissaient dans sa tête. Il contemplait les arbustes soigneusement alignés et les fleurs éclatantes le long du chemin ordonné du château. Alors qu’ils traversaient son beau et vaste jardin, le château du Duc de Croix émergeait.

“Je n’ai entendu que des histoires célèbres sur le château du Duc. Vraiment, c’est incroyable.”

Même Uslin, issu de l’une des plus prestigieuses familles nobles de Whedon, s’exclama d’admiration en traînant ses yeux sur la splendide forteresse. Ils descendirent de leurs chevaux, remirent les rênes aux serviteurs et montèrent en bon ordre les escaliers de marbre menant à l’entrée. Lorsqu’ils franchissent les portes arquées d’au moins 20 kvets (environ 6 mètres) de haut, un hall doré éclairé par des milliers de bougies apparaît devant leurs yeux.

Riftan a levé la tête, ses yeux parcourant les environs. Tout dans cette salle semblait être l’incarnation de tout le luxe que les gens pouvaient imaginer. Un gigantesque lustre perlé de cristaux blancs étincelait et pendait du plafond voûté, des centaines de fenêtres en verre entouraient la salle, et des armures dorées tapissaient les murs blancs en plâtre. Il les parcourait d’un air à moitié épuisé lorsqu’une voix hautaine résonna.

“J’ai entendu la nouvelle de votre victoire. Vous avez traversé beaucoup d’épreuves.” Le duc de Croix descendit lentement les escaliers, accompagné de ses gardes. “Les chevaliers royaux sont arrivés tôt hier soir et se reposent actuellement. Je vous accorde à tous une chambre pour que vous puissiez vous reposer confortablement.”

“Merci pour votre hospitalité.”

Triden s’est avancé et a salué poliment. Le duc de Croix le regarda comme pour reconnaître la sincérité de l’homme et fit un signe de tête à ses serviteurs.

“Amenez les invités dans leurs chambres.”

Dès que l’homme relâcha ses ordres, des dizaines de serviteurs se précipitèrent dans les escaliers et les chevaliers les suivirent. Alors qu’ils traversaient la grande salle, un groupe de dames les regardaient depuis le balcon du deuxième étage, en gloussant entre elles.

Sont-elles les épouses des chevaliers venus assister au banquet ? Riftan s’interrogea intérieurement et fronça les sourcils devant la façon dont elles les regardaient comme un spectacle. À ce moment-là, une femme se tenant au bout du couloir attira son attention.

Riftan s’est arrêté dans son élan. Il ne pouvait pas voir son visage clairement car elle se cachait dans les ombres sombres, mais il a pu reconnaître ses cheveux qui étaient de la couleur d’un vin rouge profond. Il déglutit sèchement, sa gorge se serrant soudainement. Alors qu’il se dirigeait inconsciemment vers elle, l’expression de la femme se transforma en perplexité et se cacha derrière un pilier.

“Sir Calypse ? Qu’est-ce qu’il y a ?”

Gabel Laxion le regarda curieusement alors qu’il se tenait raide avec une expression perplexe sur son visage. Riftan reprit à peine ses esprits et se retourna.

“…Ce n’est rien.”

Cela pouvait être elle ou non, de toute façon cela ne devrait pas avoir d’importance pour lui. Riftan fit un pas en avant, gémissant contre lui-même, qui s’accrochait encore aux souvenirs de 10 ans auparavant. Cependant, alors qu’il se rendait dans la chambre pour se reposer, il ne parvenait pas à contenir son agitation et ses nerfs.

Il s’est ébouriffé les cheveux avec colère et a poussé les fenêtres grandes ouvertes. Le soleil se couchait dans le crépuscule, le paysage qui se dessinait devant lui était le vaste jardin où il avait l’habitude de tirer des charrettes pleines de fumier de cheval ou de bois de chauffage. À ce moment-là, il s’est rendu compte à quel point sa vie avait changé. Lorsqu’il s’était enfui de cet endroit, il n’avait jamais pensé qu’il y retournerait un jour en tant que chevalier.

“Puis-je entrer un moment ?”

Alors qu’il était plongé dans ses pensées, la voix du commandant retentit de l’extérieur de la porte. Riftan lui ouvre lentement la porte. Triden, qui était maintenant habillé pour une occasion, le regarda de la tête aux pieds et soupira.

“Je savais que cela allait se produire. Mais qu’est-ce que tu portes ?”

Riftan baissa les yeux sur sa tenue et plissa les yeux. Sa tunique bleu foncé, son pantalon noir et ses hautes bottes en cuir de vache étaient sa tenue la plus propre et la plus correcte. Il arqua un sourcil vers le commandant, se demandant ce qui semblait être le problème.

“As-tu l’intention d’assister au banquet habillé de la sorte ?”

Riftan s’appuya contre le montant de la porte et soupira.

“Je n’ai pas l’intention d’y aller. Ne sais-tu pas déjà que je me sens mal à l’aise dans de telles situations ?”

“Calypse, c’est un banquet de victoire. En fin de compte, tu es le héros de cette victoire. Tu as décapité Rudgal, qui est le chef des bandits.”

“Je ne pense pas que celui qui organise ce banquet ait les mêmes pensées.”

Le commandant a eu une expression ferme à sa réponse cynique.

“Je t’ai dit à plusieurs reprises que je te remettrai le commandement de la chevalerie. Cette décision est conforme à la volonté des membres. Pour que tu puisses succéder à mon poste sans aucune position, nous devons plaire aux yeux des nobles. Je ne peux pas céder sur cela.”

“Je ne suis pas fait pour être le commandant. Il y en a d’autres qui ont un meilleur statut que moi…”

“Maintenant, essayes-tu d’enfreindre la règle ultime de la chevalerie ?”

Triden répliqua d’un ton dur. Riftan s’est mordu les lèvres. C’est la règle non écrite des Chevaliers Remdragon de baser leurs rangs de manière approfondie sur les seules compétences. Même s’il refusait lui-même de prendre la position de commandant, les autres membres ne seraient pas facilement d’accord. Riftan soupira et finit par laisser Triden entrer dans sa chambre.

“Que veux-tu que je fasse ?”

“Tout d’abord, nous devons t’habiller.”

Il grimaça et fit signe au serviteur qui attendait dans le couloir. Riftan laissa échapper un gémissement en regardant la pile de vêtements dans les bras du garçon. Triden lui tapota l’épaule d’une paume robuste et rit sournoisement.

“Bien que tu sois désespérément insociable, tu as un beau visage qui attire le regard des gens. Tu vas devoir apprendre à utiliser tes cartes à ton avantage.”

“Tu veux dire que tu veux que je sois ton homme-visage ?” Riftan fronça férocement les sourcils.

Le commandant ricana et poussa des vêtements colorés sur son visage. “Tu as la mauvaise habitude de déformer les mots de manière négative. Ce n’est pas humiliant pour quelqu’un de s’habiller joliment et de montrer son charme aux dames.”

“Laisse plutôt ce travail à Nirta ! Ses yeux s’illumineraient volontiers et il jouerait le rôle tout de suite.”

Triden a laissé échapper un soupir. “Je ne peux pas le supporter. L’autre jour, il a fièrement flirté avec une dame sous mes yeux. Puis, le fiancé de la jeune femme s’est jetée sur nous, devenant fou de rage. Cela aurait pu être une affaire troublante. Si seulement je pouvais, je ne le laisserais pas mettre les pieds dans la salle de banquet aujourd’hui.”

“Alors Rikaido…” ( Mdr l’emmerdeur )

“Calypse.” Le commandant a prononcé son nom d’une voix basse et autoritaire. “Ne m’oblige pas à le répéter : Je ne peux pas céder aujourd’hui. Tu es le meilleur de la garde du front oriental, les nobles de l’est sont tenus de te rendre hommage. Je vais profiter de cette occasion pour faire connaître ton nom et le graver dans l’esprit des nobles conservateurs.” L’homme lui tendit des chaussettes en soie avec une expression ferme. “Alors, arrête de parler et porte-les.”

En fin de compte, Riftan n’a pas pu surmonter l’insistance du commandant et a porté les chaussettes brillantes qui lui remontaient jusqu’aux mollets et a revêtu une robe décorée de broderies colorées. Comme si cela ne suffisait pas, le commandant lui a tendu un chapeau avec des plumes colorées. Riftan fronce les sourcils avec une expression de dégoût.

“Je préfère me pendre plutôt que de porter ça sur ma tête !”

Le chef a posé le chapeau sur le lit, abattu. Riftan expira nerveusement et jeta un regard désapprobateur à son reflet sur le miroir. Il se sentait comme un clown habillé de la sorte, mais Triden hocha joyeusement la tête, satisfait de sa tenue.

“Tu n’as pas l’air moins bien qu’un autre noble quand tu es habillé comme ça. Maintenant, tout ce qu’il reste à faire est de couper ton langage grossier de ta langue.”

“…Je vais essayer de garder ma bouche fermée autant que possible.”

Riftan acquiesça sans ambages et prit la cape que le serviteur lui tendait et la drapa sur ses épaules. La nuit était tombée de l’extérieur de ses fenêtres. Il suivit ensuite le commandant jusqu’à la salle de banquet et détourna le regard. Chaque coin du château brillait de mille feux, il se demandait combien de bougies brûlaient pour ce seul festin. Alors qu’il pensait à des choses absurdes, le commandant lui tapa sur l’épaule et lui donna un autre avertissement sévère.

“Maintenant, je vais te présenter les nobles de l’Est un par un. Je te le répète sans cesse, fais attention à tes manières et sois poli.”

“Je ferai de mon mieux.”

Riftan a soupiré et est entré dans la salle de banquet. À ce moment-là, tous les regards se sont tournés vers lui. Il a à peine réussi à garder son visage droit à la façon dont les gens le regardaient comme s’il était un spectacle rare. Des centaines de nobles étaient réunis dans la salle et le commandant a commencé à les présenter un par un. Il se demandait s’il devait vraiment honorer tous les regards de tous ces nobles.

Alors qu’il cherchait désespérément un moyen d’échapper à ces présentations épuisantes, le Duc de Croix qui se tenait au milieu de la salle de banquet attira son regard. Pour être précis, ce n’était pas exactement lui qui attirait son regard, mais la femme portant une robe vert foncé qui se tenait à côté du duc.

Riftan a eu l’impression que quelqu’un l’avait frappé à la tête, sans crier gare. Il avait pensé à la possibilité de la rencontrer, mais il était déterminé à ne pas y attacher de signification profonde. Néanmoins, au moment où ses yeux se sont posés sur la fille aux cheveux rouges, sa tête est devenue instantanément vide.

Il l’a fixée et a parcouru son visage du regard. Sa taille atteignait sa poitrine, elle était donc assez petite, mais si l’on considère qu’elle ne lui arrivait qu’à la taille à l’époque, elle avait bien grandi. La gorge de Riftan était sèche et il tira sur sa robe qui semblait se resserrer contre son cou.

“Il serait bon de présenter officiellement tes salutations au Duc de Croix.” Sentant peut-être sa soudaine agitation, Triden l’avertit légèrement. ( Beau-papa !! )

Riftan a à peine pu hocher la tête. Le commandant traversa fièrement la salle de banquet, s’approchant du duc.

“Ma plus profonde gratitude pour avoir organisé un banquet aussi somptueux, Duc Croix.”

“Je n’ai fait que faire ce qui est approprié pour honorer les héros qui ont défendu nos terre, vicomte.”

Le duc se tourna gracieusement vers eux et leva audacieusement le menton. Riftan, qui avait oublié comment respirer, regarda attentivement la jeune fille se tourner lentement dans leur direction.