Sous le Chêne | Under the Oak Tree
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Ruth se frappa la poitrine de frustration. Il essayait en vain de calmer son agitation, sachant bien qu’il s’adressait à la maîtresse de maison. Mais ses émotions ne pouvaient être apaisées par ses plans grotesques. Malgré tout, il a expliqué aussi calmement qu’il le pouvait.

“Le verre n’est pas du tout pratique. L’isolation du verre est extrêmement faible et cela ne sera pas différent que de vivre avec les fenêtres ouvertes. De plus, les chevaliers s’entraînent souvent dans l’arrière-cour et ce n’est qu’une question de temps pour que des fenêtres aussi coûteuses se brisent en morceaux à cause des épées qui se balancent. De plus, elles se rayent facilement et il sera difficile de les entretenir. Les serviteurs passeront la plupart de leur temps à les polir et bientôt, vous serez à court de personnel.”

Quand il a choisi les points auxquels Max n’avait jamais pensé, elle s’est calmée encore plus. Il a regardé jusqu’à la toute dernière facture et c’est seulement alors que son visage s’est un peu adouci. On ne savait pas si c’était la prise de conscience de sa brusquerie jusqu’à présent ou le simple contenu de la facture, quoi qu’il en soit, les mots qui suivirent avaient un soupçon de douceur.

“Heureusement, tout n’a pas été commandé. Pourquoi ne pas accepter de changer les fenêtres du hall principal, de la salle de banquet et de certaines des chambres d’hôtes en verre, et les autres chambres peuvent être converties en verre à baldaquin ou avoir un double revêtement pour l’isolation ? Ce sera très utile en hiver si vous ajoutez une porte extérieure et que vous les entrouvrez pour laisser entrer l’air frais. Cela sera suffisant pour montrer votre richesse aux invités sans faire un trou dans la poche.” ( Un genre de volets pour remplacer la vitre )

Il sortit un nouveau morceau de papier parchemin et dessina un plan du château pendant qu’il expliquait. Max a regardé le dessin d’un air absent et a hoché la tête.

“C-C’est v-vrais. Je vais lui dire ça.”

“La fontaine de cristal ne vaut rien.”

Il jeta le papier parchemin dans son autre main par-dessus ses épaules et plongea la plume d’oie dans l’encrier en posant une nouvelle feuille de papier devant elle.

“Débarrassons-nous de ceux qui sont criards et notons un par un ceux qui sont absolument nécessaires.” dit-il, semblant prendre les rênes en main.

Max, non étonnée, se contente de fixer la plume d’oie avec horreur. Elle s’attendait à ce qu’il réécrive le livre de comptes pour elle, mais il ne faisait qu’enrôler les choses et lui confiait l’aspect vital. Elle n’avait certainement pas envie d’une répétition de la séance de réprimande !

“Et si je fais encore une erreur…” Elle a essayé de lui faire comprendre qu’il devait le rédiger.

“Vous vous en occuperais à l’avenir. Je vous guiderai dans la bonne direction, alors ne vous inquiéter pas.” Sa position était claire comme de l’eau de roche.

Elle a baissé les yeux sur le grand livre, se sentant perdue. Sa tête était aussi vide que le papier devant elle. Paniquée, Max passa en revue les billets et chercha quelque chose à écrire. Elle a essayé de se calmer et a cherché le registre d’achat le plus ancien et a noté les articles achetés et les détails avec. Elle a suivi avec le nombre de personnes embauchées, leur salaire et la durée du contrat, et puis… les choses ont commencé à se compliquer avec seulement ses maigres connaissances en matière de travail.

Max épluchait les chiffres, griffonnait des chiffres alors que la sueur perlait sur ses tempes. Combien valait chaque monnaie ? Comment dois-je calculer ? Elle devenait de plus en plus perplexe. Ses doigts serraient la plume d’oie comme pour faire sortir les réponses.

En remarquant à quel point un simple livre de comptes l’avait rendue nerveuse, Ruth a froncé les sourcils. Il semblait avoir une idée de ce qui se passait dans son esprit, mais il ouvrit tout de même la bouche pour ne pas présumer.

“Juste pour être sûr, vous connaissez les unités monétaires, non ?”

“Je les connais !”

Elle nia anxieusement, l’horreur s’insinuant en elle à la possibilité que son secret soit découvert. Cependant, le magicien l’a regardée attentivement avec suspicion. Sous l’intense examen auquel elle était soumise, Max retint son souffle et réussit à ajouter…

“Je suis juste… Je n’ai jamais utilisé d’argent avant, je…”

Sans plus attendre, Ruth a lancé une question. “Combien font 60 lires en marks ?”

“Je… je… hum… quatre ?”

Elle plia et redressa ses dix doigts et lâcha une réponse qu’elle espérait ardemment être la bonne. Mais au regard qu’il lui lança, elle retira rapidement sa réponse.

“Trente-trois !”

“Combien de soldems obtenez-vous avec 24 denars en soldems ?”

“JE-JE…”

“Et avec 10 lirams en derhams ?”

Presque en larmes, le visage de Max rougissait de honte et d’humiliation. Pourtant, la paire d’yeux acérés la fixait toujours intensément, sans se soucier de ses émotions qui s’effritaient.

C’est fini ! Il a dû comprendre que je suis une idiote. Il va penser que je suis un bègue, un simple idiot. Il va le dire à Riftan ?

Elle baissa la tête en signe d’inquiétude, un peu plus bas et elle aurait touché le sol. Après un silence qui semblait s’éterniser, elle entendit un soupir de lassitude.

“Même la princesse Agnès n’était pas aussi ignorante du monde ! A quel point avez-vous grandi à l’abri ?” ( … la comparaison qui fallait pas )

Incapable de donner la moindre excuse, elle s’est mordue la lèvre. Sa mortification était visible par tous. Ruth est resté silencieux un long moment et a expiré bruyamment lorsqu’il a fouillé dans la poche intérieure de sa robe, repêchant une petite pochette.

“Écoutez bien.” dit-il en prenant deux pièces d’argent. L’une était épaisse et large comme son majeur, et l’autre était fine et large… les deux tiers d’un petit doigt. Ruth a tapé sur la grande pièce portant l’insigne d’un oiseau aux ailes déployées.

“Ceci est un liram. C’est une pièce d’argent que l’Empire Roem a créée et répandue sur tout le continent. Elle vaut douze fois cette pièce plus petite, le derham.” dit-il en montrant la petite pièce.

“Les derhams viennent de Rakasim, dans le continent sud. Il a été largement utilisé depuis que le commerce avec ce continent s’est développé il y a quelques années. C’est une petite pièce mais elle a un grand crédit.”

Elle regarda la petite pièce d’argent qu’il avait placée dans sa paume, dissimulant sa fascination. C’était la première fois qu’elle voyait une pièce de monnaie de si près. Ruth la laissa observer un peu et poursuivit son explication.

“Les lirams sont exactement douze fois plus lourds que les derhams. C’est pourquoi douze derhams sont échangés contre un liram.”

Il sortit alors deux pièces d’or. L’une était grosse c’était le liram et l’autre le derham.

“Cette grande est un soldem, créé par l’empire Roem, tout comme les lirams. Cette petite est un denar, également de Rakasim. De même, les soldems sont douze fois plus lourds que les denars.”

“Pourquoi le co-continent du Sud fabrique-t-il des pièces aussi petites ?”

“Le commerce sur le continent sud est bien plus développé que chez nous. Si une pièce est trop grande, le commerce entre individus ne peut être possible.” Il a répondu comme si sa question était gênante. Elle n’arrivait pas à le comprendre complètement, mais Max n’a pas posé plus de questions. Ruth a posé les pièces et a continué à parler davantage d’argent.

“Les pièces d’or valent 20 fois plus que les pièces d’argent. Un seul soldem s’échange contre 20 lirams et un seul denar s’échange contre 20 derhams.”



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