Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 110 – L’incantation d’ouverture
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 110 – L’incantation d’ouverture

Le signet n’avait, en apparence, rien de spécial. Des portraits de Roselle trônaient partout dans la salle d’exposition et l’image sur le carton le représentait à l’époque où il était encore entre deux âges.

Klein le tourna et le retourna à plusieurs reprises et en l’examinant attentivement, vit une minuscule perforation confirmant qu’il s’agissait bien du marque-page que Justice avait eu en mains.

Il tenta d’y injecter lentement de l’énergie spirituelle mais comme pour n’importe quel objet ordinaire, celle-ci ne parvint pas à l’imprégner ni à provoquer de modifications.

Il est vrai que Roselle avait l’intention de trouver quelqu’un de prédestiné. Il ne l’aurait donc pas spécifiquement réservé aux Transcendants…

Klein réfléchit un moment puis murmura en Feysac : “Roi Pirate !”.

Le signet ne répondait toujours pas.

Il essaya le Feysac ancien, l’Intis, le Loen et ainsi de suite, sans plus de résultat.

Sans grand espoir, il tenta le Jotun, l’Elfique, le Dragonais et autres langues du domaine occulte, particulièrement restrictives.

Comme il pouvait s’y attendre, ce fut un échec.

Aussitôt après, il traduisit “One Piece !” en Faysac.

Mais le signet, qui reposait tranquillement dans sa main, n’eut pas plus de réaction.

Comme précédemment, il réitéra sa tentative en plusieurs langues mais ce fut en vain.

Il semblerait que ma supposition initiale était fausse. Roselle, dans sa jeunesse, a peut-être utilisé le mème du Roi Pirate pour faire des blagues, mais ça ne veut pas dire qu’il ait continué par la suite. Les gens finissent par vieillir et changer se dit Klein en Klein.

Il tapota du doigt le bord de la longue table mouchetée, s’efforçant de déduire des bribes d’informations contenues dans le journal le moyen de déverrouiller le signet.

Au bout d’un moment et pour éviter toute confusion ou contradiction, il prit un stylo, du papier et nota ses réflexions.

En faisant cela, Roselle était vraiment fou et désespéré. Cela met aussi clairement en évidence son humour tordu. “Les prédestinés le recevront” en est une preuve si l’on considère que cela ne correspond pas au jargon du monde actuel.

Je peux donc être certain qu’il voulait vraiment que quelqu’un découvre par hasard le caractère spécifique des Cartes du Blasphème.

Dans ce cas, la méthode de déverrouillage ne doit être ni trop difficile à imaginer, ni en lien avec quelque chose qu’on voit souvent au quotidien.

Ce qu’il fallait à Roselle, c’était une coïncidence. Par exemple : quelqu’un tient ce signet sans valeur, prononce au hasard un mot spécifique et… félicitations, vous bénéficiez d’une chance inouïe ! C’est tout à fait conforme à son humour tordu.

Si l’on suit ce raisonnement logique, les Cartes du Blasphème devraient avoir des incantations de déverrouillage différentes. Un seul terme pour déverrouiller toutes les cartes, ce n’est vraiment pas le style de Roselle.

Quelle est l’incantation qui correspond à cette carte ? Voyons, je peux d’emblée exclure les mots couramment utilisés, ceux que l’on dit tout le temps.

De plus, lors de la création des cartes de blasphème, Roselle était dans un état de désespoir, de manie, de refus de s’en séparer, de réminiscence, de lutte et de colère. Je pourrais essayer de me plonger dans cet état d’esprit, de faire comme si j’étais lui à cette époque et d’imaginer le genre d’incantation que j’aurais pu choisir.

Klein cessa donc d’écrire et se mit dans la peau de Roselle dans l’espoir de trouver de l’inspiration.

Il essaya d’abord des mots vulgaires en différentes langues – dont l’ancien Feysac – ainsi que des termes relatifs à l’espoir mais hélas, ce fut un échec.

Il se demanda alors quelle serait la dernière chose dont un homme puissant et désespéré hésiterait à se séparer.

Sa femme, Matilda ? Un homme aussi licencieux ne devait pas avoir de sentiments vraiment profonds pour sa première femme.

Ses enfants ? Il y a sa fille aînée, Bernadette, Ciel, le cadet et enfin Bornova, le plus jeune…

D’après son journal, celle qu’il avait le plus de mal à oublier est sa fille, Bernadette, susceptible de devenir un personnage important dans le monde mystérieux.

Klein fit une pause, respira profondément et se prépara à réessayer.

« Bernadette », dit-il dans la langue d’Intis.

Le signet ne réagit pas.

Il passa aux langues de Loen, des Hauts Plateaux et de Feysac, mais n’obtint toujours pas les résultats escomptés.

Il soupira et, d’une voix grave, prononça en Feysac ancien : « Bernadette ».

Ce nom, comme n’importe quel autre, résonna dans le brouillard gris, désert et silencieux. Klein était sur le point de chercher une nouvelle inspiration, lorsque soudain, il sentit le signet s’enfoncer dans sa main et se transformer en un vortex invisible qui absorbait sauvagement toutes ses énergies mentales.

Pour une personne ordinaire, ç’aurait été un énorme fardeau mais pour un Magicien de Séquence 7, ce n’était pas particulièrement épuisant. Klein y survécut sans peine et ne put cacher sa joie en regardant l’objet au creux de sa paume.

Petit à petit, une lumière jaillit du signet et l’image de l’Empereur Roselle qui le décorait prit une tout autre apparence.

Il était assis sur un antique trône de pierre, la tête ceinte d’une couronne noire incrustée de pierres précieuses Il portait une armure et une cape noires, tenait à la main un sceptre et regardait devant lui avec des yeux froids et distants.

Dans le coin supérieur gauche du signet, l’on pouvait voir une phrase écrite condensée à partir du rayonnement lumineux des étoiles.

“Séquence 0 : L’Empereur Noir !”

Séquence 0 ! Les secrets des dieux sont donc bien cachés là-dedans ! L’Empereur Noir est en fait la Séquence 0… Se dit Klein en soupirant, un peu surpris.

Juste après, le signet prit l’apparence tridimensionnelle d’un livre miniature dont les pages tournaient alors qu’il n’y avait pas de vent.

Klein vit alors un Roselle coiffé d’un capuchon blanc à côté duquel on pouvait lire en Feysac ancien :

« Séquence 9, L’Avocat.

« Doué pour découvrir et utiliser les failles dans les règles et les faiblesses de ses adversaires. Doué d’une excellente éloquence et de très bonnes capacités de raisonnement…

« Formule de la potion… »

Le jeune homme jeta un vague coup d’œil aux ingrédients requis puis toucha le livre dont la page se tourna.

« Séquence 8 : Le Barbare.

« Les problèmes qui ne peuvent être résolus par la loi le seront par la force. C’est aussi une des règles… Les Transcendants appartenant à cette Séquence sont particulièrement résistants aux influences psychologiques…

« Formule de la potion… »

Il lui suffisait de toucher le livre issu de la Carte du Blasphème pour que les pages se tournent une à une :

« Séquence 7 : Le Soudoyeur »

« Séquence 6 : Le Baron de la Corruption. »

« Séquence 5 : Le Mentor de la Confusion. »

« Séquence 4 : Le Comte du Déchu. »

« Séquence 3 : Le Mage Endiablé. »

« Séquence 2 : Le Duc de l’Entropie. »

« Séquence 1 : Le Prince du Désordre. »

« Séquence 0 : L’Empereur des Ténèbres. »

Le livre parcouru, Klein ne put s’empêcher de soupirer :

Il cache vraiment les profonds secrets pouvant faire d’un homme un Dieu !

Rien d’étonnant à ce que tous les Transcendants de Haute Séquence qui empruntent cette voie tentent d’établir leurs propres royaumes et parcourent les terres.

C’est ce qu’exige le rituel !

Pour passer de la Séquence 1, le Prince du Désordre, à l’Empereur Noir, le rituel exigeait que l’on possède son propre pays, liant ainsi son nom au titre d’Empereur de manière à ce qu’il soit connu de la population. En outre, il fallait établir un ensemble de règles strictes et complexes défiant toute normalité, y compris concernant les styles architecturaux.

La personne incitait ensuite son peuple à construire en secret neuf mausolées semblables à des pyramides et entrait dans l’un d’eux. Pendant qu’une grande majorité des citoyens, dispersés dans différentes villes, participaient aux rituels sacrificiels requis, le Prince du Désordre absorbait la potion de Séquence 0.

L’évolution réussie et tant que les neuf mausolées secrets n’avaient pas été détruits, l’Empereur Noir ne mourrait pas car s’Il venait à être tué, Il pourrait revenir à la vie dans l’un de ces mausolées.

Mais le plus terrifiant, c’est que quand bien même la divinité aurait été tuée et les neuf mausolées détruits, si une partie de l’ordre établi par cette entité subsistait, il lui serait malgré tout possible de ressusciter par un moyen mystérieux. Une sorte d’échappatoire à la mort.

Le meilleur moyen de l’anéantir complètement était que survienne un nouvel Empereur Noir !

« C’est une divinité ! Ni les mortels, ni les anges ne peuvent combattre une divinité », concluait Roselle. « Ceux qui ne sont pas encore devenus des dieux ne pourront jamais se faire une idée de leur pouvoir. »

Klein savait aussi que s’il existait un Vrai Dieu de Séquence 0, il était impossible qu’il y ait un Transcendant de Séquence 1. Dans le cas contraire, il pouvait y en avoir trois tout au plus. C’était là la résultante de la loi d’Indestructibilité et de Conservation des Caractéristiques Transcendantes !

A voir les 10 Séquences décrites par la Carte du Blasphème de l’Empereur Noir, il était clair à ses yeux que la principale caractéristique de cette voie était son évolution progressive vers un ordre d’ombre !

Roselle expliquait également que si un Transcendant de Haute Séquence avait en main cette Carte du Blasphème, celle-ci réagirait subtilement aux ingrédients dont il avait besoin.

Ceci n’était bien sûr valable que pour les Transcendants de la voie de l’Empereur Noir.

Quel dommage ! Cela ne m’est d’aucune utilité , se dit le jeune homme en regardant le livret reprendre la forme d’une carte de poker.

Mais elle n’était plus masquée cette fois et représentait bien Roselle en Empereur Noir assis sur son trône de pierre !

Klein resta quelques seconds silencieux et soupira :

La principale utilité de cette carte, pour moi, sera de pouvoir échanger les formules contre les objets dont j’ai besoin. Elle contient aussi des informations sur les divinités et les Séquences, mais à part ça, elle ne me servira pas à grand-chose.

Au moins, en ma qualité de Fou et leader du Club du Tarot, je ne serai plus une coquille vide. Je détiens maintenant une voie du divin. Ce n’est pas comme si je ne pouvais plus produire une formule pour Transcendant de Haute Séquence !

Voyons… Je me souviens qu’au rassemblement de Transcendants organisé par le vieil “Œil de Sagesse”, la dame que je soupçonne d’être soutenue par un Artisan cherchait à acheter la formule de la potion du Barbare.

L’esprit tourbillonnant, Klein regarda à nouveau l’image de Roselle sur la carte de l’Empereur Noir et ne put s’empêcher de rire :

Il utilise son image pour chaque Séquence … Quel narcissique !

Hé hé, je suis soudain très curieux de savoir à quoi peut bien ressembler la Carte du Blasphème de la voie de la Démone.

Se reprenant, Klein détruisit l’autre marque-page qu’il avait pris au hasard et constata que ce n’était qu’un signet ordinaire.

Cela fait, il changea de posture, s’adossa à sa chaise et répondit calmement à la question que Justice lui avait posée la veille au soir :

– « C’était une Carte du Blasphème réalisée par Roselle. »

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