Aderon se leva de son siège avec un visage gêné, laissant derrière lui le papier parchemin où étaient inscrites plusieurs explications. Dès qu’il fut parti, Max se dirigea en toute hâte vers la bibliothèque. Il lui fallut plusieurs heures rien que pour noter le coût des marbres et les salaires des ouvriers. Elle poussa un soupir de lassitude devant son accomplissement pathétique quand elle entendit soudain quelque chose dans son dos. Elle se retourna avec surprise et fut accueillie par la vue d’un homme se profilant de dos dans le coin le plus éloigné de la bibliothèque, enfermé dans une pile de livres.
“Ru-Ruth…”
L’homme la regarda de ses yeux maussades tout en se grattant ses cheveux gris clair. Max ne savait pas comment réagir, alors elle répondit par un regard vide à son tour. Il était maintenant assis sur le dessus des précieux registres. Depuis combien de temps était-il couché là ?
“Pourquoi êtes-vous si bruyante ces jours-ci ?”
Le sorcier fronça soudainement les sourcils et se plaignit, ne semblant éprouver aucune gêne à rencontrer la dame du domaine alors qu’il dormait sur le sol de la bibliothèque. Max bégaye en retour, déconcerté par ses manières imposantes.
“Cha-Château. Je re-décore le château….”
“Le château est le château, mais ce que je demande concerne les affaires de madame Calypse.”
“M-moi… ?”
“Qui d’autre ? Vou pleurnichez dans la bibliothèque depuis quelques jours. Savez-vous que vous avez grandement perturbé mon sommeil ?” ( Quelle idée de dormir dans la bibliothèque mdr )
Elle avait la bouche ouverte, honteuse que quelqu’un ait pu observer ses actes pitoyables de gémissements, de soupirs et d’arrachage de cheveux. Elle se sentit instantanément furieuse contre lui pour ne pas lui avoir dit qu’il était là dans ses moments d’angoisse… et stupéfaite qu’on lui fasse des reproches au lieu de présenter des excuses.
Elle ne savait pas à laquelle de ces trois émotions elle devait réagir. Alors qu’elle restait là, étonnée et incapable de répondre, l’homme s’est levé de son confort de fortune et est allé droit devant elle.
“Êtes-vous… une comptable ?”
Elle s’est empressée de prendre les feuilles de papier sur son bureau, les cachant tristement de sa vue. Cependant, l’homme n’a pas tenu compte de son effort pour dissimuler les papiers et les a ramassés agilement de ses mains évasives pour examiner l’incorrigible écriture. L’instant d’après, les sourcils du sorcier frémissaient.
“… Combien de fautes de calcul avez-vous faite au juste ?”
“Rend-Rendez-la moi… !”
Il se retourna pour éloigner le papier de son bras tendu et continua à regarder le contenu avec horreur. Il a lâché un faible gémissement.
“Pourquoi une plaque de marbre vaut-elle vingt Liam ? Je suis sûr que vous avez juste écrit les mauvaises unités, non ? S’il vous plaît, dites-moi que vous avez simplement mélangé les unités.”
“Juste à l’instant… J’étais en train de réparer ça… !”
Max s’est désespérément expliquée à Ruth, qui était sur le point d’écumer la bouche de colère. Lui, qui la regardait avec des yeux plissés, a instantanément pris les livres qu’elle cachait derrière son dos.
Elle est sidérée par son comportement direct. Un gentleman ne devrait jamais toucher aux affaires d’une dame sans sa permission, c’est ce qu’on lui avait toujours dit. L’acte de s’emparer par la force des affaires d’une dame sans sa permission était quelque chose que seul un ruffian pouvait faire.
Max a tiré sur l’ourlet de sa robe avec un visage rouge. “Rendez-moi ça ! Comment, comment pouvez-vous faire quelque chose d’aussi, aussi, grossier… !”
“… Combien avez-vous dépensé ces derniers jours ?”
Elle tressaillit et leva prudemment les yeux vers lui. Le visage du sorcier était horriblement déformé et son cœur se serra à sa vue. Quelque chose n’allait pas ?
Ruth serra les dents et rassembla lentement la force de demander.
“Combien ?”
“Nous… eh bien, c’est…”
Une sueur froide ruisselait sur son corps alors qu’elle essayait de penser à une réponse.
“Ri-Riftan… a dit de ne pas s’inquiéter pour l’argent.”
“Mais vous devriez au moins savoir combien vous avez dépensé, non ?”
Le reproche a fait brûler son visage de déconfiture. Elle se recula et ne put regarder droit, un peu comme lorsque son tuteur privé l’avait admonestée pour ses prononciations.
“Je-je-je ne connais pas le nombre exact, exact..”
“Vous connaissez le montant approximatif ?”
Dès qu’elle secoua lentement la tête, le mage se frotta violemment les tempes, tentant de réguler son agacement. Pendant un instant, elle se demanda pourquoi elle se faisait gronder par lui, puis la peur d’avoir fait quelque chose de terriblement mal la rongea. Alors, Max avoua après une longue hésitation.
“A-a-actuellement… Je-je-je ne suis pas familier avec ce genre de travail, donc….”
“Si vous n’êtes pas familier, vous devriez au moins demander de l’aide !” ( Malheureusement il a pas tord… )
Ses mots prononcés avec frustration étaient trop justes pour qu’elle puisse dire un mot en réponse. Max tremblait d’horreur, se sentant comme la plus grande imbécile du monde.
“Est-ce que c’est vraiment si… fau-fau-faux ?”
“Tout d’abord, le grand livre est un désordre. Certains articles sont ridiculement bon marché, d’autres ridiculement chers… les calculs ne correspondent pas du tout. De plus, ces achats d’articles, il y a trop d’achats inutiles ! S’il est vrai que le Seigneur Calypse a gagné une somme d’argent ridicule grâce à la bataille contre le dragon, on ne peut pas la dépenser sans réfléchir ! Il y a de nombreux chevaliers et gardes à Anatol et nous sommes responsables de leur entretien. Plus important encore, nous prévoyons de construire une grande route qui reliera le port au village l’année prochaine. De plus, l’hiver approche et nos recettes fiscales vont en souffrir. Nous devons essayer de réduire toute forme de gaspillage possible !”
Max rentre le cou comme une tortue devant l’assaut incessant de réalisme.
“Je-je ne savais pas… Je-je n’ai rien entendu à ce sujet. Il a juste dit de faire ce que je voulais.”
Ruth a laissé échapper un profond soupir après avoir entendu ses marmonnements. Comme s’il avait perdu toute son énergie, il a baissé les épaules et a continué.
“Je ne dis pas que redécorer le château lui-même est mauvais. C’est vrai que nous sommes devenus comme une usine militaire qui ne se soucie de rien d’autre que de la défense. Mais c’est trop. Si vous continuez à dépenser de l’argent comme ça, il ne faudra que quelques années avant que le Seigneur Calypse ne doive aller voler un autre repaire de dragons.”
“Ce-c’est…”
Max recula sur le point de s’effondrer et s’agrippa fermement à la chaise. Elle essayait de donner au château un énorme lifting pour faire plaisir à Riftan… après tout, c’était la responsabilité de la maîtresse de maison de garder les choses belles aussi. Elle sentit tout le sang de son corps partir en pensant à la façon dont son mari pourrait devenir fou furieux pour ses actions malencontreuses comme l’homme en face d’elle. Max leva les yeux vers lui avec des larmes dans les yeux.
“Si… si vous m’apprenez ce que j’ai fait de mal, je… je vais réparer ça… ….”