Peu de temps après, une autre servante arriva pour dire : “Le seigneur est en route, madame.”
Alors qu’elle regardait par la fenêtre, une voix familière se fit entendre de l’autre côté de la pièce. Elle tourna la tête, s’attendant à moitié à voir Riftan, mais c’est Rodrigo qui entra dans la pièce, vêtu de sa tenue de cérémonie.
“Tous les chevaliers sont déjà arrivés. Veuillez me suivre, madame, le seigneur vous attend.”
Max descendit les escaliers aux côtés de Rodrigo. En arrivant à l’entrée du réfectoire, le brouhaha qui régnait à l’intérieur se fit immédiatement sentir. Elle s’immobilisa devant la porte, hésitant à jeter un coup d’œil, qu’elle espérait furtif, à l’intérieur. Sous les lumières scintillantes, une cinquantaine d’hommes étaient assis le long des tables s’étendant vers les extrémités de la pièce. Ils mangent copieusement, parlent fort, et boivent avec clameur.
Une ambiance chaleureuse régnait, un feu d’or brûlant avec éclat dans la cheminée, les pieds de la table gémissant sous le poids du succulent festin. Des plats de viande fumantes, des verres remplis de vin rouge, des bols de pommes de terre, des variétés de fruits et de pain, tous placés uniformément sur la table.
Max se sentait ostensiblement comme une paria, un tom regardant là où elle ne devrait pas être. Il n’y avait que des hommes et les servantes qui les servaient à l’intérieur de la salle. Était-il vraiment approprié pour elle de faire irruption dans la pièce destinée aux chevaliers ?
“Madame ? Ne voulez-vous pas entrer ?”
A la demande de Rodrigo, Max rassembla le courage qu’elle avait et entra dans la pièce, le bruit de ses pas annonçant sa présence. L’intérieur autrefois bruyant s’est calmé alors qu’une douzaine d’yeux se sont instantanément fixés sur elle. Elle trouva leurs regards scrutateurs inquiétants.
Elle était encore plus incertaine de la place qu’elle devait occuper dans cette foule d’étrangers.
“Maxi, viens ici.”
Riftan lui fait un signe, un geste qu’elle trouve chaleureux, comme un phare qui la guide. Max redressa sa posture, s’enhardissant intérieurement tandis qu’elle traversait rapidement la pièce pour s’asseoir à côté de lui. Dès que ses fesses ont touché la chaise, les servantes se sont empressées de lui servir du vin et du pain.
“Tout le monde, je voudrais vous présenter ma femme, Maximillian Calypse.”
Elle jette un coup d’œil aux visages des chevaliers, avant que sa nervosité ne soit probablement révélée par son visage en ce moment. Ils n’avaient pas l’air hostile, et il n’y avait pas de joie sur leurs visages, il semblait que le désintérêt était le seul accueil prédominant à la déclaration de Riftan.
Pensant que son introduction était terminée, Riftan s’adressa inopinément au groupe assemblé d’une voix sombre. ( Ça … c’est un avertissement )
“J’espère que vous la traiterez bien et avec respect.”
Comme si un sort avait été rompu, ils ont tous levé leurs verres vers Max, applaudissant et acclamant bruyamment. Elle a essayé de marmonner ses remerciements à tout le monde, mais sa petite voix a été rapidement noyée dans la mer de barytons. Les plaisanteries terminées, les chevaliers retournèrent rapidement à leurs repas et à leurs conversations sur les femmes et le champ de bataille.
Max regarda la nourriture sur son propre plateau d’argent qui avait été précairement empilé avec différentes viandes et des pommes de terre de toutes tailles, la vue lui fit perdre rapidement l’appétit. Elle pensait qu’elle ne serait pas capable de finir plus qu’une fraction de ce repas.
Riftan versa du vin dans son verre.
“Pourquoi regardes-tu seulement ton assiette ? Tu ne vas pas prendre une bouchée ? Ou bien il y a un problème ?”
“Oh, non… Je suis sûr que c’est d-délicieux.”
“Alors vas-y, mange.” Il l’exhorta, poignardant une cuisse de poulet avec sa fourchette et la plaçant sur son assiette déjà pleine.
Et puis Riftan a reporté son attention sur son propre plateau. Il arracha un gros morceau de viande et le mangea d’une seule traite, tout en attrapant un autre morceau de poulet avec son autre main. Il a bu son vin comme de l’eau, en regardant Max comme s’il lui apprenait à manger correctement.
Elle coupe timidement la tourte à la viande cuite à la vapeur et recouverte d’une sauce sucrée à l’aide d’un couteau et met un petit morceau dans sa bouche. Avec son palais difficile, Max a essayé d’équilibrer la viande huileuse avec quelques légumes marinés, trouvant également le boeuf bien assaisonné mais difficile à mâcher.
Pourtant, la nourriture ici était de loin supérieure à celle servie au château Croix, elle était simplement d’une qualité inimitable.
“Essaye ça aussi. C’est délicieux.” Riftan, qui avait regardé Max manger en silence, voulait qu’elle goûte à certains de ses plats préférés.
Elle a hésité à prendre une bouchée de la viande inconnue nappée d’une sauce rougeâtre, la trouvant trop poissonneuse à son goût. Mais voyant que le regard de Riftan se posait sur elle, elle a essayé de la finir. Mais l’homme n’avait pas fini de la dorloter, puisqu’il prit des haricots et des pommes de terre après, prenant la responsabilité de la servante pour la servir.
“Maintenant, essaye ça aussi.”
“Je ne peux pas manger autant…”
“Mais tu n’as encore rien mangé ?” Il a levé un sourcil et a poussé la nourriture sur son plateau avec sa fourchette. “Goûte plus de ça aussi.”
Pourquoi diable essayait-il de la faire grossir comme un poulet ? Max avait l’air d’être au bord des larmes, Riftan était seulement perplexe. Elle ne pouvait s’empêcher d’avoir la nausée rien qu’en pensant à manger plus de viande grasse.
“Un moineau mangerait plus que toi.”
“Ce n’est pas vrai. J’ai mangé beaucoup…”
Riftan hurla de rire. Et Max sentit combien sa déclaration était naïve en voyant les os empilés dans son assiette. Comparée à son mari, elle n’avait vraiment rien mangé. C’est donc que son appétit était inférieur à celui de tous les autres dans la salle.
“Alors, combien de nourriture est suffisante ?” lui demanda-t-elle.
Riftan mâche et la regarde. Il répondit bruyamment en avalant la nourriture dans sa bouche. “Tu n’es pas censé manger un poulet entier ?” ( … la preuve que Riftan ne sais pas s’occuper d’une femme XD )
“Pour une femme, je ne pense pas…”
“Une femme que je connaissais mangeait autant.” ( Bravo Riftan… c’est malin de faire une comparaison … )
Elle a rejeté le passé comme étant insignifiant, mais les mots l’ont toujours marquée pour une raison quelconque. A qui appartient cette description particulière ? A-t-il une prédilection pour les femmes ayant un gros appétit ? ( Et voilà, t’es content ? )
Son regard s’est inconsciemment abaissé vers son corps mince. Les hommes ont toujours besoin d’épouses en bonne santé pour produire des héritiers valides. Max ferme les yeux et essaie de faire entrer un peu plus de nourriture dans sa bouche.
“Tu devrais essayer de manger un peu plus. Tu as l’air si fragile.”
Elle a hoché la tête, son attention s’est portée sur le pain fait maison plutôt que sur la viande. En fin de compte, elle ne pu que se résigner. De son côté, Riftan parlait maintenant à un vieux chevalier et buvait avec lui un grand gobelet de vin. Elle prit une gorgée du liquide rouge qui remplissait sa tasse, admirant la coalescence du sucré et de l’aigre en observant leur interaction.