La force de la prise était suffisante pour faire tourner Max sur elle-même. Elle fut surprise de voir Riftan la fixer d’un air perplexe, sentant immédiatement son humeur morose. Mais elle était sûre qu’il supervisait les garçons il y a seulement quelques minutes…
“J’aurais interrompu la séance d’entraînement pour te présenter à mes apprentis si seulement tu t’étais approché de moi, pourquoi pars-tu sans me saluer ?”
Les yeux de Max s’écarquillent de surprise. “Je ne voulais pas te déranger…”
“… Tu ne me déranges jamais.”
Il s’est retourné vers les garçons, sa main tenant toujours son poignet. Les apprentis étaient tous haletants, en sueur et le visage carmin, venant de faire des sprints rigoureux sur le terrain avec leurs épées en bois.
“Encore deux répétitions et ensuite vous pourrez vous reposer ! Vous pouvez tous prendre une heure de repos et reprendre l’entraînement après.” cria Riftan par-dessus les garçons, déjà sur le point d’embrasser le sol. “Je vais me reposer à l’Annexe.”
Puis il prit sa main dans la sienne et commença à marcher avec elle vers le château Calypse. Max se tourna vers Rodrigo avec un air agité, comme pour s’excuser de l’avoir abandonné. Rodrigo, cependant, ne semblait pas avoir l’intention de suivre le couple. Il resta immobile, joignant ses mains et inclinant la tête en signe de déférence. Riftan a remonté la passerelle sans même lui accorder un regard.
“Que dirais-tu d’un repas ?” demanda-t-il à l’improviste.
“Oh, j’ai déjà mangé… Je suis allé au réfectoire tout à l’heure. Le majordome me faisait visiter le château, et nous nous rendions à l’annexe quand nous t’avons croisé.” bégaya-t-elle en évitant son regard.
Ce n’était ni l’heure ni le lieu, mais ses pensées la trahissaient : elle imaginait les caresses angoissantes du bain intime qu’ils avaient partagé il y a quelque temps…
“Je suis désolée de t’avoir dérangé hier.” a-t-elle lâché. Pour les raisons pour lesquelles elle se réprimandait intérieurement, elle n’était pas sûre.
“De m’avoir dérangé ?” L’homme a ralenti et l’a regardé à nouveau d’un air perplexe.
“P-pour m’être endormi… nous n’avons pas pu prendre un repas ensemble.”
“…Tu étais épuisé par le long voyage. Il n’y a pas besoin de s’excuser.”
Riftan répondit sèchement, recommençant ses pas arrêté sur le sentier. La panique envahit sa poitrine alors qu’elle se dépêchait de le suivre. Bien qu’il ait dit que tout allait bien, elle savait qu’il y avait une certaine agitation à l’intérieur.
“Mais tu n’étais pas fatigué aussi… Puisque tu as fait la plupart du travail…”
“Je n’étais pas le moins du monde fatigué.” dit Riftan d’un ton évasif, voulant faiblement écarter la question. “C’est parce que tu me rend sans cesse plein de vie.” ( … toi ou Riftan Junior ? )
“Quoi ?”
Riftan soupira en lui-même, comprenant maintenant la naïveté de sa femme, elle n’avait tout simplement pas compris à quel point il était excité après le bain. Bien sûr, il ne voulait pas qu’elle s’endorme. Il avait essayé de la préserver de l’emprise du sommeil, mais elle devait être vraiment épuisée par le voyage.
“Rien. Tu as dit que tu voulais visiter le château ? Je serai ton guide cette fois.”
“D’accord…”
Les pensées se demandant si elle l’avait offensé la poursuivaient alors qu’elle le suivait docilement…
***
Riftan a traversé le mur du jardin et a grimpé sur le rempart. Il s’est ensuite penché et l’a tirée sur les murs avec lui comme si elle n’était pas plus lourde qu’un enfant. De leur point d’observation, ils pouvaient voir l’étendue des collines accidentées, les falaises abruptes, la végétation vert foncé parsemée sur la pente opposée et les murs qui s’étendaient pour les enfermer.
“Chaque jour, trente à trente-cinq soldats patrouillent dans le château et arpentent les environs pour vérifier s’ils ont vu des monstres. S’ils en voient un, ils sonnent de la trompette pour alerter les autres chevaliers. Lorsqu’ils entendent le signal, les chevaliers commencent leurs préparatifs pour abbatre les monstres.”
En écoutant ses explications, elle regarda la forteresse construite sur les hauteurs de la vallée et observa sa structure simple.
Un mur solide et élevé se dressait sur les quatre côtés. Le dortoir et les installations d’entraînement des chevaliers se trouvaient à côté de la porte principale, et une résidence pour les serviteurs du château et de l’annexe se trouvait derrière la deuxième porte. Derrière le bâtiment se dressait une haute tour remplis de vigne qui s’étirait vers les cieux comme une flèche.
Lorsqu’elle la regarda avec curiosité, Riftan lui expliqua.
“Ruth réside dans cette tour. C’est plus proche des montagnes, donc un endroit pratique pour lancer de la magie en cas d’urgence.”
Une mine renfrognée, il s’est ensuite tourné vers elle et lui a dit, l’inquiétude étant évidente dans son ton : “Ne t’en approche pas pour quelque raison que ce soit. Afin de protéger ses recherches, Ruth a installé des cercles magiques farfelus un peu partout, causant occasionnellement des problèmes.”
“C’est un magicien ?”
Elle leva à nouveau les yeux vers lui, débordant d’un intérêt enfantin. Alors qu’elle était sur le point de poser d’autres questions, Riftan mit fin à la conversation aussi rapidement qu’il l’avait commencée.
Il marcha le long du chemin de ronde vers l’arrière du château. Max le suivait à côté de lui, jetant parfois des regards furtifs vers la tour, dans l’espoir de voir apparaître un quelconque tour de magie.
“Tu peux voir les écuries là-bas, c’est la grange, et ce bâtiment est l’entrepôt de nourriture. L’entrepôt doit toujours contenir plus que ce qui est suffisant en cas d’éventuelles batailles longues et prolongées.”
Riftan, qui continuait à parler de façon monotone, la regarda soudain.
“Tu t’ennuies ? Je ne suis pas très doué dans ce domaine. Je ne sais pas comment traiter une femme…” révéla-t-il soudain.
“Je ne m’ennuie pas…” son rire était un peu trop aigu pour ses oreilles.
Elle était tout à fait consciente qu’il était loin d’être un homme “cultivé”. Elle supposait qu’il était un homme sans passion pour la lecture, et qui manquait fréquemment d’engagement dans des conversations raffinées avec des femmes nobles.
Pourtant, il était également difficile de croire à son inexpérience avec les femmes, à moins qu’il ne soit soudainement devenu un homme du jour au lendemain.
Insinue-t-il alors qu’en vingt-huit ans d’existence, en tant qu’homme de belle prestance, réputé pour sa bravoure et sa force à faire pâlir les beautés du royaume… il n’a jamais été tenté par une femme ? ( XD si toi mdr )