Fuku No Ikari
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Chapitre 7 – Infidélité
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J’attrape le poignet de Mochizuki. Mes lèvres effleurent son oreille et je lui chuchote.

— Tu te souviens de ce que tu dois faire, maintenant ?

Le jeune homme me regarde d’un visage apeuré et me demande.

— Qu’entends-tu par « misé Tsubaki » ?

— Tu sais, Mochizuki-kun, j’ai horreur d’une chose.

Mon adversaire coupe ce long silence en avalant sa salive. Je m’accoude à son épaule et j’ai ajouté d’une sombre intonation.

— C’est l’infidélité. N’est-ce pas, Mochizuki-kun ?

[…]

Combien de fois ai-je vu ce garçon avec Tsubaki ? Je le sens mal ce gaillard, il est bien trop suspect. Il l’approche trop et le regard que Tsubaki lui porte me dégoute. Pourquoi lui fait-elle ce sourire niais ? C’est impossible. Il ne peut pas détruire mon plan si facilement.

Je vais devoir l’espionner quelque temps, je vais bien découvrir une faille.

Après son entrevue avec Tsubaki, je remarque qu’il prend un autre chemin et je décide de le suivre.

Un appel ? Qui ça peut bien être ? Pas Tsubaki, quand même ?

— Salut Yoshimura !

— Oui, je vais bien. Et toi ?

Quelque chose cloche, son sourire là, il est différent de celui qu’il a montré à Tsubaki quelques minutes auparavant.

— Oui, oui. On se voit toujours ce soir ?

— Ça marche !

Il doit rencontrer quelqu’un ? Sa famille ? Je n’en sais rien, mais sois-en certains Mochizuki. Je suis devenu ton pire ennemi.

Je continue ma filature et le retrouve face à une dame âgée. Elle doit avoir la quarantaine, sans doute sa mère, j’ai alors abandonné et suis retourné m’écrouler sur mon lit.

— Quelle piste pourrais-je suivre ?

Je ferme les paupières et analyse l’entièreté des scènes que j’ai pu observer aujourd’hui. Je remarque au bout de quelques secondes qu’il possède un strap accroché à son téléphone.

— Un grand gaillard fort et musclé comme lui ne peut pas avoir un objet aussi mignon. Il perdrait en crédibilité, c’est complètement incohérent. S’il en a un, c’est qu’il a une bonne raison. Mais laquelle ?

Réfléchis, réfléchis. À quoi ressemblait ce strap déjà ?

J’ouvre les paupières et m’écrie avec conviction.

— Maman !

— Oui, chéri ?

Je descends et reste figé devant son téléphone.

C’est exactement le même, j’en suis persuadé.

J’éteins les lumières, ferme les volets et allume une bougie d’une faible intensité sur la table. Je place un fauteuil face à ma mère puis j’ai déclaré.

— Maman ! Réponds à mon interrogatoire !

— C’est quoi cette ambiance ?

— N’en tiens pas compte. Dis-moi plutôt où tu as obtenu le strap sur ton téléphone !

— C’est au bowling, à côté de la gare. Ils ont organisé un évènement récemment et l’ont offert à tous les participants qui jouent une partie. Mais cette atmosphère est flippante là, chéri.

Ma mère a toujours été très enfantine, mais c’est une femme géniale, absolument géniale.

— Merci ! Je dois y aller et ne m’attends pas pour manger.

J’entre, et repère au même instant une serveuse blonde, assez séduisante. Que ce soit ses longs cheveux, attachés, son regard perçant ou ses yeux couleur quartz. Rien chez elle ne me laisse insensible.

— Bienvenue ! C’est pour une personne ?

— Oui, je vais boire un cola bien frais s’il vous plaît.

— Je vous apporte ça de suite ! Asseyez-vous là-bas en attendant.

— Merci.

Quelle douceur, cette fille.

Je prends place, et patiente en observant les joueurs, les clients du bar, mais je ne vois aucune présence de Mochizuki.

— Et voici pour vous.

Essayons quelque chose.

J’attrape son poignet et lui murmure proche de son oreille, d’une délicate voix.

— Vous ne voudriez pas boire avec moi ?

Je lui laisse un clin d’œil. La jeune serveuse reste paralysée puis acquiesce en souriant.

— Ça ne va pas déranger votre travail que vous partagiez un verre avec un client ?

— Ne vous en faites pas, j’allais prendre ma pause.

— Je vois. Vous bossez ici à plein temps ?

— Non, à mi-temps. Je suis lycéenne.

— Lycéenne ? On peut peut-être se tutoyer dans ce cas ?

— Avec plaisir, euh…

— Fuku Sayuri, lui dis-je en souriant.

— Enchantée, je me prénomme Ayame Takagi.

— Enchanté, Tagaki-chan. Dans quel établissement es-tu ?

— Je suis à Shoyo en première année, et toi ?

Hein ? Comment est-ce possible ?

Je pose mes deux mains sur ses épaules et réponds avec excitation.

— Moi aussi !

— Sérieux ?

— Oui !

— Par contre je n’ai rien à boire, je reviens.

— Ne t’en fais pas, j’ai ce dont tu as besoin.

J’attrape une paille propre sur la table voisine et la place dans mon verre.

— Voilà, on peut siroter mon cola ensemble, ne t’inquiète pas.

Ses joues s’empourprent instantanément. Elle avance son visage pour aspirer le liquide en fermant délicatement ses paupières. Après avoir réfléchi, je décide de l’imiter.

Je dois lui montrer qu’elle me plait, je dois la séduire, c’est impératif !

Elle ouvre les yeux et admire ma figure dans les moindres recoins. La jeune serveuse avale sa salive et se lève.

— Ma pause va être terminée, je dois y retourner !

J’attrape un bout de sa jupe et lui demande en esquissant mon plus magnifique sourire.

— Je peux avoir ton Line ?

Takagi rougit tellement qu’elle n’arrive plus à se cacher, elle prend son téléphone et me transmet son adresse mail.

J’en étais persuadé. Elle a exactement le même strap que Mochizuki.

Peu après, je sors du bowling. J’ai décidé d’attendre qu’elle termine son service, seul, dehors. Le froid glacial ne me fait pas bouger. Ma soif de vérité m’empêche toute autre action que de patienter sur mon unique piste.

— Sayuri -kun ?

Takagi s’accroupit à mon niveau et me regarde d’une expression étonnée.

— Que fais-tu encore ici ?

— On peut se promener un petit peu ?

— Avec plaisir !

Nous nous sommes dirigés vers le parc à quelques centaines de mètres. Assis sur nos balançoires, je l’observe prendre son élan, petit à petit.

Bien que je cache mon jeu, elle n’en reste pas moins magnifique.

— Mochizuki-kun !

— Que vient-elle de dire ?

Takagi écrase son pied contre le sable pour s’arrêter, attrape son mobile et répond à son appel.

— Mochizuki-kun ? Que se passe-t-il ?

— Je suis au parc avec un garçon que j’ai rencontré au travail.

Elle écarte le téléphone de son oreille en grimaçant, puis soupire.

— Sérieux, tu me soules. À plus.

Le destin me tend une opportunité, profitons-en.

— Qui était-ce ?

— Mon petit ami, Mochizuki Susumu.

Je la questionne en gloussant.

— Et que voulait-il ?

— Être au courant ce que je faisais. Il est gentil, mais il est très collant. Je ne peux pas m’amuser sans me faire engueuler. Cette relation me soule en tout point.

— Je vois. Je ne connais pas très bien ton copain, mais tu sais, quand je suis entré dans ce bowling tout à l’heure. Mes yeux n’ont pas réussi à se détacher de toi. C’est comme si tu m’avais fait prisonnier de ton propre univers. Mes aiguilles du temps se sont immobilisées, je ne pouvais qu’admirer ton visage. Et sincèrement, je pense que tu es une fille géniale.

Je commence à m’élancer sur la balançoire et continue.

— Toi, tu peux voler, mais si quelqu’un te met des menottes et te tire vers le bas, comment peux-tu rester avec cette personne ? Évidemment, ce serait idiot de croupir avec elle. Mais si tu lui demandes de voyager à travers les étoiles avec toi ? Je pense que deux possibilités existent.

Je montre du doigt le ciel éclairé et termine.

— Soit vos étoiles sont parallèles et ne pourront jamais fusionner, soit, elles ne le sont pas, et il pourra comprendre que tu es la perle qu’il attend depuis toujours. Et cette perle-là, il devrait en prendre soin, plutôt que l’ennuyer avec des histoires idiotes.

Et c’est ainsi que j’ai découvert le stratagème de Mochizuki Susumu, un crétin de première qui tente d’obtenir deux filles pour lui seul. Oser draguer Tsubaki Ai alors qu’il a déjà une copine géniale.

Un vrai crétin.

[…]

— Tu vois très bien de quoi je veux parler, n’est-ce pas Mochizuki-kun ?

— Pas vraiment, dit-il en se grattant l’arrière du crâne.

— Takagi Ayame, ça te dit quelque chose ? Tu es la pire espèce que j’ai pu rencontrer dans ma vie. Va tout de suite t’excuser auprès de Tsubaki-chan, où je t’assure que je vais briser ta fierté et ton honneur au point que tu n’oseras plus remettre les pieds dans cet établissement.

Ma seconde victoire est lorsque j’ai pu admirer son visage terrifié.

J’observe mon adversaire amener Tsubaki sous le préau. Je le prends une dernière fois en filature, pour être certain qu’il ne fasse aucune ineptie. Caché derrière un poteau, j’écoute leurs conversations.

— Tsubaki-chan.

— Mochizuki-kun, bravo pour…

Le jeune sportif la coupe et lui dit d’une voix brusque.

— J’ai une petite amie, je ne ressens rien pour toi. Et je ne ressentirai jamais rien. Je ne t’aime pas et ne t’ai jamais aimé. Alors, ne m’encourage plus, ne m’adresse plus la parole. Je souhaite pouvoir finir mes jours en me regardant dans un miroir sans avoir honte.. Je suis…

Tsubaki serre les poings, son expression est devenue en un instant celle d’une personne très blessée. Elle relâche sa main, détend son bras, et gifle l’homme face à elle d’une puissance terrifiante. Le claquement provoque un bruit assourdissant et résonant à travers la cour.

Celle-là, tu la mérites, crétin.

J’observe Mochizuki s’en aller et prends rapidement connaissance de l’heure sur ma montre.

Dix-sept heures trente.

Je me souviens que j’ai rendez-vous dans deux heures avec Kotone-chan.

Je dois me précipiter pour terminer cette sentence.

Mais, je dois lui venir en aide. Une opportunité si importante, je l’attrape sans me poser la moindre question.

Je remarque les larmes de Tsubaki couler sur son visage. L’averse l’a elle aussi assailli.

— Tsubaki-chan, ne t’inquiète pas. Ce gars-là est un moins que rien.

Elle essuie sa figure avec ses deux index et me demande d’une intonation tremblotante.

— Sayuri -kun ? Que fais-tu ici ?

— Disons que c’est moi qui ai découvert ta liaison avec Mochizuki Susumu. Je l’avais remarqué avec sa petite amie quelques jours auparavant. Je ne pouvais pas rester sans rien faire.

— C’est toi, qui…

Elle me fixe avec ses yeux globuleux, un peu rougeâtre. Ma camarade de classe agrippe mon pantalon et continue.

— C’est toi qui m’as aidé ?

J’inhale l’air, et sens son parfum sucré, une odeur que je ne pouvais réellement pas oublier. Après avoir soupiré, je lui réponds en me caressant le cou.

— On peut dire ça. Oui.

Son expression restera ancrée dans ma mémoire encore un bon moment.

*Line : Réseau social très utilisé par les japonais.

*strap : petit cordon que l’on peut accrocher à un téléphone. Il n’est pas rare pour un couple de posséder un strap identique.



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