Fuku No Ikari
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Chapitre 4 – Le Courroux
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Tsubaki Ai ? Ai-je bien entendu ? Est-ce que c’est la Tsubaki que j’ai connue, la même Tsubaki ?

Je tourne mon visage dans sa direction et l’analyse de haut en bas.

Sa coupe de cheveux est identique. Ses yeux n’ont pas changé. Son expression a mûri, et cette voix… Je m’en souviendrai tout le long de mon existence de cette douce mélodie sorties de ses lèvres qui me plonge sur un nuage de bonheur.

J’agite ma tête pour évaporer mes pensées et au même moment Tanaka, mon voisin de bureau, me questionne.

— Tu vas bien, Sayuri-kun ? Tu tires une sale tronche, là.

— Tu… tu crois ?

Mon visage est apeuré, je ne contrôle plus rien. La haine m’envahit, me grignote et finit par réouvrir des cicatrices douloureuses.

Je m’écrase dans un trou abyssal et rencontre un être d’une imposante silhouette. Elle s’approche et me chuchote.

— Fuku, sombre Fuku, laisse le désespoir t’englober, laisse ta fureur grandir. Souviens-toi de cette fille et de ton propre passé. Rappelle-toi tes courbatures quotidiennes lors de ta première année d’entraînement avec Ryoota. Dois-je te remémorer la crasse sur tes vêtements et sur ton visage lorsque tes anciens camarades te poussaient dans la boue ou dans le sable ? Pourquoi trouvais-tu du confort quand ton corps était au sol ? Regarde-toi Fuku, regarde qui tu es maintenant.

Ses longs doigts squelettiques attrapent mon menton et ajoute.

— Je suis ta haine, ton passé, tu ne peux pas oublier Fuku. Tu ne pourras jamais oublier.

Je sens une main sur mon épaule et me réveille.

— Sayuri-kun ? Tu vas bien ?

— Oui, merci Tanaka-kun.

Quel était ce flash désagréable ? Et cette sensation oppressante ?

Le professeur tape dans ses paumes à de multiples reprises et annonce.

— Bien les gamins. Maintenant, on se rejoint à l’amphithéâtre pour le discours de votre proviseur et de la présidente du BDE.

Sur le chemin, Tanaka s’approche de moi, pose l’une de ses mains dans son cou et me demande.

— Tu connais le duo des talents ?

— Qui ça ?

— Keshi Kotone et Tsubaki Ai, les deux filles de notre classe.

— Pas vraiment, pourquoi ?

— Elles ne cessaient de t’observer tout le long de ta présentation. Enfin je dis ça, mais tous nos camarades t’analysaient comme un rat de laboratoire, ricane-t-il.

Je soupire, puis réponds avec agacement.

— Ne m’en parle pas. J’ai l’impression d’être en permanence le centre d’attention.

— Tsubaki Ai, c’est une fille géniale. Elle est une jeune actrice assez réputée maintenant. Elle passe dans des tonnes de publicités. Avoir une personne aussi incroyable dans notre classe est un miracle !

Une actrice ? Après tout c’est peut-être normal que je n’aie jamais entendu quoi que ce soit sur elle. Je n’ai pas allumé la télévision et je ne suis pas sorti depuis des lustres.

— Et Keshi Kotone ?

— Elle t’intéresse, me demande-t-il en frottant mes cheveux avec son poing.

— Ne raconte pas de bêtise, je veux juste en apprendre plus sur ceux avec qui l’année va se dérouler.

— Je vois. Kotone-chan est une harpiste unique. À son âge, elle a déjà réalisé plusieurs passages dans certains concerts assez connus. Son jeu est doux, c’en est presque risible.

— Pourquoi ?

— Parce que si tu ne la connais pas elle paraît ténébreuse avec ses cheveux noirs. Mais tu sais, on s’y habitue vite.

— Ouais, sûrement.

Et celle qui m’insultait sans doute le plus est devenue une douce harpiste. Ce n’est pas plutôt ça qui est risible ?

— Et toi, Tanaka-kun ?

Le jeune garçon lève le regard au plafond, serre son poing puis me fixe avec des yeux pleins de rêves.

— Moi, je veux être le meilleur sportif de cette école !

— D’accord, alors bon courage, lui dis-je en soupirant.

— Donc, c’est ça l’amphi ?

— Je crois bien, Sayuri-kun. Je vois des places libres à côté de Kotone-chan et Tsubaki-chan, me dit-il en attrapant mon poignet.

Je m’assieds sans faire le moindre bruit et sens mon sang bouillir.

Calme-toi Fuku, calme-toi.

J’inspire profondément et repère au même instant le proviseur arriver sur la scène.

— Trois ans, n’est-ce pas ? Vous pensez sans doute que le chemin sera long. Mais, vous trouverez des amis avec lesquels avancer. Ne vous renfermez pas sur vous-même. L’école Shōyō vous accueille à bras ouvert et vous dévoilera un bout d’elle. Vous la découvrirez en un instant. Alors, ne fuyez pas, restez naturel. Croyez en vous, car en chacun de vous, un miracle peut se produire. Mais sâchez que ce ne sera pas toujours simple. Ici, le doute n’a pas sa place. N’ignorez pas vos faiblesses, mais combattez-les pour vous améliorer dans vos études et dans vos passions !

L’homme tousse et termine son discours.

— Bien, je vais donner la parole a votre présidente du bureau des élèves.

Une jeune fille arrive devant le microphone laissant sa longue chevelure rousse et soyeuse flotter. Surpris par les mots du proviseur, le silence a régné quelques instants dans la pièce. Nous avons tous été remontés à bloc.

— Bonjour, les amis.

Sur l’une des rangées de l’amphithéâtre, j’aperçois des affiches se lever puis des cris se font ressentir au sein de la salle.

— Hoshino-sama !

— Un, deux, trois !

— Hoshino-sama !

La jeune fille s’incline pour saluer son public.

Je ne sais pas si c’est son fanclub qui m’impressionne, ou sa beauté.

— Je me présente, je me nomme Hoshino Mi. Je suis en première année et présidente du bureau des élèves depuis bientôt un an. Aujourd’hui, je m’adresse à vous pour vous faire la première annonce de l’année ! La semaine prochaine, afin de nouer des liens entre camarades de classe, nous organisons un évènement avec plusieurs activités. Bien évidemment, les cours seront annulés pour cette occasion. Alors j’espère que vous.

[…]

Son regard croise le mien. Les aiguilles du temps se figent pendant une dizaine de secondes. J’ai ressenti comme un lien net entre cette fille et moi. C’est comme si ma destinée m’envoyait à ses côtés. Je peux sentir son odeur fruitée alors qu’elle se trouve à des dizaines de mètres de moi. Mais ce moment étrange est assez agréable.

— Ce garçon est grandiose, murmure-t-elle au microphone.

— Hoshino-san, questionne le proviseur en toussant.

— Pardonnez-moi ! Je disais donc que j’espérai que vous vous créerez de nombreux rapprochements lors de cette journée. Elle restera sans nul doute mémorable au sein du lycée !

Tanaka m’appelle en me mettant deux coups de coude.

— Sayuri-kun, qu’est-ce que c’était que ça, glousse-t-il.

— Je ne sais pas, mais c’était bizarre.

— Tu la dis !

Je me lève de mon siège, m’étire, sans doute pour retirer l’ennui de ce discours de mon esprit, et entends.

— Sayuri-kun !

Je me retourne avec appréhension avant d’observer la personne qui me hélait.

Keshi Kotone ?

Mes jambes tremblent. Je ressens des frissons le long de mon corps puis je l’entends ajouter.

— J’aimerais.

Au même instant, une fille attrape ma main et, dans son élan, m’emporte avec elle en dehors de l’amphithéâtre.

Cette fille vient de me sauver la vie.

Je contemple la douceur de la présidente du bureau des élèves face à moi. Elle me plaque au mur en ne me laissant aucune échappatoire. Je ne l’ai pas remarqué avant, sûrement dû à la distance, mais cette fille à quelques tâches de rousseur sur ses joues charnues.

— Sayuri-kun !

— Hoshino-chan ?

Le parfum de la mangue me traverse les narines et me fait voyager sur une île tropicale sur laquelle je souhaite rester un bout de mon existence.

— Deviens mon adjoint !

Surpris, je fronce les sourcils et réponds frénétiquement.

— Hein ?!

— Oui ! Je recherche quelqu’un comme toi afin de m’aider pour le bien de notre école et des élèves ! Tu es le candidat idéal.

— Je… euh…

— Parfait ! Je remplis tous les papiers. Ne te tracasse pas, rejoins-moi demain matin dans la salle du BDE !

Je tends mon bras pour la rattraper, mais elle est déjà partie bien trop loin.

— Son comportement est si étrange. Elle est surexcitée à un point extrême, dis-je en soupirant.

Je constate sur l’horloge qu’il est l’heure de ma pause. Je décide donc de rejoindre la bibliothèque que j’ai repérée quelques heures auparavant.

— Un endroit calme, rien de mieux pour décompresser de cette journée bien trop endurante pour moi.

Je m’installe à une table, et attrape un livre quelconque avant de replonger dans mes souvenirs.

Sale obèse.

Casse-toi.

Tu es inutile.

Tu es dégueu.

On ne veut plus te voir !

Ma haine grandit, encore et encore. Et c’est lorsque je me retrouve acculé par elle que je prends la décision la plus cruciale de ma vie.

Je vais me venger, je vais écrire un plan et me venger de ces deux filles. Je vais tout faire pour les détruire moralement.

— Sayuri-kun ? Tu es flippant.

— Tu es dans ma classe, non ?

— Oui, je m’appelle Shiori Arai, me répond t-elle en remontant ses lunettes. Pense à retenir le nom de tes camarades si tu ne souhaites pas te faire remarquer.

— Désolé.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?

— Je suis venu lire pour me détendre. Et toi ?

— Je m’occupe de cette bibliothèque pendant mon temps libre. Et, pour tout te dire, ton aura menaçante m’a perturbé. Alors je t’ai rendu visite.

— Pardonne-moi, je repensais à une vieille histoire.

Rien ne m’en empêchera, mon plan sera parfait, sans la moindre faille et exécuté à la lettre. Crois-moi Fuku du passé. Je m’occupe de remettre ta fierté sur pied en humiliant la pire traitresse du Japon. Tu pourras reposer en paix.

Mon courroux sera machiavélique.



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