Fuku No Ikari
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Chapitre 1 – Douleur
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J’y suis arrivé. J’ai réussi à me présenter ici, et cette fois-ci, tout se passera à merveille. Face à moi se dresse une immense porte, l’entrée de ma nouvelle vie.

J’entends une lourde voix gronder dans la salle.

— Aujourd’hui, nous accueillons un nouvel élève.

J’observe la porte coulisser, puis remarque que le professeur me fait signe de rentrer. Il s’accroupit, pose sa main sur mon épaule et chuchote.

— Vas-y, présente-toi.

Je ravale ma salive, dévisage timidement ma classe et dis.

— Je.

J’entends certaines personnes murmurer, alors je ne peux m’empêcher d’imaginer qu’ils pensent de terribles choses à mon sujet. Je n’arrive pas à m’exprimer, je n’y arrive plus. Je me tourne dos à eux, attrape une craie puis j’écris au tableau.

Fuku.

Sayuri.

J’inhale la douce odeur de ma faiblesse.

— Bien, assieds-toi là-bas, me dit notre professeur en pointant l’une des places du doigt.

Je traverse la salle à pas de loup et ne souhaite qu’une chose : me faire oublier.

J’ai échoué, c’est certain.

Les heures s’écoulent, les jours défilent, lentement.

À mes habitudes, j’erre dans les couloirs, entre dans la classe et observe une poignée d’élèves assis en tailleur sur des tables. Je regarde le tableau et comprends que j’avais été dessiné en grand. Un corps rond, des joues charnues et à côté de ce dessin je remarque que le surnom de la caricature est

Le gros.

C’est moi, je ne suis même plus humanisé, mais vu comme une chose si peu importante. L’entièreté de ma classe portait sans doute plus de respect à leurs cahiers qu’à ma personne.

Une fille se lève, attrape une brosse et essuie le tableau avant de s’exprimer en ricanant.

— Et voilà, j’ai tout enlevé ! Ceux qui ont fait ça ne sont pas très malins.

Ma lueur d’espoir était là, face à moi.

Je relève la tête, la fixe et bégaie.

— Merci.

En sortant de la classe, je percute le pied de quelqu’un et m’écroule au sol. Le jeune garçon s’accroupit à mes côtés, attrape mon oreille et chuchote.

— Pourquoi la remercies-tu ? Tu crois qu’elle t’aime bien ? Tu n’es personne, tu es un moins que rien. Alors, ne la regarde plus ! C’est compris, vaurien ?

Les heures s’écoulent et les jours défilent, lentement.

— Aujourd’hui, cours de sport, vous devez vous préparer pour la compétition de notre préfecture, s’exprime notre professeur avec joie.

J’enfile ma tenue dans les vestiaires et remarque mes camarades obnubilés par ma silhouette. L’un d’entre eux s’approche, attrape mes bourrelets et joue avec.

— Regardez les gars, c’est quoi cette horreur ?

— Il est vraiment dégueu…

Je retiens mes larmes, ramasse mes chaussures et m’enfuis jusqu’à la ligne de départ.

Le coup de feu retentit annonçant le début de notre entrainement et j’observe l’entièreté de ma classe me devancer de quelques mètres, de quelques centaines de mètres.

— Dernier sprint ! Donnez tout ce que vous avez, les enfants !

Je sue et fais tous les efforts possibles pour essayer de les rattraper, mais c’était ridicule, je suis bien trop loin. Après tout, ils ont bien trop de rapidité et d’endurance pour moi.

Je n’ai pas eu le temps de terminer mon premier tour que toute ma classe avait déjà franchi la ligne d’arrivée.

— Sayuri-san ! Reviens parmi nous, s’écrie notre professeur en me faisant signe de la main.

Je les rejoins épuisé et remarque l’une de mes camarades lever le doigt.

— Oui, Kotone-san ?

Elle reprend son souffle et déclare.

— On ne va jamais pouvoir remporter quoi que ce soit avec le gros dans notre équipe !

Mon cœur s’arrête sur place, je sens des sueurs froides me frotter le dos délicatement. Au même moment, j’aperçois la fille qui avait essuyé le tableau prendre la parole en gloussant.

— On peut croire en lui !

La classe rit aux éclats. Mais moi, je n’entends pas leurs moqueries, je ne vois qu’une chose.

Ma lueur d’espoir compte sur moi !

Les heures s’écoulent, les jours défilent, lentement.

— Sayuri-san, Tsubaki-san, aujourd’hui vous êtes de corvées de ménage !

Qui a bien pu m’offrir une chance aussi grandiose ?

Avant que le soleil se couche, je me rends dans la cour pour balayer pendant que Tsubaki arrose les plantes.

Elle est si belle, une douce peau blanche, des cheveux soyeux de même couleur, attachés avec deux élastiques et une frange sans le moindre défaut.

— Qu’est-ce que tu regardes, Sayuri-san ?

J’agite la tête rapidement et réponds avec gêne.

— Rien, rien.

Les amis de Tsubaki la rejoignent et s’emparent de mon cartable.

— Alors le gros ? Qu’est-ce que tu caches là-dedans ?

Ils retournent mon sac, laissant ma trousse et mes carnets s’écraser au sol. L’un d’entre eux attrape mes affaires et propose.

— Le premier qui jette un cahier dans la flotte à gagner !

Je reste spectateur de la scène, observant mes camarades s’amuser à bombarder la fontaine de mes livres.

Je serre les poings, prends de l’élan et crie.

— Désolé !

Hiroshi, un camarade de classe, s’avance vers moi, pose son pied sur mon ventre et me fait tomber au sol.

— Dégage d’ici sale porc ! Tu n’as rien à faire avec Tsubaki-chan, on ne veut pas te voir !

— On bouge Hiroshi-kun, ça ne sert à rien de rester avec ce gars dégueu.

Je les regarde s’en aller, ressentant une vague de jalousie s’emparer de moi.

Ma poitrine se contracte de plus en plus fort, ça me fait mal, très mal.

Sérieux, c’est douloureux.

Quelques instants plus tard, Tsubaki m’arrose de nouveau. Je me retourne et découvre son visage s’approcher du mien.

— Sayuri-san tu devrais arrêter de te faire marcher sur les pieds sinon tu vas être détesté par tout le monde.

— Ah oui ?

Ma lueur d’espoir m’a encore aidé. Enfin, je crois.

Les heures s’écoulent, les jours défilent, lentement.

Pendant nos vacances, je prends mon courage à deux mains et me dirige vers le parc, le fameux endroit où mes camarades se rejoignent pour s’amuser. J’aperçois Tsubaki, et ses amis jouant autour d’une balançoire. Son sourire égaie, ne serait-ce qu’un peu, ma pitoyable journée.

Elle est à deux doigts de s’envoler vers les étoiles.

La jeune fille écrase sa chaussure contre le sable pour s’arrêter et s’écrie avec stupéfaction.

— Sayuri-san ?

Je m’approche, et analyse mes camarades qui m’ignorent.

J’ai peur, très peur.

Je fais un pas vers eux, puis un second.

— Dégage le gros !

Hiroshi se tient face à moi, son regard me fige sur place. Il me repousse du pied en criant.

— Ne gâche pas nos vacances ! Barre-toi, t’es dégueu, vraiment dégueu ! Tu n’écoutes pas ce qu’on te dit ?

Il frotte son poing contre mon crâne avec violence et ajoute.

— Il faut que ça rentre là-dedans, sale porc !

Son visage se rapproche du mien et termine d’une voix grave.

— Casse-toi !

Le sable sous mon corps me fait ressentir un petit peu de confort. Je garde le silence, me relève et traverse mon chemin vers ma lueur d’espoir, Tsubaki Ai. Les regards angoissants de mes camarades me terrorisent.

— Qu’est-ce que tu veux, Sayuri-san, me demande-t-elle.

Je contemple le ciel limpide et les cerisiers colorés puis fixe Tsubaki en m’écriant d’une voix innocente.

— Je t’aime !

Elle glousse et me répond.

— Quoi ? Mais tu es dingue ? Tu crois que je peux sortir avec toi ? Le petit gros ? Laisse-moi rire ! Non, mais sérieux.

Elle s’accroupit, attrape une poignée de sable et s’exclame.

— Tu plaisantes j’espère ! Je ne pourrais même pas devenir l’amie d’un gars aussi dégueu que toi !

Mon soleil s’assombrit.

Elle me jette le sable à la figure et ajoute.

— Dégage maintenant ! Je ne veux plus jamais te revoir !

Mon soleil est sinistre.

Les heures s’écoulent, les jours défilent, lentement.



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