Max, qui a tourné et retourné toute la nuit, et n’a réussi à s’endormir qu’à l’aube, a été réveillé brusquement par un bruit fort. Dans la lumière de l’aube, les chevaliers enfilaient leur armure pièce par pièce. Elle se lava le visage et brossa ses cheveux en désordre avec ses mains, comme elle le faisait habituellement en l’absence de commodités appropriées. Les chevaliers ont annoncé leur départ tout en mangeant avidement leur pain et en buvant de l’eau. Elle mangea également ce repas simple, assise sur son siège, en les écoutant.
Au bout d’un moment, le chariot se mit à rouler vigoureusement, et le corps entier de Max se mit de nouveau à trembler de façon inconfortable dans le chariot. Les chevaliers, qui s’étaient préparés à l’arrivée de monstres, grommelaient qu’ils n’avaient même pas vu un simple gobelin des forêts. Mais elle, elle ne voulait même pas voir de gobelins.
Ils ont voyagé la moitié de la journée sans s’arrêter, puis ils se sont arrêtés pour un déjeuner rapide près d’une petite fontaine avant de se remettre en route. Riftan lui a tenu la main toute la journée, pour qu’elle ne perde pas l’équilibre dans le chariot qui se balançait.
Max n’a même pas pu dire : “On ne peut pas faire une petite pause ?” Alors quand la nuit est tombée, elle s’est sentie immensément soulagée. Elle a dévoré avec appétit la nourriture que Riftan lui a tendue, puis s’est endormie dès qu’elle a posé sa tête sur l’oreiller de fortune.
Comme Max a eu une bonne nuit de repos, le jour suivant a été bien meilleur. Ils se déplacèrent de l’aube jusqu’à ce que le soleil s’enfonce au-delà de la forêt de Judée. Elle poussa un soupir de soulagement lorsqu’elle remarqua que les vibrations du chariot avaient considérablement diminué.
Contrairement au terrain irrégulier et à la forêt yudicienne très accidentée, les plaines d’Anatorium étaient bien pavées. Elle ouvrit sa fenêtre et regarda l’herbe verte et les fleurs sauvages blanches qui recouvraient les douces collines. Peut-être parce qu’elle n’avait vu que des arbres épais et lugubres ces derniers jours, la vue sur les plaines dorées était à couper le souffle.
“Une fois que nous aurons passé cette montagne, nous serons à Anatol.”
Riftan dit, puis se dirigea vers l’avant du groupe pour parler avec les chevaliers qui menaient. Max passa la tête par la fenêtre et regarda devant elle. Au bout des plaines, des pics montagneux s’alignaient comme des clôtures.
“Accroche-toi encore un peu. Nous serons là-bas a après-demain, non ! Dès demain soir !”
Max se mit presque à gémir de soulagement. Si elle pouvait supporter un jour de plus, elle pourrait enfin dormir dans un lit confortable. Elle s’imaginait remplir son estomac de pain de mie, de soupe de légumes épaisse, de tarte à la confiture et de liqueur après avoir pris un bain chaud, puis s’allonger sur un lit propre et douillet. Elle devait tenir encore un peu.
Le groupe ne s’est arrêté que lorsque le soleil a commencé à se coucher. Dès qu’elle est sortie du chariot, elle a essayé de chercher Riftan. Elle avait l’impression d’être un enfant perdu parmi les chevaliers qui faisaient semblant de ne pas la remarquer.
Max se faufila à travers la foule des hommes qui s’affairaient à préparer le camp et vit Riftan avec les chevaux près de la rivière. Alors qu’elle se dirigeait vers lui, il la regarda d’un air perplexe.
“Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qui se passe ?”
Max ne pouvait pas dire qu’elle avait couru jusqu’ici juste parce qu’elle ne pouvait pas le voir, alors elle s’est penchée et a fait semblant de se laver les mains. Riftan s’accroupit et la suivit, se lavant les mains et la nuque avec l’eau froide. Sa nuque longue et épaisse brillait comme du cuivre, rougeâtre à la lueur du soleil. Elle jeta un coup d’oeil furtif à la façon dont il nettoyait ses cheveux en désordre avec ses mains mouillées, la beauté de cet homme enfouie dans son coeur.
“Hé, ta jupe est toute mouillée.”
Il a soudainement fixé ses pieds. Max l’a regardé, étonnée. Elle n’avait pas pu se changer pendant des jours, alors sa jupe était couverte de poussière et était maintenant trempée. Embarrassée, elle commence à essuyer frénétiquement la boue de sa jupe. Riftan s’est agenouillé devant elle.
“Laisse-moi m’en occuper.”
“N-non ! C’est bon !”
Surprise, elle a essayé de reculer, les yeux grands comme des soucoupes. Riftan se contenta d’attraper sa jupe, trempant la partie boueuse dans la rivière pour la rincer. Après l’avoir lavée aussi délicatement qu’il le pouvait, il a essoré l’eau.
Max s’est penché sur lui, ne sachant pas quoi faire. Les chevaliers apprécient l’honneur plus que la vie elle-même. Riftan était un chevalier qui ne courbait la tête devant aucun roi sans une grande allégeance. Mais il était là, à genoux devant elle.
N’avait-il aucune objection à s’agenouiller devant elle parce qu’il était né dans la basse classe de la société ? Max se demandait si les autres chevaliers allaient le taquiner pour s’être penché devant une humble femme comme elle.
“Tu dois avoir froid. Va vers le feu et réchauffe-toi.” dit Riftan en lavant ses mains sales.
Max gravit hébété la colline, mais avec prudence, pour que l’ourlet qu’il avait nettoyé ne se salisse pas à nouveau. Une brise nocturne froide soufflait vers l’ouest à travers les champs, ce qui l’obligeait à bien attacher sa capuche pour ne pas abîmer ses cheveux. De loin, elle le regardait arroser les chevaux et ses vêtements. Avant qu’elle ne s’en rende compte, le soleil était tombé derrière la montagne, et ils étaient entourés d’un océan de ténèbres.