Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 91 – Des plumes
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 91 – Des plumes

Des plumes blanches ?

Klein regardait la tombe vide lorsque soudain, une pensée lui traversa l’esprit : un Ange !

Les livres des sept grandes Églises, en effet, étaient pleins de légendes d’Anges et de Saints. L’une des caractéristiques des premiers était qu’ils portaient sur le dos une, deux, trois voire six paires d’ailes d’un blanc immaculé.

Mais immédiatement, il se rappela autre chose :

Un jour, M. Azik lui avait décrit son rêve, un rêve qui semblait en rapport avec ses différentes vies.

L’une des scènes se déroulait dans un sombre mausolée. Il y avait près de lui de nombreux cercueils antiques et dans ces cercueils, des cadavres avec des plumes blanches dans le dos !

Serait-ce une caractéristique spécifique à la voie de la Mort ou un phénomène étrange causé par l’Épiscopat Numineux ?

Sans un mot, réprimant ses émotions, le jeune homme regardait les plumes blanches tachées d’huile jaunâtre au fond de la tombe.

A priori, ce vieux monsieur n’était pas un ange, les impressionnants Transcendants de Séquence 2 ou 1 produisant certainement à leur mort d’intenses effets sur leur environnement. Pour exemple l’Artefact Sacré – les cendres d’une Sainte conservées derrière la Porte Chanis de Tingen – qui emprisonnaient personnes et objets dans de fines et froides lignes noires quasi invisibles.

Il est également possible, bien sûr, qu’il ne soit pas réellement mort… Serait-il comme M. Azik ? Se demanda Klein.

Il se pencha et, de sa main gantée de noir, ramassa trois plumes blanches avec l’intention, une fois rentré chez lui, de se transporter au-dessus du brouillard pour procéder à une séance de divination.

C’est alors que Kapusky, qui avait repris ses esprits, surgit près de lui et regarda la tombe avec une légère crainte.

– « Où est le corps ? »

Klein lui jeta un regard en coin et répondit à voix basse :

– « Il est peut-être parti tout seul. »

– « Parti tout seul  » Répéta Kapusky, horrifié et pleinement conscient à présent de la terrible réalité du possible réveil des morts.

Les jambes tremblantes, il se disait : Pour…pourtant, je n’ai pas fait de rituel de résurrection sur lui.

Klein se tourna vers lui et le fixa quelques secondes.

– « La mort n’est pas la fin. »

– « La mort n’est pas la fin… La mort n’est pas la fin… Croyez-vous qu’il reviendra ? » Lâcha l’enseignant, visiblement effrayé par ses propres croyances.

Eh bien, le sifflet de cuivre a fait apparaître un messager sans doute lié au vieux monsieur. En d’autres termes, remettre une lettre au messager équivaut à l’envoyer à un homme mort depuis presque six mois… Je me demande où il est et dans quel état…

En réponse à la question de Kapusky, le jeune homme, d’un ton indifférent, lui fit cette mise en garde :

– « Ne soufflez plus dans ce sifflet. »

– « Vous voulez dire que cela risque de le faire revenir ? » Demanda l’homme, horrifié.

Puis, sans laisser à Klein le temps de répondre, il ajouta : « Pouvez-vous jeter ce sifflet de cuivre dans la rivière Tussock pour moi ? Si vous ne pouvez pas, je…je le ferai moi-même. »

N’étiez-vous pas intéressé par la philosophie de la mort ? Railla notre détective en tendant la main pour prendre le sifflet.

Il avait l’intention, lorsque les conditions seraient réunies, d’envoyer une lettre au mort et de voir ce qui se passerait. À condition bien sûr qu’il ait la certitude que ce n’était pas trop dangereux.

Après avoir demandé à Kapusky de reboucher la tombe, Klein eut un bref échange avec lui sur la “Danse des Esprits” et le savoir occulte qui lui était lié, enrichissant ainsi ses propres connaissances. Il lui demanda également de lui raconter en détail comment il avait déposé le corps du vieil homme, face contre terre, conformément à ses dernières paroles.

Dans certaines circonstances particulières, il est plus simple et plus efficace de recourir à la “Danse des Esprits” pour remplacer partiellement la fastidieuse mise en place du rituel magique…

Voyant qu’il avait atteint son but, Klein avertit Kapusky de cesser de jouer avec ces fameux rituels de résurrection, après quoi il traversa le jardin jusqu’à la rue et fit un long détour en calèche pour se rendre dans le Quartier Est.

Là, il remit les vêtements qu’il portait précédemment, retourna rue Minsk et monta dans sa chambre. Après avoir procédé à quelques arrangements, il emporta les trois plumes blanches et le sifflet de Kapusky au-dessus du brouillard gris.

Assis sur la chaise à haut dossier du Fou, le jeune homme fit apparaître un stylo et du papier sur lequel il écrivit un énoncé divinatoire qu’il avait préparé depuis un moment : «  Ses origines. »

Puis il s’adossa à sa chaise, les trois plumes à la main.

Tout en scandant mentalement sa phrase, il entra au pays des rêves. Tout autour de lui était d’un blanc grisâtre et flou.

Soudain, l’épaisse obscurité se teinta d’une nuance cramoisie et une fine main blanche sortit du sol d’un brun jaunâtre.

Une silhouette se leva lentement sans soulever la dalle de pierre mais en la traversant directement.

A la lumière rouge sombre de la lune, Klein vit des plumes blanches pousser l’une après l’autre sur son dos à travers ses vêtements en lambeaux.

L’homme aux cheveux blancs inclina la tête, révélant des taches rouges sur son visage et des yeux vides, sans émotion.

Il se mit alors à marcher, traversa à grand peine la clôture, s’enfonça dans l’obscurité et disparut au loin.

Le rêve se brisa et Klein se réveilla.

Des plumes blanches poussaient dans le dos du cadavre… Il est dans un état proche de celui de Mlle Sharron, mais avec des différences évidentes. Il dégageait une sensation de lourdeur, substantielle… Serait-il passé d’un corps humain à celui d’un esprit au cours d’une transformation semi-naturelle et incomplète ? Un émissaire connecté à la fois au monde réel et aux esprits du bas astral ?

Tout en tapotant le bord de la table, le jeune homme réfléchissait.

Un bon moment plus tard, il procéda à une divination pour savoir s’il courait un danger à utiliser le sifflet de cuivre de Kapusky à ce moment précis. Non seulement la réponse fut positive, mais le pendule tournait avec une amplitude et une rapidité considérables.

Dommage que je ne puisse pas utiliser le sifflet au-dessus du brouillard. Il n’y aurait aucun danger mais le messager ne pourrait pas y accéder… Marmonna-t-il avant de redescendre dans le monde réel.

Tôt le matin, dans les bois relativement rafraîchissants du Quartier de l’Impératrice…

Dans un coin à l’écart, l’Apothicaire – un trentenaire au visage rond – ramassa les herbes qu’il avait plantées en secret et les rangea dans un sac de cuir.

Sa mission du jour accomplie, il se redressa et s’étira.

Assurément, ma constitution physique s’est améliorée. Auparavant, je n’étais que relativement résistant aux éléments toxiques.

Ceci dit… Pourquoi ma Séquence 8 est-elle le Dompteur de Bêtes ? Quel rapport avec l’Apothicaire ?

Voyons, un Apothicaire apprivoise et utilise des plantes et des éléments provenant d’animaux qui ont perdu la vie alors que le Dompteur de Bêtes fait de même avec des animaux vivants. Cela inclut-il les créatures Transcendantes ?

Est-ce à dire qu’une fois passé Séquence 7, je serai en mesure de dompter et d’utiliser des humains ?

Le vieux bonhomme ne m’a donné ni le nom de la Séquence 7, ni sa formule. Une fois stabilisé, il faudra que je tente de le contacter.

L’Apothicaire se mit ensuite à donner coups de poings et coups de pieds pour s’habituer à son corps renforcé, et ce jusqu’à ce qu’il fût complètement épuisé.

Reprenant son souffle, il se pencha sur un sérieux problème : comment devait-il se comporter pour jouer les Dompteurs de Bêtes ?

Dompteur de Bêtes … Que dois-je faire ? Chercher des animaux et les dresser ?

Il en était là de ses réflexions lorsque quelque chose attira son attention. Il regarda en direction du lac artificiel et vit un énorme golden retriever qui courait joyeusement.

Comme s’il se sentait observé, le chien tourna brusquement la tête vers lui.

Leurs regards se croisèrent et l’animal se figea un instant, après quoi, très agile, il se retourna, s’enfuit et disparut bel et bien.

Dans la luxueuse villa de la famille Hall…

De retour dans la salle de musique, Suzie s’assit aux pieds d’Audrey, haletante, la langue pendante.

Elle attendit que la blonde jeune fille, qui jouait une chanson au piano, ait terminé et lui dit, effrayée.

– « Audrey, j’ai rencontré un type aux yeux terrifiants ! »

– « Vraiment ? Que te voulait-il ? » S’enquit la jeune Transcendante, intriguée et inquiète.

La chienne réfléchit un moment :

– « Je n’en ai aucune idée. Mais pour faire court, mon intuition m’a dit qu’il était très dangereux. »

– « A quoi ressemble-t-il ? » Demanda Audrey avec dans l’idée d’envoyer gardes et assistants lui donner un avertissement.

– « Je ne l’ai pas bien vu, mais j’ai senti en lui un ennemi par nature ! » Répondit gravement l’animal.

Un ennemi par nature ? Une némésis de type chien ?

Audrey eut un sourire réservé :

– « Pour le moment, Susie, ne retourne plus dans ces bois. »

– « Woof, seriez-vous de mauvaise humeur ? Je l’ai deviné à votre façon de jouer. »

Audrey acquiesça doucement :

– « Oui… Je viens de recevoir un message de Glaint : Fors et Xio me font savoir que la réunion de ce soir est annulée. J’avais l’intention de me procurer quelques ingrédients Transcendants pour toi. »

Et aussi essayer d’entrer en contact avec des Alchimistes en Psychologie… ajouta-t-elle pour elle-même.

– « Pour quelle raison ? » Demanda Susie, perplexe.

– « Il paraît que c’est à cause des meurtres en série », répondit sa maîtresse après réflexion.

Le samedi matin, l’air de Backlund était aussi mauvais que d’habitude.

Klein s’efforçait de préparer un plat qu’il aimait particulièrement étant enfant. Il ajouta donc à la farine de première qualité qu’il avait achetée de l’eau, du sucre et mélangea le tout pour former une “pâte” fine.

Il versa ensuite de l’huile dans la marmite pour en humidifier la surface et la laissa chauffer.

Cela fait, il prit une cuillère à soupe et préleva une portion de pâte qu’il étala en une couche mince sur un côté de la marmite.

Alors que celle-ci grésillait, il fit de même avec d’autres galettes et peu à peu, le parfum de la farine s’éleva.

Lorsque ce fut presque terminé, il retira une à une ces galettes de pain moelleuses et les déposa dans une assiette. Puis il ajouta de l’eau aux ingrédients restants et en fit une sorte de pâte à crêpes.

De retour dans la salle à manger avec son pain plat et sa « pâte », Klein, impatient, en arracha un morceau et le fourra dans sa bouche.

Le riche parfum du blé et le goût sucré le mit en appétit. C’était simple, ordinaire, mais littéralement délicieux.

C’est bien le goût de mes souvenirs…

Le jeune homme mangea rapidement, buvant de temps en temps une gorgée de la pâte.

Il avait presque terminé et commençait à ralentir lorsque la sonnette retentit.

Une nouvelle mission ?

Klein détacha sa serviette, s’essuya les mains et se leva pour aller ouvrir.

Il n’avait pas encore touché la poignée que l’image du visiteur s’imposa à son esprit : celle d’un homme d’âge moyen aux tempes grisonnantes, au visage fin et au tempérament exceptionnel.

C’était le détective privé Isengard Stanton, qui était parvenu à se faire inviter par la police !

Que fait-il ici ? Perplexe, Klein ouvrit la porte et demanda aimablement :

– « Bonjour monsieur Stanton. Que se passe-t-il ? »

Isengard ôta son semi haut de forme et sourit :

– « Bonjour, M. Moriarty. Je souhaiterais travailler avec vous. Je suis convaincu que vous êtes un excellent détective. En effet, vous avez réussi à mener seuls vos investigations jusqu’au Dock de Balam Est et au Syndicat des Dockers. »

– « Une coopération ? » Klein ne cacha pas sa surprise.

Isengard tapota sa canne noire et répondit d’une voix grave :

– « Pour retrouver le tueur à l’origine de la récente série de meurtres. La police a déjà offert une récompense de 2.000 Livres. »

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