– « Presque au niveau Ancien Sage ? »
– « Oui. Entre Grand Sage et Ancien Sage, on ajoute encore un rang : Demi Ancien Sage. Les cultivateurs maniant un artefact de ce type sont capables de tuer un adversaire du royaume de Sempiternité avec facilité. Toutefois, cela ne vaut rien devant un artefact Ancien Sage comme moi. Maître, tant que vous devenez un Ancien Sage, le sceau qui me limite se brisera et je gagnerai une puissance équivalente à la vôtre ! » expliqua la Lance Divine en Os de Dragon.
En entendant ces mots, le visage de Zhang Xuan s’assombrit.
Si le démon de l’Autre Monde utilisait vraiment une arme d’une telle dangerosité pour attaquer ses parents, ils tomberaient au combat.
– « Maudits soient-ils ! » jura-t-il.
Il avait cru que les démons de l’Autre Monde avaient peur d’attaquer, mais en réalité ils étaient en train de préparer leur carte maîtresse !
– « Je ne peux pas les laisser réussir ! »
Ayant vécu comme un orphelin dans sa première vie, il avait du mal à exprimer ses sentiments et il chérissait les liens familiaux qu’il avait noué avec les Saints de l’Épée Xingmeng. Leurs ennemis voulaient les assassiner… C’était impardonnable !
Il refusait viscéralement de leur permettre de faire ce qu’ils voulaient !
Cependant… Avec sa puissance personnelle à ce moment-là, à moins d’utiliser le corps de l’Ancien Sage, il lui était impossible de vaincre le Commandant qui se tenait devant lui !
Mais s’il l’employait, il épuiserait rapidement son énergie spirituelle. Étant donné qu’il était alors en plein centre du campement ennemi, cette décision n’était pas à prendre à la légère.
Hu !
Pendant qu’il réfléchissait encore à la manière de s’occuper du Commandant, il le vit soudainement prendre une grande inspiration. Une rafale de pouvoir jaillit de sa personne. Serrant les dents, il s’avança et attrapa le sabre démoniaque.
Tzzzzzz !
Une lueur cramoisie vacilla depuis le manche squelettique. D’un coup sec, l’arme repoussa le démon et l’assaillit de son aura malveillante.
Le Commandant grimaça et recula rapidement de deux pas. Il lui fallut un moment avant de pouvoir réprimer les énergies déchaînées dans son corps.
Il prit le temps de faire une pause avant de s’exprimer lentement. « Je n’ai pas l’intention de vous apprivoiser. J’ai juste besoin que vous m’aidiez à tuer deux personnes ! »
Il allait sans dire que l’artefact avait un esprit, il était donc possible de négocier avec lui.
Weng weng weng !
Cependant, il semblait que le crâne faisant office de poignée refusait de l’écouter. Il se tut après avoir méprisé le Commandant et l’ignora totalement, comme s’il lui disait qu’il allait devoir faire preuve de suffisamment de puissance pour prouver qu’il était digne de simplement lui adresser la parole !
– « Puisque vous ne voulez pas coopérer, ne me reprochez pas de prendre des mesures extrêmes… » Témoin d’une telle arrogance, le Commandant se décida.
Plissant ses yeux, il rassembla des éclats de lumière à la surface de sa paume avant de former un film mince et transparent. Puis il s’avança et saisit à nouveau le sabre.
Tzzzzzz !
L’arme n’avait pas l’intention de céder. La collision de leur formidable puissance fissura les environs.
Grâce aux artefacts des Voyants et à la Formation projetée sur la zone, malgré les puissantes ondes de choc dues à leur affrontement, pas la moindre trace d’énergie ne s’échappa.
– « Ce soi-disant Commandant n’a pas encore dompté le sabre démoniaque ! » Zhang Xuan ouvrit les yeux.
Il semblait que les miroirs avaient deux objectifs. Premièrement, bloquer la perception des Saints de l’Épée Xingmeng afin d’augmenter les chances de réussir leur assassinat. Deuxièmement, cacher l’existence de ce sabre.
Voilà aussi pourquoi ils devaient déplacer les boîtes manuellement. Si le sabre avait été dominé, ils auraient pu le conserver dans un anneau de stockage. Malheureusement, ce n’était pas le cas, les démons n’avaient donc pas le choix.
Considérant à quel point le Commandant était fort, s’il réussissait en plus à s’approprier le sabre démoniaque, les Saints de l’Épée ne pourraient s’en sortir, même si la tentative d’assassinat échouait dans un premier temps.
– « C’est parfait ! Je vais juste devoir l’empêcher de dompter le sabre démoniaque… » Zhang Xuan s’était demandé comment l’arrêter, mais puisque ce démon n’avait pas encore soumis le sabre démoniaque, son plan était beaucoup plus facile à mettre en place.
Alors que le Commandant consacrait toute son attention sur l’arme, le prodige se remit à bouger ses muscles et ses os.
Geji ! Geji !
En un clin d’œil, il prit une autre identité.
…
Au centre de la Formation des miroirs, le Commandant regardait le sabre avec prudence.
Il savait à quel point cette lame était puissante, il n’osait donc pas se retenir. Il poussa son zhenqi au maximum et envoya un barrage concentré de puissantes attaques.
Il pouvait sentir les vents de la bataille tourner graduellement en sa faveur. C’était le moment décisif. Il ne pouvait pas laisser son attention vagabonder. S’il réussissait, il était certain de pouvoir gagner l’approbation du sabre !
Mais alors, il entendit des bruits de pas à l’extérieur.
Une silhouette apparut, celle de l’individu qu’il venait de renvoyer, le Général Auer. Celui-ci s’approcha de lui, joignit respectueusement ses poings et s’inclina : « Commandant, j’ai transmis vos ordres, personne ne vous interrompra. Vous pouvez cultiver en toute tranquillité ! »
– « … » Il tressaillit en l’entendant.
La plupart des Grands Sages étaient assez forts pour effectuer plusieurs tâches à la fois, mais s’occuper du sabre démoniaque ne permettait aucune perte de concentration. Non seulement il devait repousser ses assauts furieux, mais plus important encore, il devait empêcher l’aura malveillante de l’arme de corroder son esprit. Dans un moment comme celui-ci, le silence le plus absolu était nécessaire.
Voilà pourquoi il avait ordonné au Général Auer d’empêcher quiconque de l’interrompre… Et cet imbécile se pointait pour se vanter d’avoir accompli sa mission ?
A-t-il un cerveau ?!
N’est-il pas évident que mon ordre l’inclut également ? Comment suis-je supposé cultiver en paix avec lui dans les parages ?
– « Vous pouvez y aller ! » hurla-t-il, glacial, réprimant l’envie de lui coller une gifle immédiatement.
Huhu !
La fluctuation soudaine de ses émotions ouvrit une brèche dans son esprit et l’aura malveillante du sabre démoniaque s’y infiltra, rendant sa conscience un peu floue. En conséquence, ses mouvements devinrent un peu léthargiques.
– « Oui, Commandant ! » répondit le Général Auer avant de faire un pas en arrière et de s’en aller. Cependant, alors qu’il était sur le point de sortir, il s’arrêta brusquement, comme s’il se souvenait de quelque chose. Il se retourna et demanda : « Commandant, il sera bientôt l’heure du déjeuner. Voulez-vous avoir des nouilles avec de la poitrine de bœuf ou bien une omelette au fromage ? »
– « Des nouilles ? Une omelette ? » Il était surpris.
Avons-nous ce genre de nourriture ici ?
Tant qu’il y avait suffisamment d’énergie spirituelle, les pratiquants à leur niveau pouvaient facilement jeûner pendant plus de dix ans… Étant donné qu’ils étaient en pleine guerre, qui pouvait être d’humeur à manger des nouilles au bœuf ou de l’omelette au fromage, quoi que ces choses fussent ?!
– « Dégagez ! »
Il était dans une période cruciale du processus, et il avait besoin d’un silence total. Pourtant, ce type bavardait encore et encore à côté de lui. Si le Commandant avait souffert d’hypertension, ses veines auraient déjà éclaté à cause de la colère !
Cette distraction momentanée permit au sabre démoniaque, qui avait été dans une position désavantageuse, de faire son grand retour. Il envoya une bouffée d’aura malveillante vers son agresseur, brouillant davantage sa conscience. Le mal de tête qui en résulta fit couler de la sueur froide sur la tête du démon.
– « Oh. Vous ne semblez pas être de très bonne humeur… Voulez-vous un peu d’eau pour vous rafraîchir ? » s’inquiéta le Général. « Regardez, vous transpirez ! Est-ce que vous vous sentez bien ? »
– « … »
Merde merde merde ! Pourquoi n’ai-je jamais remarqué que cet idiot avait une langue aussi pendue ?
C’est un Général, pas un chef cuistot ou un majordome ! De plus, n’est-il pas évident que je suis occupé ? Pourquoi est-il si déterminé à me déranger ?
– « Je vous ai dit de dégager ! » Incapable de se contenir plus longtemps, le Commandant hurla dans un mélange de fureur et de désespoir.
Cependant, son intimidation ne sembla pas fonctionner. La voix de son interlocuteur retentit une fois de plus. « Ça va, pas besoin de vous emporter. Il suffisait de me dire que vous n’aviez pas soif… Et de la soupe ? J’ai entendu dire qu’en cuisine, on vient de faire bouillir une incroyable soupe d’os de porc. Voulez-vous un bol ? »
PUUUU !
Quelque chose dans le Commandant se brisa. Dans l’instant, l’aura malveillante réussit à percer ses défenses mentales. Son visage pâlit et du sang coula de sa bouche.
L’enfoiré ! Ne comprend-il donc pas ?
Est-il aveugle finalement ? Ne voit-il pas que je suis en train de m’occuper du sabre démoniaque ?
Un peu de bon sens, espèce de crétin !
Réprimant la rage bouillonnant en lui, il prit de profondes inspirations, puis cracha entre ses dents, le visage crispé : « Je ne veux pas de nourriture, je ne veux pas d’eau, et je ne veux pas de soupe non plus. Maintenant, allez-vous-en et cessez de me déranger ! »
– « Commandant, vous n’avez pas à vous en faire ! J’ai transmis des ordres stricts aux soldats, vous pouvez donc être certain que personne n’osera vous déranger ! Seul un imbécile cherchant la mort s’y risquerait. Même si vous ne dites rien, je tuerais un tel crétin de mes propres mains ! » affirma le Général Auer en agitant les bras d’un air imposant.
Le Commandant se sentit mal.
A-t-il un problème intellectuel ? Qu’est-ce qui lui fait penser que je me réfère aux autres ? Celui qui me dérange, c’est lui !
Juste au moment où il allait exploser à cause de cet attardé de subordonné, ce dernier le fixa avec sérieux et demanda : « Commandant, n’est-ce pas un peu ennuyeux de rester ici sans rien faire ? Pourquoi ne pas chanter, tous les deux ? Si vous êtes trop timide, ça ne me dérange pas de chanter pour vous tout seul ! »
Pu ! Le Commandant fit une hémorragie.