Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 81 – L’Amirale des Etoiles
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 81 – L’Amirale des Étoiles

Ring ! Ring !

Klein fit plusieurs fois le tour de la pelouse derrière la maison de Leppard sur le vélo que l’inventeur venait de terminer.

– « Pas mal, c’est exactement ce que j’attendais. Mais il n’était pas nécessaire de monter la sonnette séparément car le ou la cycliste confronté(e) à une situation donnée ne pourra pas libérer sa main. Vous pourriez associer la cloche au guidon, ce serait plus simple et plus adapté à ce type de situation », dit-il en serrant le frein de la main droite tout en remettant en place la sonnette qu’il tenait dans la gauche.

Leppard réfléchit un moment.

– « Oui, c’est vrai. Je me suis inspiré des cloches des calèches en oubliant qu’il s’agissait d’un tout nouveau mode de transport. »

Il regarda Klein descendre avec aisance de la bicyclette et le mettre sur béquille.

– « Vous me donnez l’impression d’avoir déjà chevauché ce type de véhicule, et vous le faites très bien… Je suis certain qu’à la différence du mien, tous les autres vélos que l’on peut trouver sur le marché sont loin d’être parfaits. »

Monsieur, avez-vous le temps d’en apprendre davantage sur les systèmes de libre-service concernant les vélos… En tant que Clown, je devrais plutôt rouler sur un monocycle… railla Klein en son for intérieur.

– « Cela n’a rien à voir avec l’expérience », répondit-il en souriant. « Tout réside dans l’équilibre et d’excellentes capacités athlétiques. »

Puis, changeant aussitôt de sujet : « Mais d’après ce que vous l’avez exposé tout à l’heure, le coût de production est assez élevé et ne correspond pas du tout à la part de marché de notre produit. Il va vous falloir trouver au plus vite une stratégie pour en réduire le coût. Il faut savoir que les nobles, les magnats et autres gens de la haute société ne voudront certainement pas faire de bicyclette. Ce serait une honte pour eux et il en va de même pour la classe moyenne dont le revenu annuel est de 300 Livres ou plus.

« Notre public cible est constitué d’employés de bureau, de facteurs, de soi-disant aristocrates de la classe ouvrière et de personnes qui gagnent entre soixante-dix et trois cents Livres par an. »

– « Ce n’est qu’un prototype – terme inventé par l’Empereur Roselle – aussi est-il normal que le coût en soit élevé. Si nous parvenons à l’industrialiser, ce ne sera pas un problème, à mon avis, de le baisser à 6 Livres. Ce serait encore mieux si nous pouvions trouver un matériau bon marché pour remplacer le caoutchouc naturel car c’est le composant le plus cher », répondit M. Leppard qui avait depuis longtemps réfléchi au problème.

Dommage que ce monde n’ait pas encore trouvé de pétrole brut… Je me demande s’il en existe vraiment… Le goudron de houille raffiné pourrait-il en constituer un substitut ? N’étant ni étudiant en la matière, ni un Savant, je n’en ai absolument aucune idée…

Klein réfléchit un instant:

– « Si nous parvenons à en maintenir le coût en dessous de quatre Livres, nous serons riches. Quant au matériau sensé remplacer le caoutchouc naturel, vous devriez consulter le manuscrit de Roselle. Il avait peut-être quelques idées. »

– « Ouais », fit Leppard avant d’ajouter brusquement : « A ce propos, je viens de me souvenir que la semaine prochaine se tiendra, au Musée Royal, une exposition à la mémoire de l’Empereur Roselle organisée par l’Église du Dieu de la Vapeur et des Machines. On dit qu’il y aura là-bas les plans originaux des inventions de l’Empereur et toutes sortes de reliques. »

Vraiment ? Le cœur de Klein sauta un battement:

– « Quand exactement ? » Demanda-t-il vivement. « Je suis très intéressé. »

– « De mardi à vendredi prochain, de neuf heures à dix-huit heures. Bien que l’Empereur Roselle ait été autrefois l’ennemi du royaume, l’attrait pour sa vie légendaire n’a pas diminué pour autant. »

– « Je prendrai un moment sur mon emploi du temps pour visiter cette exposition », dit Klein en attrapant son portefeuille bombé pour en sortir deux billets de dix Livres et deux billets de cinq. « Voici mon second versement. Utilisez-le pour étudier les moyens de réduire les coûts et adresser la demande la plus parfaite possible à l’Office des Brevets. Si vous ne connaissez pas de juriste, je peux vous en présenter un. La semaine prochaine, je vous remettrai les vingt dernières Livres pour vous permettre de trouver de nouveaux investisseurs et de mener à bien l’industrialisation du produit. Il va de soi que je vous aiderai à entrer en contact avec les personnes intéressées. »

Il n’avait jamais envisagé de s’accaparer les bénéfices. Tout d’abord, il n’avait pas l’argent nécessaire à la production de masse et ensuite, il n’était pas certain d’avoir les relations sociales nécessaires à l’industrialisation, à la promotion et à la vente. A la limite pourrait-il le faire personnellement ou engager des gens pour cela. C’était une tâche difficile, sans garantie de succès. Il était même possible qu’il y perde de l’argent. Dans ces conditions, il était préférable de faire appel à de nouveaux investisseurs disposant des ressources et canaux nécessaires et de laisser les professionnels faire leur travail.

Plus important encore, il aurait alors la possibilité d’encaisser à l’avance un certain nombre d’actions, réunissant ainsi les ressources et l’argent dont il avait besoin pour passer Sans- Visage. En effet, il n’avait aucune envie de trouver les ingrédients et de ne pas avoir l’argent nécessaire pour se les procurer.

De toute façon, je n’ai pas l’intention de devenir un magnat du vélo. Tant que je ne suis pas devenu Sans –Visage, je me dois de rester à l’écart de tout ce qui pourrait attirer l’attention de la société sur moi. J’agis en tant que Magicien, pas en tant qu’homme d’affaires ou propriétaire d’usine… Soupira-t-il en son for intérieur.

– « Je connais plusieurs avocats », marmonna Leppard en encaissant la seconde partie des fonds d’investissement. « Pourquoi ne pas demander un prêt à la banque ? Lorsque nous serons en possession du brevet, je suis certain que des établissements comme la Banque de Backlund ou la Banque Varvat accepteront de nous prêter de l’argent. »

– « Nous n’apportons pas seulement des investisseurs mais des canaux de ressources, des relations et des compétences, voyez-vous ? » Expliqua Klein avec un sourire. Il remit son chapeau et ajouta : « Lorsque vous aurez déposé le brevet, faites-le-moi savoir par courrier. Vous connaissez mon adresse. »

Sur la Mer Sonia se trouvait une île surmontée d’un volcan éteint.

Un par un, des voiliers s’approchaient du rivage, encombrant la jetée qui pourtant était d’une taille raisonnable.

Les chants, les cris, les rires, les jurons et les acclamations des pirates résonnaient dans l’air, faisant de cet endroit un immense festival.

Alger Wilson, alias Le Pendu, descendit du Vengeur Bleu et grimpa sur une falaise non loin de là pour observer en silence.

À l’exception des Quatre Rois et des Sept Contre-Amiraux Pirates, les autres n’ont été informés de l’évènement qu’il y a une semaine. La plupart n’arriveront donc pas à temps, ce qui nous prémunira contre d’éventuels assauts de la part des marines des différents pays et des puissants Transcendants des églises, se dit Alger en observant sans vraiment y prêter attention les pirates qui transportent des seaux de bière.

Bien que le Royaume de Loen fût en possession d’une nouvelle génération de cuirassés, il ne risquait pas d’en voir un dans ces lieux. En effet, quatre mois seulement s’étaient écoulés et pour constituer la flotte invincible annoncée, ils avaient besoin de plus de navires de guerre, de différents types de bateaux de soutien et de temps pour former officiers militaires, marins et artilleurs. Pour créer cette puissance militaire, il leur faudrait au moins un an.

Alger était plongé dans ses pensées lorsque soudain, les pirates sur les navires et les quais poussèrent des cris d’alarme. Certains s’enfuirent dans les profondeurs de l’île tandis que d’autres se dépêchaient d’éloigner leurs navires du quai. On aurait dit qu’ils fuyaient le diable ou la peste.

En quelques minutes, l’animation qui régnait en ces lieux avait cédé place à un désordre et à un silence désolés.

Alger regarda en direction de la mer et vit un navire peint en noir avec, sur son mât, un immense drapeau blanc orné d’un crâne d’un noir profond. Dans ses orbites brûlait une flamme bleue fantomatique.

La Peste Noire… murmura Le Pendu qui comprit alors pourquoi les pirates s’étaient enfuis.

Partout où passait Tracy, la Contre-amirale Fléau, elle laissait dans son sillage des gens qui tombaient malades sans raison !

Alors que la Peste Noire s’approchait lentement du rivage, une silhouette en chemise de lin blanc et en manteau rouge sombre apparut à la proue du navire.

C’était une très belle femme de laquelle se dégageait un sentiment d’héroïsme.

Ses beaux cheveux noirs étaient roulés en un chignon haut et elle portait un foulard blanc noué autour de sa tête. Avec son pantalon beige, sa silhouette grande et mince, elle ne manquait pas d’élégance.

Mais ce qui attirait le plus l’attention chez cette femme, c’était ses longs sourcils droits et ses yeux perçants d’un bleu vif.

Parfois, lorsqu’elle regardait autour d’elle, ce regard semblait se perdre, ce qui lui donnait un air particulièrement charmeur.

A un moment donné, un poète vagabond qui s’était mêlé aux pirates se mit à déclamer depuis le bord de la falaise :

« Elle n’en reste pas moins une fille.

« Il est vrai qu’elle apporte la maladie. Oh, je suis malade. Elle ne quitte pas mes pensées. »

Un certain nombre de pirates qui s’étaient éloignés se rassemblèrent à nouveau. Ils regardaient Tracy, la Demoiselle aux Maladies, hypnotisés.

Alger, qui les observait, retint son mépris et railla intérieurement :

Quelle bande de gars sans avenir ni volonté. Il y a quelques instants, ils se cachaient et à présent, les voilà subjugués par sa beauté.

Cette femme est très belle, certes, mais pas au point de les pousser à se comporter de la sorte. Mais… Aurait-elle un pouvoir Transcendant lié à la séduction ?

Tandis que son esprit tourbillonnait, la Contre-amirale Fléau quitta son navire et se dirigea vers le palais noir situé au plus profond de l’île.

C’est alors qu’un immense voilier apparut sur la mer. Son drapeau représentait un œil sans cils entouré de dix étoiles.

C’est Cattleya, l’Amirale des Étoiles… Pensa Alger en hochant doucement la tête.

Comme la Peste Noire et les autres navires étaient déjà amarrés au quai, l’immense vaisseau, au lieu de s’approcher du rivage, fit un détour jusqu’à une falaise abritée où il jeta l’ancre.

Peu de temps après, le ciel sombre s’illumina et des rayons stellaires jaillirent qui se condensèrent pour former dans les airs un long pont transparent conduisant au palais.

Une femme s’avança sur ce pont et se mit à marcher dans les airs.

Elle portait une robe noire classique ornée de nombreux symboles et caractéristiques magiques, en particulier un mystérieux œil sans cils.

A sa taille étaient attachés un globe céleste et un petit sceptre. Elle ressemblait à ces puissants sorciers si actifs à la Quatrième Époque, selon le folklore.

Alger leva les yeux, fronça légèrement les sourcils et, perplexe, murmura : Ce globe céleste me semble familier…C’est… c’est comme l’étrange flacon de verre que j’ai récupéré il y a peu et dont je n’avais aucune idée de ce à quoi il servait. Il a fini par se briser lorsque M. Le Fou m’a transporté à la Réunion….

À la périphérie du Quartier de l’Impératrice, Audrey conduisit ses servantes et son imposante chienne dans son manoir personnel.

– « La livraison en provenance du port d’Enmat est juste devant vous, Mademoiselle », annonça le majordome en charge du manoir sur un ton respectueux.

– « Très bien », répondit la propriétaire avec un signe de tête. Puis, se tournant vers le golden retriever, elle ajouta en plaisantant : « Un cadeau pour toi, Suzie. »

Tout en parlant, elles tournèrent au coin de l’allée et se retrouvèrent devant le fameux cadeau.

C’était un lézard géant dont la peau changeait de couleur en fonction de la lumière. Il mesurait trois mètres de long et même couché, arrivait à hauteur des genoux d’Audrey.

Ces deux créatures colossales auraient effrayé n’importe quel enfant !

La chienne tourna la tête vers sa maîtresse dont l’expression était similaire à la sienne. De toute évidence, elle ne s’attendait pas à un cadeau aussi démesuré.

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