Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 73 – Un sourire moqueur
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 73 – Un sourire moqueur

Dans la tour de l’horloge du quai de Balam Est, Klein, caché dans l’obscurité, un masque de clown sur le visage, observait tranquillement le dortoir du Syndicat des Dockers au-dessus duquel flottait un dirigeable.

Ne pouvant pas voir en détails comment se déroulaient les opérations dans ce bâtiment de briques rouges, il n’avait d’autre choix que de prendre son mal en patience et évaluer la situation d’après les changements environnementaux et les points noirs qui passaient occasionnellement par là.

Soudain, tous les réverbères du secteur s’éteignirent. Tous !

Il faisait nuit noire!

Immédiatement après, il fut pris d’une sensation profondément impressionnante qui provenait du petit bâtiment. Même à cette distance, le jeune homme tremblait. Les jambes molles, il se courba vers l’avant.

C’était le sentiment écrasant d’être méprisé, un sentiment auquel il était impossible de résister ou de faire face !

Non, ne regardez jamais Dieu directement… Dans un état second, Klein eut l’impression de se retrouver dans le hall de la Compagnie de Sécurité de l’Épine Noire, sur le point d’activer sa Vision Spirituelle pour sonder l’état mental de Megose et du bébé qu’elle portait.

Le ressenti est exactement le même… en plus fort et plus terrifiant !

Co mment est-ce possible ? Lanevus n’était-il pas supposé n’avoir reçu qu’une infime partie de la divinité du Vrai Créateur ? Tout au plus a-t-il reçu un ou deux autres objets correspondants! Pourquoi cette impression qu’un dieu maléfique est sur le point de s’incarner?

Avant que Klein n’ait pu se débarrasser de ses tremblements et de l’engourdissement de son esprit, une profonde, sereine et irrépressible obscurité l’envahit qu’on ne pouvait ni regarder, ni sonder.

Les deux sensations disparurent simultanément et les réverbères se rallumèrent. Le dirigeable, qui avait perdu de l’altitude, remonta.

Tout semblait revenir à la normale.

Cependant, Klein était persuadé ce n’était pas fini. Il rassembla ses forces et se redressa, convaincu que quelque chose d’important s’était produit dans le bâtiment de briques rouges.

Je ne ressens plus cette impression écrasante pour un Transcendant ni celle qu’un dieu maléfique est sur le point de se manifester. Cela signifie que le complot du Vrai Créateur ou de Lanevus a échoué… Mais les Faucons de Nuit ont certainement dégusté eux aussi. Peut-être n’ont-ils plus beaucoup de forces…

Bouleversé, le jeune homme sortit de sa manche son pendule et le tenant d’une main, murmura rapidement à sept reprises : Lanevus n’est plus dangereux pour le moment.

Puis, rouvrant les yeux, il constata que la topaze tournait dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Le mouvement était lent et de faible amplitude.

Lanevus était donc toujours dangereux mais à un degré moindre.

Mais autre chose intriguait Klein.

Cette fois, la divination n’avait pas échoué, ce qui signifiait que l’homme avait été séparé de la divinité conférée par le Vrai Créateur !

Un vent froid à vous pénétrer les os le fit frissonner avec l’impression qu’un courant électrique le traversait des pieds à la tête.

Je peux peut-être faire quelque chose ! Se dit-il soudain.

Sans plus d’hésitation, il fit quatre pas dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et de la sombre tour, se transporta au-delà du brouillard.

Sans perdre de temps, il s’assit et fit apparaître un parchemin en peau de chèvre sur lequel il inscrivit : Itinéraire de fuite de Lanevus.

Penché en arrière, il psalmodia rapidement l’énoncé divinatoire et sombra dans un rêve profond.

Dans ce monde illusoire, fragmenté et brumeux, il vit des égouts boueux aux tunnels sombres et sales et des tuyaux métalliques rouillés.

C’était exigu et hermétiquement clos.

Les égouts !

Klein se réveilla aussitôt, s’enveloppa d’énergie spirituelle et plongea dans le brouillard gris.

Revenu dans le monde réel, il recula de quelques pas jusqu’au côté de la tour qui faisait face au dirigeable.

Au lieu de prendre les escaliers en spirale, le jeune homme enjamba la barrière et aidé de la plateforme, des saillies et ornements du bâtiment, descendit saut par saut avec le même équilibre que s’il marchait sur le sol.

Peu de temps après, il posait le pied sur les épaisses dalles qui pavaient la rue.

A l’intérieur du petit bâtiment de briques, deux des Faucons de Nuit aux gants rouges gisaient sur le sol, inconscients. L’antique miroir argenté, qui avait roulé dans un coin, n’avait plus rien de spécifique qui ressemblât à un Artefact Scellé de niveau 1.

Mais de toute évidence, il se régénérait progressivement.

A l’intersection d’un couloir, Crestet Cesimir était agenouillé, un filet de sang semblable à une larme au coin des yeux.

Ses cheveux courts et dorés pendaient lamentablement, et les cols de son coupe-vent et de sa chemise, en lambeaux, laissaient voir son menton relativement pointu ainsi que ses lèvres minces et rigides.

Tandis qu’il reprenait son souffle, un visage déformé, semi-illusoire et translucide apparut sur chacune de ses dents.

De sa main gauche gantée de rouge, Cesimir s’arc-bouta sur le sol, redressa la tête avec difficulté et regarda droit devant lui.

Juste en face se trouvait l’escalier menant à l’étage au sommet duquel se tenait Lanevus, sa chemise de lin déboutonnée.

Il était là, debout, l’épée d’os lisse et blanche plantée dans la poitrine.

A l’endroit où ses chairs dessinaient la silhouette d’un pendu, il n’y avait plus qu’un trou à travers lequel on pouvait vaguement distinguer son dos.

L’homme, qui se déplaçait avec beaucoup de difficulté, éclata soudain d’un rire fou :

– « Haha, haha, merci ! Il faut absolument que je vous remercie ! Regardez mes yeux et vous verrez que je suis sincère !

« Vraiment, je vous remercie !  Si vous n’étiez pas arrivé à temps, d’ici quelques mois, je serais devenu le réceptacle du Vrai Créateur. En quoi cela diffère-t-il de la mort ? »

Cesimir en resta stupéfait. Il ne pouvait croire que l’homme dont il avait détruit le soutien au prix d’un combat acharné puisse manifester une telle joie.

Il aurait voulu se lever mais ne le pouvait pas, pas plus qu’il n’avait la capacité de résister.

Devant son air confus, Lanevus s’éclaircit la voix et dit en souriant :

– « Voyez-vous, c’est terrible pour quelqu’un comme moi de n’avoir personne avec qui partager une réussite dont je suis si fier. (Il toussa) : Lorsque j’étais à Tingen, j’ai été dupé par le Vrai Créateur qui, en plus de préparer l’incarnation de son rejeton, a discrètement planté une ‘jeune pousse’ dans mon corps.

« En fait, je crois même que l’enfant de Megose n’était qu’une ruse de “Sa” part Il n’a même pas demandé aux membres de l’Ordre Aurora de la protéger pour détourner l’attention. On aurait dit qu’il savait dès le début que ce stratagème se solderait par un échec.

C’est en moi qu’il a implanté “Sa” véritable descendance et lorsque je suis arrivé à Backlund, la divinité qu'”Il” m’avait octroyée a brusquement fusionné avec la “jeune pousse” que je portais en moi. Haha, vous imaginez ? Progressivement, “Il” se substituait à moi si bien que pour finir, je serais devenu le Vrai Créateur.

« Avant que je ne trouve une solution, des membres de l’Ordre d’Aurora m’ont retrouvé par le biais de la divinité. Heureusement, ce sont tous des simples d’esprit. Haha, il y a toujours autant d’idiots. »

Pris d’une quinte de toux, Lanevus cracha une gorgée de sang fétide et parut retrouver une partie de sa mobilité.

A grand peine, il fit un pas en avant et sans que l’on sache pourquoi, son visage anguleux s’adoucit. Il commençait à reprendre son apparence d’origine.

Lanevus tendit le bras vers la rampe et éclata d’un rire moqueur.

« Heureusement que pour se substituer à moi, le Vrai Créateur avait besoin d’énormément de pessimisme, de désespoir, d’engourdissement, de ressentiment et de mal primitif. Seul Backlund – à savoir le Quartier Est, la zone industrielle et le secteur des quais – pouvait satisfaire ses exigences. Cela m’a donné l’occasion d’interagir avec d’autres.

« Je savais qu’il n’était pas réaliste de faire un rapport à la police simplement par le biais des personnes avec lesquelles j’étais en contact, ces gens pouvant très bien être membres de l’Ordre Aurora.

« Au départ, je voulais déclencher une grève pour que la police me remarque, mais j’ai été mis en garde par un membre de l’Ordre Aurora. Après avoir été torturé, j’ai dû m’empresser d’y mettre fin.

« J’ai joué celui qui était sur le point de perdre le contrôle et saisi l’occasion pour descendre me défouler dans les égouts. Durant ce temps, j’ai discrètement utilisé mon sang pour corrompre les créatures qui y vivaient, les transformant en terrifiants monstres mutants. Malheureusement, l’Ordre Aurora a découvert les faits avant même que vous n’ayez vraiment pu enquêter sur l’origine de ce phénomène. Apparemment, un de leurs membres est mort tué par l’un de ces mutants. (Il soupira) : Maintenant que j’ai perdu la divinité et la jeune pousse, mon sang n’a plus de tels effets.

« Après cela et quoique sous contrôle renforcé, j’ai tout de même trouvé une opportunité. J’ai tué une prostituée de la façon la plus cruelle qui soit dans l’espoir d’attirer l’attention de la police, mais qui aurait pu penser que l’Ordre d’Aurora ferait passer ça pour une affaire de meurtres en série ? Je n’ai donc pas obtenu les secours dont j’avais besoin.

« Face à des opportunités similaires, j’ai dû opter pour une méthode plus ingénieuse. J’ai pris l’initiative de demander au membre le plus cruel, le plus fou et le plus radical de l’Ordre Aurora de me surveiller, ce qui leur convenait parfaitement. Hé Hé, cela ne leur viendrait pas à l’idée d’utiliser leurs cerveaux ? Un fou comme celui-ci ne manquerait pas de s’attirer des ennuis à tout moment et comme je m’y attendais, vous êtes arrivés ! »

Lanevus poussa alors un soupir et se mit à bouger comme s’il s’était enfin débarrassé des effets résiduels.

Il tira l’épée d’os sacrée de sa poitrine et dit avec regret : « Quel dommage que je ne puisse l’emporter. Si je le faisais, vous auriez tôt fait de me traquer et de me retrouver. »

L’épée retirée de son corps, il ne restait plus une seule goutte de sang provenant de sa plaie spectaculaire. La partie qui avait disparu n’appartenait visiblement pas à Lanevus.

La main droite sur le cœur, celui-ci s’inclina devant Crestet Cesimir et ses hommes.

– « Les gens sur le dirigeable là-haut devraient bientôt se rétablir. Je ne peux pas m’attarder plus longtemps.

« Merci, merci beaucoup car si vous êtes particulièrement stupides tous les trois, vous m’avez bien aidé ce qui, pour des imbéciles comme vous, est un honneur. » Il se redressa et eut un sourire moqueur : « Au revoir, stupides Faucons de Nuit. Que vos vies servent à ma fuite. »

L’épée sacrée à la main, l’homme fit brusquement quelques pas en avant pour tenter de poignarder Crestet Cesimir mais au même moment, il sentit ses paupières s’alourdir. Il n’avait plus qu’une envie : s’écrouler et dormir.

– « Vous avez donc encore un peu de force. Voilà qui est ennuyeux… »

Lanevus se mordit doucement la langue et brusquement, lança l’épée en direction du Faucon de Nuit qui gisait, inconscient, près de la porte.

– « Non ! »

Cesimir fit appel à la force qu’il avait récupérée à grand peine pour, d’un geste de la main, faire dévier l’arme sacrée par le bais d’une entité invisible.

Saisissant l’occasion, Lanevus s’élança dans le couloir au bout duquel se trouvaient les toilettes. Il prit appui sur le rebord de la fenêtre et d’une culbute, se retrouva dehors.

Peu de temps après, il ouvrit une bouche d’égout qui se trouvait dans la rue et dévala l’échelle.

De toute évidence, il connaissait très bien l’endroit car même dans le noir, il parvint à courir, sauter, tourner pour disparaître au plus vite dans le dédale des égouts.

Brusquement et instinctivement, il s’arrêta et se pencha en arrière.

Une carte s’était fichée profondément à droite de sa poitrine et le sang coulait de sa blessure.

Lanevus leva les yeux et sa capacité à voir dans l’obscurité lui permit d’apercevoir son agresseur.

C’était un homme de taille moyenne en tenue d’ouvrier et qui portait un masque au large sourire et au nez rouge.

Un clown joyeux.

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