Néo-Life
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Chapitre 68 – Tabous et Remontée
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Palkor et Vladimir regardèrent Marlon d’un air interdit et secouèrent la tête, presque totalement synchrones. Ils mirent leur conflit immédiat de côté et se focalisèrent sur le runiste.

« Comment ne peut-on pas connaître les Tabous ? Ils font aussi partie de l’éducation de l’Empire, et les enfants de cinq ans les apprennent… »

Palkor avait le regard plein d’incrédulité, mais Vladimir décida d’avancer sur le sujet.

« Si on lui raconte les Tabous, il faut que l’on fasse un camp. J’ai faim, on a une grosse bestiole à dépecer, et il est hors de question que tu échappes à cette discussion, Palkor. »

L’Apprenti leva les bras au ciel en signe de capitulation avant de commencer à s’activer.

« Très bien, très bien ! Montons le camp, Revenge occupe toi de dépecer le Mecar, et après on t’explique tout ça… »

Palkor ne put s’empêcher de marmonner encore de longues minutes alors qu’il déployait les tentes des trois aventuriers et qu’il préparait un cercle rocheux pour allumer un feu, instruction de Vladimir.

Marlon lui, sans perdre trop de temps, pressé d’en savoir sur ce qu’étaient les Tabous, se dirigea vers le cadavre du Mecar et sortit son épée, conscient que sa petite dague serait largement insuffisante pour découper ce truc qui ne faisait pas loin de la taille d’un grizzli, en beaucoup plus solide.

Il commença par découper de larges carrés dans la carapace du Mecar , ignorant du mieux qu’il le pouvait l’ichor noir et gluant coulant de la chair de l’insectoïde, posant les morceaux à côté de lui et faisant de son mieux pour les extraire le plus efficacement possible.

L’instinct de chasseur qu’il possédait grâce à son tatouage de profession l’aidait à trouver les faiblesses de la coque externe de la créature, enfonçant sa lame là où il le fallait et tirant d’un coup sec pour faire céder les points de jointures qui étaient les moins solides.

Après vingt minutes d’effort, le runiste était transpirant de la tête aux pieds, et seul un amas de chair informe reposait désormais devant lui.

Il jeta un coup d’œil vers le campement en évitant d’éponger la sueur lui coulant le long du front, ses bras recouverts de la substance noirâtre faisant office de sang du Mecar, et fut étonné de l’efficacité de Palkor qui avait fini de dresser les tentes et même allumé le feu.

Ce dernier remarqua le regard du runiste et se dirigea vers lui, poussant un sifflement admiratif en voyant la pile de chitine n’attendant plus qu’à être stockée.

« Tu as été efficace ! Récupère-nous de la chair, on va la faire cuire. L’Achaien grillé, c’est délicieux ! Et il va falloir dépecer complètement la bête, ça se vend bien… »

Le regard sombre de Marlon persuada Palkor de rester et de l’aider à finir de découper les morceaux de chair du Mecar, qui finirent de former une seconde pile à côté de la deuxième.

Alors que Marlon enlevait le dernier steak de Mecar, une lueur se dégagea de l’intérieur de la carcasse de l’insecte et le jeune homme, intrigué, regarda ce qu’il en était.

Après avoir enfoncé ses mains profondément dans les viscères fumants du cadavre, il sentit une résistance et tira fortement sur ce qui semblait être la source du rayonnement lumineux qu’il avait aperçu.

Il y mit suffisamment de force pour que ce qui tenait l’objet cède et qu’il chute en arrière sous l’effet de l’inertie, son postérieur s’écrasant lourdement sur le sol rocheux et lui arrachant un glapissement de douleur qu’il ne put retenir, attirant le regard de l’Apprenti sur lui.

Il tenait entre ses mains une sphère, de la taille d’une balle de golf, dont s’échappait une lumière bleutée variant d’intensité à chaque seconde, comme si elle pulsait d’une vie quelconque.

Marlon était absorbé par le spectacle et ne remarqua pas que Palkor s’était rapproché, les yeux écarquillés sous l’effet de la surprise.

« Il avait déjà condensé un noyau ? On vient de tuer une Bête-Démon ? Hahahaha… »

Marlon reconnut le terme de Bête-Démon, se rappelant l’imposante créature à la forme de Taureau aperçue lors de son passage à Delia, et les nombreux hommes le tenant captif. Seulement, le Mecar ne paraissait ni aussi impressionnant ni aussi dangereux.

Cela avait été un adversaire valeureux, bien entendu, mais loin de la stature et du danger qu’il avait ressenti lorsqu’il avait vu la Bête-Démon de Delia. Il fit part de ses interrogations à Palkor qui hocha la tête en signe de compréhension.

« Oui, le noyau que tu as trouvé est très petit, cette créature venait juste de le condenser, c’est certain. Et heureusement, parce que sinon nous serions certainement tous morts. Les Bêtes-Démons ne sont pas craintes sans raison…mais le fait que le Mecar en soit une signifie que tout ce que nous pouvons récolter aura une valeur triplée au minimum ! Jackpot ! »

Palkor s’occupa d’aller chercher Vladimir qui rangea les piles de ressources dans son anneau de stockage, sifflant d’étonnement devant la balle brillante que lui tendit Marlon.

Le runiste demanda alors au colosse :

« A quoi peut servir ce noyau ? J’imagine que l’on peut en faire des outils puissants et des Sangsues incroyables ? »

Le géant se renfrogna mais Palkor lui s’illumina, et c’est ce dernier qui donna l’explication à Marlon.

« L’un des Tabous est d’utiliser ces noyaux pour créer des artefacts…c’est stupide n’est ce pas ? Et du coup ces bijoux ne servent qu’à devenir de simples joyaux de mana, divisés en plusieurs morceaux et distribués pour être des batteries bien moins efficaces que celle que j’ai inventé avec ton aide! »

Les yeux de Marlon brillèrent et il enchaina tout de suite avec une autre question, qui lui était sorti de la tête à cause de ce qui s’était passé.

« C’est vrai, ça a marché ? Tu l’as utilisée ? »

« Oui ! Bon, l’ensemble s’est désagrégé quand je l’ai utilisé pour nourrir les deux Sangsues qui ont créées les sphères, mais ça a fonctionné ! Je n’ai plus qu’à trouver une manière de rendre le tout stable et je pourrais… »

Une tape légère de Vladimir sur l’arrière du crane de Palkor le fit s’interrompre.

« Ne te vante pas d’avoir brisé un Tabou grâce à ton invention devant moi, Palkor… »

Ne voulant pas s’attarder, Vladimir décida simplement de stocker toute la carcasse du Mecar dans son anneau en voyant que celui-ci était une Bête-Démon juvénile, et le regard ombrageux de Marlon lui fit comprendre qu’il y avait un souci.

« Tu ne penses pas que tu aurais pu faire ça avant que je sois recouvert d’ichor, Vladimir ? Merci pour ta considération ! »

Le ton du runiste était colérique, et piteusement le Champion les incita tous deux à s’asseoir près du feu de camp. Marlon se battit contre les émotions qui ne demandaient qu’à le submerger, la fatigue fragilisant sa psyché et donnant plus d’ouvertures à ses faiblesses. Heureusement, Marlon avait eu le temps de récupérer plusieurs fioles d’ichor noir pour expérimenter sa puissance et savoir ce qu’il pourrait en faire. Nul doute que le sang d’une Bête-Démon pouvait lui apporter quelques surprises !

Ils mirent le steak de Mecar à cuire, une belle pièce de près de deux kilos, et Marlon insista pour s’en occuper, saupoudrant le morceau de viande de plusieurs épices qu’il avait acheté à Forgeciel. Le mois écoulé lui avait permis de continuer à travailler pour la cuisine gigantesque d’Edna, et il avait appris énormément de choses.

Il ne savait toujours pas à quel stade se trouvait sa maitrise de la cuisine, premièrement parce que son interface ne fonctionnait toujours pas, mais également parce qu’il n’avait pas pris le temps de se rendre au bâtiment des métiers de la cité volcanique.

Mais ce qu’il savait, en revanche, c’est qu’il lui fallait progresser au maximum sur tous les points, et que pour cela il lui fallait s’investir, comme il le faisait depuis le début de son aventure dans cette dimension. Il ne doutait pas que Niclos et les autres protégés ne trainassaient pas pour progresser et qu’ils se révéleraient être de redoutables adversaires lorsqu’il les rencontrerait.

Quelques instants plus tard, ils étaient tous les trois autour du feu qui crépitait et réconfortait les aventuriers, Palkor ayant activé sa Sangsue de Silence pour ne pas alerter les possibles animaux ou Achaiens aux alentours.

Vladimir, lui, avait disposé des pièges sonores tout autour du camp pour leur laisser le temps de réagir si quoi que ce soit venait s’aventurer trop près et leurs armes étaient posées au sol à côté d’eux dégainées et prêtes à servir.

« Bon, je pense que maintenant nous allons pouvoir t’éduquer sur les Tabous, même si je ne comprends toujours pas comment tu peux ne pas les connaître… »

Marlon ne pouvait pas décemment leur expliquer qu’il venait d’une autre dimension et que son but ultime était de détrôner l’Empereur afin de prendre le contrôle de ce monde. Même si Forgeciel ne serait pas contre, visiblement…mais non. Il garderait le silence à moins qu’i n’ait pas le choix.

« Disons que mon enfance a été chaotique…donc, ces Tabous ? »

Le runiste éluda le sujet du mieux qu’il le pouvait, et il poussa un discret soupir de soulagement quand il vit que ses deux compagnons décidèrent de ne pas s’attarder sur la question.

Palkor jeta un regard en coin à Vladimir, et c’est le colosse blond qui commença à raconter ce qu’étaient les Tabous…

« As-tu déjà entendu parler de la Guerre des Mages ? »

Marlon se rappelait vaguement de ce nom.

« Ce n’est pas la Guerre qui a donné naissance à la Forêt des Milles Lieues ? »

« Si, mais ce n’est qu’un tout petit détail de ce qui s’est passé alors. La Guerre a eu lieu il y a plus de deux mille ans, elle a commencé en 7953 pour être précis. Et à cette époque, aucune restriction n’existait sur la magie, les artefacts, les classes. Il y avait une bonne centaine de Descendants de diverses figures du passé en vie, et la plupart d’entre eux possédaient des terres ainsi que des titres, conférés par l’Empire comme gage de reconnaissance et d’alliance. Tu peux facilement imaginer que ces gens faisaient tout ce qu’ils voulaient et que même l’Empereur de l’époque ne pouvait pas leur imposer facilement sa volonté. »

« La guerre commença pour des raisons très terre-à-terre, une simple pulsion de conquête de l’un des plus jeunes Descendants, qui voulait agrandir son territoire. Seulement, le conflit, qui ne devait à la base ne concerner que deux territoires, s’embrasa, et bientôt, l’Empire tout entier fut la proie des flammes et de la guerre. Cette guerre dura cinquante ans, et comme toute guerre, elle éveilla la cruauté et l’inventivité malsaine des puissants, qui n’hésitèrent pas à mener des expériences inhumaines sur leurs sujets. »

Palkor s’était assombri et semblait sur le point de vouloir dire quelque chose, mais un regard de Vladimir l’en dissuada, le géant blond continuant son histoire, Marlon complètement fasciné par son récit.

« L’Empereur tenta de calmer le jeu, mais encore une fois sa puissance était bien trop faible comparée à celle des différents territoires. Et à ma grande honte, je dois dire que Forgeciel a fait partie de ceux qui démontrèrent une grande inventivité pour tuer et massacrer des villes entières…Nous avions créés des fusils se nourrissant de mana et projetant des explosions élémentaires, des bombes runiques semant mort et désespoir, des golems de métal animés d’une seule pensée : tuer ! La soif de vengeance et l’opportunité de récupérer des terres appartenant à l’Empire agit comme une catharsis sur les Forgecielois et des légions partirent au combat. »

Les yeux de Vladimir fixaient les flammes du foyer avec une tristesse sourde en eux.

« Mais vous n’avez surement pas été les seuls, non ? »

« Loin de là…des Bêtes-Démons furent créées magiquement, relâché sur les champs de bataille, et elles étaient bien plus dangereuse que le petit spécimen auquel nous avons eu le droit. Des humains furent changés en armes de guerres magiques, des poisons furent distillés dans les puits, infectant la terre et le mana même…et cela à travers tout l’Empire, pas seulement Erengar. Tu dois bien comprendre l’échelle de ce fléau. »

Il fit craquer son dos en s’étirant avant de continuer le récit glauque et pourtant loin d’être exhaustif de cette guerre passée.

« La Forêt de Milles Lieues, par exemple, était un réseau de cités toutes plus prospères les unes que les autres, mais des humains transformés en Goliath, des créatures géantes pesant plusieurs tonnes et libérant un poison mortel autour d’eux, dévastèrent toute cette région avant de mourir, se décomposant sur place alors que les enchantements et sorts ayant transformés ces pauvres gens ne lâchent à cause de leur instabilité. Il y eut tellement de cadavres et de mana déversées dans tout cette zone d’Erengar que la Forêt s’est développée en à peine quelques années…mais je m’égare. »

« Quand, au bout de cinquante ans de guerre, les ressources humaines commencèrent à s’épuiser, et que les armes avaient atteintes leur apogée, l’Empereur fit ce à quoi personne ne s’attendait. Il fit appel aux Dragons. Il avait trouvé leurs terres et les implora d’aider l’espèce humaine avant qu’elle ne s’auto-détruise. Au terme d’une négociation compliquée, l’Empereur réussit à obtenir l’aide de tout leur peuple, seulement pour mettre un terme à ce conflit, et personne ne sait jusqu’à aujourd’hui ce que cela lui a couté. »

Vladimir s’interrompit alors que Marlon retirait la viande du feu, semblant cuite à la perfection et dégageant un arôme de barbecue qui faisait presque gronder leur ventre à tous trois.

Après qu’ils aient commencés à manger, se régalant avec la chair du Mecar et Marlon découvrant des goûts qu’il ne pensait pas possible lorsqu’il avait découpé cette chair recouverte d’ichor noir, Vladimir continua son récit, reprenant là où il s’était arrêté.

« Les Dragons débarquèrent donc un beau jour et réduisirent littéralement en cendres tous les Descendants et Seigneurs en vie, bien à l’abri dans leurs forteresses, loin d’être suffisantes pour les protéger de tels monstres. En deux semaines, le conflit qui avait duré un demi-siècle et causé des millions de morts à travers plusieurs continents était éteint, et les têtes de tous les chefs de guerre étaient plantées sur des piques à l’entrée du Palais Impérial. Les territoires les plus belliqueux se virent retirer leur souveraineté, et la Légion Impériale, qui s’était tenue à l’écart de la guerre par manque de pouvoir, choisit ce moment-là pour reprendre le contrôle. »

Il finit de dévorer le steak de Mecar, levant un pouce approbateur à l’égard du Runiste qui se régalait toujours avec son plat.

« Des chefs furent nommés pour les patries et enclaves telles que Forgeciel qui avaient perdues leur chef, et un grand conseil se tint sur les terres Impériales. Le Traité fut signé et ratifié par tous, sans aucune exception. Et c’est comme cela que prirent forme les Tabous. »

Vladimir fit signe à Palkor qui soupira et continua, d’un ton neutre, comme s’il récitait une leçon par cœur, ce qui était sans aucun doute le cas.

« L’Empire et ses Sujets ont validés la liste des Tabous. Toute transgression se verra punie de mort préalablement préparée par l’application de la torture magique. L’Ordre des Yeux Draconique et chaque chef de faction se verra imputer toute responsabilité pour les manquements à ces interdits. Ainsi sont déclarés Tabous : Les artefacts et arme de destruction massive, les armes runiques ne nécessitant pas de dons ou de classe pour être utilisés, la création d’espèces magiques, la modification d’êtres vivants déjà existants, les combinaisons élémentaires pouvant mener à des destructions massives, les artefacts de téléportation ainsi que la magie temporelle et la fusion d’éléments magiques dont le tout est supérieure à la somme. Toute rébellion au sein de l’Empire et toute transgression de ces Tabous se verra infligé la même sentence inexorable… »

Vladimir hocha la tête, laissant son regard s’attarder quelques secondes sur son compagnon avant de finir son exposé sur les Tabous.

« L’empire s’est bien sûr assuré de faire des exemples publics dans les années qui ont suivies, et certaines exécutions massives restent encore dans les mémoires aujourd’hui. Nous sommes presque tous… », appuyant son regard sur Marlon à ce moment-là, « …conditionnés à respecter les Tabous. Et c’est loin d’être quelque chose d’anodin que de les transgresser, même si ces accords ont deux milles ans… »

Palkor n’en pouvait plus, aussi ne parvint-il pas à s’empêcher d’intervenir.

« Je n’ai pas transgressé les Tabous, tu sais. Ce n’étaient que deux sphères de mana qui ont explosées en fusionnant… »

« N’essaie pas de me la faire à l’envers, Palkor. J’ai reconnu les éléments que tu as utilisés. Lumière et Ténèbre, et aucun d’eux ne provoque d’effet similaires. Tu as fait fondre un rang Or alors que tu es à peine rang Argent dans tes capacités de combat et de magie. C’est ridicule ! »

Marlon choisit ce moment-là pour intervenir, voyant que Vladimir s’échaudait très facilement à l’évocation des Tabous, ce qui allait parfaitement avec sa personnalité de Champion de Forgeciel pétri de principes dont certains semblaient malheureusement datés.

« Je ne prends la défense de personne, Vladimir, mais on est loin de l’arme de destruction massive dont parlent ces fameux Tabous que tu évoques. Et je suis certain que Palkor ne pensait pas à mal en se servant de ces Sangsues. Après tout, tu nous as dit de donner tout ce que nous avions… »

Il appuya son regard sur Palkor pour que celui-ci comprenne le message, ce qui sembla être le cas.

« Non, je promets que cela n’était pas le cas ! Et puis tu me connais, Vlad, je veux protéger Forgeciel autant que toi ! Pourquoi est-ce que je me risquerais à finir exécuter à cause de cela ? »

Vladimir semblait toujours hésitant quant à sa démarche, mais il finit par soupirer en se passant la main sur le visage, la fatigue semblant le rattraper.

« Bon ok. Palkor, je te connais et je sais très bien que tes expériences comptent plus que tout ! Ne démens pas, par pitié, même Revenge ne te croirais pas pour le coup. Ne recommence jamais ce type de Sangsues, je t’en conjure. L’Empire ne cherche qu’un bon prétexte pour nous envahir et ce serait lui donner sur une assiette en argent que de faire ce genre de choses. Je ne parlerais pas de ce qui s’est passé dans mon rapport, disons que nous avons eu le Mecar avec un enchaînement bien maitrisé de sorts et de coups puissants. Mais que cela soit clair : ami ou non, je ne pourrais pas couvrir une nouvelle fois ce genre de choses, d’accord ? Mon devoir va à la cité avant tout… »

Palkor hocha la tête d’un air entendu, se gardant bien de parler et de gâcher le pardon qu’il venait d’obtenir de la part du géant blond. Mais dans son regard, aucun remords ou regret n’était visible, ce qui plût à Marlon.

Il était d’avis qu’un outil n’était dangereux que si l’on le maniait mal. Et il avait encore beaucoup d’autres idées à soumettre à Palkor quant à des créations runiques qui pourraient se révéler intéressantes pour lui.

Et de voir que l’Apprenti Forgeur n’était pas contre le fait de violer quelques règles millénaires ne faisait que renforcer l’opinion de Marlon comme quoi il pourrait accéder à un matériel incroyable s’il préparait les choses correctement.

Loki aurait été là, il aurait probablement pu analyser bien plus profondément les Sangsues qu’avait utilisé Palkor, mais pour le moment le runiste devrait se reposer sur ses compétences et sa discrétion pour tirer quelque chose de lui.

Il faudrait surtout éviter que Vladimir soit informé, car il le croyait tout à fait capable de faire passer Forgeciel avant son amitié…

Le géant blond mit un terme à la discussion en se levant du siège improvisé qu’il s’était fait et en s’étirant une dernière fois avant de saluer les deux autres aventuriers.

« Allez, on a eu une journée bien remplie ! Demain nous remontons faire notre rapport et nous équiper un peu mieux avant de redescendre ! On sait dorénavant ce qui nous attend et quel biome l’on doit affronter ! Et plus d’incartades, Palkor, je suis sérieux ! »

Il s’éclipsa et Marlon vit que l’Apprenti semblait plongé dans ses pensées, repensant sans doute à ce qu’avait dit Vladimir. Il se rapprocha doucement de lui et posa sa main sur son épaule d’un geste réconfortant.

« Ne t’inquiète pas, il a son côté rigide. Mais pour ce que ça vaut, je suis d’accord avec toi. Ce qui est important, c’est ce que l’on fait du savoir. Et comme la vérité, on ne peut l’enfermer, quelqu’un le trouvera toujours. L’important, c’est qui l’obtiendra en premier… »

Palkor releva la tête et dans yeux brillèrent une lueur de compréhension et de gratitude envers les mots de Marlon, qui ne put s’empêcher de réfléchir froidement à quel point les inventions de Palkor pourraient lui faciliter la vie pour accéder à son objectif…

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