Le trio d’aventuriers se tenait prêt, leurs armes dégainées et prêtes à l’emploi. Marlon vérifia rapidement sa jauge de mana et fut content de constater que les quelques minutes de repos depuis l’affrontement avec les Achaiens avaient suffis à la faire remonter presque au maximum.
C’est alors que la créature massive qui avait fait chuter les arbres et avait provoqué le raffut incroyable dans la forêt de cristal déboula devant le trio, qui n’était pas encore sorti de la clairière dont une bonne partie était désormais teintée de l’ichor noir de leurs victimes.
Le monstre faisait au moins deux mètres de haut, et était très semblable aux Achaiens, avec ses six pattes et son corps insectoïde. La carapace qui recouvrait son corps était d’une couleur bleutée foncée, couleur le démarquant des Achaiens simple. Ses mandibules étaient beaucoup plus grandes et larges que celles de ses semblables, leur tranchant renvoyant la lumière tel une lame de rasoir aiguisée.
Les yeux de la créature étaient de la taille d’une balle de tennis, et elle en possédait deux paires, disposés de chaque côté du crane, navigant frénétiquement entre les trois aventuriers, une lueur emplie de rage brillant dans les globes oculaires sans pupilles ni iris, d’un noir total.
Sur toute sa carapace, des piques de chitine ressortaient et hérissaient les parties exposées de son corps, le rendant encore plus dangereux.
Les pointes de ses pattes étaient pointues, autant d’armes blanche pouvant les transpercer et s’enfonçant dans le sol fait de roche et de cristal comme dans du beurre.
La bête mit sa tête en arrière, ouvrant la bouche sur trois rangées de crocs similaires à ceux d’un requin, existant uniquement pour déchiqueter et broyer la chair de ses proies, avant de pousser un hurlement strident qui était d’un tel volume sonore que les oreilles de Marlon furent sur le point d’éclater, envoyant un éclair de douleur qui lui fit serrer les dents.
Les feuilles des arbres cristallins volèrent sous l’effet de l’onde sonore et certaines se brisèrent même en plusieurs morceaux plus petits qui se détachèrent et tombèrent sur le sol, provoquant une cascade de morceaux tranchants qui éraflèrent la peau des aventuriers et provoquèrent de petites contusions qui se mirent à saigner.
Vladimir cria alors à ses deux acolytes, d’un ton qui ne permettait aucune discussion, la marche à suivre, alors que dans son regard une lueur orangé commençait à luire avec force.
« C’est un Mecar, un commandant Achaien ! Soyez prudents et ne le laissez pas vous toucher ! Je vais attirer son attention du mieux que je le peux, alors balancez vos coups les plus puissants pendant que je le retiens ! »
Vladimir prit une posture que Marlon ne lui avait pas encore vu, en position semi-accroupie, son épée pointe vers le sol devant son torse, tous ses muscles semblant se contracter alors que le Mecar donnait un coup violent avec son crâne sur le colosse blond.
En un clignement d’œil, Vladimir s’était déplacé, tournant son corps pour diminuer au maximum l’impact du coup, tout comme sa lame qui vint agir comme un bouclier et détourna la puissance de la frappe, un bang métallique résonnant dans la caverne alors qu’un véritable enchaînement de coups commençait à pleuvoir sur le guerrier de Forgeciel.
Ne restant pas à ne rien faire, Palkor et Marlon se mirent en mouvement et suivirent les consignes de Vladimir, faisant de leur mieux pour affaiblir la créature qui se concentrait sur lui uniquement.
Une aura sombre s’élevait du colosse, couleur terre, et semblait enrager le Mecar encore plus.
Palkor utilisa toutes les reliques qu’il jugea utiles pour affronter ce titan insectoïde, et un fracas d’éléments vint se fracasser contre la carapace de l’Achaien les uns après les autres.
Les lances de roche, le rayon lumineux délétère, ainsi qu’une vague de flammes vinrent s’écraser contre le Mecar qui fut forcé de reculer sous l’impact des forces magiques venant le frapper, mais aucune blessure apparente n’était à constater, et une lueur de peur se fit visible dans le regard du jeune Apprenti, qui manquait cruellement d’expérience sur le terrain et se sentait désemparé, résistant à la panique qui voulait s’emparer de lui.
Marlon, lui, s’était déjà retrouvé dans nombre de situations compliquées et dans lesquelles il avait eu très peu de chances de survivre, aussi savait-il qu’il fallait rester concentré et frapper intelligemment.
Vladimir n’avait pas l’air de paniquer et il arrivait pour le moment à contrer les coups de la créature, ce qui voulait dire que le combat n’était pas sans issue.
Sortant deux parchemins de ses poches, Marlon eut un sourire cruel alors qu’il injectait du mana dans les supports qui se consumèrent instantanément.
Deux effets très différents s’enchainèrent alors en l’espace de quelques secondes, et cela fut suffisant pour refouler la peur qui battait dans le cœur de Palkor.
Un [Mur de Terre] s’éleva sous ce qui passait pour le ventre du Mecar et vint le percuter comme une bille de flipper. Le monstre ne fut pas blessé mais vola de deux mètres dans les airs, avant de s’écraser sur l’aplomb rocheux créé par le runiste et de rouler dessus, glissant sur le côté avant de finir sa course sur le sol, l’impact soulevant un nuage de poussière et arrachant un cri strident au Mecar qui se retrouva sur le dos.
Avant qu’il ne puisse se retourner et recommencer son assaut sur Vladimir, le deuxième sort de Marlon entra en effet. Une [Lance d’Ombre] d’un mètre de long apparut à côté de Marlon et se lança à grande vitesse en direction du ventre exposé de l’insecte et s’enfonça en lui comme la lame d’une épée, transperçant la défense moindre du Mecar sur cette partie de son corps.
La lance disparut, laissant jaillir un jet d’ichor qui s’éleva dans les airs avant de retomber sur le sol, fontaine sanglante s’il en était.
Seulement, cela fut loin d’être suffisant pour tuer ce monstre qui était très résistant.
Finissant de se remettre sur ses pattes d’un balancement, l’insecte poussa un nouveau cri qui blessa les oreilles des trois participants, faisant éclater toujours plus de cristaux autour d’eux, avant de foncer vers Marlon, source de la douleur qu’il éprouvait.
Cette chose insignifiante avait réussi à le blesser, il fallait qu’il se venge, qu’il la déchiquète d’une manière horrible.
Heureusement, Vladimir était sur le qui-vive et s’interposa entre les deux combattants, donnant un coup de lame violent dans le côté du Mecar. La lame ne pénétra pas la carapace, mais l’impact fut suffisant pour que le monstre glisse sur le coté sur un mètre ou deux, refocalisant son attention sur Vladimir immédiatement. On pouvait deviner quelques craquellements là où la lame avait frappée, laissant comprendre la puissance brute du colosse.
« Bien joué, Revenge ! Continuez comme ça ! Je peux tenir la défense encore quelques minutes ! Eclatez moi cet insecte ! Montrez ce que vous valez à côté du champion de Forgeciel, haha ! »
Palkor se sentit piqué au vif par la remarque de Vladimir et il poussa un grognement en fronçant les sourcils, toute peur disparue de son cœur alors que son ami semblait s’en sortir et ne pas être en danger immédiat.
Au fond de lui, il savait que c’était une bravade destinée à les motiver, et il dût reconnaître que c’était diablement efficace. Il se tourna vers Marlon et lui cria d’un ton empreint de colère :
« Revenge, je vais utiliser mon attaque la plus puissante, mais je ne pourrais plus rien faire pendant au moins deux ou trois minutes après cela. Il va falloir que tu me couvres ! »
Marlon se contenta d’hocher la tête, ne quittant pas des yeux le Mecar qui avait recommencé à asséner des coups au colosse blond à une vitesse encore plus incroyable, la rage agissant comme un stimulant sur l’insecte géant, même si chaque coup sur la lame de Vladimir entaillait légèrement ses pattes d’où s’écoulait de petits filets d’ichor.
Palkor tendit les bras devant lui et deux de ses Sangsues, des bracelets en métal qui ornaient ses deux avant-bras, se mirent à luire en pulsant, le cœur de Marlon ratant un battement alors que son subconscient lui hurlait de s’écarter de cette chose que Palkor préparait.
De son bras droit s’éleva une lumière dorée alors que son bras gauche dégageait une aura noire, qui tous deux se condensèrent pour former deux sphères parfaitement identiques si ce n’était leur couleur diamétralement opposée.
Des deux boules d’énergies sortaient des étincelles semblant déchirer le tissu même de la réalité, le cerveau de Marlon commandant instinctivement à son corps de détourner le regard de cette chose contraire aux lois de la création.
Palkor, lui, semblait fournir un effort incroyable, son visage déformé par une grimace de douleur, un cri rauque sortant de sa gorge alors que ses yeux pleuraient et que ses bras semblaient sur le point de se déchirer, les muscles tellement tendus que l’on aurait pu croire à une caricature.
Puis lentement, très lentement, les deux boules commencèrent à avancer en parallèle, se dirigeant vers le Mecar qui continuait à tenter de passer la défense du géant blond sans succès aucun.
Des éclairs commençaient maintenant à s’extraire des deux objets flottants, la stabilité des deux manifestations magiques semblant se détériorer au fil de leur avancée. L’apprenti Forgeur, lui, continuait de fournir le même effort colossal, mettant même un genou à terre, comme si le poids du monde lui tombait sur les épaules.
Marlon, ne sachant pas quoi faire pour l’aider, et ressentant toujours le même malaise profond pour les boules d’énergie, se contenta de sortir un parchemin de sa tunique et de l’activer, ciblant le Mecar pour continuer à attirer son attention et laisser l’attaque de Palkor finir sa course vers l’insecte.
Cette fois ci, ce fut un [Projectile de Terre] qui jaillit du néant et fonça sur le côté de la créature, venant le percuter avec violence.
Malheureusement, la carapace latérale du Mecar était bien plus solide et résistante que le dessous de son ventre, et la lance ne parvint pas à percer ses défenses, seulement à le faire tituber de quelques pas grâce à la force de l’impact, mais cela fut largement suffisant pour retenir son attention.
Le Mecar, enragé de se faire trimballer de cette manière, redoubla ses efforts pour passer Vladimir qui avait conservé sa posture défensive et ne quittait pas la bête des yeux ne serait-ce qu’une seconde.
L’insistance du monstre finit tout de même par payer, et une de ses pattes passa la lame du colosse pour venir s’enfoncer dans sa cuisse, lui arrachant un grognement de douleur mais ne le faisant tout de même pas quitter sa posture.
Une véritable aura couleur terre entourait maintenant le colosse, et il semblait plus solide qu’une montagne, immuable et inamovible, malgré le sang qui coulait à gros bouillons de sa jambe dans laquelle un trou de la taille du poing de Marlon était maintenant visible.
L’instinct du runiste lui hurlait littéralement dessus pour qu’il coure se mettre à l’abri alors que les deux boules d’énergie arrivaient quasiment à destination, mais il prit sur lui et injecta du mana dans un nouveau parchemin, celui-ci gravé du sort [Soin], l’aura verte s’infusant directement avec le corps de Vladimir et refermant la plaie béante qu’il avait sur la cuisse.
Il ne broncha toujours pas, mais les deux cœurs magiques qui semblaient sur le point d’imploser tellement ils étaient devenus instables arrivèrent sur le Mecar, et Vladimir ne put s’empêcher de regarder dans leur direction, son comportement changeant du tout au tout alors qu’il aperçut les deux sphères dont s’échappaient maintenant des rayons or et noir déchirant l’air même sur leur passage.
« VLAD, BOUGE DE LA ! »
Le cri de Palkor était empreint d’une fatigue terrible, la faiblesse transparaissant même à travers l’urgence contenue dans sa voix.
Il n’en fallut pas plus au colosse, dont les yeux s’étaient écarquillés en voyant les deux sphères sur le point de fusionner, et il se retourna sans jeter un coup d’œil au Mecar, se mettant à courir de toutes ses forces pour s’éloigner de l’attaque de Palkor.
Arrivant à la hauteur de Marlon, il prit celui-ci par la taille et plongea en avant, se propulsant avec le runiste à plusieurs mètres en arrière.
Marlon releva la tête, le souffle coupé, le dos douloureux à cause de l’impact, juste à temps pour voir l’enfer se déchaîner sur le Mecar.
Les deux boules avaient fini leur course, qui n’avait plus été parallèles sur la fin, et elles finirent de fusionner l’une avec l’autre dans ce qui semblait être quelque chose de totalement contre-nature.
Le temps sembla se figer pendant quelques secondes, le Mecar surpris par les boules fusionnant contre sa carapace et qu’il n’avait pas vu venir, bien trop concentré sur sa rage et sa volonté de passer les défenses de l’humain insignifiant qui lui faisait barrage depuis plusieurs minutes.
Puis un son venu d’un autre monde résonna dans la caverne, comme si l’on faisait exploser plusieurs bombes les unes à l’intérieur des autres, et que l’on rajoutait par-dessus le grondement de dizaines d’éclairs frappant au même endroit en même temps.
Des rayons gris jaillirent de la sphère, cautérisant instantanément tout ce qu’ils touchèrent, terre, cristaux, carapace, avant de se rétracter à l’intérieur de ce qui était maintenant devenu un vortex grisâtre pulsant d’une énergie impossible, qui n’était pas censée exister.
Le son perça les oreilles des aventuriers qui se mirent à saigner et leur arrachèrent à tous les trois des cris de douleur, qu’ils n’entendirent plus à cause leurs tympans percés.
Même le Mecar sembla se crisper sous l’impact de la vague sonore, sa carapace entièrement tranchée à l’arrière de son corps par l’un des rayons mortels dégagés par le vortex gris.
Puis, soudainement, ce fameux vortex enfla pour tripler de volume, englobant la tête du Mecar et le haut de ce qui pouvait passer pour son torse, les couvrant de sa couleur grisâtre.
Puis dans un claquement sec qui fit penser au claquement d’un fouet dans l’air, le vortex disparut, comme s’il n’avait jamais existé, laissant réapparaitre la tête du Mecar qui ressemblait maintenant à un morceau de plastique fondu, les yeux de la créature ayant éclatés comme des fruits trop mûrs alors que ses mandibules étaient déchiquetées et pendaient le long de sa bouche, des flots d’ichor noir coulant et s’écrasant au sol dans ce qui commençait à former une flaque de fluide corporel insectoïde.
Le cri qui sortit du Mecar était un cri de douleur et d’incompréhension, commençant à tourner sur lui-même, privé de ses sens et ne sachant pas comment ni pourquoi cela était arrivé.
Il n’était pas une proie, mais un prédateur ! Comment de simples encas osaient-ils lui faire subir cela ?
Donnant des coups de pattes à l’aveugle, il cherchait à déchiqueter les misérables qui s’en étaient pris à lui, mais il ne frappait que le vide, l’air sifflant au passage de ses pattes.
Palkor, enfin libéré de la pression titanesque que lui avait demandé l’usage de ses deux Sangsues qui s’étaient disloquées et gisaient sur le sol, s’écroula alors que ses yeux se révulsaient dans ses orbites et qu’un filet de sang coulait le long de son nez.
Vladimir se redressa et après avoir jeté un coup d’œil à ses deux compagnons, activa sa Sangsue de Soin et envoya l’aura verte sur Marlon, qui sentit ses oreilles se réparer et lui permettant d’entendre à nouveau les crissements douloureux du Mecar.
Il se redressa alors que la douleur et la surprise se dissipaient, sortant immédiatement deux parchemins de [Soin] et les activant, vidant par la même occasion ce sui lui restait de mana, un mal de crâne faisant son apparition en même temps que les deux auras vertes fusionnaient avec Vladimir et Palkor.
Il ignora la douleur et fut soulagé de voir que Palkor rouvrit les yeux, même s’il mit quelques secondes à se relever. Vladimir, lui, reporta son attention sur le Mecar, l’aura terreuse qui l’avait entouré lorsqu’il parait les coups de la créature ayant totalement disparue.
« Revenge, Palkor, vous avez encore du mana ? »
Voyant que les deux aventuriers répondirent par la négative, le colosse blond secoua la tête et jeta un regard mauvais sur son ami l’Apprenti.
« On reparlera de ce que tu as fait plus tard, Palkor, mais sois certain que tu n’y échapperas pas ! Les Tabous sont ce qu’ils sont pour une bonne raison ! »
L’accusé redressa le dos et fixa le géant avec raideur, mais il ne répondit pas et se contenta de retirer la batterie de mana sur sa main, la Sangsue semblant être partie en fumée en même temps que les deux bracelets à l’origine du sort dévastateur qu’il avait lancé.
« Je l’achève, reculez ! »
Vladimir reprit la posture que Marlon et Palkor avaient déjà aperçus dans l’arène de Forgeciel, lors du Défi où il avait écrasé son adversaire, et aussitôt une aura de flammes exsuda du corps du géant, des vagues de chaleur parvenant jusqu’à ses deux acolytes qui avaient reculés de quelques mètres à l’instant il les avait prévenus.
L’épée longue du champion de Forgeciel s’embrasa, des flammes oscillant entre le doré et le pourpre courant le long de lame, elle-même brillant comme si l’on venait de la sortir de la forge et que le métal était à température de fusion.
Le Mecar allait et venait toujours sans logique, tentant de frapper des adversaires qu’il ne voyait pas et n’entendait pas, creusant de petits cratères à chaque impact de ses pattes, l’ichor dégoulinant toujours le long de son crâne presque entièrement fondu et dont les traits sortaient dorénavant tout droit d’un cauchemar.
Poussant un cri de guerre, Vladimir se mit à courir et bondit en l’air alors que l’insecte géant frappait à l’opposé de lui, abattant sa lame avec toute la puissance dont il était capable et frappant sur le crâne du Mecar, loupant de justesse l’intersection entre son cou et son corps, mais cela ne fit pas grande différence.
La lame rentra en contact avec la carapace chitineuse du Mecar et la fit craquer vers l’intérieur, l’ichor sortant de la plaie se vaporisant immédiatement au contact des flammes, mais elle ne s’arrêta pas là. Elle continua à pénétrer dans le crâne du Mecar alors que le poids de Vladimir se combinait à l’inertie conférée par le saut qui l’avait amené jusque-là et se stoppa alors qu’elle était enfoncée jusqu’à la moitié de la tête du Mecar.
Le temps sembla se figer pendant quelques secondes, puis l’insectoïde s’écroula, comme une marionnette dont l’on aurait coupé les fils et que plus rien ne retiendrait.
Aussitôt, les flammes s’éteignirent sur le corps de Vladimir et de son arme, de la vapeur s’élevant du géant alors que ses traits laissaient paraître une fatigue intense dûe à l’usage de la rune de feu.
Le silence reprit place dans la caverne et les trois aventuriers se regardèrent à tour de rôle, l’adrénaline du combat refluant doucement de leurs organismes.
Le Mecar était mort, et ils s’en étaient sortis tous les trois, sans blessure grave ni membre arraché, ce qui pour Marlon tenait presque du miracle vu la taille du monstre qu’ils venaient d’affronter.
Il décida de ne pas rengainer son épée et se dirigea vers le corps de l’insectoïde pour récupérer les ressources surement rares que donnerait son cadavre. Il fallait seulement prier pour qu’aucun Achaien ne se pointe. Le mana de Marlon commençait à remonter, mais il était loin d’être suffisant pour un nouvel affrontement contre ces fourmis mutantes géantes.
Il remarqua que ses deux camarades étaient figés, dans une sorte d’échange muet qu’eux seuls pouvaient comprendre, jusqu’à ce que Palkor secoue la tête avec un air entêté.
Alors le regard de Vladimir se fit dur, et il se fixa sur Palkor avant d’avancer à grand pas vers son ami. Quand il arriva à quelques pas, il s’arrêta et lui demanda d’un air sévère, sans aucune trace d’humour :
« Palkor, pourquoi as-tu utilisé un des Tabous ?!? Tu veux vraiment te faire exiler de Forgeciel ?!»
L’Apprenti retourna au colosse un regard incrédule, empreint d’une dose de mépris.
« Ne me ressors pas ce discours, Vlad, tu sais très bien ce que je pense des Tabous ! Le feu n’est dangereux que si tu le mets entre les mains d’un pyromane ! Tu es plus intelligent que ça ! »
Marlon sentit le conflit imminent qui allait éclater entre les deux amis, sur ce qui semblait être un sujet déjà connu d’eux deux, aussi se permit-il une interrogation subtile et directe.
« Eu…on a une grosse fourmi à dépecer les gars, au cas où vous l’auriez oublié. Et au lieu de vous engueuler, l’un de vous pourrait-il se donner la peine de m’expliquer ce que sont les Tabous ? »