Si je comprends bien, il peut manger ce qu’il veut. Pour grandir rapidement, il a mangé de l’air, mais c’est aussi possible qu’il mangeait autre chose tout à l’heure… L’énergie de mes attaques par exemple. Cela expliquerait pourquoi il a grandi sans avoir à prendre une grande inspiration comme il vient de le faire.
Alors que j’approche de sa jambe, le Roi se met à hurler avec un cri assourdissant qui retentit à travers l’arène. Il envoie un coup de poing dans ma direction qui frappe le sol. Je bâillerais presque tellement c’est ennuyeux à esquiver. Avec une attaque qui parcourt autant de distance, c’est impossible de ne pas l’éviter. Il fait bien plus de dégâts vu la puissance de ses attaques, mais pour ça il doit me toucher. Il aurait eu plus de chance d’y arriver s’il avait gardé sa taille humaine.
Je décide finalement de monter sur sa main en réussissant plus ou moins à planter mon croc sur le dessus de sa main. Vu qu’il n’y a pas de sang, je ne pense pas l’avoir blessé.
La main du Roi se met en mouvement avec moi dessus et je m’allonge pour garder l’équilibre. À partir de maintenant, la partie Juliette de mon esprit a suffisamment d’expérience pour ne pas se laisser désarçonner par un adversaire de cette taille.
J’ondule mon corps et commence à avancer en défiant la gravité. Je peux sentir le regard du Roi posé sur moi. Sa main droite s’approche de moi.
En tournant sur moi-même, je m’éloigne de la zone d’impact et il n’arrive pas à m’attraper.
Alors que je réfléchis à mon angle d’attaque, le Roi prend une nouvelle inspiration encore plus grande que les précédentes.
Son corps se met aussitôt à grandir à un rythme assez impressionnant et son bras prend plusieurs mètres de longueur. Son regard se fixe alors sur moi alors qu’il laisse un léger sourire apparaître sur son visage. C’est assez inquiétant quand on a l’impression qu’un bâtiment nous regarde et nous prend de haut. Enfin, pour quelqu’un de normal.
Il a beau agiter son bras dans tous les sens, je m’accroche en continuant à monter. S’il continue de grandir, cela risque de prendre une éternité.
Je suis au niveau du coude et le Roi décide d’approcher son autre main en donnant l’impression de vouloir écraser un moustique. J’en suis vraiment réduit à ça ?
Sans trop réfléchir, je fais un bon vers le haut de son bras pour esquiver la main que je peux sentir s’écraser contre le bras derrière moi. J’aimerais bien qu’il soit plus lent puisque je n’ai esquivé cette attaque que d’un cheveu.
Pour l’instant, je ne vois pas de faille dans sa classe et ça m’inquiète légèrement. Cela dit, je peux voir que la fille est moins avancée que moi dans son escalade, elle a atteint la hanche, mais c’est plus facile pour elle puisque j’attire toute l’attention.
Malheureusement, mon ascension s’arrête là. Alors que je suis sur le point d’atteindre l’épaule, j’ai l’impression que le soleil se met à briller de plus en plus fort. En levant la tête vers le ciel, je suis aveuglé et sans trop y réfléchir je préfère sauter de là. Je dévale le dos du Roi avant de finir par atteindre sa taille et me propulser le plus loin possible en direction d’une maison.
Alors que le Roi lève la main en direction du ciel pour regarder ce qu’il se passe, je peux voir qu’il est entièrement baigné dans un rayon de lumière blanche qui devient de plus en plus épaisse et m’aveugle complètement.
Alors que je détourne le regard, je peux entendre le Roi grogner avant de poser un genou par terre violemment. J’imagine qu’une autre « nuisance » est responsable de cette attaque aveuglante.
L’instant suivant, le rayon de lumière disparaît. Le Roi semble avoir été brûlé sur une partie de son corps par le rayon, mais cela ne l’empêche pas de grandir encore.
En regardant les alentours, je peux voir qu’un petit groupe vient d’arriver et à sa tête, il y a ce qui semble être le prêtre le plus important de l’embuscade. Le Primat, c’est ça ?
D’abord, Korail, et maintenant lui… ?
« Et maintenant, vous intervenez ?! Ce n’est pas un petit Prêtre qui m’aura ! »
Alors que le Roi se redresse, il projette une ombre gigantesque sur l’arène. Cette attaque semble lui avoir fait faire un bon de croissance. Si pendant mon escalade il faisait dans les vingt mètres de haut, à présent il en fait plus de 30. Sa classe est vraiment ridicule. Mes armes sont bien des cure-dents maintenant, voire moins que ça…
Maintenant, il n’a qu’à marcher sur une maison pour la détruire.
Alors qu’un nouveau rayon lumineux semble se préparer. Je peux sentir des présences autour de moi.
« Un hérétique de plus à punir. »
« Il payera. »
« Il se repentira. »
« Personne n’attaque l’église impunément. »
Quatre Inquisiteurs viennent de sauter sur le toit où je me trouve. Des chapeaux et de longs manteaux en cuir. Ils ont clairement l’apparence de méchants, et aussi le discours caricatural qui va avec. C’est sans doute le fanatisme qui parle à leur place.
Ils sont pénibles.
Mon cerveau « reptilien » décide de prendre le dessus et il n’est pas content de la distraction. Je ne vois aucun mérite à affronter quatre minables au lieu d’un géant.
Alors qu’ils sortent des couteaux de leurs manteaux, je m’approche du premier.
Bien entendu, les quatre décident de m’attaquer en même temps. En tournant sur moi-même, je profite de l’avantage d’allonge que m’offre mon croc sur leurs couteaux pour tous les attaquer.
À part le plus proche qui est le plus surpris par le mouvement et que je blesse au bras, ils esquivent tous l’attaque avant de continuer la leur. Je lance un coup de pied dans celui que j’ai blessé en me contorsionnant pour éviter les couteaux pointés vers moi. L’un des inquisiteurs semble surpris par mon mouvement, mais la seconde d’après je plante mon croc dans son cou en souriant.
J’hésite brièvement, mais ce n’est sans doute pas la peine de l’embrocher complètement. Je ressors le croc de son cou en penchant ma tête sur le côté pour éviter une nouvelle attaque. Alors que sa main passe près de moi, je la mords jusqu’au sang en arrachant la chair. L’inquisiteur se met à crier de douleur, alors que je plante mon croc dans son ventre pour le faire taire.
Le dernier Inquisiteur « intact » lance un couteau dans ma direction que j’attrape au vol avant de sauter au-dessus de lui et de le planter dans sa tête.
Il n’en reste plus qu’un, mais je ne souhaite pas laisser le poison faire son office. Je m’approche de lui alors qu’il ne semble pas savoir quoi faire et me menace d’une main. Derrière moi, je peux sentir que les corps sans vie de ses compagnons disparaissent de l’arène.
L’Inquisiteur m’attaque à plusieurs reprises, mais je lui brise son bras intact sans trop de difficulté avant de planter mon croc dans son cœur. Je me penche ensuite vers son oreille.
« La prochaine fois, votre mort sera définitive. »
Je tourne mon croc dans son cœur en finissant le travail et l’Inquisiteur finit par disparaître dans une vague lumière blanche.
Ce n’était qu’un pseudo échauffement pour moi. Je suis fatigué par les interventions qui m’empêchent d’affronter le géant. J’ai besoin d’un challenge, pas d’amuse-bouche.
*
« Primat ! Le géant est intervenu, mais je vous promets de battre le Dresseur ! »
Après avoir été soigné par un Martyr qui agonise maintenant au sol une fois les blessures de l’Asura absorbées, Korail s’approche du Prêtre qui dégage une lumière dorée responsable de cette contre-attaque.
« Les dieux sont bien plus miséricordieux que je ne le suis. S’il gagne ce tournoi, Mania, ta déesse, sera considérée comme plus faible que la fausse déesse qu’il vénère. Si cela arrive, tu n’auras plus ta place parmi nous. Bats-le, nous nous occupons de prendre des points. »
Alors que Korail est interloqué par la remarque sur la fausse déesse derrière le Dresseur, le Primat fait un geste de la main et, aussitôt, des Inquisiteurs et des Templiers derrière lui foncent en direction de la pile de corps qu’il reste de la guilde Gloria.
Le primat émet ensuite un nouveau miracle du livre sacré qu’il tient sous la forme d’un rayon de lumière qui fonce en direction du géant. Derrière lui, les quelques Chantres et Évangélistes psalmodient et chantent. Aussitôt, l’attaque du Primat semble décupler. Le Rayon de lumière devient plus violent et plus puissant alors qu’il sort du livre.
*
Le Roi de l’arène se protège du rayon avec ses avant-bras, mais il semble perplexe. Tout ce qu’il voulait, c’était un combat contre le Dresseur, mais les obstacles se présentent les uns après les autres.
Bah.
Il n’a qu’à détruire tous ses obstacles jusqu’à ce qu’il ne reste plus que le Dresseur et ensuite il pourra se battre.
Alwin ne sera pas content s’il détruit encore l’arène en grandissant plus, mais tant pis.