Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 57 – Le journaliste
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 57 – Le journaliste

Tenant d’une main le revolver qu’il avait loué au club, Klein pressa à plusieurs reprises la détente et toucha avec précision le centre de la cible, son plus mauvais tir ayant atteint l’anneau n°8.

En alimentant son entraînement avec des balles réelles et grâce au contrôle surhumain qu’il avait acquis depuis qu’il était passé Clown, le jeune homme était particulièrement bon tireur.

Encore quelques mois d’entraînement et je pourrais même être considéré comme un tireur d’élite… Se dit-il, satisfait, en déchargeant le revolver. Il se débarrassa ensuite des cartouches vides qui tombèrent sur le sol avec un tintement et regarda Dumont.

– « Êtes-vous satisfait ? » Demanda-t-il avec un sourire.

– « Absolument. » Le professeur d’équitation avait déjà ôté son pardessus de tweed noir, son pull gris clair et adopté une posture de boxeur. « Allez, montrez-moi vos compétences en matière de combat. Je vais être franc avec vous : tout jeune, j’ai été formé en tant que chevalier stagiaire et acquis des aptitudes que je n’ai jamais laissées à l’abandon. »

Si, en tant que Transcendant, je ne peux pas même battre un homme ordinaire n’ayant reçu qu’une formation, je peux aussi bien mourir ! Se dit Klein.

Sans prendre la peine de se débarrasser de son manteau, il posa son revolver, s’écarta de deux pas et fit signe à Talim qu’il pouvait commencer.

Il avait failli agiter son doigt pour ajouter à l’atmosphère mais se souvenant de la force de son adversaire, il ne prit pas la peine de gaspiller son temps.

Talim, qui semblait un peu excité, se mit à sautiller sur place puis avança brusquement et lança son poing droit.

Klein le bloqua, l’attrapa de sa main gauche, se pencha, tourna sa taille, tendit la main gauche et fit, en douceur, un saut périlleux arrière.

Son adversaire vola et atterrit sur le dos. À aucun moment le jeune homme n’avait exercé de force. Il s’était contenté de le projeter en profitant de l’inertie.

– « Impressionnant ! », commenta Talim, le pouce en l’air, en se relevant. « Je n’en attendais pas moins d’un célèbre détective. Votre adresse au tir et vos aptitudes au combat sont excellentes. »

Comment pouvez-vous en juger alors que vous n’êtes guère plus fort qu’un poulet ?

– « Maintenant que vous avez vu, pouvez-vous me parler de la requête de votre ami ? » Demanda-t-il en souriant.

– « Héhé, il va venir au club tout à l’heure. Vous pourrez en discuter avec lui », répondit Talim en se massant le dos. « Quant à la mission, je n’en sais pas plus. Au fait, il est journaliste au Daily Observer et s’appelle Mike Joseph. Il souhaite probablement une protection à court terme. »

– « Très bien », répondit simplement Klein en reprenant le tir.

Mais cette fois, il ne se cantonna pas au revolver. Il s’entraîna également avec un fusil de chasse, un fusil mono coup et un autre à répétition. De cette façon, si un jour il avait des ennuis, il serait en mesure d’utiliser n’importe quelle arme à feu à sa disposition.

Peu avant midi, il retourna au rez-de-chaussée et se rendit au buffet de la cafétéria où il se servit une portion de poulet rôti, un steak grillé à la poêle ainsi que la suggestion du jour : le homard au fromage et à la crème.

Après avoir déposé son repas sur une table, Klein alla se servir du riz aux fruits de mer Feynapotter, de la salade de fruits, du bouillon d’huîtres et du thé noir Marquis.

Face à ce somptueux déjeuner, il ne put s’empêcher de ravaler sa salive et de louer intérieurement la Déesse.

Ailleurs, ce repas lui aurait sans doute coûté 3 Solis…

Jonglant avec ses couverts en argent, le jeune homme se régala. Alors qu’il avait presque terminé tout ce qu’il y avait sur la table, Klein Talim Dumont entra, suivi d’un homme vêtu d’un lourd pardessus et d’un semi haut de forme.

– « Détective Moriarty, voici Mike Joseph, l’ami dont je vous parlais. Mike, Je vous présente M. Sherlock Moriarty, le célèbre détective. »

– « Enchanté de vous rencontrer », dit Mike en ôtant son chapeau et en s’inclinant.

Visiblement âgé d’une vingtaine d’années, il avait les sourcils relativement clairsemés et une peau rugueuse aux pores particulièrement dilatés.

Ceci dit, ses traits étaient plutôt plaisants, et ses yeux bleus ainsi que les deux traits que dessinait sa fine moustache lui conféraient un charme quelque peu mature.

Klein ne put s’empêcher de caresser le contour de ses lèvres où la barbe s’était étoffée puis, se levant, il invita l’homme à s’asseoir :

– « Le homard au fromage frais est plutôt bon. Vous devriez le goûter. »

– « Entendu », répondit Mike Joseph en prenant une assiette qu’il alla remplir abondamment.

– « Il est venu sans prendre le temps de déjeuner », expliqua Talim avec un sourire en posant sur la table une pile de journaux.

– « Je vois ça ».

Très satisfait de son repas, le jeune homme posa ses couverts, s’essuya la bouche avec une serviette et se mit à siroter tranquillement son thé noir.

C’est alors que Mike Joseph revint avec deux assiettes chargées de nourriture. Il avala rapidement quelques bouchées pour faire taire son estomac et leva les yeux vers Klein.

– « Détective Moriarty, avez-vous entendu parler de ces récents meurtres en série ? »

Le cœur de ce dernier fit un bond :

– « Ceux à qui l’on a retiré des organes ? »

Triste et pensif, Talim acquiesça :

– « Comme il fallait s’y attendre, tous les détectives s’intéressent à ce tueur en série. »

Mike prit alors un journal dans la pile et le poussa vers Klein :

– « Voici les dernières nouvelles. »

Le détective le prit : c’était un exemplaire du Daily Observer, le journal où Mike travaillait. La Une titrait en grosses lettres :

« 11 ! Une nouvelle femme retrouvée morte ! Sivellaus Yard est impuissant ! »

Sivellaus Yard était le nom que l’on donnait au quartier général de la Police de Backlund dans la mesure où il était situé rue Sivellaus, à la limite du Quartier de l’Impératrice.

Déjà 11 cas ? S’abstenant de froncer les sourcils, Klein poursuivit sa lecture. C’était bien le même cas que celui auquel il s’était trouvé confronté récemment. La victime était une femme vêtue d’une robe somptueuse et on lui avait prélevé les intestins.

De toute évidence, dans cette affaire, on trouve partout des signes évoquant le culte du diable. Sivellaus Yard a dû confier l’affaire aux Faucons de Nuit, aux Punisseurs Mandatés ou aux équipes de la Conscience Collective des Machines. Il y a parmi eux des gens dotés de capacités de divination, de médiumnité et de toutes sortes de moyens magiques et efficaces propres aux Transcendants. Comment se fait-il que l’affaire n’ait pas encore été résolue et le criminel arrêté ? Ce meurtrier serait-il doté d’un puissant pouvoir « anti-investigations » capable de détruire les âmes des défunts ? À moins qu’il n’ait prélevé ces entrailles pour satisfaire aux exigences d’un rituel d’adoration diabolique ? Il est certainement en mesure d’interférer avec la divination… En effet, si les Transcendants de la voie du Diable n’avaient pas de tels pouvoirs, comment pourraient-ils oser commettre des meurtres en série… Se dit le détective.

– « Vous voudriez une enquête privée ? Je suis désolé, je ne peux pas prendre cette affaire. Pas sans y avoir été invité par la police. Je me dois de rester en bons termes avec eux », dit-il à Mike Joseph tout en pensant :

Du style prendre un café au poste de police

En vérité, s’il avait refusé, c’était par crainte de tomber sur des Transcendants officiels généralement impliqués dans les affaires relatives aux meurtres en série, peut-être même des Faucons de Nuit du diocèse de Backlund.

– « Non, pas une enquête. Pour être précis, il ne s’agit pas de retrouver le meurtrier. Je cherche simplement à clôturer mon reportage », expliqua le journaliste en avalant quelques crevettes.

Klein reposa sa tasse en émail blanc, croisa les mains et répéta tranquillement :

– « Un reportage ? »

– « Si vous achetez le Daily Observer demain ou après-demain, vous pourrez y lire mon reportage détaillé sur ces meurtres en série. Le plus important dans cet article est que j’y dévoile ce que les victimes ont en commun afin d’alerter les personnes qui se retrouveraient dans cette description. »

– « Vraiment ? Qu’ont-elles donc en commun ? » S’enquit Klein, intrigué.

Mike prit une gorgée de son café :

– « Outre le fait que ce soient toutes des femmes et qu’elles portent des robes hautes en couleur, elles ont aussi en commun quelque chose d’important. En enquêtant sur leur parcours, j’ai découvert un détail intéressant.

« Si certaines d’entre elles sont des femmes de ménage, d’autres des ouvrières du textile, des tailleurs et même des enseignantes, et qu’en apparence il semble n’y avoir aucun rapport, elles ont cependant un point commun : toutes ont été des filles de la rue. »

– « Une enseignante ? Une fille de la rue ? » S’exclama le détective, surpris.

Au Royaume de Loen, les enseignants faisaient partie de la classe moyenne et touchaient au minimum deux Livres par semaine. Une somme largement suffisante pour permettre à une femme de mener une vie décente sans avoir besoin de faire le trottoir.

Le coin de la bouche de Mike se crispa. Il soupira :

– « Oui, il se peut qu’elles aient connu des moments très difficiles avant de trouver un emploi qui leur permette de subvenir à leurs besoins.

« J’ai fait mon enquête et il s’avère qu’à Backlund, un sixième des femmes âgées de 15 à 55 ans sont ou ont été un jour filles des rues. Hé oui, voilà ce qu’est notre pays. Les étrangers qui viennent ici sont surpris de constater que dans un pays conservateur dont la métropole est particulièrement dynamique, on croise partout ce genre de femmes. »

Klein en resta sans voix.

Ce… ce chiffre est un peu exagéré… Si c’était vrai, on pourrait dire que la réalité dépasse la fiction… Fichu monde…

Il réfléchit et demanda :

– « Une question : comment le meurtrier peut-il savoir que sa victime a été une fille de la rue ? Vous avez dû mener une enquête approfondie pour le découvrir, car ce n’est pas inscrit sur leur visage. »

– « Cela ne m’étonne pas de la part d’un grand détective. Ce pourrait-être l’indice », répondit Mike.

Non, s’il s’agissait d’un Transcendant de la voie du Diable, il choisirait plutôt quelqu’un qui, en apparence, est tombé bien bas mais qui n’est pas totalement dépravé. Par ailleurs, ils ont sans doute une perception intuitive aiguë de la dégénérescence. Peut-être même peuvent-ils voir la profonde “couleur” correspondante. La robe colorée étant un déclencheur, la cible sera essentiellement verrouillée sur…

– « Dans ce cas, sur quoi d’autre souhaitez-vous enquêter ? »

Mike eut un signe de tête :

– « Dix des onze femmes tuées ont été autrefois des filles de la rue. Une seule est toujours prostituée à l’heure actuelle. Elle s’appelle Siber et a seize ans. C’est la plus jeune. C’est très, très étrange. J’ai l’intention de me rendre dans son… euh, là où elle travaillait, à la Rose d’Or, afin de poursuivre mes recherches. Peut-être découvrirai-je quelque chose. 

« Mais comme je crains que mes questions n’irritent les personnes présentes là-bas, je voudrais vous demander de me protéger quelque temps. Je n’attends pas de vous que vous leur donniez une leçon, simplement que vous interveniez en cas de réel danger et me permettiez de prendre la fuite.

« Vous toucherez une Livre si rien ne se passe, cinq en cas de bagarre. Qu’en pensez-vous ? »

Klein eut un sourire :

– « Permettez-moi d’aller me laver les mains et je vous répondrai. »

S’inclinant poliment, il se dirigea tranquillement vers la salle d’eau. Là, il lança une pièce et obtient une réponse positive.

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