Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
A+ a-
Chapitre 33 – Un étrange présage
Chapitre 32 – Confirmation Menu Chapitre 34 – Toute l’histoire

Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 33 – Un étrange présage

Aaron et Talim quittèrent le Club Quelaag après avoir rempli séparément le formulaire de nomination. Comme ce n’était pas le week-end, le premier avait encore deux opérations prévues dans l’après-midi et le second une leçon à donner au plus jeune fils du Vicomte Conrad. Il fallait en effet s’assurer que l’adolescent ne se mettrait pas dans l’embarras lors des manifestations sociales de Backlund au cours du second semestre.

Klein regarda le valet vêtu d’un gilet rouge et la servante en jolie robe faire des allers-retours avant de finalement lui remettre son certificat d’adhésion et un badge sur lequel était gravé le symbole de la constellation du Givre.

– « Le droit d’entrée est de 50 Livres. Il reste encore trois mois et demi pour terminer l’année et la cotisation annuelle est de 4 Livres », dit le valet en poussant vers lui les deux objets.

Klein sortit les 57 Livres que Mary Gale lui avait remises et lui tendit 54 Livres.

Le reste correspondait au premier versement de Mary, très satisfaite de la rapidité avec laquelle Klein avait obtenu des informations sur la maîtresse de son mari ainsi que sa photo.

50 Livres d’adhésion… Madame Mary est vraiment une dame généreuse !

Tout en regardant le valet et la servante vérifier les billets et la somme, il se remémora ce que lui avait dit en privé Stelyn Sammer.

Cofondateur de la société Coim, le père de Mary en détenait 20 % des parts. À l’origine, ce n’était qu’une petite entreprise qui ne gagnait pas grand-chose, mais à mesure que la pollution de Backlund s’intensifiait et que la demande d’anthracite et de charbon de bois augmentait, la société s’était rapidement développée pour devenir l’une des dix premières entreprises industrielles de la capitale. La valeur nette que possédait Mary était alors montée en flèche.

Seul problème : lorsqu’elle avait épousé Doragu Gale, la société n’en était encore qu’à ses balbutiements. Son père ne s’était guère posé de questions en lui cédant des actions en guise de dot et au lieu de protéger la donation, avait usé du moyen, plus populaire, du don testamentaire.

Dans le premier cas, la dot était considérée comme propriété indépendant et distincte de la femme, non soumise au contrôle du mari. Le droit d’en user lui-même dépendait du bon vouloir de l’épouse tandis que la seconde solution attribuait la propriété de la dot à l’ensemble de la famille. Cependant, le mari devait immédiatement rédiger un testament valide et promettre que s’il décédait avant sa compagne, le partage de la succession serait de deux à quatre fois les droits et intérêts de la dot perçue. Le reste se déroulerait selon le droit successoral courant, ce qui pourrait effectivement garantir les moyens de subsistance de la veuve.

Si Mary demandait le divorce avant d’avoir obtenu la preuve de l’adultère de Doragu, les parts de la société Coim seraient divisées en parts égales entre les deux parties.

Un peu envieuse, Stelyn avait dit à Klein :

« Actuellement, ces actions ne valent pas loin de 20 000 Livres d’or. Si l’on y ajoute les autres biens à leur nom, Mary est vraiment une femme riche. Une fois divorcée, elle deviendra certainement la cible de nombreux hommes à Backlund, y compris certains nobles. »

Juste assez pour que Miss Justice fasse assassiner deux fois l’ambassadeur Bakerland… Se dit Klein en voyant le valet à la veste rouge et la belle servante s’incliner devant lui.

– « Bienvenue au Club Quelaag, Mr Moriarty. »

Il prit alors son certificat d’adhésion et son badge.

Le premier, fait d’un papier souple, ressemblait à une carte sur laquelle figuraient le nom de Klein et la date de début d’adhésion.

Il ne lui restait plus qu’à y appliquer une empreinte de son index et le certificat serait officiel.

Quant au second, l’insigne distinctif du Club Quelaag, il avait été nommé ainsi en raison de la date de création du club un début novembre, mois qui correspondait à la constellation du Givre. Le symbole était assorti du numéro 192 et au dos, on pouvait lire le nom de Sherlock Moriarty.

– « Le club compte maintenant 192 membres ? » Demanda le jeune homme avec désinvolture.

– « Oui, nous n’acceptons pas les gens sans recommandation. » Le serviteur vêtu de rouge, rayonnant, expliqua : « Au rez-de-chaussée se trouvent un buffet cafétéria, un bar, une bibliothèque, une salle de squash, une salle de conférence et une salle de cartes auxquels vous avez accès gratuitement. La dégustation de nourriture et de vins est également offerte. A l’étage, vous avez seize salons et deux petites salles de conférence dont l’accès est également gratuit et que vous pouvez utiliser s’ils sont libres… »

La jolie domestique pointa le doigt derrière lui et ajouta :

– « Il y a deux courts de tennis sur la pelouse, totalement gratuits. Au sous-sol, vous avez aussi deux stands de tir où seuls sont payants les frais de location de l’équipement. 

« Si vous n’êtes pas satisfait du buffet et le trouvez trop simple, vous pouvez commander à la carte. Nous avons un chef exclusif et vous ne payerez que les ingrédients. »

Le gîte, le couvert et le divertissement, tout est prévu… On pouvait s’y attendre de la part d’un club haut de gamme… Se dit Klein, sincèrement reconnaissant envers Mme Mary.

Il eut un sourire chaleureux :

– « Envoyez-moi quelqu’un pour me faire visiter les lieux afin que je puisse me familiariser avec l’environnement. Ensuite, vous mettrez à ma disposition un salon afin que je puisse me reposer cet après-midi. »

– « Très bien », répondit le valet avec un geste de la main.

Après s’être familiarisé avec les lieux, Klein entra dans un salon dont il étudia soigneusement la disposition. Celui-ci ressemblait à une chambre d’hôtel de dernière génération. On disait qu’il était décoré dans le style d’Intis.

Je dois réfléchir au moyen d’obtenir, dès demain, des preuves de la liaison de Doragu. Il est tout à fait impossible de dissimuler le flash de l’appareil photo, ce qui signifie que je n’aurai qu’une seule chance de prendre ce cliché… Et si je le fais, je serai certainement viré du club… Je dois envisager un moyen sûr… Je lirai les journaux plus tard pour me faire une idée de la manière dont évolue l’affaire Ian et déterminer les trois jours où je devrai être protégé…

Klein faisait les cent pas, perdu dans ses pensées, lorsque soudain, son cœur se mit à palpiter et il se tendit.

Est-ce ma prémonition de Clown ? Pourtant, je ne vois rien dans mon esprit… Se dit le jeune homme qui sentait l’air autour de lui s’immobiliser, comme une sorte de calme avant la tempête.

Bientôt, ce sentiment disparut comme si rien ne s’était passé.

Se pourrait-il qu’un danger approche ? Pourtant, rien de tel ne s’est produit lorsque j’ai été attaqué par Meursault…

Perplexe, Klein prit une pièce et demanda par divination s’il serait attaqué dans les prochains jours.

La réponse fut non.

Après quelques secondes de réflexion, il tira les rideaux pour faire accroire qu’il faisait une sieste, puis il fit quatre pas dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et accéda au monde surplombant le brouillard gris.

Il s’assit, réfléchit longuement et murmura pour lui-même : Je serai en grand danger ces prochains jours.

Après avoir répété cette phrase, il fit à nouveau tourner la pièce et regarda l’objet cuivré retomber dans sa paume ouverte.

Cette fois, le portrait du roi était tourné vers le haut !

C’était donc une réponse affirmative !

Ma réaction de tout à l’heure était donc bien le présage d’un danger à venir… Klein plissa les yeux et se laissa aller contre le dossier de sa chaise.

Il était plutôt perplexe à ce sujet.

Jamais encore un Voyant ou un Clown n’avaient fait preuve de telles capacités jusqu’ici. S’ils pouvaient prédire un danger, c’était parce que la cible se trouvait juste devant ou à proximité !

Il n’y avait personne dans les environs… À en juger par les résultats trompeurs de ma divination, un Transcendant de Séquence relativement élevé devait être impliqué, très probablement l’assistant de Bakerland… Au final, est-ce à cela qu’est due ma prémonition ? Ce n’est pas scientifique… je veux dire occulte. Il doit y avoir quelque chose d’autre derrière tout ça mais pour le moment, j’ignore ce dont il s’agit…

Klein regarda autour de lui : le brouillard qui s’étendait à perte de vue, immobile, le palais… tout était comme cela avait toujours été.

Rejetant ses doutes, il cessa, pour un temps, de chercher la raison de tout cela et se concentra sur l’attaque qui était sur le point de se produire…

Après plusieurs séances de divination, force lui fut de constater que la seule chose dont il pouvait être certain, c’était qu’un danger se produirait dans les prochains jours. Il ne pouvait pas savoir si ce serait dans trois jours, deux jours ou même cinq heures.

En d’autres termes, cette révélation restait assez vague.

Durant un rêve divinatoire, il avait vu Ian vêtu de son vieux manteau, debout dans la rue au milieu des élégantes lampes à gaz, une lune floue derrière lui.

Mais rien d’autre.

Comment dois-je interpréter cela ? Klein réfléchit un instant et en déduisit que c’était là le prélude à un danger.

Sans plus attendre, il retourna dans le monde réel, quitta le Club Quelaag et se rendit à la succursale Hillston de la Banque de Backlund non loin de là pour retirer les cent Livres qui restaient sur son compte, la somme déposée par Justice n’étant pas encore disponible. Tant que les informations requises n’avaient pas été envoyées aux succursales, le compte n’était pas synchronisé et théoriquement parlant, il y avait une faille. Klein pouvait donc retirer 100 Livres dans une autre agence, profitant que les comptes n’étaient pas synchronisés.

Mais cela restait une théorie. Afin d’éviter ce type de problème, les banques étaient particulièrement réglementées concernant les comptes anonymes. D’abord améliorer la transmission d’informations similaires au sein d’une même ville, ensuite limiter le retrait à 500 Livres à la fois et enfin, si le dernier retrait n’avait pas été effectué localement, un télégramme était requis pour obtenir les informations. Or c’était précisément dans cette situation que Klein se trouvait ce jour-là.

Il rangea l’argent, prit une calèche pour se rendre dans le Quartier du Pont Backlund et se rendit au Bar des Cœurs Vaillants.

Guidé par Kaspars, il retrouva Maric assis dans la salle de jeu, seul, sans ses zombies.

Repoussant l’idée d’envelopper son sifflet de cuivre d’énergie spirituelle, il déposa une centaine de livres sur la table et a dit à l’homme toujours très pâle : 

– « J’accepte le marché. Voici une avance de 100 Livres. Je vous réglerai 300 Livres par jour de protection.

« Celle-ci commence immédiatement ! »

Le regard de Maric se posa quelque part derrière lui. Hochant la tête, il annonça :

– « Très bien, elle a accepté. »

Ah ? Klein, surpris, se retourna mais ne vit que le mur.

Il activa discrètement sa Vision Spirituelle mais ne décela rien.

Maric fourra les 100 Livres dans sa poche et dit d’un ton indifférent :

– « Vous pouvez rentrer maintenant. Elle commence la protection, mais cachée. »

Si je n’avais pas procédé à une divination à ce sujet, je vous prendrais certainement tous pour des arnaqueurs… Se dit Klein.

Il regarda autour de lui, fit mine de serrer les dents et partit.

En chemin, il activait et désactivait de temps en temps sa Vision Spirituelle, regardait constamment par les vitres de la voiture mais aucun signe de son fameux garde du corps.

De retour au 15, rue Minsk, Klein ferma la porte, se rendit à la salle de bains, ouvrit le robinet et se lava les mains.

Le bruit de l’eau qui éclabousse disparut. Il secoua ses mains et les essuya dans une serviette, puis il leva la tête pour voir, dans le miroir, de quoi il avait l’air.

C’est alors qu’il vit son reflet disparaître progressivement avant de prendre l’apparence d’une femme vêtue d’une robe de cour noire.

Celle-ci avait des cheveux couleur d’or clair et des yeux bleus. Elle avait le visage délicat mais incroyablement pâle et portait un petit bonnet noir.

Relevant les pans de sa jupe, elle s’inclina devant Klein.

Sans cacher sa surprise, celui-ci recula de quelques pas et s’adossa contre le mur.

Alors seulement il réalisa qu’il s’agissait peut-être du garde du corps qu’il avait engagé pour 1000 Livres.

Très vite, l’image dans le miroir s’estompa et le reflet de Klein réapparut. Tout était revenu à la normale.

🏆 Top tipeurs
  • 🥇1. Meifumado
  • 🥈2. matsu 1
🎗 Tipeurs récents
  • matsu 1
  • Meifumado


Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 32 – Confirmation Menu Chapitre 34 – Toute l’histoire