Bien sûr, le spécialiste auquel Song Shuhang pensait était Zhou Li, le Crochet Couvrant le Ciel, subordonné du Véritable Monarque Mont Jaune et véritable habitué en gestion de ce genre de problèmes. Il devait justement venir à Wenzhou pour s’occuper de l’accident de voiture de Doudou de la veille. Tant qu’il y était, il pouvait bien en profiter pour prendre en charge ce tracteur…
Shuhang se pencha au-dessus du vide, là où l’engin avait broyé la glissière.
En bas, son père, le Vieux Lu et son fils avaient décalé sa valise et le réservoir de carburant sur le côté. Tous trois étaient assis, alignés, plongés en pleine discussion. Mais à quel sujet ?
Le tracteur derrière eux n’avait rien grâce à la Formation de Renforcement du Vénérable Blanc.
– « Tu comptes descendre sans corde ? » Zhao Yaya regarda la première terrasse, cinq mètres en-dessous. Sauter était déjà difficile, et même s’il y parvenait sans se rompre le cou, comment comptait-il faire remonter les autres ?
Ces derniers le virent à ce moment-là.
Son père cria : « Shuhang, tu es déjà là ? Vite, jette la corde ! »
– « Je n’en ai pas. Quand Yaya m’a appelé, j’étais déjà en route. »
– « … » Monsieur Song en fut sans voix.
… Alors, qu’est-ce qu’il fout là ? Il est venu regarder les mains dans les poches son pauvre père coincé à flanc de montagne après avoir renversé un tracteur ?
– « Ça va, je vais descendre et vous remonter, » sourit-il. Puis il observa le mur quasiment vertical.
– « Ne fais rien de stupide ! »
Trop tard. Son fils avait sauté dans le vide.
En l’air, il se retourna et profita de pierres saillantes pour ralentir jusqu’à atterrir en souplesse au premier palier.
Son père se frappa le visage de la paume. Un mur de cinq mètres de haut. Qu’allait-il faire une fois à leurs côtés ? Espérait-il les porter un par un sur son dos ?
Son cher fils devenait-il de plus en plus stupide ! Les études, de la merde ? Il avait de plus en plus mal aux tripes !
❄️❄️❄️
À ce moment-là, la voix de Maisui résonna dans le casque de Zhao Yaya. « Ton cousin a sauté ?! »
– « Oui. »
Gardant les yeux baissés, elle le vit sauter une deuxième fois et arriver en douceur à la deuxième terrasse.
Shuhang a-t-il toujours été aussi agile ? se demanda-t-elle confusément.
Le bruit d’une portière monta dans son dos.
Maisui et Alice quittèrent leurs véhicules et vinrent la rejoindre.
– « Yaya, ton cousin est vraiment mignon, » déclara la seconde en s’appuyant contre la rambarde. En le regardant, si agile, elle sourit.
– « Il te plaît ? »
– « Tant que c’est beau, ça me plaît. Je fais partie des personnes qui ne se soucient que de l’apparence. » Elle plissa les yeux. « Dommage, il est trop jeune pour moi. Je ne sors pas avec les gamins. »
– « Moi aussi il me plaît ! » cria leur amie. « Mais dommage, c’est un homme. Si c’était une fille, je serais sortie avec elle. »
– « Mais qu’est-ce que je vais faire de vous deux… » Zhao Yaya secoua la tête, la petite Maisui se mettant à rire.
❄️❄️❄️
Pendant qu’elles discutaient, Song Shuhang descendit jusqu’au tracteur.
Son père et les deux autres le regardèrent, incapables de dire s’il devaient en rire ou se mettre à pleurer.
– « Quand tu seras prêt, je te porterai jusqu’en haut. »
– « Tu veux nous ramener jusqu’à la route ? » lui répondit Lu Tianyou, perplexe.
– « Oui, viens Tianyou. Tu passes en premier. Fais juste attention à ne pas trop remuer. »
– « Ok… »
Puis Shuhang tendit la main et l’agrippa. Lu Tianyou n’eut même pas eu le temps de réagir, il fut soulevé et atterrit sur l’épaule de son interlocuteur.
– « Comment tu vas faire ? » Le sac de patates était mal à l’aise. Il avait une carrure d’ours, et pourtant le jeune étudiant l’avait porté sans difficulté.
Comment peut-il être si fort ? C’est un genre de super héros ?
Et qu’est-ce qu’il compte faire ? Me porter sur son épaule jusqu’à la route ?
Merde, il veut vraiment faire ça !
L’instant d’après, il le sentit sauter avec souplesse tout en le portant sur son épaule. Oui, avec souplesse !
Il n’avait jamais vu quelqu’un bondir ainsi en portant un homme de 1m90 en travers d’une épaule. Il n’était pas comme Shaquille O’Neal, capable de réaliser un dunk alors que plusieurs personnes l’agrippaient.
Et pourtant, Song Shuhang le portait, gravissant rapidement le versant de la montagne.
Lu Tianyou se sentait seulement monter de plus en plus haut.
En un rien de temps, ils revinrent à la route. Son sauveur le posa sur le sol.
– « On… On est… » Perdu, il ne pouvait que bégayer, incapable de former une phrase cohérente.
Il n’était pas le seul à être surpris. Zhao Yaya et ses deux amies avaient la bouche grande ouverte, ayant eu un meilleur point de vue. Elles avaient pu voir l’exploit très distinctement : Song Shuhang avait porté le grand gaillard sur une épaule, et puis… Ils étaient déjà à côté d’elles.
Comme dans les films d’arts martiaux où de puissants maîtres couraient sur les murs tout en portant quelqu’un sur leur dos !
– « Shuhang, tu… fais partie du club d’escalade ou quelque chose du genre ? » demanda Lu Tianyou, stupéfait.
– « Le club d’escalade ? Non. Attends juste un instant, je descends chercher ton père et le mien. » Il éclata de rire avant de sauter une nouvelle fois !
Alice cligna des yeux plusieurs fois. « Yaya. Donne-moi son numéro de téléphone ! »
– « … »
❄️❄️❄️
Lorsque Shuhang s’était élancé, le Vieux Lu et le Vieux Song s’étaient accroupis près du siège du conducteur du tracteur, essayant de rassembler les documents éparpillés, détendus à l’idée qu’il pouvait réellement les remonter. Ils ne voulaient rien perdre d’important.
Ce fut alors qu’ils parcoururent cette pile de documents.
Le Vieux Lu, toujours souffrant, se tenait le flanc. Son ami de toujours lui passait les documents, le laissant les ranger dans l’ordre.
– « Ce sont des résultats de contrôle technique. Mais comment se fait-il qu’il y en ait autant ? » s’interrogea le premier.
Étrange ! Beaucoup de véhicules étaient mentionnés. Des voitures de sport, dont une Ferrari, une Maserati et une Porsche. Il y avait aussi une BMW, une Mercedes-Benz, une Audi et même une Volkswagen et une Buick. Et bien sûr, celui du tracteur ! Plus d’une trentaine de véhicules en tout !
Mais ce n’était pas le pire. Le propriétaire de ces toutes ces voitures était un certain “Song Shuhang”.
– « Vieux Song, vous envisagez d’ouvrir une entreprise automobile ? »
Il secoua la tête en réponse.
– « Mais alors, c’est quoi tous ces trucs ? » Le Vieux Lu revint à ces papiers. Ils semblaient officiels. Même les plaques d’immatriculation étaient mentionnés.
Les deux se regardèrent dans les yeux, inquiets.
– « Ce sont des faux? » murmura le Vieux Song.
Une réaction normale. Comment aurait-il pu croire le contraire ? Il y avait plus d’une trentaine de voitures ! Et certaines d’entre elles étaient des voitures de luxe valant des dizaines de millions de RMB !
Même si son fils avait été super chanceux et avait gagné au loto, jamais il n’aurait pu se payer tout cela !
Et si quelqu’un avait suggéré que Song Shuhang avait peut-être ouvert une entreprise, il les aurait giflés. De quelle entreprise aurait-il bien pu s’agir ? Une entreprise d’impression de billets de banque ?
– « Oui, peut-être bien, » répondit le Vieux Lu. Il n’osait pas être catégorique. Après tout, un tracteur pouvant atteindre 150 km/h était couché à l’envers à côté de lui !
Peut-être que le fils du Vieux Song avait vraiment quelques tours dans son sac…
❄️❄️❄️
– « Papa, Oncle Lu, qu’est-ce que vous faites ? Je vais vous remonter ! » Arrivant à côté d’eux, Song Shuhang vit les documents qu’ils tenaient dans leurs mains.
… Oups. J’ai oublié de récupérer les papiers.
Il se frotta les tempes. Comment expliquer la situation à son père ?
Option 1 : « Papa, ces voitures sont à mon ami. Mais il n’avait pas sa carte d’identité avec lui. Alors elles ont été mises à mon nom ! »
C’était presque la vérité… Presque. Mais qui y aurait cru ?
Option 2 : « Papa, ton fils chéri est soudainement devenu riche. Alors j’ai décidé d’acheter une voiture de luxe. Mais une seule ne me convenait pas, alors j’ai décidé d’acheter un lot entier ! Comme ça, je peux en conduire une différente tous les jours ! »
C’était un mensonge… Et jamais son père n’y aurait cru !
Et même dans le cas contraire… Il se serait pris une bonne raclée. Être devenu riche et tout dépenser en voitures ? Il serait passé pour un fou.
Alors qu’il hésitait sur la voie à suivre, Monsieur Song ouvrit la bouche et lui souffla le plus sérieusement du monde : « Shuhang ! Écoute-moi ! C’est illégal de circuler avec de faux papiers ! Tu pourrais même finir en prison ! »
– « … » Des faux papiers… ? En voilà une bonne excuse ! Ses yeux s’illuminèrent. « Ahaha ! Papa, ce ne sont pas de faux papiers. Ce sont des accessoires pour un film ! Comme les cours n’étaient pas très difficiles à comprendre ce semestre, j’ai décidé de rejoindre un club lié au cinéma. Nous avons prévu d’écrire une histoire et de tourner un petit film comme une de ces comédies qu’on voit en ligne. Je joue le rôle d’un nouveau riche. Voilà pourquoi j’ai ces documents ! »
– « Pour un film ? C’est donc ça ! » Les deux hommes eurent l’air soulagés.
Même si cela semblait un peu tiré par les cheveux, tout s’expliquait.
– « Ahahaha ! Shuhang, une fois que vous aurez fini de tourner, tu dois absolument me montrer ça ! » s’esclaffa son père en lui frappant l’omoplate.
– « Évidemment… »
– « Par contre, même si vous voulez faire quelque chose de réaliste, fais attention avec des papiers aussi bien faits. Un malentendu serait dommage, surtout s’il t’amène à te retrouver en difficulté. »
– « Je comprends. J’en parlerai aux autres. »
Papa Song hocha la tête, satisfait. Puis, comme s’il se souvenait brusquement de quelque chose, il reprit rapidement : « Bien. Shuhang, tu pense que vous aurez fini avant la fin de l’année ? Si oui, je pense qu’il sera intéressant réunir tout le monde pour le voir au nouvel an ! »
Sa compulsion à se mettre en avant se manifestait à nouveau !
– « Hein ? » Il en fut bouche bée.
Si… il sera fini avant la fin de l’année ?
Putain, je mentais ! Je ne fais même pas partie d’un club, comment pourrais-je même tourner un film pour commencer ?!