Néo-Life
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Chapitre 26 – Promotions et Familiers
Chapitre 25 – Retour de quête Menu Chapitre 27 – Dieux et joyaux

Marlon franchit la porte de la guilde des chasseurs en demandant à Luna de rester auprès de lui, cette fois-ci. Plus de traineau encombrant à protéger, et avec la foule qui commençait à circuler dehors, il préférait éviter tout malentendu quant à la présence d’un tigre stationnant devant un édifice du quartier des guildes.

Elle se mit à ronronner, contente de pouvoir suivre son maître sans devoir faire le garde à l’extérieur, et le suivit promptement alors qu’il s’engouffrait dans le hall.

Il vit de nouveau toutes les têtes animales empaillées qui étaient accrochées sur les murs, apercevant même une tête de loup sylvestre, ces satanés bestioles qu’il avait chassé pendant de longues semaines et qui avaient bien failli le tuer lors de sa première nuit dans la forêt de Cronande.

La tête était tellement bien conservée que l’on aurait dit qu’elle était encore vivante, prête à lui sauter dessus et à refermer sa gueule sur sa gorge. Ignorant l’impression de malaise qu’il ressentit, il se dirigea vers le comptoir et fut étonné de voir le même homme qui l’avait accueilli la première fois.

La balafre qui lui donnait un air barbare courrait toujours sur son visage, de droite à gauche, ses yeux observant avec intensité l’aventurier qui s’approchait avec confiance vers lui. Il jeta un coup d’œil furtif à Luna et sembla se détendre légèrement alors que Marlon tendait son bras par-dessus le comptoir en s’adressant à lui.

« Bonjour, je voudrais vérifier si je peux augmenter mon grade de chasseur… »

Le jeune homme ne s’épancha pas en explications, gardant un souvenir de son interlocuteur très taciturne. Ce dernier posa un doigt sur le tatouage de Marlon et ses yeux se firent vitreux pendant quelques secondes avant de revenir à la normale. Un petit sifflement d’admiration sortit de sa bouche et ses traits se firent plus légers.

« Sacrée chasse que tu as fait là, garçon. Autant de créatures en si peu de temps, et chassées d’autant de manières différentes…ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu cela ici, pour quelqu’un de ton niveau, s’entends ! Je te tire mon chapeau. Tu as largement dépassé les prérequis pour accéder au stade de Chasseur Apprenti. Promotion acceptée ! »

Son regard se fit vague de nouveau et Marlon sentit une légère douleur, similaire à une poignée d’aiguilles que l’on aurait enfoncé sous sa peau à l’emplacement du tatouage, avant que le chiffre Un ne change et ne se transforme en un mouvement de vague en chiffre supérieur, un Deux magnifique et stylisé. La douleur s’estompa en même temps que le changement s’acheva, et l’homme balafré retira son doigt de la marque du chasseur.

« Sacré bestiau qui te suit, dis-moi. A tout hasard tu ne le vendrais pas ? Sans offense, hein, je demande au cas où. »

Marlon secoua la tête et expliqua au maître de chasse que Luna n’était pas à vendre, ignorant la lueur de déception qui emplit son regard pendant un court moment.

« J’aurais essayé ! Tu sais où est la boutique si jamais tu en as besoin, et bon courage pour le prochain grade. Ça te demandera beaucoup plus de travail que de passer Apprenti, mais vu la diversité que tu as utilisé lors de ta chasse, ça ne devrait pas représenter une difficulté énorme pour toi. Bon courage et Bonne Chasse. »

En disant cela, il avait porté sa main à la poitrine en fermant le poing, et Marlon l’imita en le remerciant, se dirigeant tout de suite après vers le comptoir de vente.

La femme qui s’y tenait se redressa lorsqu’il arriva à sa hauteur, le saluant avec le même geste que le balafré. Il l’imita, hochant la tête à son intention et lui demanda s’il pouvait jeter un œil au catalogue d’articles disponibles pour quelqu’un de son rang.

La femme, portant de nombreuses cicatrices sur les bras, acquiesça et lui tendit l’ouvrage épais qu’il feuilleta pendant de longues minutes avant de finalement faire son choix.

Il décida finalement d’acheter une nouvelle tente, plus grande et confortable que la précédente qui avait été abimée depuis qu’il l’avait utilisé comme protection sur son traineau improvisé. Il décida ensuite d’acheter un nouveau sac à dos, bien plus efficace et pratique que celui qu’il avait actuellement. Qui plus est, celui qu’il possédait commençait à être troué de toutes parts, certaines poches étant complètement inutilisables à cause du tissu déchiré et des nombreux accrocs faits par des branches ou des roches lors de ses pérégrinations multiples et variées.

Sa nouvelle acquisition était plus grande, et comprenait bien plus de poches latérales que son ancien sac, multipliant presque par deux la capacité de port du jeune homme, ce qui se révélait très important lorsqu’il se trouvait en pleine chasse, ne serait-ce que pour stocker des sorts prêts à l’emploi ou des ressources récupérées sur les créatures qu’il abattait.

Il compléta ses achats à la guilde des chasseurs par un couteau de chasse qui s’apparentait plus à un coutelas qu’à un couteau de cuisine, la lame étant longue de presque un mètre et la poignée en bois procurant une prise en main solide pour quiconque s’en servait.

Puis il se procura deux ouvrages qu’il jugea essentiels pour la suite de sa progression. L’un était un bestiaire complet sur les différentes créatures et monstres présents sur ce continent ainsi que leurs différentes habitudes et biomes préférés. Il semblait très fourni, vu l’épaisseur du livre, et Marlon ne regretta pas son prix qui en aurait fait reculer plus d’un.

Le deuxième ouvrage était spécialisé sur les différents de types de pièges que l’on pouvait construire et les avantages que l’on pouvait en tirer suivant le type de monstre où bien la localisation de la zone de chasse.

Il avait en effet compris que même si son savoir concernant la chasse était augmenté exponentiellement par le tatouage qui créait une sorte de connexion magique avec les connaissances regroupées de tous les chasseurs, c’était loin de tout lui apporter.

On lui donnait accès au savoir général, aux banalités en fait, que tous étaient censés connaître à un certain niveau. Mais la maitrise demandait bien plus de travail et de données, choses fournies par l’expérience et les divers ouvrages proposés à la vente.

Peut-être même que son expérience de chasse à Cronande aurait des parties qui se verraient insuffler dans cette piscine commune de savoir, qui sait ?

Une fois tout cela en sa possession, Marlon sortit de l’édifice, non sans saluer la femme qui s’était montrée presque aguichante avec lui une fois qu’il avait dépensé une coquette somme dans la boutique. Mais elle n’était pas du tout à son goût, aussi était-il resté aimable sans donner suite à ses avances.

Sa destination suivante fut la guilde des cuisiniers. Il fut enchanté par l’odeur de nourriture qui parvint à ses narines aussitôt qu’il pénétra dans le Hall principal, résistant aux divers stands de nourriture disposés contre les murs de la structure pour se concentrer sur son objectif immédiat.

Après avoir montré son tatouage à la cheffe qui se tenait derrière le comptoir avec un air enjoué et lui proposant comme à sa première visite un sandwich à l’air appétissant, il ne fut pas surpris d’apprendre qu’il n’avait pas accumulé assez d’expérience pour pouvoir passer au stade de profession suivant.

Il avait bien fait des grillades de steak de loups, et quelques soupes de plantes et champignons, mais son expérimentation culinaire s’arrêtait là, et bien qu’il ne fût qu’au stade de Débutant, il se doutait qu’il fallait plus de contenu à ses tentatives pour évoluer. Aussi, après avoir accepté gracieusement le sandwich de la matrone en tenue de cuisinière, il se dirigea vers la boutique, se régalant à chaque bouchée du mets qu’elle lui avait offert.

Ding

Vous avez consommé Sandwich de la Matrone (version viande)

+ 4 de force pendant 6 heures

+ 2 d’endurance pendant 6 heures

Il avala la dernière bouchée tout en regardant le catalogue de la guilde, sachant à peu près ce qu’il lui fallait pour réussir à augmenter de niveau.

Marlon acheta une poêle qui lui permettrait de varier ses cuissons, ainsi qu’une petite marmite spéciale pour faire des cuissons vapeurs, chose qu’il n’avait pas encore expérimenté. A ces achats vint s’ajouter un ouvrage sur l’art et la manière de cuisiner en pleine nature avec les ingrédients uniquement fournis par la nature.

Parfait pour ce qu’il voulait ne voulant pas s’embêter à se trimballer toute une cantine d’ingrédients lors de ses diverses missions ou voyages à travers les terres.

Il laissa tenter uniquement par quelques sachets d’assaisonnement qu’il fourra dans une poche de son nouveau sac et qui lui permettrait de donner du goût à ses créations culinaires, avant de se diriger vers la sortie.

Une personne habillée en cuisinier lui demanda tout de même avant qu’il n’atteigne la porte s’il vendait Luna, à des fins culinaires. Il vit sa chimère rentrer la queue entre ses pattes et jeter un coup d’œil inquiet vers son maître, ce qui le fit presque rire. Il refusa bien entendu et se dirigea sans attendre vers sa prochaine étape.

« Je pense que tu vas pouvoir éviter la guilde des pêcheurs, non ? »

Le jeune homme acquiesça, conscient que cela serait une perte de temps. Il avait le matériel de base nécessaire à la pêche, et il n’avait pas du tout pratiqué cette profession dans la forêt de Cronande. Qui plus est, la foule compacte et les chariots passant en nombre dans la rue principale l’oppressait, après un temps si long passé en totale solitude, si ce n’était la voix de Loki, la présence de Luna, et la folie croissante qui l’occupait.

Il se dépêcha donc et franchit la porte de la guilde des alchimistes quelques minutes plus tard. Il ne put évoluer son grade de profession, sa pratique étant encore une fois insuffisante, même si la femme au tailleur impeccable et à l’attitude scolaire l’encouragea en lui disant qu’il n’était pas si loin que ça du stade suivant, ses expérimentations lacunaires ayant tout de même aidé à quelque chose.

Il acheta du matériel qui lui permettrait d’avancer, conscient que cette profession était extrêmement importante pour son futur, et lui faciliterait la vie sur de nombreux points.

Tout d’abord un alambic de voyage, essentiel pour distiller des potions et des essences de plantes. Très pratique, il pouvait se plier et devenir une mallette en métal très compacte qui pouvait se ranger dans son sac à dos sans aucune difficulté. Et un des avantages était son poids plus que négligeable.

Il prit également un mortier et un pilon, fabriqués dans un alliage métallique qu’il ne connaissait pas, ressemblant énormément à du granit mais dont le poids s’apparentait à celui de l’aluminium. La texture des mortiers d’origine sans l’inconvénient évident du poids que cela pouvait représenter.

Il rajouta à cela quelques fioles, plusieurs de celles qu’il possédait ayant cassé lors de ses combats contre les créatures de Cronande, ainsi que deux ouvrages, augmentant encore sa collection de livres et alourdissant un peu plus son paquetage.

Le premier était sur les potions et poisons de bases, leurs ingrédients et les diverses manières de les préparer, ce qui allait se révéler très utile à Marlon et permettrait peut-être de faciliter ses prochaines chasses.

Le deuxième était plus général, et parlait des théories combinatoires des plantes et autres ingrédients alchimiques. Comment la potence des plantes pouvait être magnifiée, quels étaient les mécanismes qui régulaient l’alchimie dans son ensemble, ainsi que toutes les possibilités et contradictions théoriques qui existaient dans ce domaine.

Un livre beaucoup moins digeste à lire, certes, mais quand Marlon avait demandé la meilleure méthode pour s’améliorer au vendeur de la boutique, il lui avait indiqué cet exemplaire, insistant sur le fait que la compréhension d’une théorie aussi vaste et complexe faciliterait toutes ses prochaines tentatives d’alchimie.

Il avait donc suivi ses conseils avant de s’éclipser de la guilde des alchimistes.

Il ne lui restait plus qu’un endroit à visiter pour améliorer ses compétences de métier, et il s’y rendit immédiatement.

Franchissant la porte fleurie, il ferma les yeux lorsque les fragrances douces et subtiles d’un mélange parfait de fleurs envahirent ses narines et relaxèrent son esprit qui commençait à subir le contrecoup de la foule extérieure et l’affaiblissement de son sort de Soin d’esprit. Sa perception n’avait pas subi de changement, il se savait donc encore à l’abri pour quelques heures avant qu’une crise ne pointe le bout de son nez.

Après s’être imprégné totalement du parfum enivrant de la guilde des herboristes, Marlon se dirigea vers le comptoir, et il fut enchanté de voir qu’Ivy était toujours là, aussi belle que la première fois qu’il l’avait aperçue.

Vêtue d’un chemisier vert au décolleté plongeant et d’une jupe s’arrêtant au-dessus du genou, sa beauté d’ébène subjugua l’aventurier et le fit trembler de désir alors qu’il la saluait chaleureusement.

« Bonjour, jeune homme ! J’ai bien cru que tu ne reviendrais jamais me voir ! »

Son sourire était captivant, ensorcelant même, et son regard de braise semblait promettre monts et merveilles à qui s’y perdait.

« J’ai eu pas mal de contretemps, mais ne vous inquiétez pas, je ne pouvais rester sans vous revoir très longtemps, haha. »

Il tendit son bras à Ivy et elle l’attrapa doucement, faisant glisser son index sensuellement le long de son tatouage d’herboriste, le regard fixé dans les yeux de Marlon, qui ne put s’empêcher de détourner le sien au bout de quelques secondes.

« Ahem, je…je voudrais savoir si je peux augmenter mon grade d’herboriste. »

La femme plantureuse eut le regard qui se fit vague, tout comme le balafré de la guilde des chasseurs et ceux qui avaient suivi derrière, un sourcil se levant d’étonnement lorsqu’elle revint à elle.

« Tu n’as pas chômé ! Être capable de récupérer autant de plantes en si peu de temps, c’est admirable ! Tu peux progresser au stade suivant sans aucun souci, mais je dois te prévenir que le suivant sera moins facile à atteindre et qu’il te demandera encore plus d’efforts ! »

En finissant sa phrase, la même douleur éphémère envahit le tatouage de Marlon et le chiffre fut remplacé de la même manière que son marquage de chasseur, la souffrance disparaissant alors que Ivy retirait son doigt en caressant la peau du jeune homme.

Avant de se diriger vers la boutique de la guilde, il ne put s’empêcher de la regarder à nouveau dans les yeux et elle en profita pour lui demander :

« Aimerais-tu …dîner avec moi ? Je sais que c’est présomptueux de te demander cela, mais je préfère tenter ma chance que de vivre avec un regret. »

Surpris, Marlon ne sut quoi répondre. Il n’avait clairement pas l’esprit à ces jeux de séduction, il ne sentait que très vaguement intéressé. Mais il ne voulait pas blesser cette femme qui avait été sympathique avec lui depuis le début et qui semblait bien s’amuser avec ce petit jeu, aussi hocha-t-il la tête en confirmant son assentiment à voix haute.

« Disons dans trois jours, à l’Orchid ? C’est un établissement très connu près des bains publics. N’hésite pas à demander aux gardes le chemin si jamais tu t’égares. Vingt heures…et ne sois pas en retard, je déteste ça ! »

Marlon hocha la tête en souriant, et après l’avoir saluée il se dirigea vers la boutique de guilde.

Il trouva des pochettes de conservation spéciales pour les plantes fragiles et en prit une dizaine, conscient que cela pourrait lui être utile pour des herbacées particulières et rares, se vendant très cher ou bien permettant de créer des élixirs très prisés par les marchands. Il acheta encore un livre sur les différentes plantes du continent, plus complet et comprenant bien plus de détails que celui qu’il possédait déjà.

Il finit par franchir le seuil du hall de guilde, non sans jeter un dernier coup d’œil à Ivy qui ne semblait pas l’avoir quitté du regard. La saluant de la tête, il se retrouva dans la chaleur de la rue, entouré par des centaines de gens déambulant sur l’avenue et les dizaines de chariots empruntant les venelles et déchargeant leurs marchandises à destination des boutiques ou inversement.

« Bon, que penses-tu que l’on devrait faire maintenant, Loki ? »

« Tellement de choses que je ne sais pas par où commencer. Bien joué pour cette splendide jeune femme d’ailleurs… »

L’IA s’accorda quelques secondes pour réfléchir et finir par donner une réponse à Marlon.

« Visite une boutique spécialisée dans les familiers. Je pense qu’avec le mage runiste, ce sont les deux choses les plus urgentes. Comprendre comment fonctionne la croissance de Luna, qui était encore un petit chaton il y a trois mois, serait très utile, et je t’avoue que plus d’informations sur mon statut en tant que familier m’intéresserait énormément également. Le savoir est une arme, et nous savons tous les deux que vu ta situation et ta…condition, on ne peut refuser aucun avantage. »

Marlon était d’accord avec ce raisonnement, aussi demanda-t-il son chemin pour une boutique spécialisée dans le domaine des familiers, et les trois quarts des gens vivant à Delia lui conseillèrent tous le même endroit : l’échoppe de Kelnos, un prodige quand il s’agissait des familiers, d’après leurs dires.

Il s’y rendit donc directement, l’échoppe étant située non loin du quartier des guildes. Naviguer dans la foule compacte mit son esprit à rude épreuve, et il dut s’arrêter dans une venelle au bout de quelques minutes pour réutiliser un sort de Soin de l’esprit, calmant sa psyché agitée alors que l’écorce d’Arbol se consumait.

Dix minutes plus tard il était devant la boutique de Kelnos, et le bâtiment était d’une blancheur impeccable, renvoyant la lumière du soleil comme un cristal poli. Deux gardes aussi costauds que les soldats gardant les entrées de la ville se tenait devant la porte d’accès et lorsque Marlon s’approcha, ils s’interposèrent en lui demandant la raison de sa visite.

« Je viens voir Kelnos, on m’a dit qu’il pourrait me renseigner sur les familiers et j’en ai grand besoin », expliqua le jeune homme en faisant un geste vers Luna qui feulait d’un ton grave devant l’attitude des deux molosses.

Ils regardèrent la chimère qui commençait à faire forte impression avec son physique et firent un signe de tête au jeune homme avant de s’écarter, ouvrant la porte à son intention et lui souhaitant une bonne visite.

Lorsqu’il pénétra dans la boutique, il fut surpris par la blancheur des murs, aussi immaculée que l’extérieur mais un peu plus décorés. Des joyaux de toute tailles étaient encadrés sur les parois de la pièce principale, de toutes les couleurs, et un bureau gigantesque trônait au milieu de la pièce.

Derrière ce bureau se tenait un homme grisonnant, un ventre proéminent visible depuis l’endroit où se tenait Marlon, des bijoux innombrables ornant ses deux mains, au point que l’on aurait pu le prendre pour une boite à bijoux vivante.

A ses côtés se trouvaient deux autres malabars vêtus de tuniques noires et d’un turban qui couvrait la majeure partie de leur visage, leurs muscles visibles à travers le tissu et une épée semblant aiguisée comme un rasoir pendue à leur ceinture.

L’homme leva la tête, une queue de cheval retenant sa longue chevelure en un ensemble propre et une barbe de la même couleur taillée au millimètre ornant son visage.

Avant que Marlon ne puisse dire quoi que ce soit, ses yeux s’écarquillèrent et se focalisèrent sur Luna. Sa bouche s’entrouvrit et il se précipita sur la chimère qui se figea d’étonnement devant ce comportement. Les deux gardes du corps se tendirent visiblement, aussi surpris que Luna par l’excitation soudaine de leur patron.

« Mes dieux ! C’est un familier de type chimérique, et issu d’un Mantis qui plus est ! Incroyable…Bonjour, jeune homme, enchanté…Un niveau acceptable mais je ne connais pas son âge… »

Il continua à marmonner sur l’état de Luna pendant plusieurs minutes encore, Marlon n’osant pas l’interrompre en voyant la joie qu’il ressentait à examiner sa chimère. Même l’un des gardes haussa les épaules à l’intention du jeune homme, comme pour s’excuser su comportement un tant soit peu illuminé du personnage.

Quand il se calma enfin, de la sueur perlait sur son front et ses yeux luisaient d’une joie palpable.

« Quel bonheur de voir une chimère ! Cela faisait un moment que je n’avais pas vu un aussi beau spécimen ! Que puis-je faire pour vous, mon ami ? Je me nomme Kelnos, Maître ès Familiers de la capitale, pour vous servir. »

Marlon serra la main tendue et hocha la tête pour saluer le vieil homme loufoque, mais pas autant qu’avait pu l’être Drevos.

« Enchanté, Maître Kelnos, je me nomme Revenge, et je viens vous voir car vous pouvez sûrement m’aider. Je ne connais rien aux familiers, mais j’ai besoin de renseignements sur leurs possibles évolutions, sur la manière dont elles grandissent, et tout ce qui leur est associé. »

Kelnos leva un œil interrogateur et prit sur son bureau une sorte de monocle télescopique qu’il posa sur son œil gauche, commençant à examiner Luna plus en profondeur.

« Avec plaisir, monsieur, avec plaisir ! Quand vous dîtes ‘leurs évolutions’, cela veut-il dire que vous possédez plus d’un familier ? »

« Et bien…oui, en effet. Mais comment-vous dire…le deuxième semble incrustée dans mon esprit, et je ne sais pas si cela est normal. »

L’homme balaya les paroles de Marlon d’une main, se recentrant sur le jeune homme avec son monocle.

« Rien de plus normal, c’est un familier de type Esprit, rare mais pas introuvable sur ces terres. Voyons voir, quelles sont ses qualités… »

Pendant quelques secondes, il observa Marlon attentivement en se mettant à marmonner.

« Oui, oui, je vois ça, un familier spirituel, très bas niveau…mmhhhh, étonnant. Quelles sont ses qualités ? Haha, Dieu et Transcendantal… »

Un sourire était fixé sur le visage de l’homme, mais la dernière phrase semblait bloquée dans son esprit, car il la répéta à de nombreuses reprises.

« Dieu, et transcendantal…haha, bien sûr, bien sûr… »

Il leva les yeux vers Marlon et s’apprêta à lui parler directement quand il eut l’air de se rendre compte de ce qu’il disait, stoppant sa répétition acharnée. Son teint pâlit, le sang semblant quitter le haut de son corps, et alors que sa bouche prit la forme d’un ‘O’, il tomba à la renverse, rattrapé de justesse par un des gardes.

Kelnos venait de tomber dans les pommes en découvrant Loki, Familier de niveau 1, Dieu et Transcendantal.

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