En quittant l’Arène, et après avoir remercié Jacob pour son apprentissage, Marlon se demanda quoi faire en attendant l’arrivée prochaine du tournoi. Son instinct lui criait d’aller chasser d’autres joueurs, mais il n’écouta pas cette voix qui bien que tentante, l’entrainerait dans des ennuis sans fin. La faire taire lui demanda bien plus d’effort qu’il ne l’aurait pensé, mais il y parvint tout de même, la repoussant au fin fond de son esprit et la muselant de son mieux.
Luna le suivait docilement et évitait sans peine les jambes des différents piétons croisant son chemin.
Il ne pouvait pas massacrer des gens sans raison dans une ville comme Delia. Il se ferait sans aucun doute arrêter et surement exécuter par la suite, les gardes étant presque omniprésents dans les rues. Et il lui fallait trouver un moyen d’identifier à coup sûr les joueurs.
« N’oublie pas que tu dois gagner de quoi vivre. La vie dans une grande ville coûte de l’argent, et bien que tu aies rencontré Jacob, il n’est pas le chef de village qu’était Selia. »
La vie était en effet bien plus facile dans les petits villages où quelques services rendus pouvaient suffire à vous procurer le gîte et le couvert. Mais il devait se débrouiller pour survivre, et gagner de quoi subsister. La vie était également plus chère dans une grande ville comme Delia, même si gagner de l’argent ne semblait pas aussi compliqué qu’à Akranio.
Sa priorité était donc de trouver du travail. Alors qu’il avait décidé de se diriger vers le Quartier Nord de Delia, la zone résidentielle, il prêta une attention particulière aux crieurs d’annonce afin de ne pas manquer un indice potentiel.
Il y avait bien des annonces postées sur des poteaux, semblables à celle qu’il avait trouvé en débarquant dans ce monde, mais c’était des missions de manutention, de ménage, de transport. Que des choses inadaptées et inintéressantes pour Marlon, auxquelles il ne recourrait que s’il n’avait pas d’autre choix.
Les rues étaient toujours autant bondées, et Marlon s’empêcha de dévisager les Nessos croisés dans la rue, plus intrigué que jamais par cette espèce particulière. Il croisa également d’autres convois particuliers tels que celui avec le taureau gigantesque vu quelques semaines auparavant.
Des bêtes-démons enchainées et portant des sceaux d’affaiblissement passaient devant lui, escortées par des contingents de soldats ou des Nessos reptiliens, ces derniers semblant être spécialisés dans l’escorte des bêtes géantes. Quasiment tous se dirigeaient en direction de l’Arène, et son cœur s’emballa à l’idée de se battre contre ces monstres gigantesques et surpuissants.
Des vendeurs à la criée remontaient les diverses allées de la ville en vantant leur différents produits miracles, et Marlon ne put s’empêcher d’avoir l’image d’un charlatan en tête quand il les vit tout sourire proposer des solutions aux divers problèmes d’amour, de pauvreté ou bien encore de santé.
« haha, tu es tellement pauvre qu’ils t’offriraient peut-être un de ces remèdes contre la pauvreté, non ? »
Loki se moquait gentiment mais le besoin d’argent était réel, et le jeune aventurier ne voulait pas dormir dans la rue, le ventre vide, ni se résoudre à voler en risquant sa liberté, voire sa tête.
Il regarda passer à côté de lui ce qui semblait être un magicien, flottant dans les airs avec ce qui semblait être une bulle de vent transparente invoquée par ses soins. C’était une première, et il se fit bousculer par d’autres passants alors qu’il s’était arrêté devant la vision improbable qu’il venait d’avoir.
Le mage semblait se diriger vers la Tour des Magiciens, et Marlon se dit qu’il devrait y aller au moins une fois, mais cela devrait attendre qu’il se soit refait une santé financièrement parlant.
Alors qu’il reprenait sa marche vers le Quartier Nord, une annonce attira son attention et il se rapprocha de l’estrade du crieur pour mieux entendre.
« L’aventurier Niclos cherche encore un guerrier de rang Argent dans au moins deux catégories de combat pour l’expédition vers les Monts d’Argent ! Dépêchez-vous, le convoi partira demain, et la mission durera à peu près deux mois ! La paie est de cinquante Amecareth d’argent au minimum, les butins seront dûment partagés entre les différents membres. La guilde des Aventuriers prend les inscriptions jusqu’à ce soir ! Dernier rappel ! »
Le message du crieur comprenait deux informations intéressantes.
Premièrement, Niklos, celui dont Loki avait peur, ne serait pas dans les parages pendant deux mois ! Presque jusqu’au tournoi ! C’était un délai relativement long qui laisserait le temps à Marlon de s’améliorer et surtout de ne pas se retourner à chaque fois qu’il entendrait son nom.
Deuxièmement, la guilde des Aventuriers. Il demanda à Loki si ce dernier savait quelque chose à ce sujet, mais l’IA n’en avait jamais entendu parler auparavant. Marlon décida donc d’aller y jeter un œil, et il arrêta un homme transportant ce qui semblait être un étal de potions ambulant.
Il pouvait clairement lire les étiquettes indiquant ‘potion de vie’ ou bien ‘potion de résistance au feu’ sur les diverses fioles de toutes les couleurs présentées sur le chariot.
L’homme semblait pressé, mais le ton respectueux de Marlon le convainquit de répondre à ce petit jeune qui semblait venir d’arriver à Delia et paraissait perdu.
« La guilde des Aventuriers ? Tout le monde connaît ça ici ! Tu continues vers le nord, quand tu passes la Tour des Magiciens, c’est quelques dizaines de mètres plus loin, avant le quartier résidentiel ! Tu ne peux pas le louper, c’est un bâtiment jaune comme le soleil ! Allez, je suis pressé, moi ! »
L’homme reprit sa course folle en criant à qui voulait bien l’entendre tous les bienfaits de ses potions. Elles semblaient prises bien plus au sérieux que les élixirs vendus par les autres charlatans, car diverses personnes l’arrêtèrent pour acheter ses marchandises avant qu’il ne disparaisse du champ de vision de Marlon.
Il continua en suivant la direction qu’il lui avait indiqué et il se pâma devant le gigantisme de la tour des Mages, visible depuis n’importe quel endroit de la ville. Telle une aiguille gigantesque sur laquelle serait posée une sphère reflétant chaque rayon de soleil qui l’atteignait, elle se dressait au centre de la cité et dominait tout. L’aiguille en elle-même était d’une couleur grise mais une aura multicolore semblait briller autour de sa structure, créant une illusion très semblable aux arcs-en-ciel qu’il avait pu voir sur Terre dans sa vie précédente.
Au bout de quarante-cinq longues minutes, et après avoir évité encore nombre de carioles roulant sans respect aucun pour les piétons, Marlon arriva devant l’entrée de ce bâtiment impressionnant. L’entrée était une porte dorée sur laquelle semblaient forgées de nombreuses runes. Le jeune Apprenti Runiste reconnut la structure des formes imprégnées dans la porte, mais ne put dire ce qu’elles voulaient dire. Il n’avait pas encore acquis la connaissance nécessaire pour déchiffrer ce qui semblait être un niveau avancé d’écriture runique.
Cette porte était également lourdement gardée. Un cordon de gardes en armure lourde semblait faire le tour complet de l’aiguille, et leurs armures brillaient d’une aura que Marlon ne put identifier, sûrement due à l’usage de la magie. Tous étaient armés d’une hallebarde dépassant les deux mètres de longueur et portaient également au côté une épée longue semblable en taille à celle que l’épéiste possédait.
Il reviendrait prochainement ici, dorénavant persuadé qu’il trouverait des informations utiles sur sa classe. Il se rappelait aussi le crieur à l’entrée de Delia parlant d’un maître Runiste. Mais sa priorité restait l’argent.
Il continua ainsi sa route et comprit pourquoi le marchand qui l’avait aidé semblait penser que personne ne pouvait louper la guilde des Aventuriers.
L’on aurait dit qu’un lutin farceur était passé devant ce bâtiment énorme en forme de U et l’avait peint avec une peinture jaune quasi fluorescente tellement elle agressait les yeux du passant non averti. Les nombreuses fenêtres de la bâtisse semblaient toutes pourvues de barreaux de fer, sûrement pour empêcher les intrusions, et elles étaient d’une couleur légèrement plus foncée.
Le toit, lui, était fait de tuiles ocres jurant avec le reste de l’édifice mais rehaussant quelque peu l’esthétique de l’immeuble gâchée par cette peinture jaune. Mais tous les gouts étaient dans la nature après tout.
« Là-dessus, je te rejoins, gamin. C’est moche ! Même sur Terre peu de gens ont osés construire ce genre d’horreur. »
Il arrêta de perdre son temps sur le visuel dérangeant de l’édifice et se dirigea vers l’entrée, qui se trouvait au centre de la structure en U et était précédée par des escaliers en roche, eux aussi peints en jaune.
Pas de gardes ici, mais un afflux assez important de gens de tous profils. Il y avait des guerriers portant d’imposantes armures, d’autres personnes ressemblant à des mages, portant des robes colorées et perdus dans leurs pensées. Certaines de ces personnes portaient des vêtements sombres, capuche rabattue sur leur visage, et Marlon ne put s’empêcher de penser à des voleurs, une classe des plus habituelles dans ses anciens jeux de fantaisie RPG.
Une fois dans le bâtiment, il fut étonné par le côté bien plus studieux et fonctionnel, jurant avec l’extérieur. De nombreux comptoirs étaient présents et recevaient les divers visiteurs un par un, tous semblant tenus par de jeunes femmes à l’allure similaire.
Toutes portaient un tailleur gris et noir, une coupe de cheveux mi-longue et même leurs traits avaient de grosses ressemblances. L’on aurait presque dit des sœurs.
« -Ma main à couper que la magie est encore à l’œuvre ! »
Il prit un numéro, distribué par une des employées de la guilde, et il n’attendit que quelques secondes avant qu’une autre n’appelle son numéro.
Certains possédaient ce qui ressemblait à des cartes plastifiées et n’attendaient pas comme lui, passant directement devant les gens qui attendaient, prioritaires.
Cela lui rappelait bien trop certaines agences de la Terre pour qu’il se sente à l’aise, mais il fit tout de même un effort et s’avança vers la femme qui l’attendait, un charmant sourire à son intention. Une différence majeure avec son ancien monde, déjà.
« Bonjour, que peut faire la Guilde pour vous aujourd’hui ? »
« Je…je viens d’arriver en ville, et je voudrais trouver une quête pour gagner un peu d’argent. »
« Avez-vous déjà passé votre identification ? »
Marlon secoua la tête en signe de dénégation et l’hôtesse sortit alors une sorte de boule noire opaque de la taille d’une tête humaine. On pouvait voir une brillance multicolore au centre de cette sphère.
« Veuillez poser vos deux mains sur le cristal d’identification, s’il vous plaît. Ne vous inquiétez pas, vos informations sont automatiquement classifiées et seule la Guilde y a accès », ajouta-t-elle en voyant le jeune homme hésiter.
« C’est toi qui vois. Mais j’ai l’impression que tu vas devoir en passer par là si tu veux accéder aux quêtes. »
Le Runiste posa alors les deux mains et attendit quelques secondes. Les yeux de son interlocutrice se firent vagues et elle eut une exclamation de surprise au bout d’une dizaine de secondes.
« Il va falloir que vous me suiviez, monsieur. Je n’ai pas les qualifications pour traiter vos compétences. »
Elle sortait déjà de son comptoir et marchait d’un pas rapide en direction d’un escalier se trouvant dans le fond du hall où se trouvaient tous les comptoirs d’accueil. Voyant qu’il n’était pas le seul aventurier à monter à l’étage supérieur, il ne s’inquiéta pas outre-mesure.
Une fois arrivés à l’étage supérieur, elle le mena dans un corridor très large où plusieurs portes fermées se succédaient. Ils continuèrent jusqu’au fond de ce corridor et elle se plaça sur le côté, l’invitant à franchir une porte dorée où aucun signe distinctif n’était visible.
Il ouvrit la porte et fut étonné de se retrouver encore face à un énième sosie féminin. Celle-ci semblait cependant légèrement différente. Son regard était plus acerbe, plus sévère, et elle fumait ce qui semblait être l’équivalent de la cigarette dans ce monde.
« Assieds-toi, garçon. »
Marlon fit comme demandé, mais ne put s’empêcher de demander :
« Comment est-ce que vous faites pour toutes vous ressembler à ce point ? »
Les yeux de son interlocutrice s’écarquillèrent légèrement et elle lui sourit. Mais d’un sourire de prédateur, qui fit passer un frisson le long de la colonne de Marlon.
« Intelligent, hein ? On ne se ressemble pas, on est la même personne. Du moins, elles sont une copie de moi et me transmettent en temps réel les informations. Je suis quelqu’un d’assez unique, vois-tu, un peu comme toi ! On appelle ma classe la Multipliante. Je peux générer autant de corps que je le souhaite, ils sont moi et nous communiquons tous ensemble sans interruption. Bien que ça ait des avantages, il y a un prix à payer ! Tout n’est pas parfait dans ce monde ! Mais toi par contre… »
Elle s’était levée et tournait autour du jeune homme comme un loup tournait autour d’une proie avant de se jeter dessus.
« Les Runistes sont extrêmement rares, même ici à Delia. Nous n’en avons qu’un, et il voyage à travers le continent pour agrandir son savoir. Il est ici pendant quelques mois, mais il repartira bientôt. Ta classe fait partie de celle qui ont le plus grand potentiel…surtout cette variante que je n’ai jamais aperçu de ma vie, et je commence à en avoir vu pas mal, crois-moi… »
Elle tira une bouffée sur sa cigarette et cracha sa fumée en direction de Marlon qui toussa sous l’agression odorante.
« Un Incarnateur, une Nécromancienne et maintenant un Runiste…nous vivons des temps intéressants, ça c’est sûr ! Tu as bien fait de passer par ici, garçon. Tes informations seront gardées secrètes, et nous te fournirons des quêtes adaptées à ton niveau en échange d’argent sonnant et trébuchant. Je te déconseille fortement de parler de ta classe à qui que ce soit d’autre, par contre. Tiens, prends cette carte de guilde, elle te permettra de trouver du travail dans n’importe quelle ville qui possède un de nos comptoirs. »
La femme lui tendit une carte de la taille d’une carte à jouer, entièrement dorée, et sur laquelle des inscriptions runiques étaient marquées. Marlon la prit dans sa main et ressentit une légère décharge alors qu’une ombre rouge traversait la carte.
« Elle est maintenant liée à toi. Personne ne pourra te la voler, ou se faire passer pour toi. Garde-la précieusement, et s’il arrive quoi que ce soit, rends-toi dans une de nos succursales pour la faire remplacer. Nous sommes présents dans chaque grande ville de Gaïa, sur presque tous les continents. Mais cela prendra du temps, alors fais-y attention. »
« Pourquoi m’avez-vous fait venir si c’est uniquement pour ça ? » demanda alors Marlon, méfiant.
« Haha, cette carte n’est pas donnée à tous nos membres, seulement aux classes les plus…exotiques. Les autres possèdent quelque chose de plus classique. Et j’adore rencontrer moi-même de futurs prodiges et leur donner un léger coup de pouce. Disons qu’à l’avenir, c’est moi qui pourrais avoir besoin d’aide, si tu vois où je veux en venir ? »
Le jeune homme comprenait du coup beaucoup mieux et s’en sentit soulagé. Une relation intéressée était bien moins louche qu’un acte de bonté naturel, surtout par quelqu’un qui semblait diriger une guilde puissante et développée sur tout le continent.
« Descends au rez-de-chaussée, sur le mur Ouest du bâtiment tu trouveras le tableau des Quêtes. Prends-en une en accord avec ton niveau estimé. Evites de te surestimer. Même avec une classe comme la tienne, tu es encore un novice, et bien des monstres pourraient t’écraser d’un revers de la main s’ils le désiraient. Allez, file, maintenant, et repasse me voir à l’occasion ! »
En retraversant le corridor, Marlon repensa à tout ce qu’avait dit cette femme dont il ne connaissait même pas le nom.
« L’incarnateur est sûrement Niklos. Quant à la Nécromancienne, aucune idée…mais je suis sûr que c’est une joueuse également. Trois classes rares ne peuvent apparaître au même moment. En tout cas ils sont tous passés par ici, c’est sûr, et tu peux être certain qu’ils ont tous eu droit à une carte semblable à la tienne. Cette femme a l’air d’une businesswoman, elle pense à ses intérêts. C’est bon pour nous, elle ne devrait pas te vendre. »
Le seul fait de pouvoir être vendu inquiétait le jeune homme, mais il ne s’attarda pas sur ces pensées qui n’avaient rien de constructives.
Il était arrivé au mur Ouest de l’édifice et faisait maintenant face à une ardoise noire gigantesque ou de nombreuses quêtes étaient écrites.
Les informations étaient plutôt précises et semblaient être mises à jour en temps réel grâce à un procédé magique. Il voyait certaines annonces disparaître alors que d’autres s’écrivaient toute seules sur l’ardoise gigantesque.
« En haut à gauche, regarde ! On sait ce qu’est parti chercher Niklos maintenant. »
Le jeune homme jeta un œil à l’endroit que Loki avait indiqué et sentit un frisson le traverser.
Quête : Chasser la Wyverne terrorisant les régions ouest des Monts d’Argent.
Minimum cinquante personnes au rang argent
Récompense : Set d’armure Sanglant, 150 Amecareth d’or, Ouvrage de la Wyverne.
En cours, durée estimée : deux mois
Chef d’équipe : Niklos
« Niklos est bien un Incarnateur ? »
« Oui… »
« Il faudra vraiment éviter de le croiser quand il sera rentré alors. Je ne veux vraiment pas me battre contre un type capable de se transformer en wyverne. »
« Je confirme. Ce serait vraiment une très, très mauvaise idée. Cherchons une quête à ta hauteur maintenant. »
Marlon regarda les diverses annonces pendant un moment, mais beaucoup d’entre elles étaient soit inintéressantes, soit elles étaient d’un rang plus élevé que le sien.
Il trouva enfin quelque chose qui semblait coller à son profil et y prêta un peu plus attention. Comme si l’annonce sentait sa volonté, elle disparut et réapparut devant son regard, délivrant ses informations.
Quête : Nettoyer les catacombes de Delia
Vous devez tuer au moins dix hommes-rats mutants dans les catacombes de la ville.
Rang minimum : Bronze, une personne
Récompense : Vingt Amecareth d’argent, Joyau commun
Durée : Une semaine maximum
Marlon voulait prendre cette quête, pleine d’avantages. Tout d’abord elle était de son niveau, ensuite elle ne nécessitait pas de créer un groupe comme la plupart des autres requêtes. Puis elle ne demandait pas de s’éloigner de la cité, permettant de gagner de l’argent rapidement.
Il ne savait pas comment accepter une quête, mais en jetant un coup d’œil autour de lui, il vit d’autres aventuriers prendre des craies dans des pots disposés sur des étagères de bois et inscrire leur nom en travers des quêtes qui les intéressait.
Il se dépêcha donc de faire de même et inscrivit son nom d’aventurier sur le texte inscrit sur l’ardoise. Aussitôt le contenu changea et une ligne se rajouta :
Chef d’équipe : Revenge Drelor
DING
Le message du système d’interface lui indiqua qu’il avait accepté la fameuse quête et il ferma la notification sans y prêter plus d’attention que cela.
Enfin, il avait trouvé un moyen de se refaire une santé ! Il se dirigea vers la sortie, non sans demander à un des multiples clones comment accéder aux catacombes.
Il se trouvait que de nombreuses entrées étaient disséminées aux quatre coins de la ville, et étaient gardés par des soldats qui ne le laisserait passer qu’après avoir vu sa carte d’aventurier.
La plus proche se trouvait non loin de l’édifice de la guilde des Aventuriers, aussi Marlon se dirigea-t-il dans sa direction. Et en effet, au bout d’à peine cinq minutes de marche, il arrive sur une place au milieu de laquelle trônait une fontaine en pierre blanche impressionnante. Un Nessos canin était représenté tenant la main d’un humain, tous deux semblant regarder vers le ciel alors qu’une bête-démon allongée au sol semblait se reposer tranquillement.
C’était le monument que l’hôtesse lui avait de chercher pour être sûr d’être au bon endroit. Il tourna donc le dos à la statue et vit tout de suite ce qu’il cherchait. Deux soldats en armure lourde protégeant une porte en roche massive qui semblait scellée. Il se dirigea vers eux et les salua en sortant sa carte d’aventurier.
« Bonjour, je viens de la part de la Guilde pour nettoyer les catacombes. »
Les soldats firent alors un signe de tête et l’un d’entre eux marmonna des paroles incompréhensibles en regardant la porte scellée. D’un coup, elle se mit à briller d’une lueur argentée et s’ouvrit doucement dans un crissement désagréable qui fit grincer des dents le jeune aventurier.
« Quand vous voudrez ressortir, baissez le levier placé sur la paroi intérieure. Il activera le mécanisme permettant d’ouvrir la porte. »
Marlon hocha la tête et remercia l’homme pour l’information tout en pénétrant dans le tunnel sombre menant aux catacombes. Luna le suivit en toute discrétion.
Des torches s’allumèrent alors qu’il posait le pied sur la première marche descendant vers sa destination… Une forte odeur de renfermé lui parvint, mêlé à d’autres senteurs moins agréables comme de la charogne et des égouts.
Le plafond était assez bas, mais il n’eut pas besoin de se baisser, descendant les marches prudemment en mettant son épée au clair. Le seul son qu’il entendait était celui de l’eau qui s’écoulait et des grattements semblant provenir de l’intérieur des murs. Rien qui ne l’effraya outre-mesure, son instinct ne le prévenant pas d’un danger immédiat.
Il arriva à un premier palier d’escaliers, et avant d’aller plus en avant il vérifia ses ressources.
Son épée et son armure étaient en bon états, et il possédait encore deux parchemins quasiment complétés du sort Traqueur de Feu. Il avait épuisé toutes ses fioles de sang et ses parchemins et n’avait plus les moyens d’en racheter d’autres pour le moment. Aussi était-il impatient d’en découdre avec ces fameux hommes-rats afin de pouvoir récupérer du matériel pour ses runes.
Il descendit le dernier palier d’escaliers et le décor devint tout de suite beaucoup plus glauque. De l’eau s’écoulait et charriait avec elle une odeur intense d’excréments et d’urine, sûrement les eaux usées de la ville passant par les catacombes.
Les murs étaient faits de ce qui ressemblait à des briques rougeâtres, mais ce qui était le plus choquant étaient les centaines, voire milliers de crâne incrustés dans les parois et les plafonds. Tous semblaient le fixer, et une impression malaisante se dégageait de ce décor morbide.
Des plateformes faîtes de roche grise s’enfonçait dans les profondeurs des catacombes, l’obscurité empêchant Marlon de voir très loin.
En effet les torches magiques ne s’allumaient qu’au fil de son avancée, sur une cinquantaine de mètres. Plus loin, c’était les ténèbres. Il ne voyait pour l’instant aucune âme qui vive, et il inspira un grand coup l’air pestilentiel avant de s’élancer en avant, le regard déterminé et la main serrée sur sa lame.
« Allez, c’est parti pour une chasse aux rats ! Hahaha ! »