Dans les films dramatiques, une technique était fréquemment employée pour augmenter la tension.
Les acteurs rencontraient toutes sortes de difficultés et devaient les surmonter pour échapper à la mort dans, par exemple, des cavernes, des pièges, des sites de catastrophe, etc. Et ce qui les accueillait juste après s’en être sortis était une pluie de balles ou une hache mystérieuse venant de nulle part. Ou une épée acérée, une météorite tombant du ciel… Ainsi, les personnages secondaires avaient droit à un aller simple au paradis.
Le public se sentait alors trahi ! Tous compatissaient avec ces pauvres victimes…
À ce moment-là, le Vieux Lu ressemblait à l’un de ces individus au destin inéluctablement funeste.
Il serra les dents. Rassemblant toute sa volonté et sa dignité en tant qu’homme, il se força obstinément à initier un nouveau dérapage, engageant le tracteur dans la tête d’épingle.
Bien qu’épuisé, il poussa un soupir de soulagement.
Mais alors apparut, non une belle route bien large et parfaitement droite, mais une nouvelle tête d’épingle encore plus étroite.
– « Mes reins ! C’est fini ! »
Cette fois, il ne pouvait plus rien faire. Même si son dos avait été en parfait état. Un tracteur était-il comparable à une voiture de course ? Même s’il pouvait atteindre 150 km/h, il ne s’agissait que d’un simple engin agricole. L’adhérence, le couple, les freins, la souplesse et d’autres aspects encore de cette machine n’avaient rien à voir avec ceux d’une voiture de sport.
– « N’abandonne pas, Vieux Lu ! » cria Monsieur Song. Il aurait voulu s’élancer en première ligne en prenant la place du chauffeur, mais même s’il avait eu le temps de prendre le relais, à quoi bon ? Peu importait à quel point il était doué, il ne pouvait pas changer le fait que le tracteur finirait dans le décor.
Le Vieux Lu avait parfaitement bien exécuté le premier dérapage, mais en vain.
❄️❄️❄️
Derrière, les voitures des trois demoiselles réduisaient leur vitesse dans un virage.
La petite Maisui regarda le tracteur et lança, déçue : « Ah zut ! Il est déjà dans la première tête d’épingle. »
– « Pas grave, tu peux le filmer pour la deuxième, » répondit Alice.
Arrêtées, elles allumèrent leur caméra avant afin de capturer le moment historique où le “dieu de la route” franchissait la paire de têtes d’épingles serrées à plus de 100 km/h sur un tracteur !
Mais elles le virent à peine pivoter en entrant dans la deuxième partie de la courbe en S… Et il se prit la glissière de plein fouet !
Bang !
La solide glissière de sécurité se brisa comme du verre lors de l’impact.
Le tracteur s’envola dignement au-dessus des terrasses. Et tomba !
Les trois femmes déglutirent.
– « … » La petite Maisui était abasourdie.
– « … » Alice aussi.
– « … » Et Zhao Yaya également. Mais rapidement, elle quitta précipitamment sa voiture et courut, paniquée, en direction de l’accident.
Après tout, son oncle Song était parmi les victimes !
Ses deux amies la suivirent de près. Elles arrivèrent toutes les trois à la rambarde et baissèrent les yeux.
Le tracteur ressemblait alors à une tortue renversée sur le dos, immobile sur la troisième terrasse de la pente. Ses quatre roues tournaient toujours et le moteur grondait encore.
Quant aux trois passagers, étaient-ils encore vivants ?
– « Tonton, tonton ! » cria Yaya tout en saisissant son téléphone portable en tremblant, cherchant le numéro de Madame Song.
À ce moment-là, sous la remorque, la voix du père de Song Shuhang se fit entendre entre deux quintes de toux : « Vieux Lu, espèce de salaud, je n’en ai pas fini avec toi ! Dis-moi si tu es toujours en vie ! »
Deux silhouettes rampèrent sous la remorque. Celle de Monsieur Song, un homme à lunettes avec l’air d’un intellectuel, et celle du robuste et trapu Lu Tianyou.
Outre le fait d’être sales et décoiffés, ils semblaient n’avoir aucune blessure !
– « Papa, est-ce que ça va ?! » hurla ce dernier à s’en déchirer les cordes vocales.
– « Je ne me suis jamais senti aussi bien, merde ! Vite, sortez-moi de là ! Mon dos me fait souffrir le martyr. »
Les deux se précipitèrent vers le siège conducteur.
Le tracteur était posé de telle sorte que l’avant se dressait au-dessus du sol. Le Vieux Lu était pile en plein milieu…
Hormis son tour de reins, il allait bien et n’était pas blessé.
À côté de lui étaient dispersés divers objets ayant à l’origine été rangés dans le petit compartiment à côté du siège du conducteur.
Sinon, le réservoir de carburant de la remorque et la valise de Song Shuhang avaient basculé. Et des fissures commencèrent à couvrir l’énorme météorite, écrasée par le véhicule…
Le Vieux Song et Lu Tianyou unirent leurs forces et traînèrent le Vieux Lu hors du véhicule accidenté.
Heureusement, personne n’avait été blessé.
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– « Dieu merci, nous allons bien tous les trois ! » Le Vieux Lu, après avoir pris le temps de reprendre ses esprits, ricana d’un air gêné.
– « Tu as de la chance de ne pas être mort. Si tu n’avais pas insisté pour prendre ce tracteur, nous aurions évité un tel gâchis ! » le gronda son ami de toujours.
Ce dernier tenta de se souvenir de ce qu’il s’était passé lorsque le tracteur avait fait sa sortie de route. Il se rappelait vaguement d’avoir vu la carrosserie s’illuminer. La lueur avait été vraiment intense !
Par la suite, il s’était senti tomber. Mais à sa grande surprise, il n’y avait pas eu de choc à l’impact !
… Ils étaient pourtant tombés de la route de montagne jusqu’à la troisième marche de la pente en terrasses. Chaque niveau ayant une hauteur de cinq mètres, cela faisait quinze mètres au total.
Choir d’une telle hauteur, se faire coincer sous un tracteur… Ils auraient dû y passer ! Cependant, à part de la terre sur leurs vêtements froissés, ils étaient parfaitement indemnes.
– « Tonton, tonton ! Ça va ? » résonna une voix mélodieuse et féminine au-dessus de leur tête.
Monsieur Song leva la sienne et vit Zhao Yaya, toute en blanc.
Elle avait vraiment eu peur. Si les marches n’avaient pas été aussi hautes, elle aurait déjà sauté pour les ausculter. Après tout, elle étudiait la médecine.
– « Eh ? Yaya ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Puis il se rappela les trois voitures de sport et comprit. Plus tôt, le Vieux Lu les avait dépassées avec le tracteur. Il s’agissait donc de son véhicule et de ceux de ses deux amies.
Il sourit et lui fit signe. « Nous allons tous bien ! Ne t’inquiète pas ! »
– « Est-ce que tu veux que j’appelle Tata ? »
– « Ne panique pas, j’ai dis, ne panique pas ! D’abord, appelle Shuhang et demande-lui d’apporter une longue corde ou quelque chose du genre pour nous aider à sortir d’ici. »
Puis il jeta un coup d’œil au tracteur renversé. Il faudrait sans doute une grande grue pour le hisser.
En parlant de ça, ce tracteur a clairement été trafiqué. Où Shuhang l’a-t-il obtenu ?
S’il l’a emprunté à quelqu’un, que se passera-t-il s’il est irréparable ?
Où pouvait-il trouver un autre tracteur capable d’aller jusqu’à 150 km/h ? Il était ennuyé.
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– « Shuhang est rentré ? » Zhao Yaya ouvrit sa liste de contacts et l’appela.
Il décrocha presque aussitôt. « Allo ? Quoi de neuf ? »
– « Shuhang, prépare rapidement une très, très longue corde ! Au moins 30 mètres de long ! Amène-la jusqu’à la route de la Montagne Niuding. Si tu suis la route, tu finiras par me voir. C’est urgent ! »
– « La route de la Montagne Niuding ? Yaya, tu y es toi aussi ? » demanda-t-il, déconcerté. « Que s’est-il passé ? Pourquoi as-tu besoin d’une corde aussi longue ? »
– « Oncle Lu a fait une sortie de route avec ton père sur un tracteur, et ils sont tombés un peu plus bas. Les paliers sont assez hauts et ils ne peuvent pas les escalader. »
– « Ils ont eu un accident ? Est-ce qu’ils vont bien ? » paniqua-t-il.
– « Ils disent que oui, mais je ne les ai pas encore examinés. Nous le saurons après les avoir tirés de là. »
– « J’arrive immédiatement ! »
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– « Je savais que ça finirait mal ! » Song Shuhang soupira et accéléra, son inquiétude pour son père poussant sa maîtrise de la Marche des 10 000 km de l’Homme Vertueux à augmenter d’un cran.
Dix minutes plus tard, de loin, il repéra trois voitures de sport, une rouge, une bleue et une blanche arrêtées au bord de la route. Il était arrivé sur les lieux de l’accident.
Zhao Yaya était appuyée contre un reste de glissière de sécurité et regardait les trois hommes plus bas essayer de rassembler les objets éparpillés autour du tracteur. Ses deux amies s’étaient cachées dans la voiture et profitaient de la climatisation.
Song Shuhang réduisit sa vitesse et courut vers elle comme s’il n’avait été qu’un homme normal. « Yaya, où sont papa et les autres ? »
– « Shuhang, te voilà. Ils sont en bas… Hein ? Shuhang, et la corde ? Pourquoi es-tu venu les mains vides ? »
– « Quand tu m’as appelé, je n’étais pas loin, alors je suis venu directement. Mon père et Oncle Lu ont bu quelques verres aujourd’hui avant de sortir en tracteur, alors j’étais inquiet et j’ai couru derrière eux. » Il se força à rire. Il lui était impossible de mentir à sa cousine, aussi il se contenta du strict minimum.
– « Bon. Nous n’avons plus qu’à appeler les secours alors. Comme ça, ils pourront récupérer le tracteur pendant qu’ils y sont, » suggéra-t-elle.
Ce à quoi il répondit précipitamment : « Non, ce n’est pas la peine. Je peux me débrouiller pour le tracteur. Je connais quelqu’un qui se spécialise dans ce genre de problèmes. Quant à papa et aux autres… Je vais descendre les chercher. »