– « Doudou, vous savez conduire ? » Le petit moine ouvrit de grands yeux et inspira vivement, saisit d’admiration.
– « Peuh ! Je sais même piloter un hélicoptère. Qu’est-ce qu’une simple voiture pour moi ? Pas plus tard qu’aujourd’hui, je suis monté à bord d’un hélicoptère et j’ai volé un bon moment ! » aboya-t-il, fier de lui.
Aussitôt, l’enfant regarda le pékinois avec admiration. Sa confiance en son sauveur poilu fit un bond en avant, il s’installa donc sur la banquette arrière sans hésiter davantage.
Doudou rit et augmenta la taille de son corps jusqu’à pouvoir atteindre les pédales en position assise. Puis, il observa le tableau de bord. Bien qu’assez ancienne, il s’agissait d’une automatique.
– « Beuh… Une automatique. Pas besoin d’être un génie pour conduire ça, » dit-il avec un dédain évident. Après tout, les vrais pilotes se devaient de passer manuellement les vitesses ! Comme dans les films : accélération, changement de vitesse, dérapage, puis changement de vitesse et à nouveau accélération ! Trop cool !
Mais bon, s’il s’agissait d’une automatique, eh bien soit ! Il pouvait tout de même s’amuser.
Soupirant théâtralement, Doudou mit le contact et démarra.
Comme prévu, conduire avec le corps d’un pékinois n’est vraiment pas pratique. Ce siège n’est pas fait pour les chiens ! Pfff…
Avec ce corps, chaque fois qu’il agrippait le volant avec ses pattes avant, celles-ci se dressaient vers le haut, ce qui l’obligeait à se contorsionner pour garder les deux autres sur les pédales.
Et puis, il avait une raison supplémentaire d’être gêné. Dans cette position, il pouvait constamment voir du coin de l’œil son “papayou” sous le volant, faisant rougir son museau canin.
Mais il pouvait l’endurer ! Après tout, il était le monstre-chien Doudou à la volonté d’acier !
Ainsi… Il écrasa l’accélérateur.
Le moteur rugit… et la voiture n’avança pas.
Qu’est-ce qu’il se passe ?
– « Oh ! J’ai oublié d’appuyer sur le bouton. » Il tendit la patte et mit la voiture en mode conduite.
Puis, il appuya à nouveau sur l’accélérateur !
Le moteur de la voiture hurla… mais elle n’avança toujours pas !
Encore ?
Doudou regarda autour de lui et rit, gêné. « Haha ! J’ai oublié le frein à main. »
Il le desserra d’un coup de coussinets.
De la sueur commença à couler du front du petit moine, assis à l’arrière. Même s’il avait 6 ans et qu’il était un peu lent d’esprit, il voyait bien que le pékinois ne savait pas vraiment conduire !
En parlant de ça… Il n’a pas dit qu’il savait conduire. Il a seulement dit qu’il avait piloté un hélicoptère et qu’une voiture ne pouvait pas l’arrêter ! J’ai été trop naïf. J’ai été trompé ! Que faire ? Et si nous avions un accident ?
Le jeune garçon était inquiet. Il n’avait que 5000 RMB sur lui. Cela suffirait-il à pallier aux inéluctables dommages ?
Et si cela ne suffisait pas ? Devrais-je me vendre à nouveau ?
Alors qu’il donnait libre cours à son imagination, Doudou écrasa à nouveau l’accélérateur.
Et la voiture bougea enfin.
– « Ouaf ! Trop facile ! Quand je suis sérieux, rien ne peut m’arrêter. Guoguo, accrochez-vous bien. Je mets la gomme ! »
Le rythme cardiaque du petit moine s’emballa autant que le moteur…
❄️❄️❄️
De l’autre côté du globe, aux États-Unis.
Dans une prison strictement sécurisée, l’instructeur Li était suspendu et avait été terriblement battu.
– « La vérité ! Où est Anthony ?! » rugit un grand noir avec férocité.
– « Je ne sais pas… Je ne sais vraiment pas… » répondit Petit Li d’une voix sanglotante. Il continua avec son anglais hésitant : « Ne me frappez pas… Si je savais quelque chose, je vous l’aurais déjà dit ! Je ne sais vraiment rien… »
– « Tsk, ce type est coriace. » Il serra les dents. Diverses formes de torture avaient été essayées, mais rien n’en était ressorti.
Le corps et l’esprit de l’instructeur Li étaient en piteux état. Coriace mon cul ! Je ne sais vraiment rien !
Un blanc non loin sourit diaboliquement : « Eh bien ! Ça n’a pas d’importance. Laissez-le moi. Je vais l’enfermer dans la prison dont j’ai la gestion. Je vous garantis qu’il va tout cracher. Mes locataires vont sûrement apprécier sa peau claire et lisse, hehehe ! »
Après avoir entendu ces mots, Li Xihua rassembla ses forces et hurla : « Non ! Je ne sais vraiment rien ! Je ne sais même pas qui est cet Anthony, je ne suis qu’un simple pilote ! »
Son amour-propre était en jeu. Il ne voulait pas aller dans cet endroit sordide !
L’homme noir à l’air féroce le frappa impitoyablement avec le fouet et grogna en chinois : « Vous ne savez pas ? Vous vous foutez de moi ? Si vous n’avez pas pris sa place, comment diable êtes-vous apparu sur la station spatiale ?! »
– « Je ne sais pas ! Je n’en ai aucun souvenir ! Avant-hier, je montrais encore à mes élèves comment piloter un hélicoptère. Vous pouvez aller en Chine pour vérifier. Je ne suis jamais allé dans l’espace ! »
– « On dirait que vous êtes du genre à ne pas perdre espoir jusqu’à ce qu’il soit trop tard ! Bien, je vous le confie ! » Le noir ricana et ajouta en mandarin : « Je veux voir si son cul est aussi serré que sa bouche ! »
Le blanc sourit méchamment. « Ne vous inquiétez pas. Je suis sûr que tous les deux seront bientôt plus ouverts ! »
L’instructeur Li devint alors aussi pâle que lui.
Dois-je me mordre la langue pour en finir ?
Mais comment je fais ça ? Dois-je viser large ? Et est-ce que je mourrai quand même si elle n’est pas complètement tranchée ?
Que dois-je faire?
Sauvez-moi !
A ce moment-là, la porte de la salle d’interrogatoire s’ouvrit.
L’homme qui entra dans la pièce portait une robe ample, clairement chinoise. Un sourire chaleureux illuminait ses traits couverts d’une lumière sacrée. Chaque fois que quelqu’un le regardait, toutes ses mauvaises pensées disparaissaient instantanément.
Et derrière cet homme au visage brillant, un européen aux cheveux gris suivait.
– « Antony ! » cria l’officier noir.
– « C’est bien moi. » Il hocha doucement la tête. Il sentait avoir fait un terrible cauchemar, mais après s’être réveillé, il ne se souvenait de rien. Que faisait-il alors à l’intérieur de cette prison ?
Ensuite, l’homme au visage lumineux tendit quelques dossiers aux deux officiers. Ils contenaient probablement des informations sur son identité.
Après en avoir pris connaissance, le premier homme perdit son air féroce et devint presque obséquieux en lui rendant les papiers.
– « Libérez cet homme. Il ne sait vraiment rien à ce sujet, » commanda le brillant inconnu.
Ils n’hésitèrent pas et le détachèrent.
L’instructeur Li se sentait vidé de toute énergie et se laissa tomber faiblement par terre. Quelqu’un m’a sauvé ?
– « Mon enfant, vous avez beaucoup souffert ! » déclara son sauveur en lui donnant une légère étreinte.
Li Xihua, victime d’une terrible injustice, laissa son chagrin éclater, ses larmes refusant de cesser de couler. Il s’accrocha à l’homme et pleura amèrement.
Il avait le cœur brisé…
Son consolateur lui tapota doucement le dos, l’envoyant au pays des rêves.
Puis il fit signe de la tête à ses deux tortionnaires et l’emporta.
❄️❄️❄️
Le lendemain, 10 juillet. Tôt le matin.
Après s’être levé, Song Shuhang donna à l’Esprit Fantôme une des Perles d’Âme qu’il avait récupérées à la base secrète du Maître d’Autel avec l’aide de Trois Royaumes. Complètement inutiles pour les cultivateurs normaux, seuls les cultivateurs de fantômes pouvaient s’en servir. Cependant, elles étaient de très bon toniques pour l’Esprit Fantôme résidant dans son Acupoint du Coeur.
Puis Song Shuhang s’exerça comme à son habitude. Il estimait que son Troisième Acupoint, celui du nez, était presque plein de Qi Sanguin.
Cela ne faisait qu’un mois depuis son contrat avec son compagnon spectral et qu’il avait ouvert son Acupoint de l’Oeil. S’il avait uniquement dû se reposer sur sa pratique, il lui aurait fallu environ trois ans pour passer à l’étape suivante. Mais il avait eu beaucoup de chance ces derniers temps. Non seulement il avait trouvé un lot de pilules de Qi Sanguin, mais il s’était également lié à cet Esprit Fantôme et trouvé une pousse de bambou violet pour ouvrir plus facilement son Acupoint du Nez et améliorer son odorat lors de sa sortie en voiture avec l’Aîné Blanc. Et puis, il possédait également l’ancien anneau de bronze pour condenser en permanence le Qi ambiant pour renforcer son corps.
Et il s’était entraîné tous les jours sans se relâcher.
En plus de ses atouts, il était diligent. Il était alors sur le point d’ouvrir l’Acupoint suivant !
Il s’étira et descendit. Étrangement, l’Aîné Blanc ne s’était pas encore levé.
Il alla jusqu’à sa chambre et frappa. Pas de réponse.
La porte n’était pas fermée. Il l’ouvrit et jeta un coup d’œil à l’intérieur.
Le Vénérable était assis en tailleur sur son lit, un nuage de Qi spirituel tournant au-dessus de sa tête. Il était en train de s’entraîner.
Il était connu comme un fada de cultivation. Il n’avait pas beaucoup pratiqué les jours précédents, avec toute cette modernité piquant son intérêt.
Song Shuhang ne voulut pas le déranger. Il ferma donc doucement la porte et s’éloigna.
Après être descendu, il fit bouillir de l’eau, y jeta des nouilles et alluma la télé pour voir s’il se passait quelque chose d’intéressant sur cette pauvre Terre.
Il zappa jusqu’à tomber sur une chaîne locale, celle de Wenzhou.
Le journaliste était un homme au visage impassible qui utilisait le mandarin standard pour présenter les informations : « Un accident de voiture s’est produit la nuit dernière à 23 heures dans la rue Fenghuang. Une Dongfeng parcourait les rues à plus de 100km/h. Elle s’est encastrée dans une villa après avoir heurté une Ferrari garée dans la cour. Le propriétaire de la maison a décrit un énorme pékinois à la place du chauffeur. La police pense à un homme masqué et a affirmé avoir ouvert une enquête pour trouver cet individu au comportement irresponsable ! »
– « Pfff ! » Song Shuhang recracha les nouilles avec une telle vigueur que certaines lui sortirent par les trous de nez !