Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 18 – Pertes
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Vol 2 : L’homme Sans Visage / Chapitre 18 – Pertes

Klein retrouva Jurgen Cooper dans un bureau du commissariat de police de Rice. Ce jeune avocat principal était toujours habillé de telle manière qu’on aurait dit qu’il se tenait prêt en permanence à assister à un dîner huppé.

Sa tenue noire à double boutonnage, sa chemise blanche au col raide, son énorme nœud papillon et ses bottes de cuir luisantes lui valaient une extrême politesse de la part des policiers.

Son semi haut-de-forme à la main, Jurgen posa sur Klein ses yeux bleus :

– « Les formalités sont terminées. Il ne vous reste plus qu’à régler la caution, qui est de dix Livres, et vous pourrez partir. »

– « Merci », répondit simplement le détective en suivant Jurgen – beau mais apparemment vieux jeu – jusqu’au bureau des affaires financières du commissariat non loin de là. Il prit alors son portefeuille et en sortit deux billets de cinq Livres.

Heureusement qu’il avait tout son argent liquide – 95 livres – sur lui, sans quoi il aurait dû emprunter à son brave voisin Jurgen.

Il va de soi que ç’aurait été bien plus grave s’il avait laissé l’argent chez lui car après le passage de la police, il ne resterait sans doute plus grand-chose. Mais dans l’hypothèse où il aurait à verser des pots-de-vin pour sa liberté, il ne pouvait l’emporter au-dessus du brouillard gris

De nombreux journaux et magazines discréditaient la police comme étant non supervisée, violente, corrompue, extorsionnaire et vicieuse. Si Klein n’osait le croire aveuglément, il n’en doutait pas totalement. Après tout, l’argent de Meursault pouvait très bien finir dans les poches de quelqu’un du commissariat.

La caution payée, il emboîta le pas à Jurgen et arrivé dehors, frissonna sous l’effet du vent humide et froid.

– « Une fois l’affaire classée, votre caution vous sera rendue. Ceci dit, n’attendez pas d’eux qu’ils vous en avertissent d’eux-mêmes. Si… disons dans une semaine, vous n’avez pas été convoqué au poste, revenez réclamer votre caution. En principe, vous devriez même pouvoir toucher des dédommagements, le cas échéant sur les biens du défunt », expliqua Jurgen en se dirigeant vers une calèche stationnée à proximité.

La pluie, qui n’avait pas cessé de tomber de toute la journée, s’était enfin arrêtée mais la lune cramoisie restait cachée par de sombres nuages. Seuls les lampadaires éclairaient la rue.

– « Très bien », répondit Klein, presque persuadé qu’il ne reverrait jamais ses dix Livres.

Il ne put s’empêcher de calculer combien il lui en coûterait pour avoir accepté la mission confiée par Ian. Certes, il avait touché cinq Livres, mais il allait devoir remplacer les meubles cassés et le service à thé ou les faire réparer. En comptant les matériaux, le coût du transport et ce qu’il allait devoir dépenser pour faire raccommoder ses vêtements, de toute évidence, il serait perdant.

Si je ne parviens pas à récupérer les dix Livres de caution, j’aurai grandement perdu ! Ceci dit… la caractéristique Transcendante laissée par Meursault vaut pas mal d’argent… Se dit le jeune homme en montant en voiture, les sourcils légèrement froncés.

Il avait toujours pensé que les détectives privés qui établissaient leur bureau à leur domicile ne perdaient pas d’argent. Dans le pire des cas ne se voyaient-ils pas confier de missions. Mais au final…

Tournant la tête vers Jurgen qui était assis bien droit, il lui dit :

– « Merci. Merci d’être venu me tirer d’affaire. Combien vous dois-je ? »

– « C’est pro bono », répondit le juriste avec un hochement de tête professionnel. « J’ai appris par le Sergent Faxine que vous étiez impliqué dans un incident. Je pense que nous aurons de nombreuses occasions de travailler ensemble. »

Klein ne put s’empêcher de rire :

– « Vous m’insultez, Maître Jurgen ? »

Ce dernier secoua solennellement la tête :

– « Non, ce n’est pas ce que vous pensez. Il est très courant pour un détective privé de travailler régulièrement un avocat. »

Monsieur, vous manquez vraiment de sens de l’humour… même si vous semblez plutôt jeune… Pensa Klein qui répondit avec un sourire :

– « Il se trouve que j’ai justement besoin d’un avocat pour m’aider à rédiger un contrat d’investissement. »

– « Un contrat d’investissement ? » Répéta Jurgen, légèrement abasourdi.

– « Je sais que cela ne fait pas partie du travail d’un détective privé, mais je suis tombé par hasard sur une bonne opportunité d’investissement », expliqua simplement Klein. « Maître Jurgen, combien coûterait un contrat selon vos honoraires habituels ? »

– « En général, le tarif est calculé sur la base du montant total et du niveau de difficulté », répondit l’homme de loi.

– « Le montant total est de cent Livres et les termes requis… »

Klein décrivit en détail ses besoins, notamment un droit de préemption, un droit de veto, etc.

Jurgen réfléchit quelques minutes:

– « Deux livres. Je vous le remettrai lundi matin. »

– « Très bien », répondit Klein qui, changeant de sujet, l’interrogea au sujet de l’affaire survenue cette fameuse nuit.

Sur le chemin du retour, le détective prit l’initiative de régler la course de 3 Solis, après quoi il fit ses adieux au jeune mais sérieux avocat et rentra chez lui.

A la vue du désordre qui régnait dans sa maison, son cœur tressaillit.

Il ne s’attendait pas à déplorer des pertes dès le début de son activité.

Ayant ôté son manteau, il commençait à nettoyer lorsque soudain, on sonna à la porte.

Perplexe, il alla ouvrir et se trouva face à face avec Julianne, la femme de chambre d’à côté, vêtue d’une jupe noire et blanche.

– « Bonsoir, M. Moriarty. M. et Mme Sammer souhaitent vous voir. Il y quelque chose dont ils voudraient discuter avec vous », dit-elle d’un ton quelque peu inquiet.

Nous y sommes…. La question du dédommagement….

– « Très bien », répondit Klein en souriant.

Il enfila un manteau propre et suivit la domestique jusqu’à la porte voisine. Luke Sammer et sa femme Stelyn étaient assis sur un canapé du salon.

L’imposant Luke à la fine moustache se leva et lui tendit la main avec un petit rire :

– « Bonsoir, M. Moriarty. Je viens juste d’apprendre que vous étiez détective privé. C’est tout à fait inconvenant pour un voisin. »

– « Non, c’est ma faute. Je ne savais pas si j’étais fait pour cette carrière et je peux trouver d’autres emplois à tout moment », déclara Klein en serrant la main du maître des lieux. « Je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé ce soir. Je vais vous dédommager. »

– « Ce n’est qu’un accident », le rassura Luke.

– « Avez-vous vraiment tué l’intrus ? » Demanda la blonde et jolie Stelyn. « Vous ne voudriez pas du thé noir ? »

Klein a hoché la tête.

– « Peut-être était-ce simplement un voleur. »

Afin que ses propriétaires ne gardent pas une mauvaise impression, il se garda bien de préciser que le problème découlait de l’une de ses missions.

La police ne leur ayant rien dit, inutile que j’en rajoute… Pensait-il.

Luke Sammer eut un sourire :

– « Vous possédez certainement d’excellentes aptitudes au combat. En tant que voisin, je me sens très sécurisé. Peut-être aurons-nous des affaires à vous confier par la suite. »

– « Pour tout dire, j’ai bien failli être tué », répondit Klein avec un sourire mi-amer.

– « Quoi qu’il en soit, vous en êtes sorti vainqueur. »

Ils discutèrent un moment puis Stelyn prit une gorgée de thé :

– « Je suis très curieuse de savoir combien de missions un détective privé effectue par semaine et combien il peut espérer gagner. »

Klein, qui ne cherchait pas à dissimuler, eut un sourire :

– « Tout dépend. Tout comme il peut y avoir de bonnes et de mauvaises récoltes dans les fermes, j’ai gagné cinq Livres et cinq Solis la semaine dernière. Mais après l’incident de la nuit dernière, je vais sans doute y perdre. »

On aurait dit qu’elle n’avait pas entendu la fin de son discours car elle poursuivit :

– « Si vous pouvez conserver ce revenu, 5 Livres par semaine vous permettront de mener une vie assez décente dans Quartier de Cherwood. Vous n’aurez pas à sous-louer une chambre, vous pourrez engager une bonne pour les petits travaux, entendre une symphonie une semaine sur deux ou aller à l’opéra. Une fois par semaine, vous pourrez jouer au tennis ou au squash, vous inscrire à un salon de lecture et aller dans un bon restaurant. Si vous vous disposez au mariage, vous allez, bien sûr, devoir économiser un peu. Cinq Livres par semaine, c’est peut-être encore un peu juste. »

– « Dans ce cas, combien devrais-je gagner par semaine pour être vraiment décent ? » Demanda Klein.

– « Au moins sept Livres », répondit Stelyn en relevant légèrement le menton.

Klein se tourna vers Luke :

– « J’ai appris par votre femme que vous travaillez chez Coim, mais je ne connais pas exactement leur activité principale. »

– « L’anthracite et le charbon de bois », répondit son propriétaire en souriant.

Pas étonnant que vous soyez devenu membre de l’Association pour la Réduction de la Suie… Se dit le jeune homme qui, après un moment de réflexion, demanda :

– « Combien touche un directeur à Backlund ? Il est rare que les journaux et les magazines en parlent. »

– « Haha, tout dépend du secteur d’activité et des spécificités du poste. Le premier directeur de la Banque de Backlund gagne 5000 Livres par an et moi environ 430 à 440 livres, primes comprises », répondit Luke d’un ton désinvolte.

Cela fait environ huit Livres par semaine… Pas étonnant…

– « En réalité, nous aurions pu vivre en banlieue et j’aurais un jardin et une pelouse. Luke pourrait posséder une écurie et acheter un nouvel attelage ainsi que les deux poulains qu’il lorgne depuis un bon moment. Mais il perdrait un temps précieux à se rendre au travail », intervint la maîtresse des lieux avant même que Klein n’ait pu dire quoi que ce soit.

Une nouvelle voiture, chevaux compris, coûte environ cent Livres… Huit Livres par semaine, c’est vraiment impressionnant. Malheureusement, je venais à peine d’être augmenté quand…

Pour toute réponse, notre détective sourit.

Après quelques civilités, il fit ses adieux à ses propriétaires et s’en retourna en soupirant :

M. et Mme Sammer sont vraiment gentils. Un méchant propriétaire, après ce qui s’est passé ce soir, m’aurait remboursé ma caution après déduction des frais et m’aurait envoyé me faire voir ailleurs…

Une fois rentré chez lui, le jeune homme se mit au travail. Craignant d’être surveillé par le département militaire spécial, il n’était pas pressé de se rendre au-dessus du brouillard gris pour examiner le courant chaud sur le dos de sa main ni de faire de la divination.

Il décida donc de se rendre dès le lendemain soir au bar dont lui avait parlé Ian pour acheter une arme à feu afin de se prémunir contre de potentiels agresseurs désespérés.

Klein envisageait même de trouver le moyen d’engager un garde du corps, un puissant garde du corps Transcendant. Ce serait d’abord pour lui l’occasion d’entrer en contact avec les cercles Transcendants sans toutefois s’exposer et ensuite, il craignait que le prochain agresseur envoyé par l’ambassadeur ne soit en mesure de passer inaperçu du département militaire spécial.

C’était certes un peu comique pour un Transcendant de séquence 8 – un esprit maléfique vengeur et dissimulé – d’avoir besoin d’un garde du corps, mais aux yeux de Klein, la sécurité était primordiale.

Si le prix est trop élevé, je sifflerai M. Azik. Bien sûr, ce pourrait être plus dangereux… Je ne sais pas grand-chose de l’artefact scellé 0-08… Se dit-il lorsqu’il eut fini de nettoyer la maison.

Le cérémonial de purification terminé, l’homme au masque blanc dit à Xio et Fors :

– « Quel que fût l’esprit mauvais, je l’ai exorcisé. S’il était d’un niveau que je ne suis pas en mesure d’expulser, il aurait rétorqué et il ne l’a pas fait. »

Tout en parlant, il versa l’eau condensée sur l’emblème du Soleil dans une petite bouteille en métal et la tendit à Xio.

– « Saupoudrez-en dans votre chambre pour éloigner toute rémanence. » 

– « Merci. »

Certes, la jeune femme ressentit un pincement en le payant mais elle se sentait bien plus détendue.

Elles étaient à peine de retour au salon que l’assistant leur remit un billet :

– « Mlle l’Arbitre qui venez d’acheter la formule du Shérif, voudriez-vous venir discuter dans le bureau ? J’ai peut-être ce qu’il vous faut. »

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