Le soleil se couchait, faisant pâlir le bleu du ciel.
Dans un petit village de montagne à la périphérie de la région de Jiangnan, Cao Delian était assis à l’entrée de sa vieille maison et fumait paisiblement. Après avoir fini sa cigarette, il en alluma une autre, puis une autre encore. Au bout d’un moment, il sembla avoir pris sa décision.
Il retourna à l’intérieur de la pièce et ouvrit un placard. De nombreuses statues de Bouddha et d’idoles trônaient là.
– « À vous tous, dieux connus et inconnus. Après avoir conclu cet accord, je prendrai ma retraite pour de bon. Je vous demande de veiller sur moi et de me laisser conclure tranquillement ce dernier éclat. Une fois que j’aurai tourné une nouvelle page de mon existence, je vous couvrirai d’or. » Il fit brûler de l’encens et plaça respectueusement quelques fruits en offrande.
Puis, il ferma soigneusement le meuble et soupira longuement.
Aujourd’hui, c’est la dernière ! Après, je déménage et je change d’identité.
Il s’épousseta légèrement et se retourna, prêt à quitter sa maison et à chercher une dernière cible.
Il découvrit alors un petit moine devant son portail. Il semblait avoir environ 8 ans, avait un visage rond et l’air plutôt adorable. Il eut envie de pincer et de tordre impitoyablement ses joues bien renflées.
Ses traits étaient déformés en une expression particulièrement sérieuse. Il était encore plus adorable ainsi.
Si je peux vendre ce gamin, les gens vont se presser pour me l’acheter ! Déformation professionnelle.
L’enfant le salua en joignant ses paumes : « Bonjour, monsieur. Monsieur Cao est-il présent ? »
Que… ? Ce petit moine connaît mon nom ?
Cao Delian était confus, il garda toutefois son sang-froid et répondit à ses salutations. « Bonjour jeune homme. C’est moi, Cao Delian. »
– « Quel soulagement. J’ai besoin de votre aide. Puis-je entrer pour parler affaires ? »
Cette fois, l’homme était complètement perdu. Cependant, il hocha la tête et le laissa le suivre à l’intérieur. Il demanda prudemment : « Pourquoi voulez-vous me voir ? Est-ce que quelqu’un vous a envoyé ici pour me relayer un message ? »
– « Non. J’ai juste besoin de votre aide. J’ai posé des questions sur vous un peu partout et j’ai finalement pu obtenir votre adresse. »
Il a posé des questions sur moi ? « Et comment puis-je vous aider ? »
– « Je vais tout vous expliquer ! J’ai entendu dire que vous achetiez et vendiez des enfants. Est-ce que c’est vrai ? » Son sourire avait l’air si innocent ! Après quoi, il rougit légèrement. « Si c’est le cas, que pensez-vous de moi ? Bien que j’aie déjà 6 ans, je suis quand même plutôt mignon, non ? Si je vous intéresse, pourquoi ne pas m’acheter pour environ 5000 RMB ? »
– « … »
Qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce un piège ? Ou est-ce que ce gamin se moque de moi ?
Devant son expression abasourdie, le petit moine crut que le prix suggéré était excessif. « Est-ce trop ? 4000, ça me va aussi, mais je ne peux pas descendre en dessous. Je dois subir une intervention chirurgicale pour enlever mes hémorroïdes, et j’ai besoin d’au moins 5000 RMB. Et je n’ai qu’environ 1000 RMB sur moi… »
– « … »
– « 4000 c’est encore trop ? Mais je ne peux pas descendre davantage ! Sinon, je ne pourrai pas me permettre l’opération ! »
Il a besoin de 4000 RMB pour une opération de ce genre et a donc décidé de se vendre ?
Mais qu’est-ce qui lui passe par la tête ?!
Après un long moment, Cao Delian osa finalement articuler : « Jeune homme, arrêtez de plaisanter. Où est votre famille ? »
– « Dans un endroit très éloigné. Même en avion, il faudrait 4 ou 5 heures. »
Vraiment ? Effectivement, c’est très loin.
Il sentit son estomac commencer à se tordre. « Alors, comment êtes-vous arrivé ici ? »
– « Je me suis enfui du temple où j’habitais. Après avoir volé pendant 4 ou 5 heures dans le ciel, j’ai finalement atterri dans la région de Jiangnan. J’ai rencontré une connaissance et j’ai passé la nuit chez lui. Mais j’ai décidé de sortir pour me faire de l’argent. » Il répondit honnêtement. Les moines bouddhistes n’étaient pas censés mentir !
Les yeux de Cao Delian s’illuminèrent. Ses maux d’estomac disparurent et son cœur accéléra ses battements. Ce petit moine est-il un cadeau d’en haut pour me permettre de conclure rapidement ma dernière affaire ? Je vais m’en mettre plein les poches cette fois-ci !
L’enfant semblait être en bonne santé. Sa peau était douce et lisse, il deviendrait un sacré canon en grandissant. Et puis, il n’avait que six ans ! Certes, son cerveau semblait avoir quelques problèmes, mais il pouvait être redressé si on lui en donnait le temps.
Après avoir réfléchi un peu, Cao Delian s’enquit : « Et où est cette “connaissance” dont vous avez parlé plus tôt ? »
– « Je ne sais pas. Il est parti avec un autre aîné, et ils ne sont pas revenus de la journée. Alors, je suis sorti tout seul. Monsieur Cao, pourquoi posez-vous toutes ces questions ? Allez-vous m’acheter ou pas ? Si je ne vous intéresse pas, j’irai ailleurs ! »
C’est vraiment un don du ciel ! Il serra les poings, excité, et réfléchit à la manière de procéder.
Tant qu’il pouvait le vendre, il passerait la seconde moitié de sa vie sans se soucier de l’argent. Avoir prié ces idoles jour et nuit payait !
Sa décision était prise : il allait kidnapper et vendre ce petit moine.
❄️❄️❄️
Cao Delian était un homme prudent. Après être sorti de chez lui, il observa attentivement les alentours. Personne en embuscade. Ce n’était pas un piège, semblait-il.
Ainsi, ce petit moine était vraiment un attardé et était venu le voir pour se vendre lui-même.
Quelle chance. Il décida de l’emmener dans une autre ville, au sud-est, et de céder au prix fort. Même si la personne qu’il connaissait finissait par réagir, il n’aurait laissé aucune trace derrière lui.
Il retourna à l’intérieur et demanda : « Voulez-vous vraiment vous vendre ? »
– « Oui. J’ai un besoin urgent d’argent. Mes hémorroïdes… »
Bien. Si c’est une question de santé, je n’ai pas le choix ! « Ok. Venez avec moi dans ce cas ! » Il emballa quelques affaires et se dirigea vers sa vieille voiture. « Montez. Je vais vous emmener dans une autre ville. »
– « Monsieur Cao, cela signifie-t-il que vous avez décidé de m’acheter ? » Un sourire soulagé apparut sur le visage du petit moine.
– « Oui. Maintenant suivez-moi et montez dans la voiture ! » le pressa-t-il en ouvrant une portière arrière.
Cependant, l’enfant n’obtempéra pas. Il tendit la main et dit : « Payez d’avance. Puisque vous avez décidé de m’acheter, vous devez d’abord payer l’addition. Ensuite je monterai dans la voiture. »
Comme prévu, ce mioche a de sacrés problèmes mentaux !
Devant une telle résolution, Cao Delian sortit son portefeuille en serrant les dents, puis lui donna le montant demandé. « Voilà pour vous ! »
Quand j’arriverai à le vendre, cet argent ne me reviendra-t-il pas de toute façon ?
Le petit moine compta attentivement avant d’acquiescer, satisfait. « Merci, Monsieur Cao ! Ceci conclut notre transaction ! Et si nous commencions par nous occuper de mes hémorroïdes ? »
Putain de merde, mais quel attardé ! cracha-t-il intérieurement avant de répondre malgré tout : « Nous allons aller ailleurs. Les soins sont meilleurs là-bas, il n’y a aucune douleur pendant l’opération, et il n’y aura pas de rechute après le traitement ! »
Le nabot sembla comprendre où se situait ses intérêts. « Je vois. Je compte sur vous. »
Puis il grimpa docilement dans la voiture, sur la banquette arrière.
Cao Delian, tout excité, démarra aussi sec et appuya sur l’accélérateur.
Oh mes aïeux ! La foi est toute puissante. Brûler cet encens n’a pas été une perte au final ! Wahaha !
❄️❄️❄️
Dans la maison à plusieurs étages du Maître Praticien.
Song Shuhang demanda : « Doudou, pouvez-vous retrouver le petit moine ? »
Le pékinois s’accroupit et tira sa langue, tâchant d’être mignon. Puis il pencha la tête sur le côté : « Bien sûr, ouaf ! C’est trop facile avec mon odorat. »
Le Surhomme essaya de lui faire plaisir et lui donna des croquettes au poulet. « Alors, aidez-moi à le retrouver pour le ramener ici. »
Doudou prit la nourriture pour chien entre ses pattes avant et la dévora goulûment. Puis il inclina à nouveau la tête. « Et qu’est-ce que j’y gagne ? Ouaf ! »
Si quelqu’un voulait son aide, il fallait soit lui donner une belle récompense, soit attendre qu’il fût de bonne humeur.
– « Je peux vous apprendre à conduire une voiture ! Nous trouverons un endroit où il n’y a personne et je vous laisserai manoeuvrer un moment. »
Mais le monstre-chien lui lança un regard méprisant et lui tira la langue. Il se roula sur le sol. L’offre de Song Shuhang ne semblait pas suffisante pour le satisfaire.
Le jeune homme serra les dents. « Une fois que vous serez assez bon, nous pourrons graver des matrices d’invisibilité et vous pourrez conduire à grande vitesse ! Et vous déciderez vous-même où aller ! »
Aussitôt, Doudou se redressa. « Bien sûr ! Laissez-moi faire. Ouaf ! Je vais vite le retrouver et vous dire où il se trouve. Ouaf ! »
Sur ce, il cessa de rouler sur le sol et s’envola par la fenêtre, une expression satisfaite sur le museau.
Une fois le pékinois parti, Song Shuhang envisagea de se gifler à de multiples reprises. Il avait été trop loin et avait promis qu’il l’accompagnerait dans un voyage à grande vitesse ! En avait-il marre de vivre ?
Il se demanda si se rendre à l’hôpital pour obtenir des médicaments pour la tension était une bonne idée. Il devenait difficile pour son petit cœur de supporter toutes ces responsabilités.
– « Shuhang, vous êtes libre ? » lui lança l’Aîné Blanc en levant le nez de son ordinateur.
– « Oui. » En effet, après sa séance de cultivation du soir, il n’avait rien à faire.
– « Je vais vous apprendre à faire des pilules de Qi Sanguin. Après tout, je vous l’avais promis si vous rassembliez le nécessaire. »