Bon sang…
Roland prit une profonde inspiration et leva la main pour essuyer ses larmes. Cela avait trop semblé réel.
Mais il savait qu’il se mentait à lui-même en agissant de manière détendue. C’était simplement pour dissimuler ses émotions. À ce moment, ses mains continuaient à trembler tandis que son dos était couvert de sueur froide.
Juste à l’instant, il avait vécu une terrible catastrophe. Bien que ce n’avait duré qu’un instant dans la réalité, il avait l’impression qu’il avait accompagné les derniers moments de la vie alors qu’elle disparaissait. Ou en d’autres termes, il avait l’impression d’en avoir fait partie. Des oiseaux, des vers, des poissons, des bêtes, des formes de vie inférieures aux supérieures, la mort de chaque entité luttant et les sons de la souffrance lui donnant l’impression que le monde entier était damné.
Ces larmes étaient pour eux.
Pendant un moment, Roland ne voulut pas quitter des yeux la lumière du soleil qui pénétrait par la fenêtre.
Le paysage extérieur restait inchangé, mais il trouvait cela particulièrement émouvant.
Même les tuyaux d’égout près des murs ou les publicités pour des manteaux de fourrures étaient des expériences extrêmement vivantes pour lui.
Après avoir regardé les rues animées pendant un long moment, il se calma difficilement.
Il était certain d’une chose: le pouvoir magique n’existait pas à la genèse de ce monde. Cette hypothèse avait été soulevée par Anna lors de la seconde vision, et elle avait finalement été confirmée.
Le Plan du Portail était ce qui avait conduit à l’apparition du pouvoir magique.
Mais il n’y avait aucun doute que ce n’était pas le résultat que les gens qu’il avait entendus lors de sa vision voulaient.
L’ombre grise avait hâte de se libérer de la gravité malgré la mention directe du ‘risque imprévisible’ par son interlocuteur.
D’après ce qu’il avait vu, le pouvoir magique était un résultat que ni l’un ni l’autre n’avait anticipé.
Et la catastrophe déclenchée par le pouvoir magique était le soi-disant ‘prix’ mentionné par Dieu. En fin de compte, le pouvoir se répandit partout dans un court laps de temps, et les personnes de cette époque ne pouvaient lui échapper.
Et le monde se transforma en ce qu’il était actuellement.
Bien que Roland ait compris cela, il avait l’impression que tout ce qu’il savait n’était que la pointe de l’iceberg.
La question la plus importante était: quel était exactement le ‘Plan du Portail’, et pourquoi l’ombre grise était-elle si obsédée? Comment la Bataille de la Divine Volonté était-elle liée à tout cela?
Espéraient-ils que les civilisations futures comblent le vide?
Roland tourna la tête et regarda le paquet de livraison express pendant un long moment avant de décrocher son téléphone.
«Bonjour, Monsieur Rock, j’ai besoin que l’Association me cherche une personne. »
…
Cité Sans Hiver, Plaines Fertiles, avant-poste N ° 2.
Un train s’arrêta peu à peu dans la salle de transfert.
«Au revoir, je vais y aller. » Sans attendre que le wagon s’arrête, Charms bondit sur la plateforme avec enthousiasme.
«Hé, Jeunot, tu ne peux pas t’attendre à ce que je porte cette chaudière tout seul ! »
«Je vous en prie, s’il vous plaît ! Je vais payer la tournée ce soir ! »
Il se dirigea vers la sortie et laissa les cris de Hank derrière lui.
Lorsque sa conscription militaire se termina à Taquila, Charms ne devint pas le formidable et bel officier qu’il s’était envisagé d’être, malgré le fait que lui, ses deux frères aînés et son père, se voyaient décerner des médailles et des récompenses pour leur sacrifice par Sa Majesté. Le bureau administratif finit par le choisir lui et son père parmi la formation de la Première Armée et les transféra pour devenir des chauffeurs de train.
Son père n’avait aucune objection à ce changement, car les trains nécessitaient encore du personnel, même après la guerre. Outre le transport de canons, la puissante machine avait de nombreuses applications. Bien que l’armée principale soit revenue à la Cité Sans Hiver, les véhicules qui se déplaçaient le long des Plaines Fertiles augmentaient au lieu de diminuer. Ainsi, le Bureau administratif avait pris la décision de les transférer comme chauffeurs de train.
Son père disait que chaque position permettait de servir le Roi.
De plus, leur rémunération était encore plus élevée que par le passé.
Mais Charms n’était pas content du changement; manipuler des charbons quotidiennement n’était pas aussi satisfaisant que manier des fusils et combattre des monstres. Une autre raison de tuer plus de Diables sur la ligne de front était de venger le sacrifice de son frère qui était mort en défendant le camp, mais attendre dans un train ne pouvait pas remplir ce but.
Mais ce qu’il ne pouvait pas accepter le plus était que son second frère n’avait pas été réaffecté. Non seulement il avait été promu, mais il avait également été choisi pour faire partie de la force d’élite de la Première Armée.
C’était trop injuste.
Charms pensaient que ses années à venir seraient malheureuses dans ces plaines désolées, mais le développement surpassait ses attentes.
Les fermes et les zones résidentielles émergèrent au nord de la Chaîne des Montagnes Infranchissables en succession rapide avec l’augmentation du nombre d’arrêts de train, de bars et de magasins. Le transport de marchandises n’était plus un travail lugubre, et s’ils finissaient tôt, Charms pouvait passer un peu de temps à boire quelques verres dans les bars. Les avantages d’être conducteur de train étaient que tout le monde l’accueillait, que ce soit les habitants ou les migrants. Tout le monde était extrêmement intéressé et investi dans cette terre autrefois considérée comme un endroit maudit. Chaque tournée dans les bars se terminait par des discussions excitées et des boissons gratuites.
Bien sûr, il n’y avait aucune différence dans le traitement qu’il recevait à la Cité Sans Hiver ou aux autres étapes. Ce qui lui donnait envie de revenir ici était pour une personne.
«S’il vous plaît, faites la queue. Toutes les personnes dans la queue auront leur propre marionnette. »
Sur le côté d’une carriole, une jeune fille avait mis ses mains en porte-voix et criait. Même avant que Charms ne puisse s’approcher, elle le repéra et agita les mains avec excitation. «Vous êtes là! »
En voyant le sourire adorable, Charms avait le sentiment qu’être pilote de train était vraiment formidable.
«Je suis là pour vous aider. » Il releva ses manches.
«Très bien, vous pouvez prendre une marionnette pour vous aussi.» La fille sourit et prit une poupée faite de paille, se mit sur la pointe des pieds, et la pendit à son cou.
«Oh, regardez ce petit charmeur. » Une autre fille sauta hors de la carriole et le fixa froidement.
Charms ne détourna pas son regard, ils se regardèrent pendant un long moment en silence sur le côté de la carriole.
Finalement, ce fut la fille qui interrompit leur duel. «Allons, Balshan. Monsieur Charms est chaleureux et gentil. N’avons-nous pas reçu son aide lorsque nous étions perdues. »
En entendant parler du moment ou elles étaient perdues, le visage de la femme se figea. Elle tourna la tête et renifla dédaigneusement. «Je n’ai pas le temps de me chamailler avec vous aujourd’hui. Dégagez, je dois travailler. »
Sur ce, elle ramassa deux sacs de graines et marcha vers la place sans se retourner.
«Je suis désolée…» La jeune fille s’inclina, embarrassée. «Balshan est seulement…»
«Ce n’est pas grave, ça ne me dérange pas. » Charms agita ses mains et haussa les épaules avec magnanimité, puis prit un sac de graines et la suivit.
En vérité, il avait longtemps attendu ce jour, et avait dessiné d’innombrables scénarios dans sa tête. Il y avait une nouvelle pièce au théâtre de la Cité Sans Hiver et il avait réservé deux billets et avait prévu de l’inviter après le travail.
Les deux filles étaient des Sorcières des Sortilèges de l’Île Dormante. Leur rencontre pourrait même être considérée comme dramatique: Lorsque les jeunes filles montèrent dans le train pour la première fois afin d’aider à la construction de la station n ° 2, elles avaient accidentellement manqué leur arrêt. À ce moment-là, elle pleurait comme une beauté larmoyante tout en regardant dans les vastes plaines sans savoir quoi faire. À ses côtés, Balshan était également perdue. Face à des gens et à des terres inconnues, elles restaient vigilantes, mais avaient peur et étaient effrayées comme des chats qui avaient la queue entre leurs pattes.
Impuissants, Charms ne pouvait qu’arrêter le train et les envoyer dans le train qui voyageait dans le sens inverse. Il informa le chauffeur de leur destination et finit par les amener à la Station N ° 2 à la nuit tombée.
Il pensait que c’était une rencontre accidentelle et qu’il ne les rencontrerait plus jamais. Qui aurait pu penser que les deux sorcières avaient été envoyées pour aider à la station.
Au fil du temps, ils se sont graduellement familiarisés, et il a finalement appris son nom : Dusk.