Le principe de la Technique de Respiration de la Tortue était facile à comprendre. N’importe qui pouvait facilement deviner à quoi elle servait simplement en entendant son nom. Elle permettait à un pratiquant de réduire le nombre de respirations nécessaires à sa survie pendant une certaine période de temps.
Dans le monde des cultivateurs, il existait diverses techniques liées aux rythmes respiratoire et cardiaque. La Technique de Respiration de la Tortue avait même été divisée en deux versions : à court et à long terme.
L’Aîné de Douce Plume, Liu Jianyi le Paresseux, avait pratiqué la seconde version de son mieux, étant trop fainéant pour respirer. Il avait alors atteint le stade où il n’avait besoin d’inspirer que deux ou trois fois par mois.
Quant à l’autre version, elle utilisait la magie pour remplacer la respiration pendant un court laps de temps. Plus le cultivateur était puissant, plus la technique était efficace.
De plus, elle était vraiment très utile. Une fois qu’un pratiquant de bas niveau la maîtrisait, il pouvait entrer dans des zones sous-marines ou souterraines dépourvues d’oxygène pour mener ses activités, voire partir à l’aventure.
Bref, le problème n’était pas là. Pourquoi le Vénérable Blanc avait-il si soudainement proposé de la lui enseigner ? Song Shuhang paniquait…
Le visage de l’Aîné était toujours aussi serein quand il lui demanda s’il voulait l’apprendre.
– « Aîné. » Le jeune homme était dans une telle détresse ! « Dites-le-moi franchement. Il se passe quelque chose ? »
Le Vénérable Blanc sourit : « Oui. À moins d’un accident, nous allons bientôt quitter l’atmosphère et nous atteindrons l’espace ! »
Quitter l’atmosphère et… atteindre l’espace…
Ses pires craintes se réalisaient.
– « Aîné Blanc, pouvons-nous arrêter l’épée volante ? Avec votre puissance, ce n’est pas un problème, n’est-ce pas ? »
En fait, s’ils avaient été seuls tous les deux, il se serait résigné à accepter son sort. Après tout, il portait déjà une combinaison spatiale. Il aurait pu voir la situation sous l’angle d’un voyage spatial d’une journée avec l’Aîné.
Mais ils avaient l’instructeur Li sur les bras et il n’y avait qu’une seule combinaison spatiale !
Merde, c’est pour ça qu’il veut que j’apprenne la Technique de Respiration de la Tortue ?
Il veut que je donne ma combinaison à l’instructeur ? Il en aurait pleuré.
– « Vous avez vu juste ! Donnez lui la combinaison. » Le maître de la lecture dans les pensées, le Vénérable Blanc, avait encore frappé. Son sourire s’élargit lorsqu’il l’agrémenta d’un pouce dressé en expliquant : « Comment dire… Plus tôt lorsque nous faisions la course avec ce jeune inconnu, nous avons atteint une vitesse excessive. Rien à faire, nous ne pouvons pas nous arrêter. Bien sûr, je peux facilement arrêter l’épée volante, mais le fuselage n’y résistera pas. Il explosera en mille morceaux ! Ce n’est pas un problème pour moi, mais je ne peux pas en dire autant pour vous deux. »
Les coins des lèvres de Song Shuhang tremblèrent. Il veut dire que je risque de… mourir ?
– « Je comprends. S’il vous plaît, enseignez-moi cette technique ! »
Il retira aussitôt sa combinaison et en revêtit le pauvre mortel à leur côté. Il se sentait désolé de l’avoir entraîné dans cette situation.
J’espère que, lorsque l’Aîné lui aura lavé le cerveau après toutes ces mésaventures, cette expérience traumatisante ne l’empêchera pas d’être heureux.
– « Ne vous inquiétez pas. Avec moi dans les parages, aller dans l’espace est sans danger ! Je suis un Vénérable Spirituel de Septième Rang après tout. »
En vérité… Il mentait. Mais pour la bonne cause !
Avec sa puissance, même l’hélicoptère était encore dix fois plus rapide, il pouvait l’arrêter d’une simple pensée, et ce sans risque pour ses occupants.
Sauf que la combinaison spatiale de Song Shuhang et sa conversation avec lui avant de monter dans l’appareil l’obsédaient.
Song Shuhang avait toujours voulu aller dans l’espace.
En raison de son admiration pour les astronautes, il n’avait pas pu s’empêcher d’enfiler cette combinaison alors qu’ils montaient dans un simple hélicoptère, désirant découvrir ce que cela faisait que d’être un astronaute.
Même s’il ne savait pas exactement ce qui inquiétait son jeune ami… Il avait décidé que puisque le jeune homme l’avait supporté et s’était si bien occupé de lui à de nombreuses reprises, il devait lui renvoyer l’ascenseur tant qu’il en avait l’opportunité !
Ils ne pourraient pas aller bien loin dans l’espace, mais faire un tour de terre et chercher un gros météore ou quelque chose sur quoi se poser avant de prendre une photo pour commémorer le voyage était tout à fait dans ses moyens.
Il était quelqu’un qui mettait un point d’honneur à prendre soin de ses cadets.
Il y tenait vraiment !
❄️❄️❄️
Peut-être qu’une plongée imminente dans le vide intersidéral était une énorme source de motivation, car Song Shuhang réussit à comprendre rapidement la Technique de Respiration de la Tortue.
Elle n’était qu’à peine plus compliquée que la Paume Éclair. Elle réclamait également du Qi Sanguin, puis de tracer les symboles 龟息 sur chaque paume.
Il fallait ensuite utiliser son énergie mentale pour activer le pouvoir de ces runes, et après cela, joindre les deux mains pour combiner les sceaux et lancer la technique.
Heureusement tracer 龟息 n’avait rien de compliqué !
Comment dire… toutes les techniques qu’il m’enseigne sont similaires dans la façon dont elles sont utilisées.
Soit elles nécessitaient de dessiner sur ses paumes et d’y insuffler de l’énergie mentale, soit elles obligeaient le pratiquant à crier le nom de la technique, ou de combiner des sceaux de mains.
Toutes ces techniques… ne me dites pas qu’elles appartiennent à une secte puis modifiées par le Vénérable Blanc ?
Sous la direction personnelle de l’Aîné, Song Shuhang passa dans l’état de Respiration de la Tortue. Il joignit ses deux mains ensemble et activa la technique !
Aussitôt, il sentit son rythme cardiaque ralentir et sa respiration… s’arrêta !
Respirer était instinctif chez l’être humain et il n’était généralement pas nécessaire de faire un effort conscient. Mais là, il avait tout simplement cessé de bouger son diaphragme. Il ne ressentit aucun inconfort, comme si ne pas respirer était tout à fait naturel.
Très étrange.
… Une petite voix lui soufflait que ce n’était pas la Technique de Respiration de la Tortue mais une technique pour le tuer par suffocation.
– « Pas mal ! Vu votre niveau, vous tiendrez environ deux heures. Le moment venu, je vous rappellerai de respirer. Maintenant, ce problème est résolu ! » L’Aîné éclata de rire.
Cependant, il n’y avait pas que la respiration à prendre en compte pour une virée dans l’espace.
Sans combinaison, il fallait penser au vide, à la température extrêmement basse, aux radiations du soleil, ainsi qu’aux micrométéorites qui pouvaient mettre en danger les êtres humains.
Par exemple, avec le changement de pression, l’azote dans le sang se transformerait en gaz, provoquant une augmentation de son volume. Sans une combinaison étanche et pressurisée, il allait y passer.
Pour le Vénérable, ce n’était pas un problème. Tant qu’un pratiquant était au minimum un Empereur Spirituel de Cinquième Rang ayant condensé son Noyau d’Or, son corps était assez fort pour résister à ces conditions inhospitalières. Outre la question de l’oxygène, un Empereur Spirituel pouvait vivre heureux et en paix dans l’espace.
Quant à Song Shuhang, il n’était qu’un simple pratiquant de Première Rang. Son corps n’était qu’un peu plus résistant que celui d’un mortel ordinaire, ce qui était insuffisant pour lui permettre de tenir face aux dangers mortels qui l’attendaient.
– « Ouais… Sans la combinaison, je dois vous donner une autre forme de protection, » déclara le Vénérable en prenant un calepin.
Il l’ouvrit, puis commença à y dessiner avec son doigt.
– « Aîné, qu’est-ce que vous faites ? »
– « Je fais un talisman pour vous protéger lorsque vous dériverez dans l’espace. Quel dommage, si vous aviez préparé deux combinaisons spatiales, vous auriez été en mesure de vivre une expérience encore plus authentique de ce qu’est la journée d’un astronaute. »
Song Shuhang se força à rire. En fait, je ne voulais pas vivre la vie d’un astronaute !
D’ailleurs, on peut vraiment utiliser un simple calepin pour faire des talismans ?
Après l’avoir vu fabriquer une épée volante jetable à partir d’une branche, ses connaissances furent une fois de plus mises à jour, cette fois-ci sur les talismans.
– « Et voilà, fini ! » Il arracha la page et la plia jusqu’à en faire un tout petit bloc de papier. « Mettez-le dans votre poche, il vous protégera comme une combinaison spatiale une fois que nous aurons quitté l’atmosphère terrestre. »
Même s’il voulait rire de toute cette histoire de talisman dessiné sur une feuille d’un calepin, ce bout de papier concernait sa sécurité. Song Shuhang le prit avec le plus extrême empressement et le plaça dans sa poche.
Soudain, l’épée volante jetable édition limitée hélicoptère passa un certain cap. Le jeune homme vit un ciel noir. Puis un bouquet d’étoiles.
Déjà ?
Je n’ai même pas profité correctement de la montée.
Mais bon…
– « Qu’est-ce que c’est beau ! » Il écarquilla les yeux et eut l’impression d’être perdu dans un océan magnifique. Il ne savait pas où regarder, chaque portion étant tout simplement magnifique. C’était une scène qui resterait gravée dans sa mémoire à jamais.
Il était toujours à l’intérieur de l’hélicoptère, entouré par une couche protectrice mise en place par le Vénérable. Puisqu’il pouvait encore parler, il décida d’en profiter pour exprimer ses sentiments. Après tout, il n’en serait plus capable une fois hors de l’hélicoptère.
– « Oui, c’est extraordinaire. J’aimais m’envoler pour regarder les étoiles d’aussi haut… En fait, il y a eu une période où je cherchais une planète déserte pour méditer reclus, mais il y avait tant de problèmes auxquels je n’avais pas de solution que j’ai dû abandonner… » sourit l’Aîné.
Après quoi… Il se perdit dans ses pensées.
La majesté du ciel étoilé et l’espace vaste et glacé firent remonter un flot de souvenirs, le poussant à s’y perdre.
Il était… distrait.
Pour autant, l’épée en forme d’hélicoptère ne s’était pas arrêtée. Elle continuait à voler si vite qu’on aurait pu croire à de la téléportation.
Song Shuhang et ses yeux perçants réalisa que, devant eux, un énorme objet se déplaçait lentement et s’approchait dangereusement.
– « Eh ! On dirait qu’il y a quelque chose droit devant ! … Aîné, faites demi-tour, on va s’écraser ! »
Cependant, il ne répondit pas à ses cris, même après un long moment d’attente.
Song Shuhang le regarda. Bon sang, il est perdu dans ses pensées !