« Est-ce que tu trouves Glory amusant ? demanda Chen Guo, avec sérieux.
– Ça va, dit Tang Rou.
– C’est plus intéressant quand tu joues toi-même ? continua son amie.
– Hum… j’en ai bien l’impression. » répondit Tang Rou.
Chen Guo sourit. Si elle s’intéressait de plus en plus au jeu, ça s’annonçait plutôt bien. L’envie pouvait aussi se développer lentement.
Après avoir rangé leurs affaires, ils descendirent tous les trois prendre leur petit-déjeuner. Sur la table, Chen Guo prit un des guides de voyage mis à disposition. Elle n’arrêta pas de le feuilleter, pour chercher des informations sur la ville. « Voyons ce qui nous attend. »
Ye Xiu et Tang Rou se regardèrent, mais Chen Guo repéra leur manège et les interrompit immédiatement : « N’imaginez même pas rester à l’intérieur pour jouer, nous sommes en voyages d’affaires, il y a des choses à régler.
Un voyage d’affaires… Ye Xiu et Tang Rou commencèrent à transpirer en écoutant Chen Guo. – La rue piétonne de Nanquan est la plus grande rue commerçante de la ville. Cela me semble plutôt bien ! Regarde. » Chen Guo leur fourra un guide entre les mains.
Ye Xiu le prit et hocha la tête encore et encore, puis proposa : « Patron, nous pourrions aller voir d’autres cybercafés, relativement grands, pour avoir une idée de leurs manières de faire et de leurs services ?
– J’aime cette idée, approuva Tang Rou.
– Non, j’ai grandi dans un cybercafé. Qui peut avoir plus d’expérience que moi dans la manière de les gérer ? » Chen Guo rejeta immédiatement la proposition.
Après avoir dit cela, ils éclatèrent de rire. Ce voyage d’affaires était absurde et la visite des cybercafés encore plus. Avec cela, toute tension disparue, il était clair qu’ils se comprenaient bien.
« Allez, je vous taquine les gars, finis par avouer Chen Guo. Vous pouvez faire ce que vous voulez. Mais si je suis venue si loin, ce n’est pas pour rester cloitrée à ne rien faire ! » Chen Guo reposa son guide et but son lait.
Euh… Ye Xiu et Tang Rou furent tout de même gênés. Chen Guo était leur cheffe et elle avait payé tous les frais du voyage, que ce soit le logement, la nourriture ou même le transport. Elle les avait invités pour s’amuser. Ils ne pouvaient pas décemment rester à jouer. Résolus, ils abandonnèrent cette idée et décidèrent de l’accompagner. Pour marquer le coup, ils frappèrent les mains sur la table.
« Vraiment ? Alors, regardez bien, qu’on décide où aller. » Chen Guo n’allait pas leur laisser le temps de changer d’avis et saisit deux guides qu’elle leur mit dans les mains, pour qu’ils puissent regarder le plan avec elle.
Ye Xiu ne s’intéressait pas particulièrement aux voyages ou aux sorties shopping. Il se contenta de rester à côté, d’écouter et de hocher la tête en signe d’approbation de temps en temps. Chen Guo et Tang Rou discutèrent un moment, au point qu’à la fin, il ne savait plus ce qu’elles avaient choisi de faire.
Elles avaient prévu une journée de visites enrichissantes. Les deux belles jeunes femmes qu’elles étaient attiraient l’attention autour d’elles. Cependant, il y avait quelqu’un tout aussi frappant, derrière ces deux beautés, un gars à l’allure un peu faiblarde, qui les suivait en trainant, comme s’il manquait d’énergie.
L’apparence paresseuse de Ye Xiu dénotait avec celles de ses amies, mais elles y étaient habituées, car elles le côtoyaient quotidiennement. Ainsi, ils suivirent un itinéraire planifié. Les deux jeunes femmes avaient choisi cinq lieux à visiter, mais ils ne réussirent à en compléter que deux. L’une des étapes était un grand magasin de vêtements, et elles y passèrent plus de deux heures.
Ye Xiu profita de cette durée pour se reposer, s’asseyant sur des bancs mis à disposition par la boutique. Plusieurs hommes avaient choisi de faire de même. Ils se regardèrent, un sourire tacite au coin des lèvres. Certains commencèrent à discuter pour passer le temps. Finalement, quelqu’un commença à parler de l’événement en cours ce week-end : le All-Star. Cela devint immédiatement le sujet principal de discussion, beaucoup d’entre eux étant fans de Glory. C’était un sujet populaire, ramenant un peu de bonne humeur et de vigueur dans ce groupe fatigué. Lorsque leurs compagnes revinrent, certains eurent des réticences à partir, comme s’ils auraient préféré continuer à discuter.
« Tu es sûre que tu as fini, que tu as regardé tout ce que tu voulais ? » Tentèrent d’argumenter certains, pour gagner du temps.
À la fin de la journée, les deux jeunes femmes avaient plein de sacs, des plus petits aux plus grands. L’objet le plus utile de Chen Guo fut une paire de jumelles de bonnes factures, probablement achetée pour voir les joueurs en direct lors du All-Star.
Sur leurs cinq objectifs, elles n’eurent pas le temps de se rendre aux deux derniers. Avec le All-Star, elles ne pouvaient pas prendre de retard et manquer le début. À la fin, elles finirent par abandonner et appelèrent un taxi pour retourner à l’hôtel. Après avoir laissé tomber leurs sacs dans leur chambre, ils se rendirent tous les trois au stade de Samsara.
La deuxième partie du All-Star pouvait commencer. Comme la veille, des brochures étaient distribuées à l’entrée pour détailler le programme.
Habituellement, ce deuxième jour était axé sur les performances, avec des épreuves spécifiques et très peu de duels. Ainsi, les activités proposées étaient des mini-jeux, conçus à partir de scripts informatiques, telles que de la course, de l’escalade, le parcours d’obstacles… toujours dans Glory.
Ces compétitions ordinaires étaient des jeux dans le jeu. Beaucoup étaient assez intéressantes pour captiver le public. Mais, le plus important était que la majorité de ces mini-jeux n’interdisaient pas les combats. Il fallait donc faire attention, si deux joueurs décidaient de se battre, cela profiterait certainement aux autres concurrents.
Ces événements étaient présents depuis longtemps dans le jeu, et, comme les retours du public étaient bons, ils avaient été conservés. Parfois, des joueurs se réunissaient en dehors, lors d’évènements personnels, pour imiter les règles de ces mini-jeux, simplement pour le plaisir.
De plus, durant le All-Star, cette deuxième journée autorisait beaucoup plus d’interaction avec le public. À chaque nouveau défi, des spectateurs étaient choisis au hasard pour participer.
Ainsi, l’organisation annonça que les jeux seraient doublés avec le système de projection holographique, puis dévoila le premier événement : la course de haies.
Les lumières du système de projection scintillèrent, affichant une piste de course rectiligne. Il y avait huit pistes, numérotées de un à huit, au rendu très réaliste.
Le maître de cérémonie commença alors le tirage au sort. Dans le public, chaque siège était numéroté et les professionnels appelés à participer devaient choisir les spectateurs élus pour jouer dans ce défi.
Pour ce premier événement, Zhou Zekai, l’as de Samsara, avait été appelé pour procéder au tirage au sort.
« Zekai, quelle méthode allez-vous utiliser pour sélectionner les quatre spectateurs ? demanda le maître de cérémonie, une fois qu’il l’eut rejoint sur scène.
– Hum, tout ce que vous voulez, répondit Zhou Zekai, après un instant de réflexion.
– Nous pouvons demander à un ordinateur de choisir au hasard, ou vous pouvez décider des numéros vous-même, ou encore lancer quelque chose dans le public pour sélectionner celui qui viendra. À moins que vous n’ayez une idée originale pour le faire. Avez-vous une nouvelle façon de choisir ? demanda l’animateur.
– Bien, alors celui-là, dit Zhou Zekai.
– Euh ? – Par hasard.
– La sélection aléatoire ? Vous voulez dire laisser le choix à l’ordinateur ? – Oui.
– Alors, commençons par choisir notre premier candidat ainsi. Regardez l’écran et dites stop pour l’arrêter. » Comme l’avait expliqué l’animateur, l’écran commença à afficher des informations, mais Zhou Zekai décida de l’arrêter immédiatement.
De toute évidence, la personne au contrôle ne s’y attendait pas et réagi en retard. Deux autres numéros passèrent avant que les valeurs ne s’arrêtent de changer. Le maître de cérémonie commençait déjà à transpirer : « Déjà un arrêt, d’accord, c’est bon, voyons si le public est…. c’est bon, il est là. »
Une fois le système arrêté sur son numéro, le spectateur en question s’était levé en bondissant, très joyeux, et descendait déjà des gradins.
« D’accord, ensuite, pour le deuxième, voulez-vous changer de méthode ? demanda le maître de cérémonie.
Zhou Zekai leva la main, fit un geste, que personne ne saisit puis la laissa retomber et dit :
– Euh, continuez de rouler.
– Continuez de rouler ? Est-ce que vous voulez dire de continuer à faire tourner la loterie ? Voulez-vous utiliser la même méthode ? Zhou Zekai acquiesça.
– Allons-y. Les nombres vont défiler sur l’écran, mais cette fois vous pouvez…
– Stop !
… le laisser tourner un moment… » L’hôte n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que Zhou Zekai avait déjà décidé de s’arrêter là, gelant l’écran sur un autre siège.
L’animateur chercha le spectateur en question, mais celui-ci s’était déjà levé, avant même qu’il ne l’annonce.
« D’accord, encore deux, Zekai, allez-vous changer de méthode ? demanda-t-il, comme il devait le faire.
– Ce n’est pas nécessaire.
– D’accord. Alors cette fois, pouvez-vous attendre un peu avant de l’arrêter, d’accord ? demanda le maître de cérémonie.
– Je peux. Zhou Zekai hocha la tête.
– Bien ! Les valeurs recommencèrent à défiler sur l’écran, après l’annonce du maître de cérémonie. Il avait déjà été interrompu deux fois, donc il fit plus attention. »
« Cela défile toujours. » Il attendait toujours de lire le numéro de siège, mais il attendait, encore et encore. Finalement, il regarda Zhou Zekai avec étonnement, mais celui-ci semblait concentré sur l’écran géant, comme s’il voulait attendre longtemps avant d’arrêter son choix.
« Zekai… ?
– Stop ! » Merde ! jura l’animateur, intérieurement. Il avait encore été pris au dépourvu. Heureusement, le public était plus réservé cette fois, et il ne bougea pas de son siège avant que le numéro n’ait été annoncé à voix haute. Finalement, le maître de cérémonie réussit à faire une annonce correctement.
« Il reste une personne à choisir. Zekai, alors allons-nous procéder différemment ? Allez-vous choisir une personne vous-même ? » continua l’hôte, essayant de mettre un peu de changement, et d’éviter un nouveau déboire avec l’ordinateur.
« OK.
– Alors quels chiffres allez-vous choisir ?
– Euh, 17 !
– 17 ? Puis-je vous demander pourquoi choisir ce nombre si rapidement ? » demanda le maître de cérémonie.
« Euh… Euh… » Zhou Zekai ne répondit rien d’intelligible, mais ses yeux étaient fermement posés sur son interlocuteur.
Après avoir attendu quelques secondes, l’animateur se souvint de quelque chose et baissa la tête.
Un caméraman comprit ce qu’il s’était passé et tourna sa caméra vers lui, arrêtant de filmer Zhou Zekai. Le maître de cérémonie portait un t-shirt, avec le nombre 17 brodé sur le côté gauche.
Le public se mit à rire, mais l’animateur ne s’en offusqua pas. Il était prêt à se tourner en ridicule pour le bien du show.
Toutefois, ce nombre n’était pas suffisant pour déterminer une place dans le public. Il fallait un numéro de siège, de rang et de zone pour déterminer un endroit dans les gradins. L’hôte réexpliqua le principe, jusqu’à ce que Zhou Zekai indique enfin un emplacement complet.
Ensuite, après l’avoir invité à retourner à sa place, il s’essuya le front, couvert de gouttes de sueur. C’était fatigant ! Zhou Zekai méritait d’être appelé la personne la plus difficile à interroger dans l’Alliance.