Les avions étaient différents des épées volantes.
Les épées volantes étaient pratiques, rapides. Il suffisait d’en avoir une et de réciter la formule, créant ainsi une couche de lumière à sa surface. Ensuite, il n’y avait plus qu’à poser les pieds dessus pour voler selon ses désirs!
À l’horizontale, à la verticale, en arrière, à l’envers… Aucune importance! De plus, qu’il y eût du vent ou de la pluie, des éclairs ou de la neige… Rien de tout cela n’affectait le vol sur une épée.
Mais pour un avion…
Ce moment de transport était fortement affecté par les facteurs environnementaux. Et même sans ceux-ci, les êtres humains avaient édicté quantité de règles qui restreignaient la liberté du pilote.
Song Shuhang et l’Aîné Blanc étaient tous deux assis dans la salle de classe, écoutant l’instructeur expliquer la base du pilotage.
Il mentionna les calculs des données relatives au décollage et à l’atterrissage, l’acquisition et l’analyse des informations météorologiques, le code de conduite de l’aviation, l’analyse de l’espace aérien de la zone d’entraînement autour de l’aérodrome, ainsi que la signification de toutes sortes d’indicateurs lumineux utilisés sur place.
L’homme compressa et résuma toutes ces informations pour tenir le temps alloué à son cours avec les deux clients. Normalement, plusieurs jours de programmes étaient prévus.
Un plus d’une heure plus tard…
L’instructeur ayant terminé, il but un peu d’eau et dit : « Voilà pour la théorie. »
À vrai dire, après avoir parlé autant de tant de choses différentes en si peu de temps, il se sentait étourdi. Il ne croyait pas un instant que Song Shuhang et le Vénérable Blanc eussent été capables de tout retenir.
Mais bon… C’était juste pour le principe. Après tout, ces deux-là avaient déjà leur licence de pilote.
– « Ouais, ça a l’air facile. Sauf qu’il y a trop de règles et de restrictions de toutes sortes, » se lamenta l’Aîné Blanc en regardant les quelques livres entre ses mains.
– « Impossible d’y couper, il y a tellement d’avions dans le ciel que, sans une gestion appropriée, des accidents pourraient se produire. Et dans ces cas-là, il y a beaucoup de morts. Bref, la théorie est plutôt simple. C’est juste une question de mémoire, » sourit Song Shuhang.
– « Vous avez sans doute raison. »
L’instructeur, en entendant leur conversation, sirota sa tasse de thé pour cacher un ricanement. Ces enfoirés, ils se la pètent devant moi!
Même lui avait la tête qui tournait après avoir abordé tant de sujets différents. Il n’y avait aucune chance que ces deux lascars eussent pu tout comprendre!
❄️❄️❄️
La suite se passa simplement. Après tout, ils n’étaient pas là pour obtenir leur licence, mais pour apprendre à piloter et faire un tour dans le ciel. Ils esquivèrent donc quelques procédures pointilleuses et gênantes.
Grâce aux arrangements de Caselli, Song Shuhang et l’Aîné Blanc apprirent quelques opérations de base avec les instruments, les cartes et le radar du simulateur de vol.
Puis, guidés par leur instructeur, un homme courageux à qui on avait promis la lune et un casse-cou qui n’avait pas peur de la mort, les deux cultivateurs montèrent dans un des hélicoptères.
Song Shuhang commença, l’Aîné Blanc restant à l’arrière.
Pendant le décollage, le cœur de l’étudiant battait la chamade. Un appareil de ce genre n’avait rien à voir avec une voiture. Si quelque chose tournait, c’était la fin!
L’instructeur était assis à côté de lui et le guidait. Il n’y avait pas grand-chose à dire au décollage. Tant qu’ils ne montaient pas au-dessus des 1000 mètres, le jeune homme pouvait faire ce qu’il voulait. En fait, le professionnel lui-même était très nerveux. Il savait que ces deux individus à ses côtés avaient de l’argent à ne plus que savoir en faire, et qu’ils jouaient avec le feu. Ils venaient d’apprendre la théorie et étaient immédiatement passés à un vol en conditions réelles. S’il n’avait pas eu autant besoin d’argent, il n’aurait jamais accepté de parier sa vie sur la leur!
Pourtant, lorsque l’hélicoptère décolla, il avait été un peu surpris. Même si Song Shuhang manquait de souplesse – et il était évident qu’il était un parfait amateur aux commandes d’un hélicoptère pour la toute première fois – il n’avait fait aucune erreur. Il tremblait peut-être de peur, mais tout se passait assez bien.
Après avoir volé un peu et effectué un large cercle dans les airs, il ne trouva rien à redire à son exécution. Inattendu.
Ce mec… A-t-il déjà appris à voler, et est-il juste là pour me faire flipper ? L’instructeur lui jeta un discret coup d’œil. Un peu comme tous ces pilotes de courses qui squattent les auto-écoles pour s’occuper ?
Bon, même s’ils ont de l’argent et qu’ils aiment la montée d’adrénaline qu’on éprouve en jouant avec le feu, ils n’iront pas jusqu’à plaisanter avec leur vie, hein ?
Peut-être que ce Song Shuhang et ce Song Bai ont déjà volé, et qu’ils veulent maîtriser d’autres véhicules ?
Cette idée l’apaisa. Si tel était le cas, alors lui et le vieux Liu étaient bien tombés!
Le vieux Liu était un de ses collègues. Lui-aussi était un casse-cou qui n’avait pas peur de la mort si on lui promettait d’énormes récompenses.
Après l’avoir laissé faire un autre tour dans les airs, il demanda à Song Shuhang d’atterrir.
Song Shuhang se concentra sur sa manœuvre et descendit en direction de l’aérodrome. Même si, comparé à une épée volante, c’était moins pratique, il se sentait beaucoup plus en sécurité!
Il se rendit même compte qu’il appréciait cette sensation… C’était super!
Après un atterrissage en douceur, l’instructeur sauta sur le plancher des vaches et courut vers son collègue casse-cou : « Vieux Liu, je viens de finir une session. Surveillez l’autre homme pour la deuxième, puis demandez-leur de vous suivre pour essayer les avions d’affaires. Ok ? » Il se rapprocha de lui et ajouta : « Vieux Liu, je n’en suis pas sûr, mais je crois qu’ils ont de l’expérience, ce ne sont pas de purs amateurs. Ils semblent assez familiers avec les commandes. Cette fois-ci, nous avons vraiment touché le jackpot! »
– « Oooh… » répondit-il d’une voix dépourvu d’émotion, comme si son esprit était ailleurs.
– « Vieux Liu, est-ce que ça va ? »
– « Oooh… ? Petit Li. Tout va bien. Je vais bien. » Des larmes coulaient sur son visage.
Il avait surveillé le Vénérable Blanc à l’intérieur du simulateur de vol et avait passé un certain temps seul avec lui. Par conséquent, il en avait été affecté. Il avait fini par développer des doutes quant à sa propre vision de la vie.
– « Vieux Liu, ne vous déconcentrez pas, c’est dangereux! Je vais emmener l’autre élève pour sa session. Pendant ce temps, reprenez-vous. » Ainsi, Petit Li fit demi-tour et se prépara à accompagner le Vénérable pour un tour d’hélicoptère.
❄️❄️❄️
Lorsque Petit Li revint à l’hélicoptère, il vit l’étudiant enfiler une combinaison spatiale, une du genre “extrêmement épaisse et lourde”!
Mais qu’est-ce qu’il fout ?
Je leur enseigne à piloter un hélicoptère, pas une navette spatiale. Nous ne pourrons jamais monter si haut, alors qu’est-ce qu’il mijote ?
Et puis, il fait une chaleur… Est-ce qu’il débloque ? Ou est-il juste con ? Ou bien… Est-ce qu’il se drogue ?
Song Shuhang pouvait sentir son regard. « Hahaha. Ne vous préoccupez pas de moi. J’ai toujours voulu être un astronaute. Faites comme si je n’étais pas là. »
Petit Li, devant sa tenue, se sentait tellement triste pour lui.
De son côté, le Vénérable regardait la combinaison spatiale avec curiosité. Son intérêt était piqué et il avait l’air de vouloir l’essayer lui-aussi.
– « Contrôle terminé, aucun problème. Vous pouvez décoller. » L’homme chargé de l’inspection leur donna le feu vert.
L’Aîné excité monta en toute hâte.
Quand au jeune homme, même si sa tenue était encombrante, il parvint à s’installer avec agilité sur la banquette arrière. Énorme, il prenait toute la place.
– « Hahaha. » Il était vraiment gêné. Heureusement pour lui, il avait la Perle de Glace Liant-Spirituel, sans quoi il serait mort de chaleur.
– « … » L’instructeur l’observa longuement. Puis il monta. Son cœur recommença à battre à toute vitesse. « Vous pouvez décoller, suivez simplement les mêmes étapes que votre ami. Et ne montez pas à plus de 1000 mètres d’altitude. »
– « Ça marche, » répondit Blanc.
Comparé à Song Shuhang, il était beaucoup plus à l’aise. Même s’il n’avait jamais piloté un tel engin, il avait de nombreuses heures de vol à son actif. Il était habitué à être dans le ciel.
Par conséquent, lorsqu’il commença, il n’eut pas l’air d’un débutant. Il ressemblait à un pilote expérimenté avec dix ans d’expérience.
Ainsi, Petit Li fut rassuré. Hahaha, cette fois, je touche le gros lot. J’ai parié dix tickets que ce “Song Bai” n’est pas un débutant!
Le centre avait dépensé une énorme somme d’argent pour que le vieux Liu et lui prissent soin de cette paire de riches, et avaient même décroché une assurance en or. Au départ, il avait cru devoir risquer sa vie pour accomplir sa mission, mais il ne s’attendait pas à être cent fois plus détendu qu’avec des clients plus classiques.
Si de telles missions étaient appelées “à haut risque”, alors il avait encore de la marge. Il était plus que disposé à relever n’importe quel défi!
Sauf… Il y avait encore une chose qui le mettait mal à l’aise. L’énorme masse derrière lui, Song Shuhang, enfermé dans sa combinaison spatiale.
Peu importait sous quel angle il y réfléchissait, il sentait que quelque chose ne tournait pas rond!
❄️❄️❄️
Le monde des pratiquants a toujours été caché du commun des mortels, mais les cultivateurs ne s’en étaient pas séparés. Ils avaient toujours été dans l’air du temps.
Les Hommes suivaient les Jeux Olympiques et d’autres compétitions sportives, et de tels événements existaient également pour les pratiquants.
Par exemple, une course d’épée volante avait lieu une fois tous les dix ans dans différentes parties du monde, choisies au hasard. Elle était très connue.
La course d’épée volante, comme son nom l’indiquait, était une course de vitesse et d’habileté! Toutes sortes de pièges et d’obstacles, ainsi que des formations obstruantes étaient installés sur le parcours. Le plus rapide gagnait!
La compétition était divisée en trois catégories en fonction des niveaux des cultivateurs. Pour le Quatrième Rang, “la Chevauchée des Épées” ; pour le Cinquième, “la Course d’Épée volante” ; et pour le Sixième, “le Vol des Épées”.
Quant aux Vénérables Spirituels de Septième rang, et les pratiquants d’un niveau supérieur… Il s’agissait généralement de gros bonnets, il n’y en avait que quelques-uns. Ils s’isolaient pendant des centaines d’années, ils n’avaient pas le temps de participer à de telles festivités.
Yang Yuxiang, “l’Épée Ouragan” de la Secte Épée Coucher de Lune s’était fait un nom dans le monde des cultivateurs.
Il avait été trois fois sacré champion de la Chevauchée des Épées! La vitesse de son épée volante laissait sur le carreau de nombreux Empereurs Spirituels!
Il avait déjà dominé cette course trois fois de suite. Son objectif était d’en remporter une dernière avant de devenir un pratiquant de Cinquième rang, établissant ainsi un record impressionnant : quatre victoires à la suite!
Pour atteindre cet objectif, il avait travaillé très dur sa Technique d’Évasion avec son épée.
Trois jours plus tôt, l’Épée Ouragan était passée de la partie orientale de la Chine à la partie la plus occidentale d’une seule traite, et avait suivi le même chemin pour rentrer chez lui. Sur son trajet, il cherchait toutes sortes d’aérodromes et d’aéroport.
Pourquoi ? Parce qu’il avait une passion : la course sur son épée volante.
Il aimait dépasser toutes sortes d’avions.
À chaque fois, il volait à côté d’un de ces oiseaux métalliques puis, dans un sursaut d’énergie, le dépassait. Ce genre de sensation était son plaisir ultime.
Et puisque les gens ordinaires ne pouvaient pas le voir, il pouvait s’en donner à coeur joie.
Ce jour-là, il passa devant un certain centre.
– « Le Centre de Formation de l’Aviation Civile de Jiangshui ? Oh! Ce n’est pas une base aérienne. Si ce sont des nouveaux, ils vont probablement être assez lents… Bah! C’est quand même mieux que rien. Je n’ai même pas vu un seul avion dans le coin, » soupira-t-il.
Il attendit, et finalement… un hélicoptère s’éleva lentement dans les airs.
– « Enfin! » Yang Yuxiang éclata de rire. Dommage, ce n’était qu’un petit hélicoptère privé, sa vitesse ne valait rien. Mais tant pis, il devait s’en contenter.
Il patienta le temps du décollage, jusqu’à ce que la machine cessât d’accélérer. Puis, monté sur son épée, il s’en approcha et vola à ses côtés.
C’était son habitude. Voler avec l’appareil pendant un certain temps, puis foncer dans une explosion d’énergie, laissant son partenaire loin derrière lui jusqu’à ce être incapable de le voir.
Expliquer ses frissons avec des mots était trop difficile.
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– « Eh ? » Lorsque Song Shuhang, assis sur la banquette arrière, se retourna, il vit quelqu’un.
Un homme qui vole dans le ciel ?
Un pratiquant chevauchant son épée volante ?
Song Shuhang ayant déjà ouvert son Acupoint de l’Oeil, il pouvait voir beaucoup plus de choses que les gens ordinaires. Les fantômes, les monstres, et les cultivateurs sur leurs épées volantes.
Même ainsi, il en voyait rarement. À part Doudou qui trainait à la maison, il n’avait jamais vu un autre monstre-bête.
Les cultivateurs debout sur une épée étaient également rares… Normalement, ils volaient à très haute altitude, ils ne pouvaient donc pas être vus depuis le sol.
Alors qu’il était plongé dans ses pensées, le cultivateur qui volait à côté de l’hélicoptère leur fit une grimace… Il prit la pose, comme s’il était sur le point de se lancer dans une course de vitesse, le dos voûté et les fesses en l’air. Il commença même à crier : « Trois, deux, un, partez! »
Après quoi, il fila droit devant lui, aussi rapide que l’éclair!
Ses appels enthousiastes continuèrent de résonner dans les oreilles de l’étudiant. Pourtant, il était déjà devenu un point noir aussi gros qu’une tête d’épingle.
– « C’était quoi, ça ? » Song Shuhang était déconcerté.
– « Héhé! C’était une provocation! » rit le Vénérable, soudainement sérieux.
– « Une provocation ? Stop! Aîné, c’est peut-être une erreur! Il s’occupait juste de ses affaires et passait par là par hasard! »
Quant à l’instructeur, il était perdu. De quoi parlaient-ils ?