(PS : relire le chapitre 129 pour mieux comprendre si nécessaire)
Je regarde Adelina et son père sans vraiment comprendre ce qu’il se passe. Bon, je ne suis pas un génie, mais Razeno a quelque chose à voir avec la situation vu ce qu’elle dit.
– Adelina, qu’est-ce qu’il se passe ?
– J’ai compris… et mon père…. mon père ! Il est responsable de tout ça, de cette guerre civile entre Lishnul et les manges-mots !
Le vieil homme regarde autour de lui et se rend compte que les grimpeurs le fixent. Il se frotte le visage et soupire.
« Personne n’a besoin de s’énerver. Si je ne me trompe pas, vous êtes tous là pour me sauver ou pour protéger ma fille n’est-ce pas ? »
La plupart acquiesce et Maliel me regarde comme pour me dire de ne pas parler de ce qu’on venait faire ici à l’origine. C’est difficile de cacher nos sacs qui sont juste là, au sol , mais au moins aucun bijoux n’en sort.
« Si c’est bien le cas, alors vous n’avez pas à vous en faire, les manges-mots ne vous attaqueront plus. Vous passez automatiquement sous ma protection et pourrez sortir du palais librement. Vous n’êtes pas censé être là, mais je peux probablement arranger les choses. »
Tout le monde a l’air perplexe après ce qu’il vient de dire. Mais c’est la chevalière qui apprécie le moins la situation.
– Ils ont essayé de nous tuer ! Qu’est-ce qui se passe ici exactement !?
– C’est très simple. Ils avaient pour mission de récupérer ma fille et la mettre en sécurité. Vous entraviez cette mission. Mais tant qu’ils considèrent qu’elle est en sécurité, ils ne feront rien. C’est probablement pour ça qu’ils ont décidé de ne pas vous attaquer.
– L’un d’entre eux a arraché le bras d’un de mes compagnons, un autre a les bras brisés et vous dites qu’ils ne feront rien ?!
– Et vous serez généreusement récompensés pour vos efforts une fois la nuit terminée. Ce n’est qu’un problème de communication, un quiproquo. En tant que grimpeur je sais que les blessures ne sont que temporaires pour vous, donc ne commençons pas à être rancunier.
Maliel fixe rapidement un des sacs par terre et s’apprête à demander à quel point la récompense sera généreuse, mais je lui fais signe de s’abstenir. Coupant la conversation, Adelina se remet à hurler sur son père qu’elle ne comprend pas pourquoi il a fait ça.
« Arrête les enfantillages ! Tu ne sais même pas de quoi tu parles. Oui des gens meurent, c’est la guerre, que veux-tu savoir exactement ?! Hmm ?! Pourquoi ? Vous voulez le savoir ? Lisez n’importe quel livre d’histoire et vous le saurez. Cette ville est bâtie sur un mensonge. Des usurpateurs, c’est tout ce que sont les hommes au pouvoir dans ce pays. Le vrai peuple de Lishnul ne mettra jamais les pieds dans les quartiers riches parce qu’ils appartient à la vermine qui a volé cette cité à son peuple avant de le mettre en esclavage. Une usurpation ayant eu lieu il y a bien longtemps… Trois frères fondateurs ? Une fille et son père qui ont profité de leur générosité avant de se retourner contre eux ? Cette histoire est une insulte à ceux qui connaissent la vérité, à ceux qui savent que les rôles sont inversés…
*
– Père ! Ils arrivent, il faut que nous partions maintenant ! Ils seront bientôt ici !
– C’est inutile, je ne bougerai pas. Toi ma fille, tu dois partir. Gardes ! Emmenez-là !
– Mais Père ! Tu ne peux pas rester ici. Ils te tueront ! Les portes ne tiendront pas plus longtemps… Il faut que nous partions !
Au loin retentissent des hurlements provenant des pillages tandis qu’un bruit sourd retentit régulièrement, indiquant que les portes de la salle du trône ne tiendront pas plus longtemps. Les gardes s’approchent de la princesse, mais aucun d’eux n’osent la toucher pour l’emmener comme l’ordonne le Roi.
– Qu’ai-je fait… Ô grands dieux, sauvez cette ville du mal qui l’envahit !
– Père, tu ne pouvais pas le savoir, je ne pouvais pas le savoir…
– Je les ai nourris, logés, j’ai pris soin de leur peuple… Tout ça pour une alliance qui n’est que la fin de mon règne. Mais toi, ma fille, c’est toi qui a le plus souffert ! Je ne te lègue qu’un royaume qui n’existera plus aux premières lueurs du prochain jour, et un avenir sombre t’attend.
– C’est encore possible de les arrêter ! Les tribus du désert nous aideront, mais tu dois venir avec nous !
– Cette tâche sera la tienne ma fille. Il est trop tard pour moi et je dois payer pour mes erreurs.
– C’était mon erreur ! Pas la tienne ! C’est moi qui –
– Il suffit ! Je ne te laisserai pas te rabaisser ainsi ! Tu es mon sang et tu dois vivre ! Gardes ! Emmenez-la ! Kh !
Les portes du palais se brisent alors que des cris guerriers se font entendre. Le Roi se lève en dégainant son épée.
« Pars, ma fille ! Maintenant ! Toi ! Emmène-la loin d’ici tout de suite ! Protège-la comme je la protégerais et que les dieux bénissent ta tâche ! »
Les soldats présents dans la salle du trône forment une ligne alors que le Roi s’approche et met son casque. Sa fille est emmenée par un unique soldat alors qu’elle crie à son père de venir avec elle.
Les soldats ennemis entrent dans la salle du trône en vociférant et une ligne invisible partage la salle en deux alors que les hommes se dévisagent froidement.
« Soldats ! Il est temps de tuer la vermine qui nous fait face ! Que chaque homme ici emporte avec lui dix d’entre eux et il sera un saint parmi les saints digne de voir son nom scandé pour l’éternité par les dieux ! Pour Lishnul ! »
La ligne se brise et les hommes se jettent les uns sur les autres.
« Mon père… non… »
En silence, un unique soldat emporte avec lui la princesse dans les souterrains. D’abord réticente à l’idée de partir, elle finit par avancer d’elle-même à travers les tunnels qu’elle connaît si bien. La tristesse de dire adieu à son père se mélange à la colère qu’elle ressent envers les monstres déguisés en hommes qui sont responsables de tout ça. Par-dessus tout, il y a un visage qui lui reste en tête. Celui de cet homme qui était son fiancé, qui à chaque instant lui a menti pour obtenir ce qu’il voulait… La paix ne lui suffisait donc pas, il fallait qu’il prenne tout…
Derrière elle, un homme apparaît et égorge le soldat surpris qui tombe à terre. Cet homme n’est autre que celui qui hante ses pensées.
– Bonsoir princesse.
– Toi ! Je te tuerai !
– Oho !
Sans attendre la princesse dégaine ses deux épées courtes et commence à attaquer l’homme qui se contente d’esquiver ou de simplement parer les attaques en riant.
– Pas très en forme de ce que je vois. Une mauvaise nuit peut-être ?
– Encore et encore tu m’as menti, pourquoi ?! Ça ne te suffisait pas ? Nous vous avons accueillis toi et tes frères. Et maintenant la cité est en feu, sur le point d’être détruite !
– La détruire ? Non, je la récupère voilà tout. J’aime bien l’endroit…et les saveurs locales…
Il se contente de sourire en la regardant et elle l’attaque en hurlant avec encore plus de rage, mais c’est impossible de l’atteindre. À chaque mouvement, c’est comme s’il savait ce qu’elle comptait faire. Pourtant son talent à l’épée rivalise bien avec les meilleurs soldats de son père, mais quelque chose l’empêche de mener à bien ses attaques pour le tuer.
– Je… Je t’aimais ! Cela ne veut rien dire pour toi !?
– Ahaha ! On y arrive finalement. Ton papa est mort, ton royaume est en feu, mais si je te dis que je t’aime aussi, tu vas faire quoi ? Me croire ? Mentir à un enfant aurait été plus difficile que de te faire croire que moi et mes frères sommes du côté des gentils. Tu es tellement stupide princesse, mais tu feras une très bonne esclave, crois-moi. Il y a juste une chose que je n’aime pas chez toi…
Sans attendre, il la désarme et la plaque contre le mur.
« Tu es magnifique, mais tu ne sais pas te taire. On va changer cela dès maintenant »
Attrapant un couteau à sa ceinture, il le met dans la bouche de la princesse et commence à couper quelque chose qu’il trouve superflu chez elle, sa langue.
La princesse hurle de douleur, mais finissant par libérer une de ses mains, elle attrape son poignard et le plante profondément dans le ventre de l’homme qui recule aussitôt en la libérant. Elle crache du sang en prenant une grande inspiration alors que l’homme la frappe au visage en l’insultant. Son cœur est brisé et elle pleure l’homme qu’elle pensait connaître et qui s’acharne sur lui avec violence.
Il retire la lame de son ventre qui saigne abondamment. Il chancelle pendant quelques instants en la regardant comme un fou en train de réfléchir à la pire chose qu’il pourrait lui faire subir.
Mais avant qu’il n’ait le temps de trouver…
« PRINCESSE !! »
Des gardes apparaissent au loin dans le couloir et s’approchent en brandissant des épées.
« Tch, tu as de la chance ma bien-aimée, il semblerait que nos chemins se séparent. Mais je te retrouverai maintenant que tu es vraiment parfaite. »
Il commence alors à s’éloigner dans l’autre sens en se tenant le ventre, laissant les gardes secourir la princesse pendant que le sang continue de couler abondamment et douloureusement de sa plaie au ventre.