Kirameku Sukafu [Terminé]
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Chapitre 21 – Rencontre avec Sakai.
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Un souvenir m’est revenu. Cette peluche ressemblait à celle de Sakai.

Lorsque j’étais à l’école primaire, mes parents habitaient encore avec moi et Chizu n’était pas malade. Tout allait pour le mieux.

Moi, le plus grand solitaire du Japon, j’avais toujours été mis à part des activités des autres enfants. Lorsqu’eux s’amusaient dans le parc à côté de notre établissement, moi je rentrais, lisais des manga ou me divertissait sur des jeux vidéo.

Quand on devait travailler en groupe, j’étais seul. Et cette méthode de vie me plaisait. Le fait de ne rien devoir à personne et d’être apathique me convenait amplement.

Un jour, ma mère m’avait obligé à sortir. Elle en avait assez que je sois toujours enfermé dans ma chambre.

Ce jour-là, il faisait très chaud, alors je m’étais assis sur un banc au parc, à l’ombre, sous un cerisier. Mes camarades de classe s’amusaient autour du toboggan, sans prêter attention à moi. Pendant ma lecture, une fille était venue vers moi, et m’avait dit que je pouvais l’appeler Sakai. Elle portait également une longue écharpe tout comme Anzu. Cette fille était restée à côté de moi pendant que je bouquinais. Elle paraissait assez réservée, malgré tout, elle avait eu le courage de me demander de jouer avec elle.

Surpris, je lui avais fait comprendre d’un mouvement de tête que je n’en avais pas envie. Elle semblait assez triste du fait que j’avais rebuté son initiative.

Le lendemain, ma mère m’avait derechef obligé à aller au parc. Sakai s’installait sur le même banc où j’étais la veille. Je m’étais mis à côté d’elle et lisais mon manga sans prêter attention à elle.

Soudainement, elle m’avait proposé de jouer encore une fois ensemble, et j’avais une nouvelle fois refusé. C’était devenu, au fil du temps, une habitude, je m’asseyais, repoussais son envie de s’amuser avec moi, puis continuais de dévorer mes shōjo.

Un jour, la pluie tombait et plaquait mes cheveux contre mon front. Je remarquais que Sakai me rejoignait, avec dans la main gauche un manga, dans l’autre un parapluie. Elle avait couvert ma tête, avant de me dire.

— Tu vas attraper froid si tu te sèches pas, idiot.

Ensuite, elle m’avait offert le onzième tome de Kimiuso.* C’était le dernier de la saison qui venait de sortir.

— Tiens, c’est pour toi, je te l’ai apporté.

Elle est allée le chercher sous cette pluie battante ? C’est vraiment une folle maintenant que j’y repense.

— Merci, lui avais-je répondu timidement.

Je me souviens très bien de cette scène. Lorsque je l’avais remercié, ses joues s’étaient empourprées, puis avait rétorquée, sans doute pour me taquiner.

— J’avais peur que tu sois muet, idiot.

Elle n’avait pas tort, en presque trois mois, c’était la première fois que je lui adressais la parole.

Pourquoi ai-je refusé si longtemps ?

Depuis ce jour-là, nous avions commencé, petit à petit, à nous amuser ensemble. N’ayant jamais souri, jamais ri avec quelqu’un d’autre que ma sœur, je ne savais guère comment m’y prendre.

Au fil des jours et des semaines, mon corps souhaitait exprimer toutes sortes d’émotions que j’avais jusque là, toujours rejetées. Sakai m’avait alors appris à les extérioriser. Je rigolais pour la première fois avec elle tout en jouant. J’avais manifesté des sentiments de manque, de colère et même de jalousie.

Nous avions vécu pleins de moments absolument fantastiques, comme lorsque étions allés au parc d’attractions, ou au cinéma. C’étaient des instants riches en émotions. Elle et moi passions nos week-ends et nos vacances à nous amuser, sans cesse.

Un jour, alors que je l’observais au loin, mon cœur s’était mis à battre à une vitesse exceptionnelle. Quand elle était proche de moi, ça me gênait. Je ne connaissais pas ce genre de sensation. J’avais donc décidé de lui dire tout ce que je ressentais, tous mes sentiments inexplicables. Je m’étais dit que, peut-être qu’elle savait ce que ça voulait dire.

Ce jour-là, j’avais pris mon courage à deux mains et m’étais rendu chez elle. Devant la porte, j’inhalais au maximum avant de surprendre une conversation entre sa famille. Ils semblaient se fâcher pour le lieu de déménagement. Sakai n’interrompait pas ses cris et les suppliait de rester. Elle avait confié à ses parents qu’elle était amoureuse d’un garçon, et qu’elle ne voulait pas le perdre de vue.

J’étais bête, innocent, mais pas stupide. J’avais compris que je ne devais pas rentrer dans leur demeure, pas pour le moment.

Ne sachant où aller, je m’étais rendu au parc pour lire mon manga. Je n’arrêtais pas d’imaginer ce qu’il se passerait si la seule amie que je m’étais faite dans ce monde disparaissait.

Sakai arrivait et avait accouru vers moi, les larmes aux yeux.

— Je pars dans une semaine, Kinari.

Cette phrase m’avait bouleversé.

Elle devait, selon ses dires, déménager à Osaka, elle n’avait fait que de pleurer. J’essayais de la consoler, du mieux que je pouvais.

Alors que des gouttes coulaient sur ses joues, elle m’avait proposé que nous nous fassions pleins de souvenirs avant qu’elle ne s’envole.

Nous avions décidé d’aller au parc d’attractions, c’était ici que nous avions passé la plupart de notre temps. Pendant notre promenade, j’avais remarqué une peluche dans une cabine d’UFO Catchers. J’avais alors eu l’idée de lui en faire cadeau. J’avais mis une pièce dans la machine et avais réussi à en gagner une.

Génial, m’étais-je dit

Je la lui avais offerte en souriant.

Cette peluche-là est identique à celle que j’ai vue dans la chambre d’Anzu, j’en suis certain, maintenant.

Un peu plus tard, toujours au même endroit, j’avais repéré un purikura.*

C’est un souvenir parfait, m’étais-je dit.

Une combine s’était insérée au sein de mon esprit. J’avais demandé à Sakai de m’attendre le temps que j’aille aux toilettes. J’en avais profité pour m’immiscer dans la cabine afin de prendre une photo. En revenant vers Sakai, je lui avais glissé ce souvenir dans son sac à dos.

C’étaient les deux dernières choses que j’avais pu laisser à Sakai.

Quelques jours plus tard, par une sombre clarté, pendant laquelle la pluie avait plaqué mes cheveux contre mon front, Sakai se rendait à la gare. Je l’avais alors rejointe.

— Sakai !

Je dois le lui dire avant qu’elle s’en aille.

— Mon…

J’inhalais l’air, avalais ma salive et sentais mon corps se contracter.

Je devais le faire, je devais savoir, je devais le dire.

— Mon cœur bat à une vitesse folle quand t’es avec moi !

Ses larmes coulaient de nouveau à flots.

— Moi aussi, Kinari !

Le silence était angoissant.

Du coin de l’œil, j’observais le train voler à toute vitesse. J’avais fait un pas en avant, et avais essayé de l’attraper.

Sans succès.

Douce tristesse, d’être impuissant face à un départ.

J’avais passé ma main sous mes yeux puis m’étais rendu compte que nous avions le même sentiment. Des gouttelettes se déversaient sur mes joues.

Depuis que je l’avais rencontré, je pensais que les mots comme destin ou avenir étaient entièrement à notre portée.

Alors pourquoi ne puis-je pas rester avec elle un peu plus longtemps ?

Le ciel après la pluie avait l’air plus sombre que jamais. Les couleurs du monde étaient toutes devenues grisâtres.

Plus jamais je ne ressentirai cette tristesse, qui m’a submergée.

Kimiuso : Manga japonais.

Purikura : photomaton japonais.

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