Mon téléphone vibre.
Aneko ? Putain, je flippe déjà…
La peur et l’angoisse s’emparent de mon corps et combattent mon excitation.
Round one.
Fight!
Les coups rapides et puissants de l’excitation terrassent ma peur, et déploient l’application LINE.
T’évolues étrangement, marmonne Kinari blasé.
Rejoins-moi au centre commercial dans deux heures.
J’aurais dû laisser ma peur battre mon excitation…
L’idée de repenser à sa déclaration me terrifie. Je sais pas quoi lui répondre. Je n’arrive déjà pas à comprendre moi-même ce que je ressens pour qui que ce soit.
Aneko…
C’est une camarade de classe ? Une amie ? Est-ce que je l’aime… j’en sais rien. Mais je suis certain d’une chose, c’est que je dois l’aider à réaliser son rêve. Je dois m’entraîner pour tenir son rythme de pianiste.
Chizu entre dans la salle de bain et me demande, d’un air de Shinichi Kudo.*
— Tu vas où, grand frère ?
— Je pars au centre commercial avec Aneko.
Un sourire se dessine sur le visage de ma sœur. Elle chantonne en sautillant jusqu’à ma chambre.
— Grand frère à un rendez-vous, répète-t-elle inlassablement.
Un… un rendez-vous…
— Regarde ce que je t’ai trouvé, grand frère. Tu dois te faire beau pour ton premier rencard !
Une chemise et un jean ? J’en porte que pour les grandes occasions.
— Tu veux vraiment que j’enfile ça ?
— Oui !
Au revoir ma tenue d’otaku.
Son sourire divin n’a pu me faire refuser. Elle m’aide pour me coiffer et finit par me parfumer.
Onze heures et demie, j’ai encore une demi-heure devant moi, je vais pouvoir aller lire.
— Tu vas où, grand frère ? Reviens là, idiot !
Chizu me pousse vers la porte d’entrée et me déloge.
Mais qu’est-ce qu’elle fout ?
À peine ai-je le temps de poser le pied dehors que l’accès se referme derrière moi.
Putain, t’abuses sœurette.
Une dizaine de minutes plus tard, je suis arrivé au centre commercial, quelqu’un a tapoté mon épaule. Je me suis retourné et ai découvert le visage d’Aneko qui a dressé un large sourire.
Elle sourit ? Je vais en faire de même.
— C’est quoi cette tête, Kinari ?
Laisse-moi essayer de m’intégrer à ton univers, idiote.
— Reste toi-même, c’est comme ça que je t’aime, idiot.
Seconde déclaration, je vais m’évanouir.
Elle est magnifique, autant que la veille. Sortir avec une fille aussi ravissante qu’Aneko n’est clairement pas dans mes habitudes.
Elle me regarde puis fait un tour sur elle-même. Sa robe flotte dans les airs et ses cheveux noirs et lisses tournoient sur eux-mêmes.
Menma.*
Elle s’approche puis me demande avec sensualité.
— Je te plais, Ki-na-ri ?
Absorbé par son charme, je réponds.
— Tu es…
J’inspire profondément avant d’avaler ma salive.
— Regarde cette statue !
J’ai complètement échoué, elle va me détester. Bordel c’est si difficile que ça de complimenter quelqu’un ?
— T’es bête, Kinari, mais…
Mais ?
— Regarde cette statue !
Ça, c’était fort. Je m’incline devant tant d’éloquence.
Elle ricane, puis ajoute.
— On y va, Kinari ?
— Oui, oui.
Nous commençons notre promenade.
Sur notre chemin, Aneko repère un sanctuaire féminin, elle me jette un regard rêveur, puis me demande.
— Tu veux bien m’aider pour choisir un maillot, j’aime plus celui que j’ai.
J’vais pas ressembler à un pervers en entrant dans un endroit pareil ?
Des bikinis ! crie Kinari amoureux en laissant couler son nez plein de sang.
Tu ressembles beaucoup trop à Kamé Sennin,* ricane Kinari otaku.
— Reste pas devant la porte, viens, me dit-elle en attrapant mon bras.
— Je vais passer pour un pervers, Aneko !
— Mais non, je s’rais avec toi. Ils pens’ront qu’on et un coupe !
Un coupe ? C’est pire que ce que je croyais…
Nous traversons quelques rayons.
Bordel c’est quoi toutes ces tenues bien trop sexy pour être observées ?
Elle me montre deux choix.
— Tu préfères lequel, Kinari ?
D’un côté, un deux-pièces d’une couleur blanchâtre avec des froufrous et des ficelles rouges. De l’autre côté, un maillot une pièce, couleur pomme, assez simplet.
Réfléchis, réfléchis. Si je choisis le bikini, je passerais pour un sacré pervers, non ? Le maillot vert est plus basique et ça éviterait que l’idiot ne saigne pas du nez en le regardant.
Sûr de moi, je pointe du doigt le maillot deux pièces.
Mais quel imbécile ! Malgré toutes ces explications, j’ai pas su résister à la tentation.
— Attends-moi ici, je vais l’essayer !
Rintarou Okabe, renvoie-moi cinq minutes dans le passé, c’est un besoin, là !
Les portes de la boutique s’ouvrent
— J’espère que tu es prête !
— Oui !
Ces voix, c’est Anzu et Masuko ? Qu’est-ce qu’elles foutent là !? Si elle me repère, je peux dire adieu à ma vie d’étudiant.
Je me cache dans une cabine d’essayage pour n’émettre aucun soupçon.
Bordel, j’suis dans de beaux draps, moi !
— Alors pour nous départager, on choisit un maillot et on le montrera à mon darling, on verra lequel des deux, il préfère !
Tout ça pour une compétition, sérieusement, les filles…
Petit à petit, l’angoisse me ronge.
Si elles me voient en compagnie d’Aneko, elles vont faire une crise de jalousie…
Évite de les mettre en colère, suggère Kinari blasé.
Il a bien raison, ma solitude me manque tellement… Seul, je me serais jamais retrouvé dans cette situation de merde !
Les rideaux de la cabine voisine s’ouvrent.
— Kinari ?
Aneko, je suis vraiment navré, bonne chance à toi.
— Anzu, Masuko ! Qu’est-ce que vous faites là ?
— Tu appelais quelqu’un, Aneko ?
— Oui, j’étais avec Kinari, vous ne l’auriez pas vu ?
C’est peut-être le moment de s’échapper et de fuir…
— Darling ? Tu es en… en rencard avec lui ?
— C’est mon chéri ! Donc rien de plus normal.
Alors, un billet pour le Mexique. C’est vrai, c’est bien le Mexique, c’est à quoi ? Dix mille kilomètres ? Ça devrait me permettre d’être tranquille un bon moment.
— Ton chéri ?
C’est quoi ce nouveau surnom ?
Quand est-ce que tu comptes aller régler le problème, idiot ?
Je tire les rideaux de ma cabine et me présente devant les filles.
Impossible de poser un regard sur elle, j’ai trop honte…
— T’es là chéri ! Alors t’en penses quoi ?
Je l’analyse, et remarque que ses jambes semblaient aussi douces que l’air, et ces froufrous sur son maillot… c’est parfait pour un chapitre d’eroge à la plage, ça.
Ses seins ont toujours été aussi énormes ?
Kinari amoureux vient de s’écrouler par terre, il manque de sang, on lui met une perfusion !
— Oui… oui il te va bien.
Les deux filles nous scrutent de haut en bas puis nous demandent.
— On peut rester avec vous ?
Jamais.
Aneko esquisse un sourire et répond.
— Bien sûr !
Elle n’est pas Haruka Kotoura…
Après avoir finalement toutes choisi leurs maillots, nous avons progressé vers le magasin de sport.
Un vrai calvaire ce shopping, j’ai jamais eu aussi honte. Et pourquoi Aneko se colle-t-elle autant à moi ?
Elle attrape mon bras puis me chuchote.
— Si j’te lâche, j’vais t’perde, chéri…
Elle est mignonne, rêve Kinari amoureux.
Tiens, il s’est réveillé cet idiot ?
Nous sommes arrivés devant le rayon de basket et Aneko en a choisi une paire.
C’était assez rapide, tant mieux.
— Vous nous accompagnez au café ? J’ai soif, moi, propose Masuko.
Autour de la table, Anzu me scrute et me demande.
— Vous… vous sortez ensemble, toi et Aneko ?
— On sort ensemble au centre commercial, oui. Pourquoi ?
— C’est pas ce que je voulais dire, idiot ! Je voulais savoir si vous étiez en couple !
Mon âme sort de mon corps et s’en va dans des contrées lointaines.
— Réponds-moi, idiot !
Masuko et Anzu soupirent, puis Aneko s’accroche à mon bras et leur tire la langue.
— Moi, je suis amoureuse de lui !
Amenez-moi à l’hôpital, je vais faire une crise cardiaque, là.
Je veux fuir chez moi.
La suite était silencieuse.
Bordel, elle s’est déclarée tellement de fois et à chaque fois elle est tellement adorable, ça me rend fou…
— Je vais rentrer, Chizu doit s’inquiéter.
— D’accord, à plus tard, darling.
— À plus tard, chéri.
— À plus tard, Kinari.
Je déteste ce harem.
Je me lève et monte dans le premier bus.
Quelle journée absolument pathétique !
Dans l’autocar, j’entends les passagers murmurer.
— Faites attention au chikan là-bas.*
— Il n’est pas en train d’abuser d’une étudiante ?
— Je sais pas. Je vois pas bien.
Un chikan, ici ?
Personne ne réagit ? C’est qui ?
Je balaie le regard et analyse chaque personne.
Lui ! C’est lui, sous sa casquette ! Des yeux bien plus terrifiants que ceux de Ryuji Takasu* et sa main, il… il ose peloter la jeune fille à côté de lui ?
C’est mon choix.
Je traverse le bus, me rapproche discrètement de l’agresseur et attrape son poignet.
Je vais te faire vivre un enfer.
— Lâche-moi, gamin !
J’enlève son chapeau.
Ça devrait le distraire pendant deux secondes, maximum.
Il lève le regard vers le plafond.
Garde déjouée. Parfait.
Donne-moi ta force Hanma Baki,* toi aussi Makunouchi Ippo.*
Je prends de l’élan, serre mon poing et l’envoie dans son bassin.
Il s’écrase au sol.
— Toi ! Cesse tes conneries, laisse-la tranquille ! T’es un père de famille, t’as une femme et des enfants, non ? T’es quel genre de type pour faire des choses aussi obscènes !? Tu dégoûtes tout le Japon, bordel !
Je me retourne vers l’étudiante terrifiée et lui murmure.
— On descend au prochain arrêt, t’inquiète pas.
Je saisis mon téléphone et appelle en vitesse la police.
— Bonjour. Yamazaki Kinari, un chikan agressait une fille mineure sur la route K1, nous nous trouvons à quelques mètres du commissariat de police de Kanagawa, pouvez-vous intervenir ?
— Merci, on vous attend.
Je me tourne et remarque l’expression vide de la jeune fille.
Pourquoi elle fait cette tête, j’suis pas son héros ?
Si Izuku Midorya* avait regardé All Might* faire un sauvetage pareil, il aurait été joyeux, alors pourquoi elle reste muette ?
Je la fixe, la dévisage et tente de comprendre ses émotions.
Ses mains tremblent ? J’suis censé faire quoi ?
J’en sais rien.
Les portes du bus s’ouvrent et la gendarmerie intercepte le pervers avant de nous remercier.
Et une bonne action, et une.
— Tu vas bien ?
— Oui… oui. Merci.
Des cheveux coupés carrés, bleuâtres, plutôt lisses. Des yeux noirs et obscurs.
Qui est-elle ? Je l’ai jamais vue et pourtant, elle porte notre uniforme.
J’ai vraiment aucune mémoire, c’est dingue.
Elle me regarde et reste silencieuse.
Son corps se tortille sur lui-même ?
Izanami,* qu’as-tu fait à son existence ?
— Tu…
Elle me coupe.
— T’es au lycée Kanagawa Kibogaoka, sensei ?
Sensei ?
— Oui, en seconde.
— Moi… moi aussi et quel est le nom de mon sensei ?
— Yamazaki Kinari et toi ?
— Yoshida Junko.
Yoshida Junko ? Jamais entendu parler. Elle ne doit pas être dans ma classe.
— À demain, sensei !
Par contre c’est quoi ce surnom ?
Sans doute dû au choc.
— À demain, Yoshida-chan.
La rentrée est dès demain… j’ai pas envie, sérieux.
Je rejoins mon sanctuaire et remarque Chizu reposer le téléphone sur son socle.
Nos parents nous ont appelés ?
Curieux, je lui demande.
— C’était qui ?
— Aneko, me répond-elle en souriant, elle m’a raconté sa journée. Elle avait l’air vraiment contente que tu l’aies accompagnée au centre commercial ! Bravo, grand frère !
Évidemment, ça n’allait pas être notre mère qui prendrait de nos nouvelles.
Shinichi Kudo : Personnage principal détective. ( Détective Conan )
Menma : Personnage principal portant une longue robe blanche. ( Anohana )
Kamé Sennin : Personnage pervers. ( Dragon Ball )
Rintarou Okabe : Personnage principal voyageant dans l’espace-temps. ( Stein’s Gate )
Haruka Kotoura : Personnage principal lisant dans les pensées des gens.
Ryuji Takasu : Personnage principal ayant un regard terrifiant. ( Toradora )
Hanma Baki : Personnage principal disposant d’une force de frappe monstrueuse. ( Baki )
Makunouchi Ippo : Personnage principal boxeur. ( Hajime no Ippo )
Izuku Midorya : Personnage principal adorant les super-héros. ( Boku Hero Academia )
All Might : Personnage principal adoré par Izuku Midorya. ( Boku Hero Academia )
Izanami : Personnage d’un conte japonais célèbre. ( Izanami et Izanagi )
Chikan : Agresseur sexuel sévissant dans les transports en commun japonais.