— Allô, allô, Kinari ?
— Oui, Anzu ?
— Tu peux me rejoindre devant le lycée, d’ici une heure ?
— Ouais, j’arrive.
Encore une journée dans laquelle je vais pas me reposer.
Je soupire, et raccroche.
J’attends devant le portail, et la remarque arriver au loin. Elle s’approche petit à petit de moi. Mes yeux fixent sa robe blanche sur laquelle elle a dressé un ruban. Son écharpe porte la même couleur que ses pommettes.
La réincarnation de Menma… Ou alors un mélange entre elle et la Princesse Kaguya ? J’sais pas. Sérieux, avec la poitrine d’Inoue, elle pourrait être adaptée dans un eroge.
Elle se présente devant moi, incline son visage, le sourire aux lèvres.
Bordel, c’est la définition même du mot mignon, c’est certain !
— Désolé pour mon retard, tu n’attends pas depuis trop longtemps, Kinari ?
Je reste sans voix, immobilisé par son charme.
Elle se tourne sur elle-même, me fusille du regard, et ajoute timidement.
— J’suis à ton goût ?
J’vais faire combien de crises cardiaques cette année ?
— Tu es raviss… ça te va bien, Anzu.
Je respire profondément.
J’étais à deux doigts d’en faire trop.
Elle me remercie avec sensualité, puis nous rejoignons Maeda, Yamaguchi et Inoue. Tous les cinq, nous nous sommes malheureusement rapprochés lors de notre voyage scolaire.
Après nous être tous retrouvés, nous partions en direction du tableau d’affichage, là où sont accrochés les selfies de notre périple.
La photo numéro soixante-quatre est la première que nous avons prise, Anzu et moi à Chiba Shrine, le temple religieux. La soixante-cinq est celle de l’aquarium. La dernière, le numéro soixante-six, représente celle du parc d’attractions.
Inoue s’approche de moi et me demande curieusement.
— T’as choisi quelle photo, Yazaki-kun ?
— Une de toi, de Maeda, de Yamaguchi et celles qu’on a prises avec Anzu.
— Je vois, moi, j’suis partie sur un selfie de mon binôme et un de toi.
Elle a pris une photo de moi, mais pas de Yamaguchi et de Maeda ? C’est pas ses amis ? Je n’y comprends plus rien, cette fille est aussi mystérieuse que la Cave écrite par Hajime Isayama.
Qu’attend-elle de moi exactement ? Ça me terrorise.
Tout à coup, mon téléphone sonne.
Masuko ? Qu’est-ce qu’elle veut elle ?
— Allô, allô Kinari, tu es au lycée ?
— Ouais, pourquoi ?
— Viens devant le portail ! Je suis là !
Ne sois pas aussi excitée, idiote.
Je raccroche et préviens mes camarades.
— Je vais rejoindre Masuko, m’attendez pas.
Oui, m’attendez surtout pas.
Je l’observe, un livre à la main, assise à côté d’un cerisier fleuri. Un short, un débardeur, et un chapeau de paille, sur lequel elle avait dressé un ruban rose. C’était un signe de vacances.
Une vraie petite touriste, cette fille.
Je m’approche avec appréhension. Elle me remarque puis me salue.
— Désolé de te déranger, Kinari.
— C’est pas grave, tu voulais quelque chose, Masuko ?
— Oui… je voulais savoir si tu… tu avais prévu quelque chose pour nos congés ?
On appelle ça des vacances… D’ailleurs c’est l’unique moment de l’année où je peux profiter de mon appartement pour en faire un bunker anti-sortie…
Mes manga, amenez-moi mes manga.
Lui mentir serait sûrement une erreur, me confie Kinari sérieux.
T’as sans doute pas tort.
Je peux déjà dire adieu à mes shōjos…
— Non, j’ai rien de prévu, pourquoi ?
— Tu veux bien qu’on passe les vacances ensem…
Coupée par mes camarades de voyage qui sont arrivés, elle n’a pas pu finir sa phrase.
Ils me sauvent la vie ! Chizu avait donc raison, les amis avaient réellement une importance ca-pi-tale.
— Vous n’cacheriez pas des choses vous deux ? Vous parliez de quoi ? demande Yamaguchi en prenant un air de Shinichi Kudo.
— Des vacances, bégaie-t-elle timidement.
— Je vois, tu voulais qu’on fasse quelque chose ensemble ? questionne Maeda en se caressant le menton.
Masuko semble un peu perturbée.
— Oui, je souhaite inviter Kinari dans mon chalet.
— Oh ! Alors si Yamazaki-kun y va, je viens aussi !
Qu’est-ce qu’il se passe là ? On n’a jamais été aussi proche toi et moi.
— Je ne laisserais pas Maeda-kun seul, je viens aussi, s’exclame joyeusement son ami.
— Nous aussi, on veut venir ! s’écrient les filles en fronçant les sourcils.
Ça fait beaucoup trop, là. Adieu mes rêves de manga. Pardonnez-moi, je reviendrais plus fort.
— Ça te dérange pas si on vient tous, Masuko ?
— Non, non, c’est bon, répond-elle en levant les yeux au ciel, j’ai un chalet assez grand, mais je n’ai que trois chambres et nous sommes six.
— On se débrouillera là-bas, t’en fait pas, propose Maeda en tentant de rassurer le groupe.
— Rejoignez-moi à la gare d’ici cinq heures, alors, marmonne-t-elle.
Quel calvaire.
À la fin de notre entrevue, je rentre chez moi pour préparer ma valise, mais également pour prévenir Chizu de mon départ.
Me voilà de retour, mon sanctuaire.
Je croise ma sœur qui me réclame.
— Grand frère, tu pourras m’amener au centre commercial pendant tes vacances ?
N’en rajoute pas Chizu, c’est déjà assez difficile, pour lui, me confie dans un coin de ma tête, Kinari otaku.
— Désolé Chizu, je pars en vacances avec mes camarades de classe.
— T’as des amis, grand frère ?
— Ca-ma-ra-des, j’ai dit !
Elle s’est allongée, le visage à cinq centimètres du sol.
— Je veux y aller, je veux rencontrer tes amis, grand frère. S’il te plaît, répète-t-elle plusieurs fois.
Je crois qu’on est plus à une personne près, soupire Kinari blasé.
— Allô, allô, Masuko ?
— Oui, Kinari ?
— J’ai prévenu Chizu que je partais en vacances avec vous et elle m’a supplié pour que je la laisse m’accompagner. Donc je voulais savoir si ça te dérangeait pas qu’elle vienne.
— Chizu ? Non, aucun problème, elle est aussi adorable que toi, ta petite sœur !
Adorable, dis-tu…
— Merci, Masuko, à tout à l’heure.
— Avec plaisir, Kinari.
Je me tourne vers Chizu, lève le pouce, puis lui annonce l’accord de Masuko.
On va être combien pendant ces vacances…
Après m’être préparé, je ferme nos valises puis nous partons en direction de la gare pour rejoindre nos camarades.
Elle est si loin que ça la gare ? Je suis épuisé.
Les deux garçons, Maeda et Yamaguchi s’approchent de moi en chantonnant.
— Yamazaki-kun le tombeur, Yamazaki-kun le tombeur.
Je jette un coup d’œil à côté de moi et remarque Chizu qui se cache derrière moi.
Je vais les tuer, hurle dans un coin de ma tête, Kinari énervé en sortant deux khukuris.
J’ai vraiment une personnalité bizarre. Il a un sacré rire débile.
Faisons dissiper ce malentendu.
Je présente Yamazaki Chizu, ma sœur, à tout le monde.
Masuko lui attrape les mains.
— Bienvenue parmi nous, Chizu !
Yamaguchi et Maeda s’excusent et saluent ma sœur. Quant à Inoue, elle s’approche de Chizu et se manifeste avec gaieté.
— Enchantée, Chizu, je suis une amie de ton grand frère.
Je me retourne vers ma sœurette et lui explique.
— Tu connais déjà Anzu et Masuko. Je te présente Yamaguchi et Maeda, ce sont les deux garçons qui partageaient ma chambre lors de mon voyage scolaire. Elle, lui dis-je en pointant l’héroïne des eroge du doigt, c’est Inoue, une camarade de classe.
— Elle est belle Inoue-sempai, murmure ma sœur timidement.
Elle laisse même une marque de son charme aux filles, quelle plaie.
Inoue lève les yeux en l’air et marmonne.
— Camarade de classe, camarade de classe… j’ai quand même dormi sur ton grand frère.
Et c’était plaisant…
Tout le monde en rit, sauf Anzu, Masuko et moi, qui détournons le regard.
Le train arrive, nous embarquons à bord, et nous dirigeons en direction de Futtsu, une ville située entre la préfecture de Yokohama et Chiba. Chizu m’a posé mille questions sur mes camarades, mais Inoue m’a sauvé lorsqu’elle a tenté de converser avec elle.
— Chizu ! J’espère qu’on s’entendra bien !
— Moi aussi, Inoue-senpai !
— Appelle-moi, Aneko !
— D’accord, Aneko !
— J’avais peur que tu sois une otaku comme ton frère…
Ma sœur rit aux éclats.
Je vous entends, idiotes.
Nous arrivons sans encombre à Futtsu. Masuko, notre guide, nous conduit à son chalet. Lors du trajet, notre présidente et Anzu m’encerclent et se rapprochaient petit à petit de moi, physiquement parlant.
Du coin de l’œil, j’ai constaté qu’Inoue est resté à l’arrière à bavarder avec Chizu.
— Waouh ! C’est gigantesque ici ! s’exclame Anzu.
Il est incroyable ? Immense ? Magnifique ? Combien de fois on peut rentrer mon appartement là-dedans ?
Nous déposons nos valises dans la pièce de vie puis Maeda nous demande.
— Pour dormir, on fait comment ?
— Au niveau des salles, au rez-de-chaussée, on y retrouve le salon, la cuisine, une baignoire et une toilette, à l’étage se trouvent les trois chambres, explique Masuko.
— Ici, c’est la nôtre, crient les deux garçons en pointant l’une des portes du doigt.
— Si tu veux, je dors dans le canapé, ma sœur ira avec Inoue, et toi avec Anzu ?
— Ça ne vous dérange pas les filles ?
— Non, non.
Ils déposent tous leur valise dans leur chambre, quant à moi, je m’étale sur les coussins. Yamaguchi et Maeda terminent les premiers puis redescendent pour me rejoindre, suivis des filles.
Une fois tous réunis, Chizu prépare mon plat préféré : le riz au curry.
Quel doux parfum, c’est irrésistible…
Lorsque tout était prêt, nous avons mangé ensemble, et j’ai dû subir leurs récits de leurs vacances précédentes.
Quel calvaire, sérieux, on s’en fout que tu sois allé à Hawaï.
Après le repas, tout le monde regagne sa chambre pour se coucher. Je fais la même chose, mais moi… je dors sur le canapé.
J’aurais préféré un futon…
En pleine nuit, j’entends le bruit des marches grinçantes de l’escalier. Ces craquements me réveillent. J’ouvre lentement les paupières et aperçois une silhouette descendre…
Menma : Personnage principal portant une longue robe blanche. ( Anohana )
Princesse Kaguya : Personnage d’un célèbre conte Japonais.
Cave d’Hajime Isayama : Secret de l’œuvre Shingeki no Kyojin.
Shinichi Kudo : Personnage principal de l’œuvre Détective Conan.