La Tour des Mondes
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Il est temps d’enquêter.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller voir la taverne dont m’a parlé Yuu et il me guide là-bas tout en étant installé dans la besace dans mon dos. La besace semble faire la taille parfaite pour lui et je me retrouve donc à porter tous mes animaux…

Yuu n’est pas très lourd vu qu’il fait pratiquement la taille d’un chat et donc ce n’est pas dérangeant, mais j’espère un jour que les rôles s’inverseront et que je pourrais avoir une monture et pas en être une. De plus, je perds de la place pour mon équipement… même si avec l’inventaire je n’en ai pas particulièrement besoin. Il n’y reste que les pièces me permettant d’accéder à la tour des voleurs.

Bon, j’imagine que tant que je fais attention à ne pas tomber en arrière il ne risque rien… espérons pour lui que je n’oublie pas.

En tout cas, l’odeur suffit à Yuu pour savoir où il se trouve, ce qui est un talent que j’aimerais bien avoir, mais qui pourra se relever utile pour pister quelqu’un tant que Yuu coopère.

Puisque j’ai Yuu pour me guider, le mange-mot est resté à la résidence pour protéger Adelina. L’ambiance est devenue un peu étrange avec elle depuis sa déclaration et la discussion que j’ai eues avec son père. Elle n’est pas en train de se morfondre, mais elle a l’air d’être sur les nerfs en ma présence, comme si je l’irritais. Elle continue à avoir des gestes affectueux envers moi, mais mon manque de réaction l’énerve de temps à autre même si elle essaye de le cacher. Chaque matin dans la salle à manger, elle me dit bonjour et à chaque fois que je lui réponds, elle semble s’irriter comme si elle attendait plus de ma part et vu qu’elle s’énerve je préfère ne rien dire et me contente de manger. Difficile de savoir quoi faire ou quoi penser avec elle.

Je finis par arriver devant un grand bâtiment où une enseigne montre un lit et une chope de bière.

Je demande à Yuu si c’est bien là et il se contente de me répondre que oui en soupirant spirituellement. Je décide de passer la large porte et me retrouve à l’intérieur de la taverne qui est très sombre. À l’intérieur, il y a des tables, un comptoir qui fait office de bar, une cheminée éteinte et beaucoup de torches pour éclairer l’intérieur qui semble compenser pour le manque de fenêtre. Une dizaine de grimpeurs sont installés dans la salle et sont en train de boire et de discuter. Certains d’entre eux sont en armure, mais la plupart me donnent l’impression d’être des sortes de voleurs.

Tu ne t’es pas trompé d’endroit ?

[C’est l’endroit où se trouvent le plus de grimpeurs dans la ville, mais si ça ne te plait pas je peux t’emmener ailleurs, tu auras juste moins de réponses à tes questions.]

C’est juste que l’ambiance est assez lourde pour une taverne.

Yuu ne sait pas quoi me répondre probablement parce qu’il n’a pas l’habitude de côtoyer des humains et je me contente d’avancer en direction du bar où une femme se tourne vers moi. Elle me dévisage de haut en bas comme si elle était étonnée de me voir. Une chose est frappante avec elle et je ne m’attendais pas à voir ça ici, mais ses yeux sont rouge phosphorescent comme ceux de Nerys ou de la secrétaire. Elle a quelque chose comme la trentaine, le teint hâlé et sa tenue est plutôt banale pour une aubergiste dans un monde médiéval, un tablier sur une robe blanche.

Une tresse dans le dos qui lui arrive jusqu’au milieu des omoplates. Pour être honnête, elle est tout à fait banale, pas de cicatrices ni d’arme en vue, pour autant elle dégage un peu de l’aura que je peux sentir venant de Nerys et de la secrétaire et je ne dis pas ça juste à son regard.

Elle semble amusée vu comment elle me dévisage, mais tant qu’elle ne me fait pas le coup du « tu es trop jeune pour être ici gamin » je ne devrais pas m’énerver.

— Finalement.

— Pardon ?

— Rien. Tu finis par refaire surface après deux mois, gamin. Nous nous demandions si tu finirais par venir après ton sommeil prolongé.

— … Ah. ?

Je ne ferai pas de remarque sur le « gamin » qu’elle a quand même fini par dire. Je viens de la rencontrer, mais nous avons apparemment beaucoup de choses à nous dire. Pour commencer vu ses yeux, elle fait partie des assassins et vu qu’elle semble travailler ici, cela veut dire que je dois être à l’endroit où se rassemblent les assassins, non ?

— Ne fais pas une tête pareil. Nous gardons toujours un œil sur nos protégés et depuis que tu es arrivé dans la ville tu ne fais pas exception à la règle. Tu es là pour t’entraîner ou pour avoir des informations ?

— Je… Des informations.

— Dans ce cas, passe la porte là-bas.

— Une seconde, qui êtes-vous ?

— Oh, juste la gérante. Pour le reste, tu dois t’en douter, non ?

— Quelqu’un du peuple de la Tour ?

Elle étouffe alors un rire alors que quelques personnes se tournent dans notre direction pour savoir ce qu’il se passe. La femme se penche alors vers moi et me répond en parlant beaucoup moins fort.

« Une simple assassin comme toi. Je fais en sorte que les débutants dans ton genre trouvent un endroit où ils seront les bienvenus et j’assure la liaison avec le pied de la tour. Je m’appelle Madeleine, mais ici tout le monde m’appelle “Mad” à cause des yeux. »

Alors que je m’apprête à lui poser une question pour finalement comprendre pourquoi ses yeux sont comme ça, elle se contente de me montrer la porte en me faisant signe de ne pas parler ici.

Je referme la bouche et me dirige vers la porte. Parler des assassins en public est une mauvaise idée, mais j’ai l’impression que je n’aurai jamais les réponses à mes questions à ce rythme. Madeleine me dit qu’elle arrive et j’acquiesce simplement.

Grâce à la traduction automatique, je peux comprendre le jeu de mot avec Mad, mais il faut vraiment que je me penche sur le fonctionnement du système et je devrais peut-être lui demander. Enfin… si c’est vraiment utile ? Le tout reste que ça fonctionne non ?

J’entre dans la pièce en réfléchissant et me retrouve dans une sorte de salon privé. Il n’y a qu’une seule personne de ce côté, un homme accoudé à un bar ouvert en train de boire une sorte d’alcool dans un verre à whisky. Il ressemble à une sorte de cow-boy vu ses vêtements et à sa ceinture je peux voir ce qui semble être des colts. Vu qu’il est la seule personne dans la pièce, je décide de m’approcher et comme pour confirmer que j’ai pris la bonne décision il attrape un deuxième verre qu’il remplit et pose à côté de lui sur le bar en me faisant signe de venir.

Je m’installe à côté de lui, mais avant même de prendre mon verre, je peux sentir quelque chose d’étrange et menaçant venant de lui. Sans même chercher à comprendre et en me fiant à mon instinct, j’attrape un stylet avec mon boost d’agilité. De son côté, il dégaine un pistolet qu’il s’apprête à pointer sur mon visage. Avant qu’il n’ait le temps de le faire, je me sers de ma main libre pour dévier le canon de son arme et pointe mon stylet contre son cou. Malheureusement, il anticipe le mouvement de ma main et dévie mon bras avant de repointer son arme en direction de mon visage tandis que je pointe mon stylet contre ses côtes.

« Tu es encore un peu lent, mais ça me suffit. »

Sans attendre, il rengaine son arme et reprend son verre sur le bar comme s’il ne s’était rien passé. Je ne sais pas comment réagir et continue de pointer mon arme sur lui. Est-ce que c’était une sorte de test ? Est-ce qu’il est dangereux ? Madeleine rentre alors dans la pièce et après avoir fermé la porte-derrière elle commence à soupirer.

— J’imagine que tu l’as provoqué, Carl ? Tu comptes faire ça à chaque fois ? Range ton arme Nomad, tu ne risques rien. Carl c’est la dernière fois je te préviens.

— Ay, ay, Mad. Tu sais bien que je n’aime pas quand les gens se trompent d’endroit. Une petite vérification vaut mieux que des explications.

— Nomad, voici Carl, lui aussi un vrai assassin. Il a décidé de rester dans ce monde pour continuer à m’énerver et boire mes stocks.

— N’exagérons rien, la seule chose qui m’intéresse ici c’est toi Mad.

— Et la seule chose qui m’intéresse chez toi c’est ton ardoise Carl.

Carl sourit à moitié avant de reprendre une gorgée de son verre et Mad soupire une deuxième fois en passant de l’autre côté du bar. Il me regarde alors un instant et je peux voir l’iris de ses yeux tourner au rouge un instant avant de revenir à la normale après un clin d’œil de sa part.

Je décide de ranger mon arme tandis que Yuu me fait une remarque pour me dire que je n’ai pas intérêt à mourir quelques jours à peine après avoir établi le lien. Juliette de son côté me dit qu’elle est prête à le tuer si je le souhaite et Micha me demande si tout va bien.

Ça commence à faire beaucoup de monde qui me parle en même temps, mais je finirai par m’y faire. Je réponds à Micha pour la rassurer et dit à Juliette de rester prête si nécessaire, Yuu n’a pas vraiment besoin d’une réponse donc je ne lui en donnerai pas.

Revenons-en à ce qui vient de se produire… j’ai failli mourir, je crois ? Même si Carl a agi pour me « tester », s’il avait décidé de me tuer, il aurait pu le faire sans problème. Je pensais que j’avais dépassé le stade de chiffe molle, mais j’ai l’impression que j’ai encore beaucoup à apprendre. Sans parler de l’effet de ses yeux ? Il peut activer ou désactiver la phosphorescence rouge ? Si c’est le cas, j’imagine que c’est une compétence et il faut que je demande des explications.

Après que Mad se soit servit un verre de la bouteille sur le comptoir, elle range la bouteille dans un placard en disant à Carl d’arrêter de se servir et se tourne ensuite vers moi.

« Bien, puisque tu es là c’est sans doute parce que tu as entendu parler des meurtres de grimpeurs et que tu veux savoir ce qu’il se passe ? »



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