Le Chevalier des Elfes
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Arthur le fort comptait sur Lancelot pour avoir des informations sur Véruza. Il fit bien car le général savait comment et, où retrouver son ami le dragon. Il indiqua à Arthur les chemins à emprunter de la montagne des quatre vents. Toutefois le fort dût promettre de ne révéler à seulement des personnes de confiance et qu’en cas de force majeure les secrets de la montagne. C’était un des lieux de ponte d’œufs des dragons, or ce type d’œuf attirait de nombreuses convoitises. Il possédait de nombreuses vertus comme celles de stopper pendant des années le vieillissement, guérir certains cas de stérilité, soigner de nombreuses maladies. Résultat des personnes riches pouvaient payer des fortunes pour en acquérir.

Arthur devait monter très haut, à plus de cinq mille mètres avant de pouvoir rencontrer Véruza. Pendant son ascension il trouva un coq, il fut assez étonné de sa découverte, les coqs n’étaient pas des volatiles normalement présents en haute montagne.

Puis le fort vit que la queue de l’oiseau était bizarre, elle semblait faite de serpents. Alors Arthur réalisa que ce qu’il avait pris pour un coq était en réalité une cockatrice, le temps que le fort comprenne son erreur, il avait les deux bras et la jambe gauche changée en pierre. La bête avait la capacité de pétrifier ce qu’elle voyait et était immunisée contre les attaques magiques, sauf celles de haut-mages très doués.

Le volatile était content d’être tombé sur le fort, qui allait constituer une réserve de viande appréciable. Arthur se pensait perdu. Lui qui se considérait comme un guerrier illustre n’allait pas tomber sur un champ de bataille face à un adversaire formidable, il allait plutôt servir de repas pour un oiseau. Il avait envie de hurler son désespoir à la face du monde, de pleurer à chaudes larmes. Le volatile se rapprocha avec une expression de cruauté qui se reflétait au niveau des yeux. Il allait prendre son temps pour se nourrir en faisant bien souffrir sa proie. Brusquement une idée traversa l’esprit d’Arthur qui entendit dire que certains chants déstabilisaient profondément les cockatrices.

Il usa de sa plus belle voix pour clamer des récits guerriers, moralisateurs, paillards. Mais rien ne se produisit de satisfaisant, à part susciter de la perplexité chez l’oiseau. Le fort eut beau s’époumoner, maltraiter sa gorge, se démener pour trouver la chanson qui le sauvera. Il semblait que ses performances musicales n’avaient pour but que de divertir le volatile, de lui accorder un délai de sursis.

Arthur plongeait dans les limbes du désespoir, il se tourna en ridicule tout cela pour rien, il adopta un comportement peu intelligent pour des conséquences médiocres. Il était tellement contrarié qu’il ne sentit pas le contact de ses dents sur ses lèvres, il ne s’arrêta seulement quand le sang commença à jaillir. C’était la première fois qu’il goûtait son sang, et il le jugeait délicieux. Il eut envie de se maudire pour sa distraction, quand il s’accorda une ultime tentative, il se mit à chanter à tue-tête une berceuse, en s’arrangeant pour que sa voix soit la plus stridente et aigue possible.

La cockatrice se mit à souffrir atrocement, elle poussa des cris de détresse. Ce qui fit tomber sur elle de la neige, prise de panique l’oiseau activa son pouvoir, résultat la poudreuse devint du granit. Le volatile reçut plusieurs kilos de cailloux et de roche sur la tête, il mourut au bout de quelques minutes. Le fort retrouva son état normal, ses bras et sa jambe gauche redevinrent de la chair. La cockatrice avait une ouïe très développée, par conséquent elle ne supportait pas les sons stridents. En outre le cri de cet oiseau possédait des propriétés surnaturelles, il envoyait des ondes qui cassaient le verre ou déclenchaient des avalanches. Deux heures après avoir provoqué la mort du volatile, Arthur le vampire arriva près de la demeure de Véruza le dragon.

Il pénétra dans un château gigantesque, il s’agissait d’un bâtiment fonctionnant selon des règles surnaturelles, car la magie saturait les lieux. Si l’édifice avait été construit selon des normes non magiques, il y aurait belle lurette qu’il se serait écroulé. En effet certaines salles du château mesuraient plus de cent mètres de haut. Le bâtiment fut construit à très haute altitude, par conséquent il ne fut pas possible de recourir à des ouvriers pour le façonner.

Seuls des dragons ou des haut-mages étaient à même de s’occuper de l’édifice, mais ils n’eurent aucun problème à gérer la situation. Les dragons parvinrent à coup de sort à générer une splendide demeure pour leur chef. Bien que le château ait plusieurs millénaires, et essuyait des tempêtes de neige qui auraient mis à mal quantité de constructions ; le bâtiment continuait à se dresser fièrement, à témoigner de sa splendeur. Sa centaine de tours constituées de toits en forme de pyramides se pavanaient.

Localiser le château n’aurait pas été possible pour Arthur seul, il bénéficiait d’enchantements de dissimulation, le rendant invisible pour quantité de gens. Heureusement l’aide de Lancelot permit au fort de disposer d’un talisman rendant possible le fait de s’aventurer près du bâtiment et de le distinguer. Arthur se tâtait pour le comportement à adopter afin de rencontrer Véruza. S’il disait la vérité, il pourrait subir une longue enquête, une procédure lui faisant perdre un temps précieux. Mais s’il mentait il risquait de mettre en colère les dragons. Finalement après réflexions il opta pour jouer franc jeu, et cela marcha, les dragons de garde voulurent bien le conduire à Véruza.

Arthur avait beau avoir déjà été confronté à Véruza dans le passé, il demeurait quand même impressionné par la majesté de ce dragon. Il émanait de cette créature un charisme certain. Et ce n’était pas seulement sa taille gigantesque par rapport au fort, sa puissance magique et son âge de plusieurs millénaires qui expliquaient complètement son aura de prestance. Il existait autre chose chez Véruza, un facteur particulier qui justifiait sa capacité à séduire ou intimider. Mais le vampire décida de surmonter sa fascination, il aurait besoin de toute son éloquence pour obtenir un allégement du fardeau de Merlin.

D’ailleurs il se demanda pendant quelques secondes, s’il ne ferait pas mieux de limiter ses demandes à une permission de visiter son maître. Prendre la défense de son mentor possédait un côté noble indéniable, mais aussi potentiellement nuisible. Et puis la partie sanguinaire d’Arthur considérait comme du gâchis de venir en aide à une personne qu’elle considérait comme un vieux grognon irrécupérable, qui méritait de subir des coups de poing jusqu’à ce que mort s’ensuive. Cependant le fort avait parcouru beaucoup de chemin pour essayer d’arranger la situation de Merlin.

Et puis il ne tenait pas à ce que les elfes subissent un conflit meurtrier. Même s’ils triomphaient des dragons, il était quasiment sûr qu’ils seraient victimes de pertes considérables du point de vue militaire. D’ailleurs la victoire n’était pas du tout acquise pour les elfes, au contraire leurs chances de défaite étaient réelles. Mais cela ne suffit pas à orienter vers un discours altruiste les mots d’Arthur. La peur de finir emprisonné comme son maître agissait sur sa faculté à parler. Le fort arrivait avec difficulté à enchaîner les phrases, tout ce qu’il parvint à dire se limita à bonjour noble Véruza. Ainsi le dragon commençait à montrer des signes d’impatience devant la difficulté du vampire à s’exprimer.

Arthur puisa cependant une résolution accrue en songeant aux bénéfices potentiels l’attendant en cas de réussite. Si Merlin n’était pas un ingrat, il pourrait livrer de splendides secrets magiques au fort s’il était libéré de ses tourments. Toutefois la cupidité bien qu’elle soit souvent un puissant outil de détermination chez le vampire ne suffit pas à amoindrir totalement ses blocages psychologiques.

Alors Arthur songea aux malheurs potentiels sur ses compagnons de guerre, notamment Lancelot. Il savait que le général connaissait de nombreux secrets sur les dragons. Donc il serait assez probable qu’il se fasse embaucher lui et ses troupes en première ligne en cas de conflit avec Véruza. Ce qui signifiait pour Arthur que des personnes chères à son cœur, auraient le droit à un traitement particulièrement douloureux. Les flammes du souffle d’un dragon causaient souvent des souffrances atroces. Ainsi le fort parvint à mieux parler en songeant aux conséquences funestes pour ses camarades, s’il échouait.

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