Le Chevalier des Elfes
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Arthur le fort jouait seul le rôle de la chèvre pour attirer les vampires ennemis, il tenait le récipient rempli de sang vampirique destiné à attirer les renégats. Le fort se sentait mal, il mettait cela sur le compte de la peur, en fait c’était les premiers effets du poison lent qu’il avait ingéré. Glil s’était arrangé pour qu’une toxine lente mais sans antidote connu, soit mélangée à la nourriture du fort.

Arthur était à l’orée d’une forêt connue pour sa sombre réputation, il entendit plusieurs histoires horribles sur les environs ; que les pins chétifs contenaient parfois les âmes des imprudents qui s’aventuraient dans les parages, que même les plus grands héros elfes n’échappaient pas à une éternité de tourments de la part des puissances des ténèbres quand ils tombaient à proximité des bois. Que les plus bénis ou valeureux des guerriers n’étaient pas grand-chose face à la puissance primordiale des lieux. Le fort espérait que le vent qui faisait grincer les arbres, était un phénomène naturel, et non les plaintes de damnés.

Quand Arthur vit les vampires se mettre à le charger de manière brutale, il faillit se faire pipi dessus. Les renégats étaient très effrayants même pour un soldat aguerri tel que le fort. Certains étaient détectables à des kilomètres à la ronde à cause de leur odeur de pourriture. De plus ils inspiraient magiquement de la peur grâce des sortilèges de terreur. Le simple fait de les regarder sans s’évanouir de frayeur demandait une volonté de fer.

Le bataillon de vampires ennemis était réputé en outre pour son extrême cruauté. D’ailleurs le fort pendant deux secondes fut trop apeuré pour bouger les jambes. Il s’imagina subir des dizaines d’entailles extrêmement douloureuses et d’autres tortures. Puis Arthur se rappela le sort tragique qui menaçait ses camarades, s’il ne menait pas sa mission jusqu’au bout.

Il se dit que s’il cédait à la sirène de la frayeur, des mauvaises langues comme Glil en profiteraient immanquablement pour le descendre en flèche. De plus le dieu Proélium pourrait renier le fort, refuser de l’admettre dans le hall des valeureux, et obliger son âme à effectuer un long cycle de réincarnations avant qu’il n’ait une nouvelle chance de pouvoir prouver sa valeur guerrière. Arthur voulait au moins sauver sa réputation, alors après une courte hésitation il s’élança de toute la vitesse de ses jambes.

Les traîtres vampires dès qu’ils sentirent le contenu du vase rempli de sang attirant se ruèrent sur le fort. Ils sentaient les vertus magiques du liquide rouge, qui leur apporterait de la force, de la puissance magique, et surtout des sensations de jouissance extrême. Ajouté à cela que la pleine lune décuplait les instincts primaires des vampires, leur envie de consommer du sang délicieux, et il était compréhensible que les buveurs de sang soient très attirés par l’appât d’Arthur.

Ils connaissaient la réputation de la forêt de pins chétifs et malades dans laquelle ils pénétraient, mais ils s’estimaient beaucoup trop puissants pour avoir besoin de reculer. Ils inspiraient même de la crainte aux dragons, alors ils se jugeraient sots s’ils évitaient un lieu gardé par une seule entité redoutable. Ils ne trouvèrent rien de mieux que de foncer tout droit, quand un arbre se trouvait sur leur route, ils le déracinaient à coup de pied.

Ils saccageaient sans vergogne bon nombre de végétaux, ils se livraient à de nombreux actes de vandalisme contre la nature. Pour illustrer son mépris du danger le chef des vampires s’amusa à traiter l’horreur des bois, de nullité absolue, de bête tellement stupide qu’il était naturel qu’elle reste au même endroit pour éviter de se perdre. Ses subordonnés hurlèrent leur approbation devant l’audace de leur chef, ils se mirent à imiter son exemple de témérité en inondant de noms peu glorieux l’entité gardienne des lieux, et en jetant des sorts pour attirer l’attention de la créature primordiale.

Ils recoururent à des enchantements qui flétrissaient de manière presque instantanée de larges parcelles de végétation. Ils ne s’arrêtèrent pas, même quand ils entendirent un cri puissant indicateur d’une rage terrible. Par conséquent ils mirent dans une colère noire l’horreur.

La créature des bois ne supportait pas la destruction d’arbres de sa forêt, aussi elle se livra à un massacre en règle des buveurs de sang. Elle adopta une apparence d’homme arbre pour châtier ses ennemis, deux bras et jambes, mais autrement des caractéristiques végétales pour s’occuper de ses adversaires, notamment une peau faite d’écorce marron.

Les vampires déployèrent toute leur puissance, griffèrent, mordirent, attaquèrent avec leur lourde épée, balancèrent des rochers, mais ils ne firent qu’exciter leur ennemi. Les armes lourdes employées contre l’horreur, les sorts de feu, les malédictions de flétrissure, tout cela fut complètement vain. La créature était beaucoup trop forte contre les buveurs de sang, elle témoignait une réactivité extraordinaire, malgré la vitesse surnaturelle de ses antagonistes et sa masse. Elle emportait à chaque seconde un à trois ennemis. Elle infligeait des blessures suffisantes pour tuer des adversaires avec une vitalité extrême. En effet elle suintait un poison d’une toxicité rare, la moindre égratignure subie par un vampire signifiait des affres de douleur suivies de la mort.

Même dans le cas où un buveur de sang n’était pas empoisonné, il se retrouvait quand même avec un corps écrabouillé. Le monstre écrasait les armures magiques, et se moquait des sorts défensifs usés pour se protéger des coups. Il lui suffisait d’un coup de poing pour réduire à l’état de bouillie sanguinolente un vampire. Finalement il ne resta bientôt plus un seul buveur de sang encore en vie. Par contre le fort était dans une situation mauvaise, il se situait à quelques dizaines de mètres seulement de la créature arbre.

Par chance pour Arthur, l’horreur ressentit une certaine gêne à cause du fait d’être aspergée de sang vampirique. Elle considéra comme prioritaire de se reposer pour récupérer au lieu de s’occuper d’un intrus isolé comme Arthur. Malheureusement un vampire réussit à envoyer une dague empoisonnée dans une des jambes du fort. Résultat Arthur se sentit perdu, puis il vit le cadavre d’un traître. Alors il tenta le tout pour le tout, en buvant du sang vampirique.

Le fort enchaînait les actes audacieux, en effet pour un humain boire du sang de vampire, constituait un pari extrêmement risqué. Les hommes qui s’abreuvaient de fluide vampirique, mouraient dans quatre-vingt-dix-neuf cas sur cent. En outre ceux qui survivaient n’étaient pas forcément tirés d’affaire, ils pouvaient devenir des monstres décérébrés, extrêmement bêtes, incapables de manger correctement sans une assistance.

Le sang de vampire avait aussi la propriété de changer certains humains en des êtres ayant une apparence horrible. Deux facteurs semblaient déterminants dans la survie du corps et de l’esprit de celui buvait du fluide vampirique, la volonté et la résistance physique. Les chances d’un faible vieillard humain de résister au sang de vampire étaient inexistantes. Une personne qui manquait de détermination, avait l’esprit qui était mis en lambeaux par le sang de vampire. La transformation avait un autre effet négatif, elle engendrait une douleur atroce, même pour un individu habitué à souffrir.

Le fort savait que boire du sang de vampire était le seul moyen de se sauver la vie. Mais il hésitait beaucoup, à quoi bon survivre si c’était pour avoir une apparence affreuse, et un esprit en lambeaux. Il était bien vu par une divinité de la guerre, mais il doutait que cela suffise à lui garantir un passage d’humain à buveur de sang sans inconvénient gravissime. Il avait peur de se changer en un paria qui dépendait de la charité d’autrui pour avoir à se nourrir, un être incapable de tenir une cuillère de sa propre initiative. Même si les avantages physiques offerts par le statut de vampire étaient indéniables Arthur craignait de subir en retour une laideur horrible, un esprit rongé par une folie omniprésente, et une bêtise affligeante. Alors il éloigna petit à petit sa bouche de la plaie du vampire. Mais le poison se rappela aux bons souvenirs d’Arthur, ainsi la douleur ranima ses instincts de survie, et le fort but sans réfléchir.

Arthur pour ne pas s’entailler la langue, mordait une branche, la souffrance infernale le mettait à rude épreuve. Cela ne faisait qu’une minute qu’il subissait les affres du changement de nature, pourtant il avait l’impression d’endurer un supplice depuis plusieurs siècles.

Le fort vivait les secondes les plus longues de sa vie. Il était de plus en plus convaincu qu’il commit une folie idiote. Même si ses blessures se régénéraient, et que le poison présent dans son corps était neutralisé, Arthur risquait fort de s’évanouir à cause de la douleur. Or s’il restait encore quelques minutes de plus dans la forêt interdite, il était quasiment sûr que l’horreur des bois allait s’en prendre à lui.

Prenant son courage à deux mains, le fort se mit debout et commença à marcher, malheureusement il n’était qu’au début de ses tourments. La phase ultime de la transformation en vampire, était beaucoup plus pénible à supporter que la première étape du changement. Le rythme cardiaque d’Arthur accélérait à un point critique, le fort avait envie de se briser les os de la main en les mordant de toutes ses forces, il voulait aussi s’arracher tous les cheveux. Son esprit commençait à sombrer dans les affres d’une folie furieuse assortie d’une douleur physique ahurissante.

Ainsi Arthur pleurait à chaude larme malgré son habitude de contenir ses émotions, de rester calme le plus souvent possible. Il avait un mal de chien à ne pas se rouler en boule et à gémir.

Il essaya d’organiser ses pensées pour combattre la folie le ravageant, mais tout ce qu’il obtenait se résumait à plus de confusion, alors il cessa de lutter pour se concentrer sur le fait de marcher. Il faisait un pas après l’autre à une vitesse lente, tellement lente à ses yeux, qu’il craignait de ne pas sortir du bois à temps, de se faire intercepter par l’horreur.

Lancelot le général et ses guerriers grâce au plan d’Arthur le fort avaient remporté une victoire éclatante. Le général était content qu’une confrontation qui s’annonçait dramatique, n’ait tué que quelques dizaines de ses soldats. En effet l’ennemi avait investi à fond sur les vampires renégats, or le fort s’était arrangé pour que les buveurs de sang soient définitivement inopérants.

Privé de son meilleur atout, les troupes humaines adverses n’avaient été qu’un amuse-gueule pour les elfes aguerris de Lancelot. Le général espérait que sa promotion au rang de maréchal soit plus rapide, grâce à sa réussite. Cependant la victoire possédait un goût amer, Arthur un des meilleurs éléments de l’armée était probablement mort. De plus d’après les rumeurs tous ceux qui étaient tués dans la forêt interdite, ne trouvaient jamais le repos. Par conséquent le fort était condamné en cas de trépas à rester un fantôme pour l’éternité, il subissait un sort peu enviable. Lancelot se promit pour commémorer la mémoire d’Arthur, d’ériger un immense monument en son honneur.

Si la quasi totalité des subordonnés de Lancelot était triste du décès d’Arthur, il y avait un militaire qui devait faire de très gros efforts pour ne pas exploser de joie, il s’agissait de Glil l’ignoble. Il était resplendissant, enfin le fort trépassa. Cela faisait plusieurs années que l’ignoble rêvait de ce moment. En outre Arthur était sans doute devenu un spectre, obligé de hanter un lieu maudit.

Avec la mort du fort la chance allait revenir dans le sillage de la vie de Glil. En effet l’ignoble attribuait la plupart de ses déconvenues, comme le fait qu’il n’avait pas changé de grade depuis dix ans à l’existence d’Arthur. Pour Glil, son ennemi le fort était un porte-poisse qui attirait le malheur. Toutefois la mort de son adversaire, ne satisfaisait pas totalement l’ignoble, il se disait qu’il manquait quelque chose. Après quelques secondes de réflexion il trouva ce qui clochait. Arthur risquait d’avoir une excellente réputation, d’être considéré comme un héros.

Cependant l’ignoble n’était pas prêt de laisser passer cela, il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour salir le souvenir du fort. Il n’empêchait que Glil ressentait tout de même un bonheur intense, qui le poussait à chantonner. Il s’isola pour que ses fanfaronnades ne soient pas entendues. Après avoir déliré quelques heures dans des plans de salissure de réputation, Glil alla sous sa tente.

Cependant l’ignoble n’arrivait pas à dormir bien que l’aube soit proche, il se mit à marcher à proximité du campement militaire pour essayer de fatiguer son corps et trouver plus facilement le sommeil. Il espérait que la déroute des humains alliés aux vampires renégats lui vaudrait bientôt une promotion. Alors qu’il se promenait près de plusieurs buissons feuillus et de ronces, il entendit un bruit de pas, puis le silence. Il décida d’attribuer le son décelé à une hallucination auditive.

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