Le Chevalier des Elfes
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Ainsi Arthur et Morgane s’affrontèrent durant une partie d’échecs dans le salon des jeux, un lieu assez cossu de l’école de Sar, un endroit rempli de chaises en bois avec des coussins, de tables et de jeux intellectuels divers. Morgane pensait se débarrasser rapidement en dix coups, mais les échanges se poursuivaient beaucoup plus longtemps que prévu. Elle suait abondamment, mais le fort aussi, les mains devenaient bien moites, Arthur était conscient qu’il jouait son avenir, tandis que Morgane perdrait juste un motif de distraction, un moyen de se venger. Cependant elle pensait que son honneur de femme de faire mordre la poussière à un humain. Au final le résultat fut une victoire écrasante du fort en quarante coups. Il n’avait pas l’expérience de son interlocutrice, mais il apprenait beaucoup plus vite qu’elle à maîtriser des subtilités complexes. Il la mit échec et mat à la grande surprise de son adversaire. Cependant la séductrice n’était pas prête à admettre sa défaite, elle se tâtait pour présenter de façon polie une réclamation. Mais le fort prit les devants.

Il s’attendait à ce que sa victoire suscite une polémique. Il n’aimait pas que l’on remette en doute son mérite. Mais il était assez conscient pour savoir qu’une elfe comme Morgane se voyait fréquemment comme trop intelligente pour perdre face à quelqu’un de sexe masculin.

Elle avait une sorte de mépris pour les hommes peu importe leurs efforts et leur entraînement. Elle voyait souvent la femme comme bien plus douée que les hommes, elle ne généralisait pas complètement cette opinion. Elle admettait que pour les arts guerriers, il existe une égalité de sexe, et aussi que parfois il arrivait que pour ce qui était intellectuel il arrivait qu’un homme se démarque nettement du lot au point de surpasser dans certains domaines les femmes les plus intelligentes.

Mais Morgane pensait tout de même que le sexe féminin était le genre de l’intelligence supérieure. Même si des exceptions masculines existaient, ces dernières ne dérogeaient que dans peu de cas à la règle selon laquelle la femme surpassait presque constamment l’homme pour la ruse, et la capacité à réfléchir.

Elle considérait son parent Lancelot comme une belle exception à ses raisonnements, elle le voyait comme capable de battre beaucoup de femmes elfes. Mais Morgane jugeait totalement impossible qu’un adversaire comme Arthur soit en mesure de la battre aux échecs sans une tricherie caractérisée.

Arthur semblait réfléchir aux mots qu’il choisissait. En fait il y avait de cela, mais il subissait aussi un assaut de sa tendance violente. Il luttait donc contre l’envie de frapper physiquement Morgane. Il savait que ce n’était pas un geste à accomplir pour sa survie sociale. Mais il souffrait quand même d’un désir prononcé de la gifler. Il lisait dans les yeux de son interlocutrice un mépris souverain. Et cela faisait ressurgir de très mauvais souvenirs dans l’esprit d’Arthur. Il se remémora des péripéties passées en tant qu’esclave quand il devait courber l’échine en permanence devant les contremaîtres.

Certes ce n’était pas la première fois qu’il était confronté à un regard condescendant. Au contraire il vécut ce genre d’expérience déplaisante des centaines de fois. Par contre la force du regard de Morgane était dérangeante, il fallait ajouter que le fort fut confronté plusieurs nuits d’affiliée à un sommeil de très mauvaise qualité. Ses songes furent remplis de manifestations de Proélium, de nombreuses leçons sur comment se battre seul et l’enseignement des tactiques militaires à un officier. Arthur en sortit avec des connaissances accrues mais son dieu eut la main lourde, alors il épuisa physiquement et mentalement le fort.

Alors Arthur éprouvait une pulsion difficile à contrôler de distribuer des gifles sur Morgane. Le fait de frapper une elfe ne le choquait pas, il était un partisan de l’égalité des sexes. Sa tendance sombre se réjouissait à l’idée d’exercer une atteinte physique.

Mais finalement le fort se maîtrisa et réussit même à arborer un grand sourire. Il pensa à sa dette envers Lancelot, au fait que son ami créa un contexte favorable pour que Morgane cesse ses attaques. Donc Arthur estimait qu’il serait bien bête de gâcher l’opportunité fournie par son général et aussi son bienfaiteur. Par contre même s’il musela son accès de violence, il ne parvint pas à s’empêcher de serrer ardemment ses doigts. La pression sur son esprit demeurait puissante.

Arthur : Je devine vu votre tête que vous voulez une revanche, je ne dis pas non. En tant qu’elfe hautaine vous me soupçonnez d’avoir triché. Je n’aime pas les remarques injustifiées, mais je suis quand même prêt à me soumettre à une procédure pour garantir à coup sûr mon honnêteté. Je jouerai nu pour prouver que je ne porte pas de talisman ou d’autre objet surnaturel susceptible de diminuer votre talent. Et je suis d’accord pour que vous nommiez le mage de votre choix comme arbitre et surveillant de notre prochaine rencontre aux échecs.

Morgane n’appréciait pas trop les paroles d’Arthur, mais elle était quand même contente que son adversaire lui accorde une nouvelle manche. Elle allait d’ailleurs prendre des précautions particulières afin de garantir ses prochaines victoires. Elle n’hésiterait pas à corrompre l’arbitre, à lui verser beaucoup d’argent afin de triompher. Elle embaucherait un mage qui aurait pour mission de l’avantager de manière notable. Elle voulait battre en moins de vingt coups le fort, lui faire regretter amèrement sa condescendance. Elle était farouchement déterminée à faire baver Arthur, à transformer de façon misérable sa vie.

La séductrice était une très mauvaise joueuse, et elle tenait à sa réputation de personne redoutable. Si ses rivaux apprenaient qu’elle perdit à la loyale contre un humain, elle pensait qu’elle encourait de puissants ennuis, qu’elle serait victime d’une offensive néfaste. Elle rabaissa plusieurs dizaines de personnes publiquement, elle émit des remarques désobligeantes sur certains individus, notamment sur leur intelligence.

Alors elle craignait d’être à son tour victime de quolibets, si elle n’essayait pas de se protéger un minimum. Aussi elle s’avérait prête à investir dans du lourd afin de préserver ses intérêts politiques. Elle considérait qu’elle sacrifia beaucoup trop pour permettre qu’Arthur menace les fruits de son travail acharné. Le fort sentait qu’il y avait de l’entourloupe dans l’air, alors il se concentra plus fort que jamais. Mais ce n’était pas suffisant pour dissiper totalement son malaise. Alors il se mit à prier Proélium pour calmer ses émotions. Il finit par murmurer tellement il s’immergea dans la contemplation religieuse. Morgane ne put s’empêcher d’avoir un rictus ravageur, en entendant les marmonnements de son adversaire. Elle s’imaginait remporter haut la main la confrontation. Arthur en priant avait atteint une sorte d’état second très propice pour la réflexion. Proélium ne renforçait pas l’intelligence d’Arthur, mais le fort grâce à la foi atteignait un état de conscience supérieure.

De plus le fort avait joué la carte de la prudence et suffisamment bien intimidé l’arbitre pour obliger le mage surveillant la partie à se comporter honnêtement. Il avait murmuré des menaces codées tout en priant, sur un supplice mémorable en cas de tromperie. Morgane angoissait terriblement devant le rictus moqueur de son ennemi. En effet les résultats furent encore pires que la fois précédente, le fort gagna en vingt-cinq coups, et il affichait un grand sourire narquois.

Arthur : Vous êtes allée loin pour que je perde mais c’est moi qui ais triomphé. Ne vous en faites pas, vos deux défaites successives resteront notre petit secret.

La séductrice avait envie de pleurer devant la signification des mots d’Arthur, elle s’imaginait que son interlocuteur aurait sans doute de lourdes exigences pour se taire, qu’il monnayerait très cher son silence ou qu’il essayera de négocier une nuit de sexe. Morgane était assez habituée aux personnes de sexe masculin aussi bien humains qu’elfes pour savoir que ces derniers avaient tendance à lourdement réclamer quand ils tenaient en leur pouvoir une interlocutrice de sexe féminin.

La séductrice pensait qu’elle devrait beaucoup donner de sa personne afin de camoufler le secret de ses défaites, et de sa tricherie lors de la deuxième partie d’échecs.

D’ailleurs Arthur ne manquait pas d’imagination sur les tourments potentiels qu’il avait envie d’infliger à Morgane. Sa partie ténébreuse regorgeait de suggestions perverses ou profondément humiliantes à réserver à cette ennemie. Et le fort trouverait profondément divertissant de s’amuser à avilir une jolie personne. Certes ce n’était pas très glorieux ou honorable, mais il en avait sa dose des elfes arrogants à son égard. Arthur commençait à saturer de devoir supporter des quolibets et des moqueries. Alors il jugerait que ce serait un excellent défouloir de s’amuser à son tour sur la séductrice.

Et puis d’après ce qu’il comprit il était loin d’être le premier à infliger des fantasmes dégradants à son interlocutrice. Néanmoins l’éthique du fort bataillait aussi à cause d’un élan de compassion. Arthur trouvait à la fois méprisable et admirable Morgane. D’après ce qu’il comprit de l’histoire de la séductrice, cette dernière prenait un certain plaisir à tromper et manipuler, mais elle travaillait aussi avec acharnement pour la grandeur des elfes.

Elle avait un certain sens du devoir, elle rendit de grands services à ses semblables en provoquant la chute de mégalomanes et d’incompétents. D’accord elle coucha avec beaucoup de monde, cependant elle possédait une réelle utilité. En outre Arthur pensait que derrière le masque d’orgueil de la séductrice, se trouvait une personnalité attachante. Néanmoins la partie méchante du fort ne comptait pas abandonner la partie. Un intense débat intérieur opposait à l’intérieur de son esprit la satisfaction de rancunes, et le souhait de clémence. Arthur commençait à avoir mal à la tête à force de réfléchir et de subir des pulsions contradictoires.

Mais il persistait à se concentrer, il devait prendre une décision lourde de conséquences. Donc il était nécessaire de peser vraiment le pour et le contre. Même si se défouler sur Morgane était une perspective attrayante, il existait aussi une autre voie, pas forcément aussi jouissive sur le court terme, mais quand même intéressante.

La séductrice angoissait à cause des secondes qui s’égrenaient et du silence d’Arthur, ainsi elle avait du mal à contrôler une légère émanation de sueur.

Arthur : Tout ce que je vous demande comme paiement c’est de me faire un joli sourire.

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