À Graycastle, la Cité Sans Hiver.

Les rapports concernant la bataille de l’île de l’Archiduc ainsi que la situation dans le Royaume de Wolfheart furent livrés à Roland deux jours plus tard.

Auparavant, il aurait fallu une semaine pour envoyer une lettre de la Cité de la Nuit Éternelle à la Cité Sans Hiver, il était indéniable que leur vitesse de communication avait fait d’énormes progrès. La courte distance, la livraison rapide par coursiers et la livraison longue distance par bateau à vapeur pouvant naviguer en tout temps faisaient désormais partie du système de messagerie. Il y avait du personnel dévoué et des bateaux chargés de délivrer les messages cruciaux, et dans certains cas, même des avions étaient utilisés. Cette fois, les rapports avaient été livrés par Tilly.

«Bon travail. » Roland lui tendit une boisson du Chaos. «Est-ce que la situation là-bas va bien?»

«Ne le sauriez-vous pas en lisant le rapport? » Tilly prit la coupe et lui jeta un coup d’œil. «Pour que vous soyez si prévenant, avez-vous quelque chose à vous faire pardonner? Se pourrait-il que vous n’ayez pas avancé dans la construction de mon avion? «Pfft…» Le rire étouffé de Rossignol se fit entendre venant de derrière lui.

«Comment serait-ce possible ? J’ai déjà choisi le meilleur modèle parmi de nombreux plans. Dès que Anna aura un peu de temps, nous commencerons la production de prototypes. »

«Pour l’amour d’Anna, je vais patienter pour cette fois, mon frère. » Tilly avala la boisson d’un coup, s’essuya les lèvres et se dirigea vers la sortie du bureau. « Le “Goéland” va bientôt rentrer, je vais retourner à l’Académie des Chevaliers Aériens en premier. »

«Vous n’allez même pas rester une journée? » Demanda-t-il, légèrement surpris.

«Je n’ai pas le choix. À l’heure actuelle, les seules choses sur la ligne de front qui peuvent menacer le Seigneur du Ciel sont le “Goéland” et Andrea. Et aussi… Je ne veux pas rater une seule occasion de me venger. » Tilly fit un signe de la main à Roland, le dos tourné vers lui. «Eh bien, je vais y aller maintenant, mon frère. »

Rossignol soupira doucement en regardant la porte se refermer. «Tout le monde travaille dur. »

*Si c’était possible, je préférerais qu’ils travaillent dur dans d’autres domaines que la guerre *, pensa Roland. Cependant, il ne le dit pas à haute voix car tant que durait la Bataille de la Divine Volonté, tant que le destin des humains n’était pas déterminé, personne ne pouvait se libérer de ce fardeau. Il ne pouvait le dire sans fuir ses responsabilités.

Après un moment de silence, il ouvrit le rapport.

Après avoir lu le rapport, Roland comprit enfin la signification des paroles de Tilly. Avoir pu transmettre l’ordre d’évacuation à temps et tendre une embuscade à un grand seigneur démon dont les mouvements n’étaient pas traçables au-dessus de l’immensité de la mer était un exploit incroyable. Edith Kant et Andrea étaient indéniablement les principales contributrices à la bataille. Mais de la même manière, l’expéditeur des informations vitales ne pouvait être ignoré: la victoire n’aurait pas été possible sans l’aide de cette personne.

«Que comptez-vous faire? » La question avait clairement attiré l’attention de Rossignol.

«Quel que soit le motif de l’envoi de la lettre secrète, son nom et ses contributions ne doivent pas être oubliés», répondit Roland à voix basse. Autrefois, il aurait été pratiquement impossible de retrouver un informateur non identifié après une longue bataille. Les mots sur la pierre tombale auraient probablement été: “Votre nom est inconnu; Cependant, vos actions sont éternelles.“ Cependant, l’existence des sorcières avait changé la donne. Elles pouvaient permettre à tous les guerriers qui avaient contribué à sauver le destin de l’humanité de voir leurs noms reconnus. «Une fois que la Première Armée aura repris le contrôle du Royaume de l’Éternel Hiver, demandez aux marchands noirs d’aider Assia à déterminer le nom et les antécédents de cette personne. »

Si le coupable qui l’avait tué était encore en vie d’ici là, il n’échapperait pas à une punition sévère.

Rossignol hocha la tête. «Si seulement nous pouvions créer rapidement l’équipement de communication qui s’étend sur des milliers de kilomètres dont vous avez parlé. »

«Malheureusement, ce n’est pas une de mes forces. » Roland ne put s’empêcher de se frotter le front. En se remémorant le schéma qu’il avait été forcé de mémoriser, il sentit poindre une migraine.

«Vous comprenez enfin ce que je ressens lors d’un examen», répondit Rossignol en souriant.

«Aussi dur que cela puisse paraître, je n’abandonne pas, pas comme une certaine personne qui s’endort simplement sur la table lors de son examen et remet une page vide à la fin. » Roland lui lança un regard noir. «J’ai presque fini de créer le prototype. »

En effet, bien qu’extrêmement ralenti, le projet de communication par radio ne s’était jamais arrêté.

Comme le moteur à pistons, après avoir examiné de nombreux projets proposés par le Bureau de design de Graycastle, il avait décidé d’en choisir deux et de les faire travailler simultanément.

Il s’agissait de l’émetteur à étincelles et de l’émetteur de modulation d’amplitude.

L’émetteur à étincelles était le père des communications. Sa conception était extrêmement simple et ne nécessitait aucun composant électronique. Tout ce qu’il fallait, c’était une bobine de transformateur pour augmenter la tension pour charger le condensateur jusqu’à ce que la tension dans le condensateur soit assez grande pour ioniser l’air et produire une étincelle. Cette partie était similaire à un briquet, sauf que le courant déchargé par l’étincelle ne serait pas gaspillé et oscillerait rapidement entre les plaques du condensateur à travers l’inducteur et l’éclateur, créant des ondes électromagnétiques. Enfin, ces ondes électromagnétiques seraient transmises par une antenne.

En d’autres termes, tant que l’on pouvait contrôler le changement de source d’énergie, des ondes électromagnétiques intermittentes pouvaient être émises, et en écoutant la durée des sons, les récepteurs pouvaient les traduire dans le signal correspondant. Les bips de longueurs variées des codes télégraphiques provenaient de ce principe.

Bien que cela puisse sembler un peu déroutant, Roland adopta l’approche la plus ingénieuse, qui consistait à demander à l’équipe de communication radio du Bureau de conception de Graycastle de construire une machine fonctionnant avec des matériaux facilement disponibles, puis de la copier.

Par exemple, si vous placez un morceau de papier huilé entre deux feuilles de papier et que vous le scellez avec de la cire, il devient un condensateur haute tension basique.

L’inducteur serait encore plus facile à fabriquer. Ce n’était rien de plus qu’une spirale de fil enroulée autour d’un tuyau isolé.

Lorsqu’il ne tenait pas compte de la production de masse ou des spécifications, Roland pouvait compléter le dispositif par lui-même. Bien que comparés aux produits industriels qui avaient la taille d’un ongle dans sa vie précédente, ces appareils semblaient volumineux et bruts, mais les effets étaient fondamentalement les mêmes. Une fois la construction de la tour de transmission terminée, il serait en mesure d’effectuer la première tentative de transmission sans fil de ce monde.

Cependant, les lacunes d’un émetteur à étincelles étaient également très évidentes.

Même s’il réussissait à créer un prototype fonctionnel, il devrait concevoir un code correspondant à la langue de son royaume s’il voulait l’utiliser officiellement. La formation des émetteurs et des destinataires nécessiterait également beaucoup de temps. De plus, l’émetteur à étincelles avait un spectre de fréquence extrêmement large, de sorte qu’un seul émetteur pourrait fonctionner dans une région particulière. Il n’était pas approprié pour le personnel de renseignement qui se trouvait sur les lignes de front.

Ainsi, son but ultime était toujours de créer un émetteur de modulation d’amplitude (émetteur AM) qui amplifie un signal à l’aide d’un tube à vide.

Le plus grand avantage de l’émetteur de modulation d’amplitude était qu’il pouvait transmettre directement des signaux vocaux.

En principe, la radio et les téléphones étaient de nature très similaire. Les deux transforment les oscillations du son en changements dans le courant ou les ondes électromagnétiques. Après que ceux-ci aient voyagé sur de longues distances jusqu’à l’endroit où se trouvait le récepteur, il serait à nouveau transformé en son. La seule chose était que la fréquence de la voix humaine était trop basse, rendant la longueur d’onde du signal trop longue. Plus la longueur d’onde était longue, plus la taille d’antenne requise était grande: si les signaux vocaux étaient transmis directement, la longueur de l’antenne serait de plus de cent kilomètres. Ce serait quelque chose d’impossible à créer avec leurs capacités de construction.

Ainsi, afin d’envoyer le signal vocal, il devrait être porté par une onde de fréquence plus élevée.

C’était là qu’intervenait la “Modulation”.

Une fois que la nouvelle forme d’onde créée par la combinaison des deux était reçue, le récepteur devait filtrer les ondes à haute fréquence à travers une série de démodulations et ne garder que les ondes de basse fréquence significatives afin de transformer ces ondes en en des sons formant la voix.

Une fois que l’émetteur AM serait un succès, la Première Armée et le service du renseignement bénéficieraient de capacités de communication en temps réel.

Les avantages de ce système pour la guerre n’exigeaient aucune explication.