Le Chevalier des Elfes
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Arthur pensait que même les elfes étaient souvent des personnes corruptibles par les sirènes d’un gros pactole. Certes ils étaient généralement dans l’incapacité de mentir face à un serment formel. Mais ils n’étaient pas complètement imperméables non plus à l’attraction d’une somme de monnaie importante. Et dans un sens cela arrangeait bien le berserker, il voyait dans cette faiblesse morale répandue, un moyen de grimper plus rapidement les échelons sociaux. Il n’agissait pas seulement par goût du profit et désir d’acquérir un statut. Arthur aimait sincèrement les elfes, et il avait aussi le désir d’appuyer un maximum Lancelot qui le libéra de son statut d’esclave.

Or le général avait un besoin crucial de soutiens. Même s’il était un des officiers supérieurs les plus glorieux de son époque, son irrespect de certaines traditions militaires, notamment sa confiance dans la magie et les armes de tir plutôt que l’épée et la lance lui valaient la réprobation de beaucoup de nobles elfes. Alors Arthur pensait que pour atténuer les désagréments subis par Lancelot, il était nécessaire d’accumuler les fonds, afin d’acheter les suffrages de certains nobles.

Le berserker aurait bien voulu conquérir les cœurs d’un maximum d’elfes influents au moyen du courage, de l’honneur et des performances guerrières. Mais il était assez lucide pour reconnaître quand il était nécessaire de s’adonner à des actions financières pour contribuer à aider le général. Par exemple il réunissait actuellement des fonds pour acheter un droit de repos sur les terres de la dénommée Morgane, une lointaine parente du général. Cette blonde était dure en affaire, et tirait souvent un grand avantage de son physique plus raffiné. Elle était d’ailleurs peu tentée de venir en aide à son parent, elle trouvait assez déplorable l’intérêt de Lancelot pour les armes à distance, notamment les canons, même si elle appréciait l’innovation en matière de magie. Elle autorisa quand même pendant les négociations les troupes du général à camper dans une forêt de son domaine.

L’armée de Lancelot était fatiguée par sa dernière campagne militaire. Cependant leur interlocutrice de sang noble se montrait réticente à accepter la présence d’une armée disciplinée qui respectait les civils et ne ferait sans doute pas de ravages. En effet Morgane craignait de mal se faire voir par des semblables aristocrates en se montrant gentille avec les troupes de Lancelot. Aussi elle invita d’abord les militaires à faire un détour.

Cependant le général conscient de l’état par moment préoccupant de certains de ses subordonnés tint à négocier pour éviter d’aggraver les soucis physiques de ses subalternes. Il organisa une rencontre dans sa tente. Il tenait vraiment à sauver le maximum de soldats. Il trouvait intolérable de perdre des subordonnés par la faute de la faim ou du froid. De plus si Morgane qui appartenait à la famille de Lancelot refusait d’héberger sur son territoire les troupes du général, cela pourrait signifier des semaines d’attente avant de trouver un endroit où faire bivouaquer durablement les peu gradés. Si les parents de Lancelot refusaient de leur accorder de la confiance, c’était un signal pour inciter beaucoup d’autres à rechigner à héberger les soldats du général.

Lancelot : Dame Morgane je suis prêt à faire prêter un serment de bonne conduite à chacun de mes subalternes.

Morgane : Je suis désolée mais je crains de froisser des voisins belliqueux si je me montre hospitalière avec toi.

Lancelot : Mes subalternes ont durement combattu pour les elfes, ils méritent du repos.

Morgane : Je te crois mais je suis aussi responsable de mes sujets. Je n’ai pas le droit de les exposer au danger.

Lancelot : S’il le faut je peux te prêter des soldats pour juguler tes problèmes diplomatiques.

Morgane : Merci, mais je n’ai pas envie d’alimenter des rancunes profondes qui risquent tôt ou tard de déboucher sur des représailles sanglantes.

Lancelot était profondément désolé mais il ne parvint pas à trouver les mots justes afin de convaincre Morgane. Il se sentait coupable de ne pas trouver les termes appropriés. Cela se ressentit sur son niveau aux échecs. Lors d’une de ses parties contre Arthur il montra un niveau bien moins bon que d’habitude. Le général était une personne qui adorait les jeux intellectuels, et il affrontait toute personne capable de lui apporter un défi convenable, peu importe son grade. Or la réputation de joueur doué d’Arthur commençait à prendre beaucoup d’ampleur.

Et Lancelot avait besoin de se vider l’esprit après son échec, il craignait de voir de nouveaux visages la nuit. Il avait beau être une personne qui tua beaucoup de monde lors de combats, il n’était pas insensible aux morts violentes ou aux pertes de ses semblables. En outre le général s’avérait un elfe qui prenait très à cœur le bien-être de ses troupes. Alors le fait que des subordonnés risquaient de mourir à cause de son manque d’éloquence lui pesait lourdement. Arthur pensait connaître la raison des tourments de son supérieur hiérarchique. Toutefois il tint à feindre l’ignorance par volonté de lui donner un coup de main.

Arthur : Mon général vous avez été battu en moins de vingt coups. C’est anormal qu’est-ce qui vous préoccupe ?

Lancelot : Morgane fait la sourde oreille à mes demandes d’hospitalité pour mon armée.

Arthur : Je pourrais peut-être défier Morgane lors d’une partie spéciale.

Lancelot : Que veux-tu dire ?

Arthur : Morgane a la réputation de parier gros lors de certains jeux, si on la tient par l’argent, elle pourrait se montrer plus gentille.

Lancelot : Ce n’est pas un procédé très galant.

Arthur : Je sais, mais ce serait dommage que nos malades aient un rétablissement plus dur à cause de l’entêtement d’une seule personne.

Lancelot : Très bien je te fais confiance, mais attention, si Morgane se vexe tu en paieras le prix fort.

Arthur : Je suis prêt à assumer les conséquences de mes actes.

Quand Glil apprit qu’une personne qu’il voyait comme un moins que rien était chargé d’une tractation glorieuse, le lieutenant eut envie de piquer une crise de nerfs. Il se sentait profondément humilié que le choix ne retombe pas sur lui. Il était pourtant l’individu avec le meilleur rang aristocratique de l’armée. C’était une donnée très importante, d’accord il commit dans le passé quelques erreurs, comme par exemple acheter des arcs et des flèches trois fois le prix moyen. Mais il s’agissait du passé, entendu il savait que certains le surnommaient l’officier pigeon. En effet Glil n’avait droit à aucune prise de décision concernant les fournitures de son bataillon, ce genre de tâche revenait à un sergent. Mais le lieutenant considérait avoir fait des progrès formidables en quelques jours depuis qu’il lut le livre «Apprenez à acheter et vendre». Glil était une tête de mule doublée d’un orgueilleux notoire, donc même si on lui répétait dix mille fois certaines choses avec un raisonnement logique, il restait sur ses positions.

Alors il protesta haut et fort sur le manque de tact de Lancelot, et il faillit récolter de la part du général une baffe tonitruante. Ce dernier en avait marre des gesticulations du lieutenant et il estimait comme une affaire prioritaire de trouver un lieu où ses troupes pourraient se reposer durant la mauvaise saison. Or il devenait urgent d’arriver à une solution satisfaisante, les premiers flocons de neige étaient tombés. Certes il ne s’agissait que des prémices de l’hiver et la couche blanche finit par fondre. Toutefois sans une réponse positive de Morgane, il y aurait de nombreuses victimes parmi les blessés de la troupe. Donc Lancelot avait beaucoup de soucis, et un manque de patience concernant l’écoute de ce qu’il qualifiait des élucubrations.

Ainsi Arthur vint dans le manoir principal de Morgane afin d’entamer des négociations. La noble ne croyait pas trop dans la capacité du berserker de la battre dans une confrontation intellectuelle. Elle pensait qu’un humain qui apprit sur le tard à lire ne représentait pas un grand défi. Le fort n’aurait pas été contre faire ravaler la fierté de son interlocutrice. Mais il avait des obligations morales, alors il décida de jouer sur un tableau autre que l’habilité au jeu. Il s’avéra assez impressionné par la taille et le faste de la demeure où il pénétra. Il avait le sentiment de visiter l’habitation d’une personne de rang royal.

Même si Morgane n’avait normalement aucune chance de succéder à un roi elfe, elle disposait quand même de grandes ressources architecturales. Son manoir rempli de colonnes de marbre blanc de dix mètres de haut, et ses pièces décorées avec de la tapisserie précieuse représentant les exploits de sa famille lors de batailles ou d’autres actions guerrières faisaient palpiter le cœur d’Arthur. Cependant le berserker calma son esprit et entreprit d’entrer dans le vif du sujet, une fois qu’il aperçut la noble dans le salon des invités.

Ce lieu était une zone dédiée à la négociation, et à en mettre plein la vue aux gens de passage. Il contenait des tableaux monumentaux sur les réussites de la famille de Morgane, ainsi que nombre de sièges, tables et autres moyens de s’asseoir. Les œuvres d’art exposés ne remémoraient pas seulement des actions courageuses ou pleines de panache, il y avait aussi des hommages à des actions rusées. Arthur avait la gorge sèche en se disant qu’il jouait l’avenir de ses camarades militaires et sa carrière en même temps.

Mine de rien s’il ne répondait pas aux attentes de Lancelot, il pouvait être certain que des gens comme Glil se déchaîneraient pour le descendre en flèche. Par contre en cas de réussite, ce serait une armée entière qui aurait une dette d’honneur à l’égard de lui le berserker, donc cela ouvrait des perspectives de carrière très intéressantes. La possibilité de devenir officier d’elfes malgré sa nature humaine serait beaucoup plus accessible.

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