Livre 17 : La Préfecture Indigo – Chapitre 58 – Réticence
Les montagnes Célestes. Gorge du Bain de Sang. Palais des Quatre Bêtes Divines…
Lorsque Linley entra dans le palais avec le deuxième Aîné, beaucoup de monde était déjà présent. Y compris moi, il y a un total de quarante-deux Aînés !
– « Linley. Les chefs de clan sont enfin prêts à lâcher du lest. »
– « Garvey. Vous voulez dire que… ? »
– « Le mois dernier, notre Clan des Quatre Bêtes Divines a subi un autre revers sévère. Les chefs de clan ne sont plus en mesure de supporter cela plus longtemps. C’est pourquoi ils ont organisé ce Conclave, ou peut-être sont-ils indécis et ont-ils besoin de discuter de certaines choses… »
Il était fort probable qu’une fois le Conclave terminé, le clan choisirait de rester dans les montagnes Célestes, pour pouvoir préserver sa force, sa réputation, bâtie sur d’innombrables années, mais il en souffrirait énormément. Pour les nombreux membres du clan, l’honneur était plus important que la vie elle-même.
– « Nous avons subi un grave revers le mois dernier ? Que s’est-il passé ? » Demanda Linley.
– « Vous ne faites jamais attention à rien ! » Garvey secoua la tête. « Il y a un mois, notre Clan des Quatre Bêtes Divines a perdu trois autres Aînés. L’un d’entre eux appartenait à notre Clan Dragon Azur. Si l’on tient compte du dernier événement, il y a vingt ans, il ne compte plus que quinze Aînés possédant vraiment le niveau 7 étoiles.
Le cœur de Linley se resserra avec inquiétude et la porte principale du palais se referma lentement.
– « Les Aînés sont tous là. Bientôt, les quatre chefs de clan arriveront. » Dit Garvey à voix basse.
Linley regarda attentivement la salle. Elle comportait un total de cinquante-trois Aînés, dont le Grand Aîné.
D’une pièce latérale sortirent les quatre chefs de clan, dont Gislason.
La salle entière se tut.
Gislason et les trois autres chefs de clan balayèrent l’assistance du regard, puis se regardèrent.
– « Mes chers amis. J’espère que vous avez tous déjà deviné l’objet de cette réunion ! » Dit Gislason.
Tout le monde ressentait une profonde tristesse, car personne n’avait plus la force de chercher de recours face à la situation.
– « Depuis la mort de nos quatre ancêtres, notre Clan des Quatre Bêtes Divines a subi de lourds revers. Heureusement, grâce à l’aide du Seigneur Préfet de la Préfecture Indigo, nous avons pu trouver notre place ici, dans les montagnes Célestes. Autrement, notre clan aurait très probablement été réduit en cendres et aurait disparu comme une fumée, il y a plus de dix mille ans. »
– « Au cours des dix mille dernières années, les Aînés de notre Clan des Quatre Bêtes Divines ont tous combattu sans peur contre l’ennemi, pour la gloire. Il y a dix mille ans, nous comptions plus de 200 Aînés. Vous entendez ! » Gislason avait les yeux humides.
Linley pensait aussi aux différents membres de sa propre escouade 13, qui étaient morts, ainsi qu’à l’Aîné Arhaus, qui avait perdu son clone le plus puissant.
Pour le bien du clan, beaucoup trop d’Aînés avaient sacrifié leurs clones divins les plus forts et étaient redevenus des dieux supérieurs ordinaires.
– « Durant toutes ces années, les trois autres chefs et moi avons réfléchi… sur la durée que nous pourrions tenir. Surtout au cours des derniers siècles. Les Huit Grands Clans semblent être devenus fous. Ils veulent tuer nos Aînés à tout prix, même s’ils doivent y perdre la vie. Au rythme actuel, dans quelques années, notre Clan des Quatre Bêtes Divines n’aura probablement plus beaucoup d’Aînés. »
La Matriarche du Clan Oiseau Vermillon s’exprima. « C’est vrai. Il y a un mois en particulier, nous avons perdu trois autres Aînés ! Nous, les quatre chefs de clan, avons discuté de cela attentivement… si ça continue, nous ne pourrons plus tenir que quelques siècles tout au plus. »
– « À quoi bon tenir, si c’est pour tous mourir ? » Dit le Patriarche du Clan Tigre Blanc.
– « C’est pourquoi nous voulons nous assurer qu’au moins une partie de nos élites survivront. Parce que ce n’est pas si facile de devenir un démon 7 étoiles et un Aîné ! » Dit le Patriarche du Clan Tortue Noire.
– « Et donc, nous, les quatre chefs de clan, avons décidé d’un commun accord, de ne plus nous battre contre les Huit Grands Clans… tous les membres du clan doivent entrer dans les montagnes Célestes pour restaurer leurs forces ! » Dit Gislason.
L’assistance fut stupéfaite. Tous croyaient qu’il y aurait eu concertation et vote.
– « Patriarche ! »
– « Matriarche ! »
D’un seul coup, un seul, plusieurs Aînés s’agitèrent.
– « Patriarche ! » La voix d’un jeune aux cheveux d’argent retentit. « Sommes-nous censés nous rendre, juste comme ça ? Admettre la défaite ? » Il s’agissait de l’Aîné Bleu, le génie du Clan Azur.
– « Vous pouvez considérer cela comme ça ! » Gislason n’avait plus l’aura imposante et majestueuse qu’il avait toujours eue auparavant.
– « Aîné Bleu. À vous écouter, nous devrions tous nous sacrifier pour le bien-être de notre égo ? » Dit la Matriarche.
Le regard de l’Aîné demeura inflexible.
– « Aînés chefs de clan ! Moi, Bleu, je me suis soumis et rendu aux autres, mais uniquement parce que j’étais trop faible. Depuis que j’ai le niveau 7 étoiles, je ne me suis plus jamais rendu à personne. Les Huit Grands Clans sont sans valeur ! Lorsque notre Clan des Quatre Bêtes Divines était à son apogée, ils n’osaient pas s’opposer à nous. Mais maintenant ? Moi, Bleu, je devrais me rendre ? Jamais ! »
– « Bleu ! » Gislason avait le cœur brisé. Lui et les 3 autres chefs agissaient pour l’intérêt du Clan.
– « Patriarche, je comprends que ce soit une décision difficile pour vous. Mais même s’il n’y a que moi. Je suis prêt à aller me battre… et à mourir sur le champ de bataille ! Après ma mort, le Royaume Infernal ne comptera plus le démon bleu 7 étoiles, mais uniquement un dieu ordinaire, qui ne pourra plus se battre. » Dit Bleu.
À ce moment, un Aîné aux cheveux noirs prit la parole. « Patriarche, pour que notre clan puisse à nouveau prospérer, ce dont nous avons besoin, c’est d’un expert suprême comme Beirut ou Dunnington. Je sais que je n’ai plus aucun espoir de m’améliorer… J’espère que vous me laisserez aller mourir au combat, Patriarche ! Même si nous perdons, je refuse de laisser ces Huit Grands Clans s’en tirer à si bon compte. »
– « Patriarche, dans ma vie, j’ai essayé beaucoup de choses, mais baisser la tête… Jamais ! Pas même dans la mort ! » Un autre Aîné se leva.
– « Matriarche… »
Linley observa tout en silence. Bien que pour les gens ordinaires, ces Aînés semblaient trop rigides et inflexibles, Linley comprenait leur décision. Ils n’avaient pas peur de se sacrifier, mais ils étaient profondément attachés à certaines croyances et valeurs qu’ils cultivaient depuis toujours.
Sur les 53 Aînés, plus de vingt étaient prêts à sacrifier leurs clones divins les plus puissants, juste pour faire souffrir l’ennemi. Les autres se taisaient, mais Linley savait que si les chefs de clan leur en donnaient l’ordre, ils n’hésiteraient pas à agir.
– « Linley ! » Une voix fit sursauter l’assistance.
Le Grand Aîné regarda le jeune guerrier, les yeux inquiets. « Linley, vous êtes en très bons termes avec le Seigneur Préfet. Ne pouvez-vous pas… vous défaire de votre orgueil et aller le supplier de nous aider ? Étant donné son pouvoir, il est plus que suffisant pour forcer les Huit Grands Clans à partir. Linley, allez le supplier… pour le bien du clan, allez le supplier, juste cette fois ! »
L’assistance le fixa. Ces Aînés « vengeurs » étaient désespérés, et beaucoup d’entre eux étaient prêts à se débarrasser de leurs clones divins les plus puissants. Même si leur clan se soumettait, ils feraient souffrir les Huit Grands Clans. Mais peut-être y avait-il encore une branche à laquelle s’accrocher ?
– « Je… » Linley ne savait pas comment réagir.
– « Petite sœur ». Gislason poussa un cri profond. « Si Linley faisait ça, le Seigneur Préfet se sentirait mal à l’aise. Il a déjà fait beaucoup de choses pour notre clan, et il n’a jamais rien demandé en retour. Tu veux vraiment qu’il intervienne encore une fois ? Penses-tu qu’il doive se sentir obligé de nous aider ? Nous sommes capables de préserver le clan, et il ne sera pas détruit. Contentons-nous de ce que nous avons. »
– « Aînés, je ne peux pas vous forcer à aller ou non vous battre. Je demande seulement… que le clan conserve un peu de pouvoir. » Ensuite, Gislason se leva. « Linley, quoiqu’il arrive, n’allez pas supplier le Seigneur Préfet. Je sais quel genre de tempérament il a. Si nous allons trop loin et que nous l’énervons par nos actes… Il lui suffit de cesser de se soucier de notre Clan des Quatre Bêtes Divines et de permettre à ces Huit Grands Clans de nous attaquer librement. Ce serait…désastreux ! »
Mais en dépit de la décision des chefs de clan, pas mal d’Aînés ne furent pas prêts à l’accepter. Ils choisirent d’aller se battre, ce qui dessina un nouveau tournant dans la bataille contre l’ennemi, qui devint plus enragé et envoya encore plus de guerriers.
Ce fut une guerre sauvage et brutale !
Le plus déterminé de tous fut le génie, Aîné Bleu. Il tua huit aînés ennemis. En retour, les Huit Grands Clans envoyèrent un de leurs patriarches, ainsi que de nombreux experts.
Dans cette bataille, Bleu, perdit son clone divin le plus puissant ! Au cours de 10 courtes années, il accomplit l’exploit de tuer neuf Aînés.
Mais évidemment, tous ne réussirent pas. Certains Aînés ne tuèrent personne, car ils furent attaqués par beaucoup ou tués via la Puissance du Souverain.
Le massacre persista pendant trente ans.
Vingt-deux Aînés perdirent leurs clones divins les plus puissants au combat ! Quant aux Huit Grands Clans, leurs pertes furent encore plus importantes. Trente-huit des Aînés périrent. Après tout, les clans des Quatre Bêtes Divines se battaient avec l’intention d’en tuer le plus possible en échange de leur propre vie.
Pendant une courte durée, les Huit Grands Clans se retrouvèrent dans une période de spéculation animée. En trente ans, ils perdirent trente-huit Aînés, ce qui leur causa un grand choc… il y avait aussi dans ces pertes, les élites de leurs clans.
Les montagnes Célestes retrouvèrent leur calme. Les patrouilles itinérantes continuèrent leur travail, mais très peu de gens venaient.
Le jour même, une jeune femme embarqua dans une forme de vie métallique pour rejoindre les montagnes.
– « Ce sont les montagnes Célestes. L’entrée est interdite aux étrangers. » Dirent des guerriers patrouilleurs.
Cette jeune femme portait une queue de cheval, et était très attirante. Elle portait également un chapeau de paille. « Bonjour. Je suis l’amie de votre Aîné Linley. Je suis venue le voir ! »
– « L’Aîné Linley ? Avez-vous des preuves ? »
– « Euh… » Que pouvait-elle bien donner comme preuve ? « Allez dire à l’Aîné Linley que Nisse veut le voir. Il saura qui je suis. »
– « Nisse ? Attendez ici. » Un patrouilleur s’envola…