Livre 17 : La Préfecture Indigo – Chapitre 51 – Les capacités de Beirut
Linley pensait que Delia n’avait aucun espoir de vie, et que l’arrivée du Seigneur Préfet n’y changerait rien. Mais jamais il n’aurait imaginé que la personne qui avait sauvé le Clan des Quatre Bêtes Divines des flammes et des inondations, le Seigneur Préfet dont Gislason ne cessait de vanter les mérites, était en fait le grand-père de Bébé… Beirut !
Beirut, dans l’esprit de Linley, était d’une profondeur et d’une puissance insondables.
Peut-être que le Seigneur Beirut pourra vraiment sauver Délia . Linley, dans son cœur, commença à se sentir plutôt impatient.
Devant la porte de la chambre, un grand groupe de personnes fixait avec étonnement Bébé et Beirut. Jamais elles n’auraient pensé que ce jeune homme ordinaire qui avait toujours été aux côtés de Linley avait en fait une relation aussi étroite avec le Seigneur Préfet !
– « Beirut… vous êtes son grand-père ? » Dit Phusro avec stupéfaction.
En souriant, Beirut le regarda de côté, puis hocha légèrement la tête. « Phusro, je m’excuse sincèrement de ne pas vous avoir dit toute la vérité. J’avais peur que si vous connaissiez la véritable relation entre Bébé et moi, vous fassiez un effort pour vous occuper de ce petit bonhomme… vous n’avez pas idée du tempérament paresseux qu’il a. Il faut absolument lui apprendre à prendre soin de lui-même. »
Phusro se mit à rire. Quand il n’était qu’un petit chaton dans les bras d’Elquin, la première fois qu’il avait rencontré Linley et Bébé, il avait deviné que ce dernier était lié à Beirut, surtout après l’avoir vu utiliser l’arme Étincelle divine. Par la suite, lorsqu’il rencontra Beirut, il lui posa des questions à ce sujet. Mais le grand-père resta évasif.
– « Haha, oui, ce petit bonhomme a besoin d’être un peu forgé dans le creuset de la vie. » Dit Phusro.
– « Grand-père, je maîtrise déjà 5 mystères profonds. Cela ne fait que mille ans. Ma vitesse est déjà assez rapide. »
– « Comment peux-tu être aussi effronté ! » Beirut ne savait pas s’il devait rire ou pleurer. Sur les 5 mystères profonds que Bébé avait maîtrisés, l’un lui était venu naturellement quand il avait atteint l’âge de la maturité en tant que bête divine. Quant aux quatre autres, ils provenaient de ces fragments d’âme que Beirut avait demandé à son ami de créer.
Mais bien sûr… La capacité de compréhension de Bébé n’était pas mauvaise, puisqu’il avait réussi à franchir quatre goulots d’étranglement d’affilée.
– « Seigneur Préfet, Bébé impressionne déjà avec cette maîtrise des cinq profonds mystères en l’espace de mille ans environ. » Dit Gislason.
– « Vous ne connaissez pas la vérité des secrets qu’ils renferment. » Dit Beirut, les yeux mi-clos, amusés.
– « Grand-père ! » Bébé prit un air malheureux.
Beirut gloussa. « Cependant, par rapport à avant sur le continent Yulan, tu as effectivement fait de grands progrès. Au moins, ta patience s’est un peu améliorée… hahaha… »
– « Seigneur Beirut. » Linley prit finalement la parole. « Ma femme, Delia, elle… »
Beirut devint plus sérieux. « J’ai entendu parler de la situation de ta femme, c’est pourquoi je me suis précipité. À l’époque, lorsque vous vous êtes mariés, j’ai même envoyé mon fils avec une étincelle divine pour elle. Qui aurait pu imaginer… que cela arriverait, hélas. Allez, laisse-moi regarder. » Les chances de devenir une déité à part entière sur un plan matériel étaient extrêmement faibles. Qui sait combien de temps Delia aurait dû attendre sans l’octroi de cette étincelle. Aussi, si Wharton n’avait pas subi le Baptême des Ancêtres, il lui aurait également été très difficile de devenir une Déité en s’appuyant sur ses propres capacités.
– « Oui. » Linley ouvrit la voie, et les deux hommes entrèrent dans la chambre, suivis de Phusro et Bébé.
– « Linley a vraiment une telle relation avec le Seigneur Préfet. » Gislason mit en place un Royaume divin pour qu’on ne puisse pas l’entendre. Lui et les autres étaient à l’extérieur de la chambre, se regardant les uns les autres.
– « Vous n’avez pas entendu ? Quand Linley s’est marié sur le plan matériel, le Seigneur Préfet lui a même envoyé des cadeaux. Ils sont extrêmement proches. » Les lèvres de la Matriarche dessinèrent un sourire. « Pour notre Clan des Quatre Bêtes Divines, c’est aussi une bonne chose. »
– « C’est vrai. Si le Seigneur Préfet décide vraiment de nous aider, les Huit Grands Clans n’oseront pas être aussi arrogants ! » Le Patriarche du Clan Tortue Noire fit un signe de tête.
– « Les capacités du Seigneur Préfet sont vraiment effrayantes. » Gislason était lui aussi très étonné.
Ils se souvenaient tous de cette scène, lorsque Beirut apparut pour arrêter les Huit Grands Clans, brandit ce long bâton noir dans ses mains et se déplaça comme l’éclair au milieu des nombreux experts ennemis. Pas un seul des démons 7 étoiles touchés par ce bâton n’eut une chance de survie. Beirut ne souffrit d’aucun mal des attaques matérielles qui lui furent envoyées. En un clin d’œil, il avait dévasté et massacré plus de vingt démons 7 étoiles. Même lorsque le Patriarche Boleyn des Huit Grands Clans avait échangé un coup avec Beirut, il avait été gravement blessé. Il faut comprendre que ce dernier avait aussi un artefact du Souverain. Mais en comparaison avec Beirut… Ils étaient à des niveaux différents !
Beirut avait la réputation d’être la figure la plus puissante du continent Crête de Sang, à part le Souverain de la Crête de Sang lui-même ! Non seulement il avait une telle réputation, mais personne n’osait même la remettre en question. Les Asuras l’acceptaient tous tacitement. Conséquemment, on pouvait en déduire sa puissance.
– « À l’époque, si le Seigneur Préfet avait exigé par la force que les Huit Grands Clans s’en aillent tous, même s’ils n’étaient pas prêts à le faire, ils l’auraient probablement fait. Toutefois, il semble que le Préfet ne veuille pas trop les offenser. Il veut très probablement leur laisser un peu d’honneur. » Dit Gislason.
– « Il est déjà très bien que le Seigneur Préfet soit prêt à leur interdire les montagnes Célestes pour nous. Quand les quatre Ancêtres étaient encore présents, combien d’experts s’étaient alignés sur notre clan ? Nos quatre Ancêtres avaient également un certain nombre d’émissaires du Souverain. Mais après leur mort, pas un seul de ces émissaires ne s’est soucié de nos clans. » Dit la Matriarche.
En effet. Comme le dit le proverbe, « Quand le peuple est parti, le thé refroidit ! »
– « Allons-y. Entrons jeter un coup d’œil. » Gislason fut le premier à entrer, et les autres Aînés suivirent.
Linley se tenait sur le côté, en train d’attendre tranquillement. Quant à Beirut, il avait les yeux fermés. Quelques instants plus tard, il les ouvrit et dit. « La situation de Delia est encore plus terrible que je ne le pensais ! »
– « Seigneur Beirut, se peut-il que même vous ne puissiez sauver Delia ? » Dit Linley.
– « Grand-père. » Dit Bébé.
– « Haha… » Beirut se mit à rire fortement. « J’ai seulement dit que la situation était terrible. Je n’ai pas dit que je ne pouvais pas la sauver ! Néanmoins, pour sauver ta femme, je vais devoir utiliser une goutte de Puissance du Souverain de type vie ! »
Beirut tendit sa paume, et une goutte de liquide vert apparut.
– « Seigneur Beirut. » Linley commença à s’inquiéter. À la vue de ce qu’il savait sur les erreurs à ne pas commettre, ou sinon… Il ne voulait pas que sa femme meure d’un accident.
– « Seigneur Préfet, utiliser une goutte de la Puissance du Souverain… » Gislason s’interposa.
– « Hé, vous croyez que je n’ai pas de bon sens ? » Perplexe, Beirut se tourna vers Linley et les autres. « Ce n’est qu’une goutte de la Puissance du Souverain. Bien qu’il soit effectivement difficile de la contrôler, qui a dit que j’en étais incapable ? » Alors que Beirut parlait, la goutte pénétra son corps.
Ensuite, il pointa un doigt de sa main droite, et une illusion floue verte se forma.
– « La Puissance du Souverain ! » Linley était bouleversé.
– « Comment est-ce possible ? » Gislason, Phusro et le reste de l’assistance n’en revenaient pas. Beirut avait manifestement absorbé sa Puissance du Souverain, mais son corps n’en dégageait pas le moindre indice. Normalement, une aura colorée aurait dû émaner de son corps.
Linley était ravi. « Elle sera sauvée. Delia va être sauvée. Je ne m’attendais pas à ce que le Seigneur Beirut soit aussi redoutable. Il est capable d’utiliser la puissance du Souverain avec précision, sans perte de contrôle. » La Puissance du Souverain était tout simplement trop puissante pour les dieux supérieurs. C’était comme manier une épée trop lourde !
– « Seigneur Préfet, se peut-il que vous ayez déjà atteint le niveau Paragon… » déclara Gislason, sous le choc.
– « Silence ! »
Beirut fronça les sourcils, le visage très sérieux. « Pendant que je soigne Delia, aucun d’entre vous n’est autorisé à parler. Si vous me dérangez, vous en supporterez les conséquences ! » Pour une fois, il montra son côté féroce.
On entendit plus une mouche voler.
Le cœur de Linley battait la chamade alors qu’il observait Beirut, yeux fermés, avec nervosité. Celui-ci serrant la tête de Delia avec sa main droite. Immédiatement, la lumière verte floue commença à inonder la tête de Delia.
– « Elle va certainement aller mieux. J’en suis certain. » Linley regardait fixement sans cligner des yeux, tout en priant. Il avait vraiment peur. Il avait cru aussi, lorsque Alfonsus était intervenu, que Delia irait mieux…
Le temps passa, et les secondes durèrent des lustres.
La guérison de l’âme était un projet très détaillé et minutieux. L’intérieur d’une âme était extrêmement complexe, et son noyau, extrêmement fragile. La moindre erreur pouvait entrainer une fin. Même Beirut devait être très prudent et lent dans son traitement.
Après un long moment… La sueur qui s’était écoulée du front de Linley avait déjà séché.
– « Tout est fait ! » Un long soupir secoua la pièce.
– « Seigneur Beirut, comment ça va ? » Le cœur de Linley frappait fort contre sa poitrine.
– « Comment ça va ? Regarde par toi-même. » Dit Beirut.
Linley vit les paupières de Delia trembler légèrement.
Elle ouvrit les yeux, le regard perdu devant tout ce monde qui l’entourait. « Seigneur Beirut. » Puis elle regarda Linley. « Linley, que s’est-il passé ? Pourquoi pleures-tu ? » Delia se sentit complètement déconcertée.
Des larmes ininterrompues coulaient des yeux de son mari. « Delia ! » Il l’embrassa, la serrant très fort dans ses bras, de peur de la perdre à nouveau.
– « Seigneur Préfet, vous… vous êtes un dieu Paragon ? » Dit Gislason.
– « Beirut, vous… » Dit Phusro.
Beirut éclata de rire. « De quoi parlez-vous ? Se peut-il que je ne sois pas un dieu Paragon, que je ne puisse pas contrôler la Puissance du Souverain ? »