– « Allons-y en même temps. Il est seul, et deux mains ont du mal à en combattre quatre. » L’homme en costume en lambeaux essuya son visage avec sa main, la bouche remplie de sang.
Deux lames sans manche apparurent dans celles de son collège. Le regard glacial, il répondit : « Tuez-le. Je détruirai les preuves, et alors nous quitterons la zone aussi vite que possible! »
Il hocha la tête et hurla, son corps musclé chargeant à nouveau vers le moine.
Des deux pratiquants, celui en t-shirt était bien plus dangereux. Comme un fantôme, il apparaissait et disparaissait derrière l’autre. Les lames sans poignée dans ses mains étaient telles les crocs d’un serpent venimeux. Une fois dégainées, elles prenaient une vie!
– « Amenez-vous! » L’occidental éclata de rire.
Deux minutes plus tard.
L’homme baraqué se tortillait et se retournait sur le sol, ses membres dans une position peu naturelle. Son visage était couvert de sang, et il avait un regard idiot.
Celui au t-shirt était épinglé au mur par le moine, ce dernier lui lançant de puissants coups de poings l’un derrière l’autre. Le visage dans le même état que son camarade, il avait le même éclat dans les yeux.
– « J’ai déjà atteint le Premier Rang, j’en suis même au Poisson Sautant la Porte du Dragon, la Sixième Ouverture. Vous deux n’avez pas encore terminé la constitution de vos fondations et vous avez essayé de me faire face ?! » Il jeta sa victime à terre, et pendant qu’il y était, il lui prit le trésor magique en os.
Le sixième domaine du Premier Rang était connu sous le nom de “Poisson Sautant la Porte du Dragon”, nom tiré de la même histoire. Une fois cette porte franchie, le Qi Sanguin pouvait être matérialisé et condensé en Vrai Qi, brisant ainsi les chaînes des mortels! Ce grand moine était déjà un maître au sommet du Premier Rang.
L’artefact en main, il lança un regard au Général Fantôme Ku You.
– « Ce fantôme rancunier vaut au moins cent, peut-être mille fantômes normaux. Si je le purifie, je ne serai pas très loin de franchir la Porte du Dragon. Heheh, je vais faire un pas de plus vers le sommet, » murmura-t-il, écrasant par la force brute l’objet qu’il venait d’obtenir.
Ce dernier était lié au Général Fantôme. Une fois brisé, il hurla de douleur.
Attaquer le lion quand il est blessé!
Le moine saisit sa chance, son livre et son chapelet.
L’ouvrage s’ouvrit de lui-même à l’endroit approprié.
Il reprit sa récitation à voix haute, tenant fermement les perles dans sa main droite.
Ces dernières se changèrent en balles d’or, volant vers le Général Fantôme Ku You.
Elles étaient incroyablement rapide, et leur cible ne put leur échapper. Dix trous apparurent sur son corps, et son aura s’amincit. Il hurla de douleur, encore et encore!
Son bourreau fronça les sourcils, insatisfait. Peu après, il mania ses textes sacrés comme il l’avait fait pour les perles. Les symboles se rassemblèrent dans les airs, se transformant en lignes sacrées recouvrant le fantôme rancunier.
Les cris de douleur devinrent plus aigus.
Le moine forma alors un sceau de protection contre le mal. Une lumière dorée brilla dans ses yeux, et un flot psalmodique coula de ses lèvres.
– « Bâtard, arrête… arrêtez! » L’homme tout en muscle se débattit, criant de toutes ses forces. Il rampa vers son ennemi, laissant une longue traînée de sang derrière lui.
Si le Général Fantôme Ku You était purifié, lui et son compagnon mourraient!
Ce dernier reprit conscience, et se tortilla lui-aussi vers l’homme à la peau blanche, comme un insecte, ouvrant la bouche pour mordre. « Arrêtez… Ne le purifiez pas… Non, nous allons mourir! Stop! »
Telle était le malheur de n’être personne… leur vie ne leur appartenait pas.
Le moine baissa les yeux sur eux, mais il ne cessa pas ses incantations. Ces hommes pathétiques étaient méprisables. Il avait déjà vu de nombreux cultivateurs au vil Dao, des cultivateurs de fantôme, et il avait vécu plusieurs fois ce genre de situation. Il n’arrêterait pas la purification de ce fantôme, même s’ils devaient en mourir!
– « Tous les fantômes rancuniers doivent être purifiés. Ils doivent l’être jusqu’au dernier! » Son regard était déterminé, taché d’une pointe de haine.
À ce moment-là, le bouddhiste occidental ne remarqua pas qu’une silhouette bossue s’approchait de lui, sans un bruit. Même avec son énergie mentale complètement libéré, il fut incapable de la sentir arriver.
Bang!
Arrivée à portée, elle le frappa d’un coup de paume dans le dos. Une vague de Vrai Qi y était insufflée.
Kaaack .
Le son des os et de la chair écrasés résonna, semblable au bruit d’une personne écrasée par un gros camion. Une empreinte de main se grava dans le corps du moine.
Sa garde était complètement baissée. Il cracha du sang, la lumière dorée de ses yeux se dispersa, et les mots se bloquèrent immédiatement sans sa gorge!
Privées de l’énergie de leur maître, les perles et le texte sacrées qui enveloppaient le Général Fantôme Ku You se transformèrent en objets ordinaires et tombèrent au sol. Ding ding dong dong. Les éléments du chapelet émirent un son tintant en s’éparpillant.
Le moine s’écrasa lourdement à terre, ses deux yeux fixant avec incrédulité l’homme derrière lui.
Du Vrai Qi, c’était un Vrai Maître du Deuxième Rang!
Ses ennemis ayant eu un tel expert dans leurs rangs, pourquoi avaient-ils attendu autant pour se débarrasser de lui ? Ils auraient pu l’écraser dès le début du combat!
La personne ayant réussi une attaque sournoise ne poursuivit pas immédiatement son assaut. Elle toussa deux fois. Son visage était pâle. Elle jeta un regard froid au grand moine, puis se tourna vers les deux hommes rampant à terre. « Ces deux bons à rien… Si je n’avais pas changé mes plans à la dernière minute et pris ce train par hasard, j’aurais perdu un précieux général fantôme. »
Les deux lascars pâlirent soudainement, et leurs corps se mirent à trembler. « Maître… d’Autel… »
Que faisait-il ici ?
Cette silhouette bossue appartenait au Maître d’Autel que Song Shuhang voulait trouver en visitant la Boutique Médicinale Yuanlong. Il semblait terriblement mal en point, le poison n’ayant évidemment pas été guéri.
– « Maître d’Autel, s’il vous plaît, laissez-nous vivre! Pour cette mission, nous… avons fait de notre mieux! Mais, cet étranger, il est trop fort! » L’homme en t-shirt supplia misérablement le nouvel arrivant. Leur échec cette fois-là n’était pas dû à leur faiblesse, mais à la puissance de leur opposant! De plus, le Général Fantôme Ku You n’avait pas encore été purifié, ne pouvait-il pas les épargner ?
– « Vous laissez vivre ? » Glacial, il ajouta : « Des déchets inutiles n’ont pas une valeur suffisante pour continuer à polluer ce monde. Mais… vous pouvez encore m’être utile. »
Ses deux subordonnés l’ayant entendu, leurs yeux se remplirent de soulagement.
Mais l’instant suivant, ils ressentirent soudainement une migraine terrible, et ils s’évanouirent.
– « Ku You… mange-les, » ordonna froidement le Maître d’Autel.
Le Général Fantôme Ku You, flottant en l’air, se jeta avidement sur les deux hommes et aspira leurs âmes. Sans qu’elles pussent réagir, il les avala.
Avec un tel réapprovisionnement énergétique, ses blessures guérirent rapidement.
– « Quelle chance que j’ai changé d’avis au dernier moment. Sinon, je n’aurais plus eu que mes yeux pour pleurer. Je subis vraiment des pertes extrêmes dans la région de Jiangnan, » murmura son maître.
Au départ, il voulait proposer un échange à l’Aîné Song pour obtenir son Esprit Fantôme, mais une information déroutante avait attisé sa cupidité.
Mais au final, il avait perdu un précieux subordonné à cause de cette rumeur ridicule, et il avait même été mystérieusement empoisonné.
Après s’être échappé difficilement dans le quartier Guangyuan, il avait tranquillement pansé ses plaies et avait même réussi à trouver une pharmacie traditionnelle à proximité, cherchant à se fabriquer un antidote.
Cependant, il avait découvert par hasard ce jour-là que quelqu’un cherchait quels magasins de la région de Jiangnan vendaient les quatre types d’ingrédients nécessaires à sa concoction. Soudainement, il avait été complètement terrifié.
Il réalisa que ces quatre herbes pouvaient servir de piège à l’Aîné Song pour le retrouver, lui, le maître caché!
Il n’était pas étonnant que son sous-fifre, empoisonné mortellement, eût été en mesure de retourner à l’hôtel où il logeait. Tout était calculé.
Une fois qu’il eût compris le fin mot de l’histoire, le Maître d’Autel avait fait ses valises et s’était enfui sans la moindre hésitation.
Il lui sembla bien que sa dernière heure n’était pas encore arrivée. Heureusement, qu’il avait été découvert l’enquête sur Internet!
En tant que cultivateur de fantôme maléfique, il avait pu survivre jusqu’à présent grâce à sa prudence. Même s’il n’y avait qu’une chance sur mille que quelque chose tournât mal, il fuyait aussitôt.
Puis, par coïncidence, il prit la cinquième ligne du métro.
Encore plus incroyable, il était tombé sur ses inutiles hommes de main, son précieux général fantôme sur le point d’être tué par un moine bouddhiste.
Il était trop chanceux. S’il avait pris le train d’avant ou le suivant, il aurait beaucoup perdu!
Merci Seigneur !
On dirait qu’après avoir vécu tant de malheurs, ce vieil homme, moi, a enfin de la chance , pensa le Maître d’Autel.
Je vais défier le destin !