La boule de feu d’un violet bleuté enveloppa la main de Sargeras et se répandit le long de ses flammes rouges comme s’il s’agissait d’alcool à brûler.
Presque en un instant, la flamme d’Amy le recouvrit. Les bleues dansait par dessus les rouges, comme s’ils se consumaient mutuellement.
Les clients en restèrent interdits. Ils n’avaient jamais pensé que la petite boule de feu de l’enfant allait envelopper le démon, et à cet instant, ils en ignoraient toujours la puissance.
Sargeras jeta coup d’oeil aux flammes étrangères sur lui, et dit indifféremment : « Tu dois faire mieux que ça pour… » Soudain, ses mots moururent dans sa gorge à la vue de sa main droite. Ses propres flammes avaient été complètement dévorées. Les violettes restantes avaient grandement diminuées, mais elles poursuivaient leur assaut.
Et ce n’était que le début. Ces dernières se propagèrent rapidement sur sa main droite. Sargeras, qui avait été insensible à la chaleur toute sa vie, en souffrit soudainement. Il se sentit comme si sa peau, aussi dure que de la roche, se faisait piquer par des aiguilles.
Mag fut également un peu surpris en voyant son visage changer d’expression. Il avait pensé que la boule de feu d’Amy était inefficace sur un démon de lave puisqu’elle n’avait même pas tué Charbon Noir, mais apparemment il avait tort. Sa puissance semblait être extraordinaire.
Sa force n’étant que de 1,5 il comprenait qu’il valait mieux pour lui de rester loin du démon. Il ne voulait pas se suicider.
Dans un sens, il ne craignait pas que Sargeras endommageât le restaurant. Il avait pu voir que ce dernier aimait, ou plutôt “désirait”, le roujiamo. D’une certaine manière, il semblait en avoir vraiment besoin.
C’était de là que venait la confiance de Mag. Aucun autre restaurant sur tout le continent ne pouvait en préparer.
Donc, aussi fou que fût ce démon de lave, il ne lèverait jamais la main sur le restaurant ou sur lui ou sa fille. Il était le cobaye parfait pour tester le pouvoir d’Amy, son corps couvert de flammes étant difficile à blesser.
La petite fille regarda leur client et fronça les sourcils. « Tu en veux encore ? » Puis elle tendit la main. « Si une seule ne suffit pas, alors voilà la deuxième » ajouta-t-elle.
« Non ! Arrête ! C’est trop chaud ! » s’exclama-t-il en faisant un pas en arrière, tout en agitant vivement les mains dans sa direction. La lave en lui coulait rapidement, faisant briller sa peau. Puis il parvint à résister aux flammes de l’enfant, qui avaient complètement consumé les siennes.
Il balança en l’air ses bras à plusieurs reprises, et l’incendie s’éteignit enfin. Il poussa alors un soupir de soulagement. Mais en voyant Amy qui tendait toujours la main vers lui, il lui fit de nouveau un signe d’apaisement. « J’en ai eu assez. Une seule est assez ! » dit-il, impuissant. On pouvait apercevoir de la peur dans ses yeux.
Certains clients se mirent à rire. Le grand, le flamboyant Sargeras se tenait devant la mignonne petite Amy comme une souris devant un chat. C’était tellement drôle.
Mais alors qu’ils se bidonnaient, ils étaient dans le même temps plutôt surpris. Ce démon de lave n’a pas seulement l’air effrayant , après tout ceux de son genre sont très puissants. S’ils étaient plus nombreux , ils auraient fait partie du top 10 des sous – espèces démoniaques.
Mais un être aussi puissant a reculé à cause de la boule de feu d’Amy, et il a peur qu’elle lui en lance une autre.
Il se bat dans son élément, mais il vient d ’avouer sa défaite ? Alors à quel point les flammes d e cette fille sont terrifiantes ? Les clients s’interrogeaient. Ils portèrent sur Mag un regard neuf.
Aucun homme ordinaire ne pouvait posséder un restaurant aussi élégant.
Même sa fille de quatre ans possède le pouvoir d’effrayer un démon de lave. Les clients décidèrent qu’ils ne devaient pas être trop pointilleux ou grincheux dans cet établissement et qu’ils devaient bien faire attention à payer après leur repas. Ils étaient absolument incapables de résister à une telle boule de feu.
Leurs rires rendirent le visage de Sargeras encore plus rouge. Lui, un guerrier démon de lave, était maintenant forcé de se rendre face à une fillette demi-elfe. Quelle honte.
Ces flammes violet-bleues était terrifiantes, mais ce n’était pas la raison première pour laquelle il s’était incliné. Avant que le feu d’Amy n’eût consumé son corps, il avait eu assez de temps pour invoquer une “météorite de lave” pour détruire trois fois ce restaurant.
Mais il n’avait pas le choix. S’il le démolissait, la méthode qu’il cherchait depuis cinquante ans disparaîtrait. Il ne pouvait pas se permettre de laisser cela se produire.
Il ne pouvait donc pas toucher au bâtiment, ni au propriétaire, ni à sa fille !
S’il devait à nouveau écraser une boule de feu d’Amy, sa peau allait être brûlée et avec la douleur, il risquait une réaction irréfléchie.
La meilleure solution était donc d’abandonner.
« Tout va bien. » Mag posa doucement sa main sur la tête d’Amy pour lui demander d’arrêter. Son sourire avait disparu. « Monsieur, vous devez obéir aux règles » déclara-t-il d’un ton sérieux en regardant Sargeras. « Personne n’est autorisé à se battre au restaurant. Personne n’est autorisé à menacer le propriétaire et les employés. Sinon, il sera banni pour toujours. »
Lorsqu’il apprit qu’il pouvait être banni, il contint immédiatement les flammes sur son corps. « Patron, je plaisantais. Vous voyez ? La petite fille va très bien. » Il gratta sa tête dépourvue de cheveux et sourit. Puis il posa rapidement les pièces d’or sur la table. « Je vais payer dix pièces d’or pour la chaise. Et en voici trois pour le roujiamo. Mais puis-je en avoir dix de plus ? Mettez les sur mon ardoise. Je jure sur mon honneur en tant que guerrier démon de lave de vous rembourser dès que je terminerai ma quête et que j’aurai l’argent. »
Mag secoua la tête. « Désolé. Il y a des règles ici. Nous n’acceptons pas de paiement différé. “Argent comptant seulement, pas de crédit.” Il se dirigea vers la table et retourna le menu. Il y avait trois règles clairement écrites sur le dos de ce dernier.
« Système, tu es plutôt intelligent » le félicita Mag intérieurement en voyant la troisième règle interdisant de se battre et de menacer le propriétaire ajoutée à l’instant.
« 16 pièces d’argent. L’argent a été déduit automatiquement » répondit-il.
« Arrête de réfléchir constamment à la façon de gagner de l’argent… Essaie d’être quelqu’un de raisonnable, veux-tu ? » Mag ne put s’empêcher de le critiquer.
« Mais… » Sargeras ne voulait pas abandonner, il désirait en manger dix d’affilée. Outre l’effet sur son goulet d’étranglement, le roujiamo était aussi divin.
Amy s’accroupit. Vilain Petit Canard courut vers elle joyeusement et elle le ramassa. « Trouve un travail, démon ! Si tu veux manger ce délicieux roujiamo, tu dois travailler dur pour gagner de l’argent » dit-elle en serrant son petit poing.