Petit aparté avant ce chapitre: Maître Yoda, Axerai, Yoush, Galadriel et moi-même remercions chaleureusement charon73 pour son message de soutien sur discord ainsi que les donateurs et tous les lecteurs.
Bonne lecture.
Chapitre 1249 – La civilisation
La raison était assez simple. Comparée à la magie d’invocation, la magie d’enchantement était plus appropriée pour le noyau magique. Prenons l’exemple de Feu Noir d’Anna, même si le noyau magique avait exactement le même cyclone, il ne pouvait pas utiliser le pouvoir en question aussi librement que la Reine. Mais concernant la magie d’enchantement, il suffisait d’injecter du pouvoir magique dans l’instrument pour l’activer.
Lune Mystérieuse avait la capacité de convertir la force magnétique en divers types d’énergie, ce qui profitait largement à la Cité Sans Hiver.
L’Aube I avait toujours été une ressource énergétique rare. Même avec l’aide de Doris, elle suffisait à peine répondre au besoin toujours plus énergivore de l’industrie. Et avec l’expansion de celle-ci, ils allaient bientôt manquer d’énergie.
La production et la transmission d’énergie était une science très complexe, plus encore que la mécanique. Roland pouvait produire des moteurs électriques et des ampoules en appliquant ce qu’il avait appris sur l’électricité au lycée, mais il lui était impossible de construire un réseau électrique fiable.
Dans l’objectif de surmonter ce problème, il avait consulté de nombreux livres sur l’électricité dans le Monde des Rêves, mais il peinait encore à les comprendre. Il en connaissait chaque mot mais ne parvenait pas mettre la main sur leur signification. Il abandonna donc son ambition d’apprendre tout par lui-même et plaça ses espoirs dans les sorcières de Taquila. Peut-être que dans 10 ou 20 ans, celles-ci joueraient un rôle important dans l’industrie de l’électricité, mais dans l’immédiat, elles ne pouvaient malheureusement pas aider la Cité sans Hiver.
Cela étant, sa tâche la plus importante à l’heure actuelle était d’augmenter le rendement de l’Aube I.
Grâce à l’électricité, les ouvriers des usines pouvaient travailler la nuit et les habitants étudier . Le système électrique, en un sens, pouvait également être considéré comme un dispositif temporel transformant la nuit en jour.
Céline était convaincue qu’il n’y aurait pas de difficultés techniques, car le porteur original avait une bien meilleure compréhension du pouvoir magique que les êtres humains. Les sorcières ordinaires ne pouvaient confirmer le type de magie et le niveau de puissance qu’en utilisant une Pierre de Mesure. Cependant, Céline pouvait imaginer le cyclone une fois que Lune Mystérieuse avait démontré sa capacité.
Lorsque Roland voulut emmener Lune Mystérieuse là-bas, la jeune fille, étonnamment, se montra fort peu coopérative.
Elle marmonnait sans cesse : “Si le noyau magique me remplace… aurez-vous encore besoin de moi ?”
Roland mit beaucoup de temps à la convaincre.
La condition émise par Lune Mystérieuse était que le noyau magique qui simulerait son pouvoir porte son nom.
“De cette façon, vous vous souviendrez toujours de moi même si vous n’avez plus besoin de mon aide”, avait-elle protesté. ” Et, en compensation, puis-je avoir deux autres bouteilles de Boissons du Chaos ?”
C’est ainsi qu’elle fut conduite là-bas, accompagnée de Lily.
Il leur fallut plusieurs jours pour ajuster le noyau magique et concevoir un réseau électrique capable de transmettre l’énergie dans toute la ville. Bien que Roland n’ait fait appel qu’à des connaissances de base en ingénierie électrique – comme les circuits en série et en parallèle – et qu’il ait essayé de simplifier le plus possible les calculs, la conception étant à peu près tout ce qu’il pouvait faire, il était parvenu à un résultat tout à fait acceptable.
Pendant ce temps, la Cité sans Hiver accueillait un groupe de visiteurs inattendus.
Rex, qui venait d’arriver en ville accompagné de dix membres de La Société des Métiers Extraordinaires , demanda une audience au Roi de Graycastle.
Très vite, Roland reçut au salon cet explorateur inhabituel des Fjords.
“Je ne pensais pas vous revoir ici.”
Le Roi demanda au serviteur d’apporter du thé et des desserts.
Trois mois s’étaient écoulés depuis que Rex et de son groupe avaient quitté de la Cité sans Hiver. S’ils n’avaient pas continué à expédier les reliques, le Roi les aurait probablement oubliés.
Il étudia attentivement les gens qui se tenaient devant lui.
Tous semblaient un peu hagards , probablement en raison des vents marins. Apparemment, dans les Fjords, seuls ceux qui n’étaient pas aptes à voyager en mer avaient tendance à trouver un autre moyen de gagner leur vie.
“Je suis désolé, Votre Majesté”, dit Rex, un peu gêné. “Il m’a fallu énormément de temps pour rassembler les membres de la Société des Métiers Extraordinaires. Bien que vous m’ayez personnellement remis le livre, beaucoup remettent encore en question mon autorité et ne sont pas disposés à partager leurs recherches. Depuis que je leur ai expliqué qu’il existait un artefact qui permettait aux hommes de voler dans le ciel, ils pensent que je suis aussi fou que Fan.
“Et les gens qui sont ici ?”
“Ils vous croient, Votre Majesté”, répondit Rex en souriant.
“Cette fois, tout le monde a emmené sa famille et a décidé de s’installer à la Cité sans Hiver. Nous accepterons toutes vos conditions.”
“Très bien”, répondit Roland en sirotant son thé. “Vous deviendrez résidents de Graycastle lorsque le bureau administratif vous aura évalués. ”
Lui remettre ce livre était aussi une forme de sélection. En effet, certaines personnes avaient rejoint Société des Métiers Extraordinaires uniquement parce qu’ils n’avaient pas d’autre moyen de gagner leur vie, aussi devait-il y avoir parmi eux tous les type de profils, des bons comme des mauvais. S’ils n’avaient pas la capacité de comprendre le livre, il n’aurait aucun intérêt à les recruter.
“Qu’entendez-vous par évalués ?”
“C’est une procédure standard à laquelle vous allez devoir vous soumettre avant de devenir officiellement résidents de Graycastle. Ils prendront note des informations vous concernant. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas un contrat ou quoi que ce soit de similaire”, répondit le Roi pour les rassurer.
Tout le monde en fut profondément soulagé. Il était évident que même s’ils avaient fait venir leur famille, ces gens n’avaient aucune certitude quand à leur avenir.
Peut-être aurait-il été judicieux d’ajouter quelque chose qui les fasse se sentir un peu plus chez eux.
Roland appela donc Sean, son garde.
“Que puis-je faire pour vous, Majesté ?”
“Ces gens sont mes invités. Faites-leur visiter la ville afin qu’ils se familiarisent avec la nouvelle capitale de Graycastle”, lui expliqua Roland.
“En particulier le Bâtiment des Miracles. S’ils parviennent à améliorer la vie des citoyens et trouver leur place dans cette nouvelle société, ils pourraient avoir besoin d’un bureau au dernier étage. Mieux vaudrait donc, dans un premier temps, leur permettre de se faire une idée de l’endroit”.
“Bien, Votre Majesté.”
Tous suivirent donc Sean, l’air confus. Les visiteurs partis, Roland, amusé, murmura à Rossignol :
“Vous allez les suivre.”
Deux heures plus tard, la sorcière était de retour.
“Alors ?” demanda Roland en lui versant un verre de Boisson du Chaos.
“Je savais très bien comment les choses se passeraient”, se résigna Rossignol en vidant son verre d’un trait. “Vous êtes comme un enfant qui montre ses jouets. Rassurez-vous, je suis certaine qu’ils ne partiront plus maintenant, même si vous le leur demandiez.”
“Vous vous trompez, je voulais juste les mettre en confiance.”
Rossignol leva les yeux au ciel.
“D’accord. Vous avez peut-être – et je dis bien peut être – raison.”
“Contente de vous l’entendre dire”, répliqua la sorcière en plaçant son verre vide sous le nez de Roland. “Voulez-vous en savoir plus ?”
“Oui”, admit rapidement Roland.
“Ce sera deux autres bouteilles de Boisson du Chaos.”
Le Bâtiment des Miracles était le point de repère de la Cité sans Hiver, on pouvait voir la moitié de la ville depuis le toit de l’immeuble, y compris la zone minière de la Montagne du Versant Nord, enveloppée d’une épaisse fumée, la Rivière Écarlate et ses différents navires en béton, les trains transportant des matières premières qui circulaient entre les deux, et, un peu plus loin vers le sud, on pouvait même apercevoir des biplans dans le ciel. La nuit, les usines étaient toutes éclairées et la lumière se reflétait en paillettes à la surface de l’eau comme des étoiles brillantes.
C’était exactement ce à quoi Roland s’attendait.
Sitôt qu’ils montaient sur le toit, ceux qui n’avaient jamais vu un tel spectacle découvraient un tout nouveau monde.
De là, les spectateurs pouvaient être les témoins de la splendide civilisation humaine.