Chapitre 1243 – Sauvetage

Deux soldats se rapprochèrent immédiatement du nouvel ennemi et tirèrent la grenade anti-Diables.

Deux cordons de fumée se dirigèrent vers le titanesque Diable Araignée depuis l’arrière de la ligne de défense. Ils ne pouvaient pas manquer une cible aussi grande. Le cœur de l’Oncle Zang bondit dans sa poitrine quand il vit la trajectoire des deux obus. Sans savoir pourquoi, il avait le sentiment que l’épaisse armure que portait le démon n’était pas si facile à briser.

Il avait raison.

La première grenade toucha la cible puis rebondit sur le sol.

L’autre toucha la jambe avant du Diables et explosa. Cependant, le Diable ne s’arrêta pas. Au contraire, il se pencha un peu en avant et marcha dans leur direction en soulevant de la poussière.

“Tire sur son corps, abruti !” se plaignit quelqu’un.

“Laisse-moi essayer !”

Un autre soldat se portait volontaire. Il prit la boîte d’obus et sortit de la tranchée.

L’Oncle Zang ne l’arrêta pas, mais il n’était pas aussi optimiste que les autres. Il comprit alors pourquoi le nouveau Diable Araignée lui semblait quelque peu étrange. Comparé à ceux, déformés, du manuel, celui-ci avait l’air plus cohérent. L'”armure” qu’il portait n’était pas faite de pierres aléatoires de forme irrégulière, mais de polygones bien nets. Si ces pierres étaient reliées, elles pourraient probablement former un trapèze parfait.

De plus, ses membres se balançaient sur le côté lorsqu’il marchait, ce qui rendait encore plus difficile pour les soldats de viser son torse ou son abdomen. Pas étonnant que les deux tirs précédents aient manqué la cible.

Comme l’Oncle Zang s’y attendait, les quelques tirs suivants n’arrêtèrent pas non plus le Diable Araignée qui se recroquevilla instinctivement sous les tirs.

Pendant ce temps, les Diables Fous réapparaissaient dans la brèche créée par le Démon Araignée.

“Bon sang!” se plaignit un mitrailleur pendant qu’il ajustait son canon.

“Assez !” cria vivement l’Oncle Zang. “Retirez-vous vers la deuxième ligne de défense et abandonnez cette zone. Préparez-vous à allumer les explosifs.”

“Mais…”

“taisez-vous”, l’interrompit l’Oncle Zang. “Si les Diables nous assiègent par le côté, nous serons coincés ici !”

Des cornes sonnent à travers les remparts. L’équipe de Nail se retira vers le port selon la procédure d’entraînement. Les réfugiés étaient de plus en plus inquiets à cause du monstre qui s’approchait lentement.

Le soldat responsable de la mise à feu des explosifs brancha le cordon détonateur au moteur et mit celui-ci en marche.

“Capitaine, nous sommes prêts !”

“Très bien. Laissez-les goûter aux explosifs”, dit l’oncle Zang en fixant le monstre qui détruisait tout sur son passage. “Juste un instant…….Maintenant !”

Alors que le soldat appuyait sur le levier, il y eut un énorme rugissement. En un instant, le sol sous eux se mit à trembler et l’air fut aussitôt imprégné d’une odeur de brûlé, de fumée et de poussière.

Des explosifs avaient été enterrés sous le Diable Araignée. L’explosion fut si violente qu’il fut projeté en l’air, et malheureusement pour lui, son armure de pierre devint un énorme fardeau. Ses articulations se brisèrent sous l’impact. Au moment de sa chute, boitant et gravement blessé, il s’effondra au sol, mort.

Quelqu’un derrière le rempart siffla d’excitation.

Avant qu’ils n’aient pu faire une pause, ils entendirent un autre vacarme assourdissant à l’est du quai.

Un autre Diable Araignée faisait irruption sur le champ de bataille.

L’Oncle Zang fut ravi d’avoir pris la bonne décision.

Il avait le vague sentiment que l’attaque des Diables serait, cette fois-ci, très différente des précédentes. Apparemment, l’ennemi avait l’intention de les assiéger et de les éliminer. Le fait que les éclaireurs ne soient pas revenus à temps indiquait que les démons avaient coupé leur retraite. S’il avait hésité ne serait-ce qu’un instant, les escadrons de mitrailleuses n’auraient pas pu battre en retraite. Bien que la Première Armée ait abandonné sa position dans la ruelle, elle pouvait encore compter sur ses quatre mitrailleuses lourdes Mark I pour repousser les Diables Fous.

Mais cela ne signifiait pas pour autant que la crise était résolue. Ils ignoraient le nombre de Diables Araignées. Deux de plus… ou plutôt un de plus et il leur serait difficile de protéger les remparts. Le pire, c’était que de nombreux réfugiés attendaient désespérément le départ sur le quai. Si la bataille déclenchait la panique parmi eux, la situation deviendrait incontrôlable. Non seulement ils ne pourraient pas sauver ces personnes, mais ils ne pourraient pas non plus monter à bord des navires.

Une fois la fumée dissipée, les Diables s’avancèrent sur le terrain où l’explosion venait de se produire.

De nombreux coups de feu résonnèrent sur le no man’s land.

Alors que l’Oncle Zang s’inquiétait de la prochaine étape, il entendit soudain un rugissement familier derrière lui. il sut aussitôt d’où venait ce bruit. C’était le canon de calibre 152 qui avait servi contre la Forteresse de Longsong et que n’importe quel soldat de la Première Armée aurait reconnu entre mille !

Que faisait donc l’artillerie lourde en cet endroit?

Oncle Zang se retourna, consterné, et vit un navire de fer s’amarrer lentement. Le canon ,parallèle au pont, visait directement la ligne de défense.

“C’est… le ‘Roland’ !” s’exclama un soldat qui reconnut aussitôt le navire de fer.

“Ils ne sont pas déjà partis ?”

“Peu importe ! Nous avons du renfort!”

“Vive le roi ! Mort à ces sales monstres !”

Les obus survolèrent les soldats et atterrirent l’un après l’autre sur le champ de bataille. À une dizaine de mètres des barricades, la fumée et la poussière s’élevèrent dans l’air. Certains obus touchèrent des sacs de sable qui explosèrent. Une pluie de sable et de terre s’abattit sur les soldats. En d’autres temps, ils auraient maudit le Bataillon d’Artillerie mais désormais, tous appréciaient grandement leur aide. Le rugissement du Canon de Forteresse était devenu la plus belle musique qu’ils aient jamais entendue.

Nail ne les avait-il pas abandonnés ? N’attendait il pas justement ce moment ?

L’Oncle Zang remarqua que certains réfugiés, sous la direction des soldats, embarquaient sur le “Roland”. La plupart montèrent à bord du navire.

Il ne savait pas ce que Nail avait pu dire à l’équipe de direction, mais c’était, de toute évidence, une bonne occasion pour eux de se retirer.

“Ecoutez tous. Il faut aller sur le quai”, cria l’Oncle Zang. “Un par un. Ne prenez pas de retard ! Une fois que tout le monde sera parti, l’unité d’explosion devrait enflammer le reste des explosifs !”

Bientôt, l’ordre fut transmis, se répandit dans toute la tranchée et presqu’aussitôt, ils battirent définitivement en retraite.

Bien qu’assez réticents, ils durent laisser le Mark I et le reste des munitions sur place. C’était l’ordre du Roi. La sécurité personnelle primait sur les armes, d’autant que les usines pourraient en créer de nouvelles.

La troupe entra donc dans la zone des docks tandis que les Diables, en dépit des tirs, prenaient possession de la seconde ligne de défense.

Mais à peine avaient-ils arraché leur victoire qu’un rugissement retentissant les secoua.

Des milliers de kilos d’explosifs envoyèrent voler les Diables Fous dans les airs.

Dans la foulée de cette magnifique explosion, le “Roland” siffla et quitta à toute vitesse le port ravagé.