“Quoi ?” Conti fut pris par surprise. Il suivit le regard d’Amy et aperçut la cuisine. Là, il vit un homme maigrichon occupé à préparer la nourriture. Il sourit et secoua la tête. “Non. Leurs noms sont peut-être les mêmes mais Mag Alex est un chevalier fier et valeureux. Il ne cuisinerait jamais dans un restaurant. En plus, il n’a pas de fille.”
Mag haussa les épaules. Conti n’avait pas tort. Son prédécesseur aurait peut-être toujours été un preux chevalier si ce fameux incident ne s’était pas produit. Il n’était jamais entré dans une cuisine, alors cuisiner…
Pourtant, en écoutant de tels compliments, il se sentait un peu… mieux ?
“Le riz frit arc-en-ciel de mon père est très bon. Père est le meilleur à mes yeux, peu importe ce que tu dis”, dit Amy d’un ton sévère en regardant Conti.
“Oui. Je suis sûr que c’est un grand cuisinier”, répondit-il joyeusement. Il reprit son siège, sans chercher à se disputer avec elle.
“Oui.” Le sourire de la petite fille revint.
Les cloches retentirent à nouveau. Mobai arriva le premier suivi de deux orques. Ils faisaient deux mètres de hauteur et chacun avait un gourdin aussi épais que la cuisse d’un homme.
“Mobai, quand ce restaurant raffiné a-t-il ouvert ? Ont-ils quelque chose de bon ?”, demanda Habeng. Il portait un collier avec une bague faite avec des crocs autour de son cou et sa voix était si forte que Mag pouvait l’entendre depuis la cuisine.
“Il vient juste d’ouvrir. Bien sûr que oui qu’ils ont de bonnes choses. C’est pourquoi je vous ai amené ici. Je ne paierai pas ton repas, juste pour te prévenir”, déclara le nain d’un air mystérieux. Puis il cria au propriétaire des lieux : “Mag, me revoici.”
“Vous êtes beaucoup plus difficile que nous. Si vous dites que c’est bon, ça doit l’être. Tant qu’ils ont de la viande et quelque chose à boire.” Le premier orque hocha la tête et ne réfléchit pas davantage. Haga regarda aux alentours avec un sourire curieux. Il se contentait d’une expression joyeuse lorsqu’ils parlaient, et ne prononçait jamais un mot.
“Bienvenue.” Mag venait de finir de traiter les ingrédients. Le riz dans la cuiseuse n’était pas encore prêt. Il se dirigea vers la porte. “Asseyez-vous je vous prie et n’hésitez pas à consulter le menu sur la table”, dit-il en souriant.
Il étudia calmement les deux orques. Ils portaient chacun une peau autour de leur taille et un haut fait de la même matière, laissant apparaître leurs longs poils noirs sur leur torse. Ils faisaient une tête de plus qu’un humain normal. Ils avaient une peau d’un noir brunâtre et leurs crocs faisaient trois centimètres de long, lui rappelant immédiatement les orcs dans le vaisseau de guerre.
Ces deux orcs étaient probablement frères. Ils se ressemblaient tellement. Celui de gauche avec le collier de crocs avait l’air grincheux, tandis que le plus à droite souriait innocemment. Il était peut-être un orque, mais il avait l’air gentil et inoffensif.
“Je n’ai pas besoin de regarder le menu. J’ai beaucoup de travail aujourd’hui, alors servez-moi trois assiettes de riz frit Yangzhou”, dit Mobai en s’asseyant à sa table habituelle. Puis il regarda Amy et sourit. “Bonjour, petite demoiselle.”
Celle-ci hocha la tête. ”Bonjour, grand-père nain Mobai.” Puis elle pointa Conti du doigt. “C’est un nouvel ami. Un tueur de dragons”, dit-elle.
“Un tueur de dragon ?” Mobai jeta un coup d’oeil au chevalier avec surprise.
Habeng s’assit face à lui. Il sourit sarcastiquement en regardant le chevalier. “Pfft, tueur de dragon ? Il ne pourrait probablement même pas battre un gobelin. Il porte une armure mais il n’y a aucunes callosités sur sa main d’épée. Il n’est qu’un homme riche avec un beau visage, je suppose.”
“Je veux être un tueur de dragon et je n’ai pas combattu de gobelins, donc vous ne pouvez pas dire si je suis ou non capable d’en battre un.” Conti sourit en regardant l’orque, ayant l’air de ne pas prendre au sérieux ce qu’il venait de dire.
“Vous dites donc que vous pouvez me battre ?” Habeng se leva et ses énormes muscles se gonflèrent, le bâton à pointes dans une main. Il regarda Conti de ses yeux écarquillés.
Celui-ci secoua la tête en souriant. “Nous ne nous sommes jamais battus, donc je ne sais pas si je pourrais l’emporter. Mais je ne vous combattrai pas. Je ne combats que les dragons.” Il regarda derrière la tête d’Habeng et vit une peinture sur le mur, sur laquelle un dragon géant crachait une flamme. “C’est cela que j’ai l’intention de combattre.”
“Chevalier à la noix, vous m’avez vraiment énervé !” cria l’orque, mettant son arme sur son épaule.
“Les gars, c’est un restaurant, pas une fosse de combat. Allez dehors si vous voulez vous battre”, déclara Mag froidement en marchant vers les deux personnes en pleine dispute.
Mag était un peu en colère lui-aussi. C e monde dépourvu de lois est beaucoup plus chaotique que je ne le pensais. Ils se battent pour une simple insulte. Et s’ils détruisaient le restaurant ?
Habeng se tourna vers Mag et lui cria : “Taisez-vous !” À ses yeux, cet humain devait être du côté du chevalier.
“Habeng…” dit Mobai d’un air maussade. Il avait prévu d’amener deux clients pour faire plaisir à Mag et Amy et ne s’attendait pas à ce que cette situation se produise. Il se sentit tellement embarrassé qu’il essaya de calmer son ami grincheux.
Haga était également un peu inquiet. Il tira sur les vêtements d’Habeng et voulut dire quelque chose mais s’arrêta.
Mag plissa les yeux mais avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, Amy criait déjà
“Ne criez pas contre mon père !” Quand leur combat commença, elle resta un peu interdite. Mais là, elle se tenait devant Mag, essayant de le protéger. Elle leva la main et une flamme violette d’environ un demi-mètre de haut apparut immédiatement. Cela brûla un trou blanc dans l’air.
“Tellement chaud !” Le visage d’Habeng changea. Il sauta en arrière et regarda sa manche gauche, déformée par la haute température de la flamme de l’enfant. Il déglutit.
Quel horrible feu ! Je pouvais sentir sa chaleur d’ici ! J ’aurais pu être réduit en cendres si je l ’avais pr is directement, pensa Habeng.
Elle était peut-être une petite fille mais elle était déjà une puissante magicienne. Elle était plus rapide à invoquer une flamme que ces vieux lanceurs de sort. Et la température était encore plus terrifiante.
Quand Habeng cria sur Mag, Conti avait pris son épée en main. Cependant, à sa grande surprise, Amy apparut et fit jaillir ce feu. Il la regarda un moment avant de reposer son arme. Il semblait que son aide n’était pas nécessaire cette fois-ci.
“De la magie ?” Mobai fut surpris lui-aussi. Il ne s’attendait pas à ce que cette jeune demoiselle pût utiliser la magie et que sa flamme effrayât son ami.
“C’est le restaurant de Père. Vous devez suivre ses règles, sinon Amy se mettra en colère et vous mettra le feu”, déclara Amy, agissant comme une grande fille. Elle regarda son ami alors que la flamme devenait de plus en plus petite, se transformant en une petite boule incandescente.