Le dortoir de l’école était un endroit fascinant, particulièrement le dortoir des filles, zone interdite pour les garçons. Celui qui oserait s’y aventurer aurait de gros problèmes.
Cependant, le dortoir des garçons était comme un parc pour les filles. Elles se sentaient libres d’y aller à tout moment. Alors personne n’arrêta Song Shuhang quand il emmena une fille dans son dortoir.
De plus, c’était un dimanche et la plupart des étudiants du dortoir étaient sortis pour s’amuser ou restaient à l’intérieur à jouer sur ordinateur. Quand Shuhang revint avec Douce Plume, ils n’attirèrent pas beaucoup l’attention.
Le dortoir de Shuhang était au deuxième étage. Bien qu’il y ait des ascenseurs, lui et ses colocataires prenaient généralement les escaliers, car c’était beaucoup plus rapide.
« Puis-je vous aider avec la valise ? » Shuhang regardait le bagage traîné par Douce Plume. En tant qu’homme, il était de son devoir de porter les affaires et les sacs d’une femme.
« Merci, Aîné. » Douce Plume sourit timidement en poussant la grande valise vers Song Shuhang.
Song Shuhang avait vu Douce Plume la tirer tout du long et même la soulever en passant par les sections inégales de la route. Elle semblait y arriver facilement.
Il pensait donc qu’elle n’était pas pleine, et donc qu’elle n’était pas lourde.
Mais, quand il attrapa la poignée de la valise et essaya de la soulever, son visage devint rouge !
Il réussit à peine à la soulever en y mettant toutes ses forces. Seigneur ! Elle devait peser au moins cinquante ou soixante kilos, presque autant qu’un homme adulte !
Il fixa Douce Plume, en particulier ses mains délicates, fragiles en apparence. Cette fille était-elle en réalité une Amazone ? Comment pouvait-elle porter un truc pesant près de 70 kilos tout ce temps sans avoir l’air fatiguée ?
Et à quel point était-il naïf de penser qu’elle pouvait aisément être soulevée ? Avec sa force, tout homme qui s’y risquerait devait d’abord rédiger son testament.
« Aîné ? » Douce Plume regarda son Aîné avec un air troublé.
« Ahem ! Prenons l’ascenseur. » Song Shuhang décida rapidement qu’avec sa force, il pouvait sans doute porter la valise à l’étage, mais se fatiguerait énormément.
« D’accord » répondit Douce Plume en hochant la tête, sans vraiment comprendre. Mais, étant bien élevée, elle ne posait aucune question indiscrète. De plus, en tant qu’invitée, elle ne voulait pas interférer avec les décisions de son hôte. Elle pensait que peu importait son opinion, celui qui était convié devait respecter les choix de celui qui invitait.
L’ascenseur s’éleva lentement. Ils n’attendirent pas longtemps, parce que presque personne n’utilisait l’ascenseur à ce moment de la journée.
❄️❄️❄️
Le logement était vide.
Ses camarades de chambre revenaient généralement vers trois ou quatre heures de l’après-midi, et même parfois en pleine nuit.
Puisqu’il s’agissait d’une chambre pour quatre, elle n’était pas grande, mais était plutôt bien équipée avec une salle de bain, un balcon, une machine à laver et même une petite cuisine.
« Allez-y, installez-vous. Voulez-vous boire quelque chose ? » Song Shuhang alluma son ordinateur et invita Douce Plume à s’asseoir.
Douce Plume obéit docilement, et répondit « Du Thé Vert Spirituel. »
« ? » Song Shuhang était confus.
Du Thé Vert Spirituel ? Qu’est-ce que c’était que ça ? Une nouvelle boisson ? Pourquoi n’en avait-il jamais entendu parler ?
Il marqua un temps d’arrêt, puis se souvint de qui était cette femme. Bien que jeune et belle, elle était toujours une chuunibyou fan de Xianxia !
Le soi-disant Thé Vert Spirituel devait être quelque chose que les chuunibyous du groupe de discussion avaient inventé.
Song Shuhang sentit monter une migraine.
« Je n’en ai plus pour l’instant, mais j’ai du jus d’orange, de l’eau plate, du Coca et du lait, que préférez-vous ? » Song Shuhang lui donna directement la liste de ce qu’il avait. Il craignait que Douce Plume lui demandât du “Thé Tonique au Sang de Dragon”, du “Jus de Phénix” ou d’autres choses terribles.
Douce Plume fut surprise : « Aîné n’a pas du tout de Thé Vert Spirituel ? »
Après tout, ce thé était le plus commun et les pratiquants le servaient souvent à leurs invités.
Il contenait très peu de qi spirituel, mais sentait bon. Il avait un parfum riche et persistant. C’était le thé spirituel le plus abordable, et il pouvait légèrement améliorer la condition physique de celui qui le buvait. Bien qu’il ne soit pas aussi incroyable que les pilules médicinales, il était un million de fois moins cher. N’était-ce pas un incontournable pour les pratiquants ?
« Attendez, j’ai compris ! »
Aîné devait être un ermite. Un véritable ermite vivant dans un endroit animé, et donc comme les gens ordinaires. Il paraissait que certains aînés se mêlaient aux gens ordinaires tous les cinquante ou cent ans afin de tempérer leur propre esprit. C’était ce qu’on appelait “faire l’expérience de la vie terrestre” ! Bien que la puissance n’augmentait pas, cela permettait d’affermir la volonté et d’éclaircir l’esprit !
« S’il vous plaît, donnez-moi du jus d’orange. Je vous remercie. » Douce Plume fit un sourire charmant.
« D’accord, attendez une minute. »
Un instant plus tard, Song Shuhang lui tendit un verre de jus d’orange tout droit sorti du réfrigérateur de la cuisine.
Elle l’accepta : « Merci, Aîné. »
« De rien » répondit Song Shuhang. C’était vraiment une fille gentille, avec un caractère agréable et de bonnes manières. C’était dommage qu’elle était atteinte de chuunibyou. Il s’assit devant l’ordinateur et se connecta à Internet.
Il ouvrit la carte de Baidu, et chercha le quartier de la rue Luo Xin de la Cité-J.
Rapidement, l’ordinateur proposa un résultat.
« J’ai vérifié, il y a pas mal de route à faire pour arriver à destination » dit Song Shuhang.
Il fallait environ cinq heures de route depuis l’aéroport de Jiangnan à la rue Luo Xin de la Cité-J en taxi. Cependant, Douce Plume était partie dans le mauvais sens. Heureusement, la Cité Universitaire de Jiangnan était adjacente à la Cité-J, alors elle n’avait pas pris la direction opposée. Elle avait juste fait un détour.
Si elle partait de là, et en ignorant l’état du trafic, il lui fallait trois heures et demi pour y aller en voiture. En fait, la route était vraiment mauvaise. Donc, cela prenait cinq heures.
Quand Douce Plume vit la longue distance à parcourir, elle fut très surprise. « Aîné, pouvons-nous prendre en taxi pour aller si loin ? »
« Techniquement oui, mais j’ai bien peur que les chauffeurs de taxi refusent de vous y emmener » déclara Song Shuhang.
Puis il lui révéla pourquoi.
Cinq heures de route, c’était trop. Bien que les chauffeurs de taxi puissent faire la navette entre Jiangnan et plusieurs villes voisines, la plupart d’entre eux ne pouvaient pas travailler aussi longtemps.
Il fallait cinq heures pour y aller et encore cinq heures pour en revenir. Avec dix heures de route, combien de chauffeurs fallait-il ? C’était une situation où même l’attrait de l’argent ne suffisait pas.
« Que devrions-nous faire alors ? » demanda Douce Plume.
« Prenez le train à grande vitesse. Il y a une gare près du quartier de la rue Luo Xin de la Cité-J, la Station Heixiang. Et il y en a une à proximité de la Cité Universitaire. Faire le trajet en train est beaucoup plus rapide qu’avec un taxi. Il faudra deux heures tout au plus » expliqua Song Shuhang.
« Dans ce cas, quand partons-nous ? » Les yeux de Douce Plume brillaient.
« Doucement, nous devons d’abord réserver le billet en ligne. J’ai vu que le prochain train part à quatre heures de l’après-midi. Tout ira bien tant que nous faisons l’enregistrement avant 15h30. »
Hein ? Attendez une minute !
Quand partons-nous ? Nous ?
Est-ce que cette fille pense que je vais l’accompagner à la Cité-J ?
J’ai cours demain, je suis encore un étudiant et je ne peux pas quitter l’école à volonté !
« Alors, Aîné, réservons les billets en ligne. Avez-vous besoin de ma carte d’identité ? » Elle était très heureuse, se sentant très chanceuse de rencontrer un aîné serviable et capable comme l’Aîné Song.
« Ahem, nous ? » Song Shuhang toussa à nouveau. « Vous parlez de réserver deux billets ? Le vôtre et le mien ? »
« Ah ? Vous ne m’accompagnez pas ? » Douce Plume marqua un temps d’arrêt, puis rougit.
Elle était tout simplement trop excitée. Il était inconvenant de sa part de tenir pour acquis que Song Shuhang l’accompagne sans même lui demander son avis.
« Aîné, j’ai été impolie, je ne vous ai même pas demandé votre opinion. Pourriez-vous m’accompagner au quartier de la rue Luo Xin de la Cité-J ? Je… J’ai vraiment un mauvais sens de l’orientation. J’ai peur de ne pas pouvoir trouver seule le Temple de la Lampe Fantôme »
Song Shuhang soupira: « J’aimerais vous aider, mais j’ai bien peur d’en être incapable. »
Il serait 6h30 du soir lorsque le train à grande vitesse arriva à destination. Il ignorait ce que Douce Plume avait à y faire, et donc quand elle aurait fini. Mais il était certain qu’il ne pourrait rentrer avant midi le lendemain.
Et il avait cours lundi après-midi !
Douce Plume était très déçue. Son visage était comme un livre ouvert qui reflétait ses sentiments. « Aîné, vous n’en avez pas le temps ? »
« Non, j’ai encore cours demain après-midi. » lui répondit-il.
Voyant qu’elle était si attristée et presque au bord des larmes, il eut soudainement l’impression d’avoir été trop brusque. Avait-t-il blessé le cœur fragile de cette demoiselle ?
Alors, il ajouta : « Si… Je veux dire, si vous n’êtes pas pressée, j’aurai le temps de vous accompagner à partir de vendredi prochain. Je suis actuellement un étudiant et je ne suis libre que le week-end. »
Vendredi prochain ? Douce Plume était toujours déprimée. Bien que cela ne la dérange pas d’attendre un jour ou deux, cinq jours, c’était un peu trop long. Bien que son père aimait jouer avec les autres, il ne resterait sans doute pas avec Triple Impétueux au Sabre Fou pendant dix jours ou même un demi-mois.
Mais quelque chose lui vint à l’esprit et ses yeux s’illuminèrent.
Elle demanda sérieusement : « Aîné Song, si vous n’avez pas cours demain après-midi… Je fais juste une supposition. Pourriez-vous alors venir avec moi à la Cité-J ? »